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[Terre Sainte] Le témoignage de Jeanne : "J’étais venue pour eux et ils redonnent un sens à ma vie"

Jeanne, 22 ans, est partie 6 mois pour servir auprès de personnes handicapées à Jérusalem. Elle est restée en mission malgré les mesures de confinement, afin de continuer à soutenir la communauté et donner aux personnes handicapées le soin dont ils ont besoin.


Avant le confinement, après le service je pouvais aller me ressourcer dans la vieille ville de Jérusalem, avec les odeurs qui nous montent au nez et nous font voyager. Le monde dans le souk nous montre toute la vie qui règne dans cette ville qui ne s’endort jamais. Avec les chants orthodoxes au saint Sépulcre qui nous entrainent dans une prière plus profonde et vraie. Il y a l’appel du muezzin que l’on entend en pleine messe à l’école biblique de Jérusalem qui nous permet de nous rappeler que nous ne sommes pas en France alors que les dominicains nous chantent des chants en grégorien. Ou alors tout simplement aller se promener sur le mont des oliviers et regarder la ville de Jérusalem avec un magnifique couché de soleil et où l’on comprend pourquoi le Christ a pleuré à cet endroit précis. C’était dépaysant…Merveilleux.

En ce temps de confinement, j’ai donc dû penser autrement et trouver un autre moyen pour me ressourcer. Dès que je suis partie en mission je suis alors rentrée plus à fond dans ma mission, il a fallu que je trouve en elle ce qu’elle avait de merveilleux…sa richesse, je me suis dit: « Je suis là pour eux» et aujourd’hui cela me permet de ne plus être devant un moi orgueilleux mais devant ces personnes que j’accompagne. De descendre en moi pour trouver cette source qui me permet d’aller vers ses personnes que je ne connais pas mais que je vais apprendre à aimer… Ce confinement me force donc à aller puiser à l’intérieur de moi-même pour rechercher quelque chose que je n’avais pas forcement compris au premier regard sur ma mission. Je suis allée à la recherche de mon trésor intérieur, du trésor qui était jusqu’à présent enfoui pour me permettre de faire de ce temps un moment unique, tirer du bien de ce mauvais passage. J’ai pu découvrir que le monde extérieur ne me donnait pas cette profondeur, que j’allais chercher ailleurs un trésor que j’aurai pu chercher longtemps…. Cet effort sur moi-même m’a obligé à faire les petites choses du quotidien avec mon cœur ce qui m’a procuré de la joie de vivre, ce qui m’a permis également de trouver une unité intérieure profonde, une union du cœur, du corps et de l’âme. A ce moment-là j’ai compris que je vivais pleinement le moment présent, quand je mets tout mon cœur dans ce que je fais comme leur donner à manger, les changer, ou leur mettre leur chaussette, je suis tournée vers l’autre je n’attends plus de l’autre, je suis heureuse et je ne râle plus. Je suis doublement heureuse lorsque j’obtiens un sourire ou lorsqu’ils rigolent. Ce n’est pas forcement moi qui ait provoqué ce rire mais ils rigolent et dans ce cas-là je ne peux que rigoler avec eux. Je pense que ce sourire ou ce rire est là pour nous remercier parce que nous leur avons apporté un petit confort qu’ils n’arrivaient pas à exprimer et dont ils avaient besoin. Et il est là pour nous rappeler ce qu’est la vie : un sourire partager, un cœur qui se donne. Durant ces moments je découvre qu’eux sont là pour moi… J’étais venue pour eux et ils redonnent un sens à ma vie, ils me permettent de donner. Je suis heureuse de recevoir leur amour!

« Je vous le dit, en vérité, toutes les fois que vous avez faits ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères ,c’est à moi que vous les avez faites» Mt25-40. Ce verset résume très bien ce que je veux dire et ce que j’ai découvert. Et ce confinement m’a fait accéder au don de soi et à la possibilité de vivre d’Amour.