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Synode des jeunes - des patriarches orientaux inquiets pour leur jeunesse.

« Nous sommes à un tournant, observe le patriarche melchite SB Joseph Absi, les jeunes partent et ne pensent plus à revenir. Notre identité risque d’être perdue dans les pays où ils s’exilent, et où souvent, ils ne peuvent suivre leur rite. Nous sommes comme des oiseaux qui ne savent plus où poser leurs pattes, entre l’islamisme radical qui sévit en Syrie et ailleurs et l’individualisme de l’Occident ».

Pour le patriarche syriaque catholique SB Youssef Younan, le constat est le même : « notre grande préoccupation est de les convaincre de rester sur place. En Irak, la situation est encore incertaine, ils ont peur, et veulent partir. En Syrie, ils partent à cause du service militaire et de la guerre civile. C’est un très grand défi pour cette église particulière et originelle qu’est la nôtre. Ceux qui sont à l’étranger s’intègrent vite en apparence mais profondément, ils ne se font pas à des pays sécularisés. Il faut leur rappeler leur foi et leur tradition, la terre de leurs ancêtres, mais nous n’essayons plus de les convaincre de rentrer ».

Le manque de vocations est aussi une inquiétude. « Notre vivier était en Syrie, déplore le patriarche arméniens Grégoire Ghabroyan, c’est terminé maintenant, ils sont partis. D’autres naissent ailleurs par contre, en Géorgie notamment, c’est donc là-bas qu’il faut les aider. »

En Ethiopie, une situation économique précaire, même si renaissante, n’encourage pas non plus les jeunes à rester. « Ils ont le droit de rester sur leur terre et pas de chercher le paradis en Europe, martèle le cardinal Berhaneyesus Souraphiel. Ceux qui arrivent en Europe ne disent pas quelle est leur situation réelle. C’est loin d’être le paradis espéré ! Après toutes les épreuves qu’ils ont traversées pour arriver en Europe, ils sont considérés comme des héros, ils ne veulent pas décevoir ».  Le Synode est pour lui un bon départ de réflexion mais parfois un peu déconnecté de la réalité. « Il y a beaucoup de conversation sur le numérique, mais ce n’est pas vraiment le problème pour les jeunes en Afrique où il s’agit avant tout de survivre ! ».

Pour que la jeunesse reste, il faut qu’elle soit éduquée, formée, et qu’elle trouve du travail correspondant à sa formation. Là, est la clef selon lui, et de remercier au passage le soutien apporté par l’Œuvre d’Orient aux projets éducatifs, sociaux et pastoraux.

Le cardinal syro-malabar George Alencherry, dont la région, le Kérala, a été durement touchée par les inondations, les jeunes ne trouvent pas leur place dans l’Eglise. « Par contre au Synode, ils sont bien présents, ils font beaucoup de bruits, protestent, interviennent et le Pape applaudit à chacune de leur intervention ! Ils nous réveillent ! »

Le cardinal Louis Sako, patriarche des chaldéens, essaie d’éloigner le pessimisme ambiant. « Pour que les jeunes restent, il faut qu’ils aient du travail, c’est ça le principal.  Une centaine de famille chaldéenne est déjà revenue à Mossoul. Je dis aux jeunes : Restez ! avec beaucoup de confiance et d’espoir, la situation va changer, soyez patients ».

L’Œuvre d’Orient soutient les communautés catholiques orientales partout où elles sont présentes, en étant particulièrement attentive à la jeunesse, à travers l’appui aux communautés investies dans l’éducation, la santé et la pastorale. Cette aide et ce lien sont reconnus et appréciés par tous les patriarches. Les défis sont grands, mais l’attention portée à la jeunesse pendant ce synode est un premier pas vers une meilleure écoute de ces jeunes vivant dans des situations extrêmement difficiles. « Je voudrais dire aux jeunes : excusez-nous, si, souvent, nous ne nous vous avons pas écoutés ; si, au lieu de vous ouvrir le cœur, nous vous avons rempli les oreilles » a conclu le Pape aujourd’hui.