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Messe annuelle de l’Œuvre d’Orient : hommage aux évêques roumains martyrs du communisme

 

Des personnalités du monde diplomatique ou politique assistaient à cette célébration, comme S.E. Mme Yvette Fulicea, ministre plénipotentiaire auprès l’ambassade de Roumanie en France ou  M. Roland Dubertrand, Conseiller pour les Affaires religieuses  du ministère des Affaires étrangères.

Un fervent hommage a été rendu aux martyrs roumains victimes du communisme, ainsi qu’à Mgr Vladimir Ghika, dont la célébration de la béatification aura lieu le 31 août 2013 à Bucarest.  Les victimes du conflit de Syrie n’ont pas été oubliées et ont été portées dans les prières de l’assemblée.

Homélie de Mgr. Claudiu Lucian Pop,

Evêque de la Curie Archiépiscopale Majeure.

 

Eminence, Excellences, très chers frères et sœurs,
chers amis de l’Œuvre d’Orient,
           
            L’évangile de ce dimanche dans le calendrier byzantin, met en scène une foule de malades en attente de guérison au bord d’une piscine ; l’attention se concentre sur l’un d’eux, qui gît sur son grabat depuis 38 ans. Il s’agit de l’histoire d’un homme qui appartient au groupe des paralytiques à la piscine Béthesda, là où tous ces infirmes nourrissent le même espoir : celui d’être le premier dans la piscine lorsqu’un ange viendra remuer l’eau. L’espoir, le désir, l’attente.

 

On est en train de contempler le Seigneur Jésus qui vient guérir cet homme, et on est mis au défi, en même temps, de prendre conscience d’une réalité qui parfois nous paralyse d’une certaine façon, ou bien qui peut nous empêcher d’avancer physiquement, psychologiquement ou spirituellement: l’état « normal » du chrétien est l’état de besoin, la nécessité, de se faire aider par un Autre, comme le paralytique d’aujourd’hui. D’autre part, à travers toutes les guérisons qu’il a opérées, Jésus inaugure un monde nouveau : une nouvelle manière de voir les choses : plus de malades, plus de paralytiques, plus d’aveugles ou de boiteux, pas plus de douleur et de mort. Dans cet exemple du paralytique guéri, Jésus nous dit une chose importante : il faut éviter le risque de l’immobilisme, comme personne, ou bien comme communauté chrétienne.

 

Nous nous trouvons dans la Cathédrale Notre Dame de Paris, laquelle, ancrée dans la contemporanéité, se veut Maison de Dieu et Demeure des Hommes. Nous sommes ici évêques, prêtres et fidèles arrivés de Roumanie pour chanter les louanges au Seigneur : pour Le remercier d’avoir envoyé son ange remuer l’eau de la piscine pour notre Eglise.

 

Vraiment, lorsqu’on se tourne vers le passé, on se rend compte qu’on est toujours des « serviteurs inutiles » (Luc 17, 10). L’inutilité des serviteurs s’appuie sur « l’inutilité » du Maitre dans un monde où tout se calcule sur l’utilité, sur la rentabilisation ou sur le pouvoir de dominer les autres. Dans cette logique, en 1948, l’Église Gréco-Catholique de Roumanie a été interdite après l’arrivée au pouvoir du gouvernement communiste. Ce fut le début d’un calvaire pour une communauté chrétienne qui n’était plus considérée utile par la majorité, et ce fut aussi le début d’un témoignage de foi lumineux pour l’Eglise toute entière. L’Église Gréco-Catholique vivra pendant plus de 40 ans dans les catacombes en Roumanie, tandis qu’à l’étranger il subsistait quelques centres de résistance à Rome, Paris, Munich et Bruxelles. Aucun évêque ne renia sa foi et tous préférèrent mourir en martyrs après avoir subi des vexations morales et physiques atroces. Le pape Pie XII leur rendit hommage dès 1952 en disant: “vous renouvelez la beauté de l’Église primitive…”, “on souhaite embrasser les chaînes de ceux qui, du fond de leur prison, ne s’acharnent pas contre l’injustice qui leur a été faite mais souffrent d’une douleur indicible en voyant les assauts contre la foi et prient pour le salut éternel de leur peuple”.

 

Les persécutions qui ont constamment caractérisé l’histoire de l’Église  nous rappellent que le peuple de Dieu vit dans la main de la Providence qui guide le cours de l’humanité. Dans ces moments, on partageait, comme les chrétiens d’autrefois, le pain de la douleur et cette souffrance nous a renforcés. Non seulement nous avons pris conscience de l’effusion de la grâce de Dieu, mais nous avons grandi dans la foi par le témoignage et le prix du sang de nos martyrs, qui contemplent maintenant la gloire du Seigneur dans son royaume. C’était leur droiture, leur courage, leur héroïsme devant les épreuves qui confirmaient que le chemin de l’Église Gréco-Catholique de Roumanie était juste, un chemin pour lequel le Maitre nous avait préparé, parce que, en vérité, comme disait le Cardinal Iuliu Hossu « notre foi est notre vie ». Aujourd’hui la preuve en est dans l’enthousiasme des jeunes, les vocations, l’élan vers la foi dans les nouvelles générations. Et aujourd’hui, nous voudrions exprimer notre gratitude à l’Archevêque de Paris le Cardinal André Vingt-Trois, à l’Œuvre d’Orient et à ses donateurs qui ont su toujours soutenir le chemin de notre Eglise.

 

Notre pèlerinage ici à Paris, s’inscrit dans l’exemple lumineux du bienheureux Pape Jean Paul II, quand, le 8 mai 1999, à Bucarest, il s’est agenouillé en silence sur des tombes de nos martyrs. Nous ne connaissons pas le lieu de sépulture d’un grand nombre d’entre eux, car leurs persécuteurs les ont privés aussi de ce dernier signe d’hommage et de respect. Mais leurs noms « sont inscrits dans le Livre des vivants et chacun d’eux a reçu «un caillou blanc, un caillou portant gravé un nouveau nom que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit» (Ap 2, 17) ».

 

Nous sommes ici pour témoigner de la foi et l’espérance de ceux qui nous ont précédés, les confesseurs de notre Église «qui viennent de la grande épreuve: ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau» (Ap 7, 14) : les noms illustres d’Evêques comme Vasile Aftenie, Ioan Balan, Valeriu Traian Frentiu, Ioan Suciu, Tit Liviu Chinezu, Alexandru Rusu et celui du Cardinal Iuliu Hossu.

 

Ici, dans la Cité des Lumières, notre Église Roumaine qui est unie à Rome et, en même temps, profondément liée à la Fille ainée de l’Église, veut encore une fois proclamer sa foi dans le Père des Lumières : « car tout don excellent, toute grâce parfaite viennent d’en haut, et descendent de lui » ;  dans cette Cathédrale où la Sainte Vierge est exaltée comme Reine et Mère de la France et de l’Église, nous voulons Lui confier notre patrie, notre peuple, nos espérances et nos douleurs.

 

 A Elle, Théotokos, demandons de porter avec bonté son regard miséricordieux vers son Église, et de n’oublier jamais d’arroser avec ses larmes les fleurs de son Jardin bien-aimé.
 
Amen !

Légende de la photo, de gauche à droite :

Mgr Claudiu Lucian Pop, évêque de la Curie Archiépiscopale Majeure.

Mgr Florentin Crihalmeanu, évêque Greco-Catholique deCluj-Gherla, 

Mgr Alexandru Mesian évêque Greco-Catholique de Lugoj

Mgr Mihai Fratila, évêque Auxiliaire de Fagaras et Alba Iulia Vicaire de Bucarest

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Les évêques gréco-catholiques roumains, martyrs, morts sous le communisme :

Evêques greco-catholiques roumains martyrs morts sous le communisme – RECTO

Evêques greco-catholiques roumains martyrs morts sous le communisme – VERSO

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