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[TERRE-SAINTE] Le témoignage de Marie : "Ce que j’aime dans le volontariat, c’est que nous ne sommes pas payés, notre temps est gratuit"

Marie, 21 ans, prend une année de césure au Home Notre-Dame des Douleurs de Jérusalem. Elle assiste administrativement le directeur du Home et rend service auprès des résidents. »


Demain cela fera cinq mois que je suis en mission au Home Notre Dame des Douleurs, maison de retraite située au Sud Est de Jérusalem … Et je n’en reviens pas de constater la vitesse à laquelle le temps passe. Les dernières semaines ont été par moments un peu difficiles au niveau du moral, mais plus le temps passe et plus j’apprends à faire avec les points plus compliqués et profiter de ce qui se passe bien ! Et ce qui est super, c’est que je commence à vraiment être bien ici, à savoir ce que je dois faire, ce que je peux faire ou pas, …

J’ai de la chance car mes tâches ici sont assez diverses, ce qui limite la routine. Ma tâche principale est d’assister le directeur de la maison de retraite ; ça peut aller de faire les plannings des bénévoles, à imprimer des photos des résidents pour le trombinoscope, en passant par faire le dossier de renouvellement de visa des sœurs … Essayer de ne rien oublier, parfois c’est un peu difficile et il me semble avoir plein de défauts, notamment celui d’avoir une passoire à la place de la tête ! Mais tout cela apprend aussi l’humilité. Quand les choses ne peuvent pas être parfaites, on apprend à faire ce qu’on peut et à se dire que ce qu’on n’arrive pas à faire sera une occasion d’apprendre. Enfin parfois c’est dur à mettre en pratique et il suffit d’être un peu fatigué pour oublier tous ces beaux principes.

Ici, rester longtemps en mission est une vraie chance dans la mesure où on a vraiment les moyens de progresser, d’apprendre. Et même de voir les côtés positifs de ce qui est agaçant de prime abord ! Par exemple, notre maison accueille beaucoup de bénévoles français, qui viennent nous aider pour un mois. Nous vivons avec eux, et cela parfois est rébarbatif, de toujours apprendre à connaître des nouveaux gens, de vivre avec des personnes avec qui parfois on ne s’entend pas trop … Mais cela est aussi une façon de découvrir plein de personnes, qui souvent ont une histoire riche et nous apprennent beaucoup. Je n’aurais jamais pensé vivre un mois avec un monsieur ayant fait 15 fois le chemin de saint Jacques ! Et hors de l’extraordinaire, c’est une chance de rencontrer des gens qui ont vécu plein de choses, de discuter avec eux … Et de recevoir un peu de leur expérience !

Cependant, ce que je préfère dans ma mission, c’est le contact avec les personnes âgées. Ça n’est pas ma tâche principale, mais cela me permet d’en profiter vraiment et de ne pas être dans la lassitude. Quand le soir je quitte le bureau, je vais dire les vêpres avec les sœurs, et puis c’est le dîner et le coucher des résidents. Quand je n’ai pas cours d’arabe, je vais aider, et c’est une vraie chance de pouvoir passer du temps avec les personnes âgées, en toute simplicité.

Les aider à mettre leur pyjama, changer des couches ou laver des dentiers … Ce que j’aime dans le volontariat, c’est que nous ne sommes pas payés, notre temps est donc gratuit. On peut prendre le temps de faire les choses sans avoir d’exigence de rendement. Passer du temps avec les personnes âgées, vraiment. Parfois il faut courir, parce que pour une raison quelle qu’elle soit nous sommes peu nombreux, mais dès que j’en ai l’occasion, j’aime bien ne pas chercher à aller vite mais juste profiter des gens. Parfois, c’est dur de les voir malheureux, et de ne rien pouvoir faire pour eux. Il y a une dame, par exemple, qui a des hallucinations et voit des gens qui viennent l’attaquer. Essayer de la consoler sans rien pouvoir faire est très frustrant. Mais « c’est la vie ». Et je suis contente de me voir que notre présence lui fait du bien, au-delà de ce que nous ne pouvons pas changer. Ainsi, être là est loin d’être déprimant ; au contraire ! Se rendre compte qu’on peut contribuer à rendre les gens plus heureux, juste en étant là, ou encore voir le travail de ceux qui se donnent complètement et ne gardent rien pour eux (je pense ici aux sœurs) fait beaucoup de bien.