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Syrie : Patience et consolation, méditation du Père jésuite Ziad Hilal, Homs

Quand notre peuple subit la souffrance et la haine, qu’il manque de l’essentiel pour vivre au quotidien, qu’il n’a ni électricité, ni mazout ni gaz, qu’il lutte pour la vie, et contre la mort ?

Oui, notre peuple aspire à la consolation. Il implore le Seigneur de surmonter cette épreuve afin d’accueillir la joie du Nouveau-Né. En entrant dans ce temps saint, le prophète Isaïe proclame: «Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu».

Ces mots pourraient-ils être entendus aujourd’hui ?

Pourrions-nous observer, avec les Rois Mages, les signes qui nous conduisent vers le bonheur que personne ne pourrait arracher à nos cœurs ?

Dans la ville de Homs en guerre, une voix nous aide à percevoir les signes de Dieu et à retrouver les gestes de la vie. C’est la voix d’un religieux jésuite, brutalement assassiné le 7 avril dernier. La balle qui a traversé sa tête n’a pas réussi à le faire taire. La force de sa parole a profondément touché notre peuple qui cherche à être purifié du mal causé par tant de violence. C’est le Père Frans van der Lugt, notre nouvel Isaïe, qui a crié dans le désert de notre société moderne. Sa voix continue de nous encourager à tracer les routes vers le Dieu qui sauve.

Dans une interview, le Père Frans disait: « C’est la patience qui peut conduire nos pas vers la consolation. Seule la patience nous permet de supporter la souffrance et de garder courage, optimisme et sagesse, tout en éloignant les angoisses. »

Père Frans nous invite à vivre la souffrance, non pas pour en mourir, mais pour l’arracher de notre vie et de notre monde, pour rejoindre le «Gloria» des anges. Nous célébrons Noël – disait notre frère martyr – « dans l’espoir d’assister, par la douleur de l’enfantement, à la possibilité d’une nouvelle naissance ». Alors, en luttant contre l’injustice et la violence, en cheminant vers la paix, nous pouvons chanter avec le psalmiste, et avec le monde entier : « Dieu est mon berger, rien ne me manque. »

 

* Le Père jésuite syrien Ziad Hilal vit à Homs, où il dirige le centre éducatif Saint-Sauveur.

Parue également dans Le quotidien suisse Liberté