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"Qui s'en souviendra ? Génocide assyro chaldéo syriaque" : Joseph Yacoub nous présente son livre

« Les Assyro-Chaldéens ont été massacrés en 1915-1918 dans les mêmes conditions et presque sur les mêmes lieux que leurs frères et sœurs arméniens et dans un dessein analogue » rappelle Joseph Yacoub, professeur honoraire (science politique) de l’Université catholique de Lyon.

« J’ai écrit cet ouvrage à l’occasion du centenaire du génocide arménien et du génocide assyro chaldéen et syriaque en prévision de l’année 2015 parce que comme on le sait en 1915 ces populations ont subi des massacres sous l’Empire Ottoman où les populations assyriennes, chaldéennes et syriaques ont été également victimes d’un génocide, mais malheureusement on en parle moins que du massacre des Arméniens.
Ce livre traite de ce qu’il s’est passé en 1915, de la géographie du pays où les massacres ont eu lieu. On constate une documentation très importante sur le sujet, contrairement à ce que l’on pourrait d’emblée penser en général quand on parle de génocide de ces populations chaldéennes, assyriennes et syriaques, on a tendance à croire qu’il y a peu de documents à ce propos. Or les documents sont nombreux et une partie importante de ces documents sont issus des missionnaires : les missionnaires lazaristes, des dominicains, des capucins ».

« La France en 1915 a joué un rôle important dans ce domaine. Les responsables des Églises orientales sont venus à Paris, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, comme ils le font d’ailleurs aujourd’hui, plaider la cause de leurs communautés : il y avait les patriarches syriaque, chaldéen, assyrien.

Je parle un peu de toute cette histoire et je montre ce qu’il s’est passé ».

« On peut dire qu’un assyro-chaldéen sur deux a été massacré, soit massacré physiquement, soit mort de fatigue, d’exténuation, d’inanition, d’épidémie, de maladie… et cette histoire douloureuse a commencé en janvier 1915, elle a duré toute l’année 1915, mais malheureusement elle ne s’est pas terminée en 1915, puisqu’il y a eu d’autres massacres, et en particulier en 1918.

Ces massacres où beaucoup de prélats, d’évêques, de responsables religieux ont subi le martyr, de toutes les communautés que j’ai citées tout à l’heure, qui sont à l’origine de la diaspora de ces communautés depuis lors.

Depuis, ces communautés sont dispersées. D’abord dans la région du Moyen Orient. Une partie vit en Iran, une partie importante en Irak, une partie en Syrie, et une partie à l’est et au sud-est de la Turquie.
En ce qui me concerne, je suis né en Syrie. Le nord de la Syrie fut un lieu d’exode de cette communauté. A l’origine, mes parents venaient du nord-ouest de l’Iran où on a connu aussi des massacres importants. Ils se sont dispersés sur l’ensemble du Moyen-Orient, et une partie importante a pris le chemin de l’exil à l’étranger. Beaucoup sont aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle Zélande. Un certain nombre même se trouve en Amérique Latine, au Venezuela, au Brésil, en Argentine ; et bien entendu en Europe et en France.

Cette population est dispersée dans le monde. Une partie importante vit en Irak, et notamment dans le nord de l’Irak, et il est frappant de constater que les derniers évènements douloureux d’Irak depuis le 10 juin dernier, avec l’invasion et l’occupation des troupes de l’État Islamique Daesh, dans la zone de Ninive à Mossoul, comme si l’histoire se répétait. Je dis quelque part dans le livre « 1915-2014, que de ressemblances ».

D’ailleurs quand on observe les choses de près, on constate que les mêmes méthodes d’extermination qui avaient été utilisées en 1915 se reproduisent aujourd’hui : les enlèvements, les viols, les obligations à se convertir à l’Islam ou de payer l’impôt de capitation… Ces évènements d’aujourd’hui nous rappellent beaucoup les évènements du passé. On aurait cru que 1915 était 1915 et que ça s’arrêterait, mais malheureusement la tragédie, le drame que vit cette communauté, se poursuit toujours et dans des conditions très dramatiques. »


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