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Les chrétiens aux bêtes, Souvenirs de la guerre sainte proclamée par les Turcs contre les chrétiens en 1915

Célèbre pour sa vieille ville aux antiques églises et ses trésors d’architecture turco-musulmane — de nombreuses voix en réclament l’inscription au patrimoine mondial de l’humanité -, la citadelle de Mardin fut aussi, mais cela est plus oublié, un des hauts lieux de la barbarie humaine. Cette petite cité, située en Anatolie orientale, au sud-est de la Turquie, non loin de la frontière syrienne, fut, effectivement, le théâtre de l’un des principaux massacres perpétrés par l’Empire ottoman contre ses populations chrétiennes.

Un ouvrage vient fort à propos nous livrer le témoignage du père Jacques Rhétoré (1841-1921), déporté dans cette localité où il fut témoin des tragiques événements pieusement consignés dans quatre manuscrits échoués à la bibliothèque du Saulchoir, à Paris, avec les archives des pères dominicains de la mission de Mossoul. Journaliste et spécialiste de la chrétienté mésopotamienne, Joseph Alichoran, qui a dirigé la publication de ce long world! martyrologe, a aussi signé l’utile commentaire qui éclaire la figure et l’itinéraire du missionnaire… Il faut avoir le coeur bien accroché pour suivre la litanie des persécutions commises, durant les années 1915 et 1916, par les populations turques, mais aussi les Kurdes et les Tcherkesses, suivant des méthodes qui, mis à part la variété des supplices nés de l’imagination toujours fertile des bourreaux, étaient assez largement les mêmes… A l’heure où l’opinion se divise sur l’entrée de la Turquie, désormais vidée de ses chrétiens, dans l’Europe, on ne manquera pas de s’interroger sur l’opportunité de publier un ouvrage susceptible, comme le souligne Jean-Pierre Péroncel-Hugoz dans la préface, «de jeter de l’huile sur le feu entre Occident et Islam». Mais il ne saurait y avoir de dialogue fondé sur un travestissement des vérités historiques. Ce précieux témoignage est aussi l’occasion de s’interroger sur la survie des dernières communautés chrétiennes d’Orient, victimes de l’indifférence de l’Occident, comme l’atteste le silence qui entoure aujourd’hui le sort des chrétiens d’Irak….

Jacques Rhétoré est né, en 1841, à la Charité-sur-Loire. Il entre chez les Dominicains à l’âge de dix-huit ans. Après avoir été maître 6.20.01 des novices, puis prieur, il rejoint la mission de Mossoul (Irak actuel) en 1874. En 1881, il fonde la mission de Van en Arménie, très éprouvée par la suite par les massacres des Arméniens en 1895. En 1920, il retourne à Mossoul où il meurt l’année suivante. Personnalité hors du commun, très doué pour les langues — il enseignera les langues orientales à L’Ecole biblique de Jérusalem I de 1893 à 1897 ; le père Rhétoré devint un grand spécialiste de l’araméen et du soureth (dialecte néo-araméen oriental) dont il établira la grammaire. Il écrira de nombreux 🙂 ouvrages dans cette langue (textes religieux ou profanes, chants populaires, cantiques, poèmes).