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INTRONISATION DE JEAN X : patriarche grec-orthodoxe, en présence de Bechara Raï, patriarche maronite

Le nouveau patriarche Yazigi a été élu le 17 décembre au monastère de Balamand au nord de Beyrouth. Né il y a 57 ans à Lattaquié (nord-ouest syrien), il est originaire de Mar Marita, la plus grande vallée chrétienne de Syrie. Il était le métropolite grec-orthodoxe de l’Europe de l’ouest et centrale.

Tireurs d’élite sur les toits, stationnement interdit, fouilles et portails magnétiques, la cérémonie à Qassar, au cœur de la capitale syrienne, était entourée de mesures de sécurité exceptionnelles alors que le pays est en proie à un conflit qui a fait plus de 60.000 morts en près de deux ans, selon l’ONU.

Des invités triés sur le volet y assistaient alors que les autres fidèles pouvaient regarder la liturgie à l’extérieur sur un écran géant. Les chrétiens syriens, qui représentent environ 5% de la population, sont en majorité orthodoxes.
Mgr Raï, arrivé samedi du Liban, et le patriarche grec-catholique Grégoire Laham, étaient présents à la cérémonie alors que les autres Eglises ont envoyé des représentants de moindre importance, a indiqué à l’AFP un membre du comité d’organisation.
La minorité chrétienne est restée globalement à l’écart de la révolte qui s’est transformée en un conflit armé opposant les rebelles aux troupes du régime de Bachar el-Assad.

Le ministre pour les Affaires de la Présidence Mansour Azzam, considéré comme un conseiller très écouté de M. Assad, y représentait le chef de l’Etat. D’autres ministres étaient aussi présents à la messe qui a été suivie par le cérémonial d’intronisation. Le nouveau patriarche Jean X a présidé ensuite un déjeuner.

Dans son discours lors de la cérémonie, le patriarche Jean X a déclaré que « la Syrie trouvera la voie du salut par le dialogue et retrouvera son visage d’antan. » Et de poursuivre : « Dieu n’accepte pas que se brise la vie que nous partageons avec les non-chrétiens pour des causes politiques et parce que chez nous comme chez eux il y a des gens qui adhèrent à des tendances fondamentalistes n’ayant rien à voir avec la religion ». Affirmant qu’il priera et œuvrera à l’unité en Syrie, le nouveau patriarche a prié Dieu pour qu’Il l’accompagne dans sa responsabilité. Jean X a enfin assuré qu’il n’oublie pas le Liban, saluant son peuple et son président.

Le chef de l’Eglise maronite a de son côté prononcé un discours dans lequel il s’est adressé au nouveau patriarche : « Vous prenez en charge vos fonctions dans un contexte difficile pour la Syrie blessée et souffrante. Nous avons vécu au Liban cette blessure béante causée par les guerres absurdes. » Et Mgr Raï de poursuivre : « Nous somme venus aujourd’hui (en Syrie) pour exprimer notre solidarité avec notre peuple souffrant et blessé, portant l’évangile de la paix, l’évangile de la fraternité, l’évangile de la dignité humaine. » Pour le patriarche maronite, « tout sang innocent versé sur cette bonne terre est une larme de Jésus Christ. »

Samedi, le cardinal Raï, qui effectue la première visite en Syrie d’un dignitaire religieux maronite de ce rang depuis l’indépendance du Liban en 1943, a appelé dans une homélie à Damas à des réformes en Syrie et a prôné le dialogue.

Cette visite divise profondément les chrétiens libanais favorables et hostiles au régime de Damas, alors que Syrie avait exercé pendant quelque 30 ans une tutelle sur le Liban voisin avant d’en retirer ses troupes en 2005.

Répondant aux critiques, le cardinal Raï a indiqué dimanche être venu pour « rencontrer les chrétiens et notamment les 60.000 maronites » et a souligné que l’église « est toujours contre la guerre et pour le dialogue ».

Dans une première réaction officielle syrienne à la visite du patriarche Raï à Damas, le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, a déclaré que les peuples libanais et syrien sont un seul peuple, ajoutant que Mgr Raï est aujourd’hui « chez lui ».