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[Éthiopie] Le témoigne de Claire : " La communauté acceuille toutes les personnes qui ont besoin de soins et qui sont sans ressources "

Claire est aide-soignante et est en Ethiopie pour deux mois. Elle exerce son métier dans le dispensaire de Sidis Kilo à Addis Abeba et celui d’Awassa.


Voilà plusieurs semaines que je suis arrivée dans ce dispensaire.

J’ai vraiment complètement perdu la notion du temps, parce qu’ici tout est si loin de mes repères.

Ma mission

Je suis installée dans la maison des volontaires qui se situe dans l’enceinte de la communauté. On est ici en pleine ville. Cette maison comprend 2 dortoirs, celui des femmes et celui des hommes. Environ 5 places par chambre, des lits supplémentaires si besoin dans la salle commune. Une petite cuisine et une salle de bain complètent le tout. A l’extérieur, on peut y faire la lessive (à la main) et aussi 3 autres toilettes / douches. C’est très rudimentaire, mais en fonction des volontaires, le lieu peut être très accueillant.

En ce moment, nous sommes 6 volontaires et l’ambiance est excellente. Kun est une dame qui vient de Hong Kong, très discrète, très efficace dans son travail (elle a choisi de s’occuper des pansements dans les chambres des hommes qui ont des escarres). Rosi et Fatima sont deux jeunes étudiantes espagnoles, sans formation particulière aux soins, elles animent avec beaucoup d’entrain et de bonne humeur des activités pour l’ensemble des personnes hospitalisées. Alvaro est étudiant en médecine et espagnol, très impliqué dans son travail, il est comme Kun présent 7 jours sur 7 au chevet des patients. Charles nous a rejoint il y a quelques jours, jeune chirurgien irlandais, il est particulièrement calme et agréable, il doit apprendre le français pour aller vivre à Ars l’année prochaine. Je suis son professeur de français, en échange il vient de temps en temps parler avec mes petits élèves en anglais.

La cuisine nous fournit une fois par jour pour nos repas. Nos petits déjeuners sont constitués d’alimentation donnée par l’aéroport d’Addis Abeba (je pense que ce sont tous les restes des avions qui viennent d’un peu partout : confitures, petits pains, fromages, yaourts), nous ne manquons jamais de nourriture et jamais personne n’a été malade.

La communauté se situe donc en ville, au cœur de bidonvilles. Elle accueille les personnes de la rue, ou toutes celles qui ont besoin de soins et qui sont sans ressources. Les sœurs sont une vingtaine, nous sommes toujours les bienvenus pour prier avec elles et elles sont disponibles lorsque nous en avons besoin. L’une d’elle, Sister Irma est médecin d’origine espagnole, elle est bien sur très active dans le dispensaire. Bien d’autres ont des formations d’infirmière, enfin, Sister Maria est en charge des volontaires.

 

Lorsque je suis arrivée, j’ai été assez sidérée par les conditions d’accueil des personnes malades dans le dispensaire. 4 grandes chambres où s’entassent les lits, environ 30 par chambres. Moi qui travaille dans le milieu hospitalier, j’ai beaucoup de mal à accepter le niveau d’hygiène et le manque de moyen. Un autre service s’occupe des femmes, des pathologies psychiatriques, de très jeunes femmes enceintes et rejetées par leurs familles, des jeunes enfants qui accompagnent leurs parents malades. Un autre bâtiment accueille les urgences (en France on appellerait cela un déchoc) où on reçoit les premiers soins. Au-dessus se trouve le service des patients hospitalisés isolés car porteurs de Tuberculose Pulmonaires actives. Il faut sortir par le coté de l’enceinte et traverser la rue, pour rejoindre une autre enceinte, celle qui reçoit les femmes venant d’accoucher (celles dont j’ai parlé ci-dessus et qui ont accouché à l’hôpital, il n’y a pas de maternité au sein du dispensaire).

Ici aussi on y trouve de jeunes enfants handicapés ou réfugiés du Tigré. Au sein d’une de ces ailes, nous accueillons en ambulatoire les hommes (pourquoi seulement des hommes je ne sais pas), qui souffrent d’érésipèles massifs. Chaque matin on refait les pansements. Ces personnes vivent dans la rue ou dans des conditions très précaires. Parfois aussi ce sont de petits accidents, des abcès, des bagarres, des chutes etc …

C’est là que j’ai trouvé ma place car cela ne ressemble en rien à ce que j’ai pu faire jusqu’alors. Ici on reçoit aussi les mamans inquiètes pour leurs bébés, on y trouve aussi des pathologies lourdes qu’on renvoie au médecin. La plupart du temps les bébés souffrent simplement d’érythème, ils n’ont qu’une seule couche neuve par semaine. Les mamans mettent des carrés de tissus pour absorber mais cela crée des irritations.

A la demande des enfants, je consacre 30 mn à faire de l’anglais avec eux l’après-midi. Cela ne va pas chercher très loin, parce que n’étant pas scolarisés, leur temps d’attention est faible. Mais ils ont tellement envie d’apprendre et me touchent tant. Maintenant ils savent par cœur la chanson « Brother John », ça n’a pas été facile et nous avons beaucoup ri parce qu’ils n’arrivaient pas à prononcer « Morning Bells are ringing », ils ont beaucoup d’auto-dérision. Ils ont été très affectés lorsque je me suis blessée.

Dès que le temps le permet et que j’ai du temps l’après-midi, je joue avec eux. J’ai trouvé des craies dans notre maison et ils sont fans de marelle. J’organise des relais et je porte sur le dos les enfants handicapés. Je leur ai offert un ballon de football, la chose la plus merveilleuse au monde à leurs yeux.