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Lettre de Sa Béatitude le Patriarche Gregorios III pour le saint et grand Carême 2015

“Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis” (Luc 18,13)

“Quant à cette espèce-là, elle ne s’en va que par la prière et le jeûne” (Matthieu 17, 21)

Ce jeûne est celui du Grand Carême avant la Résurrection: un jeûne qui prépare les fidèles pour célébrer la glorieuse Fête de la Résurrection. Le Carême est un chemin de croix, et nous sommes dans la cinquième année de ce chemin de croix des pays arabes, spécialement en Syrie, en Irak et en Palestine, mais aussi au Liban, lequel est dramatiquement influencé par les guerres qui ont éclaté dans ses alentours. Aujourd’hui, le Liban a reçu en plusieurs vagues et héberge des réfugiés et des personnes déplacées de Palestine depuis 1949, d’Irak plusieurs fois depuis 2003 et de Syrie depuis 2011. Le Golgotha de nos pays est la plus grande tragédie des pays de la région et même du monde depuis la Seconde Guerre Mondiale. En tant qu’évêques, notre rôle est d’être avec notre peuple, en compagnie de notre peuple, à son avant-garde et son arrière-garde, à son service. Nous voulons laver les pieds de ceux qui souffrent, comme Jésus a lavé ceux de ses disciples. Et nous demandons pardon à nos fidèles de ce que, malgré nos efforts, nous ne sommes vraiment pas en mesure de répondre à tous leurs besoins, qui augmentent de jour en jour. Nous sommes désemparés devant la grande peine et la grande souffrance de notre peuple dans toutes les communautés chrétiennes et musulmanes. Cela est une tragédie et une souffrance d’échelle globale, qui affecte tout le monde. Tous ont été affectés par la pauvreté, la faim, le froid, le manque de vêtements, la maladie, les souffrances et les handicaps. Dans leur grande majorité, nos fidèles souffrent de tout cela, spécialement en Syrie. Tous sont égaux, maintenant, devant cette sorte de souffrance. Comme nous l’avons dit, c’est là le cas de tous les pays arabes, spécialement la Syrie, l’Irak, la Palestine et le Liban, mais aussi la Libye, l’Egypte et le Yémen.

La flamme de l’espérance

Nous nous adressons à nos enfants et à tous nos concitoyens, comme nous l’avons fait dans nos lettres antérieures, comme l’a dit notre Saint Père le Pape François: “Ne laissez pas la flamme de l’espérance s’éteindre dans vos cœurs”. Nous avons lancé l’initiative de “la flamme de l’espérance pour la paix en Syrie” au moment de Noël. De nouveau, nous demandons à tous d’allumer cette flamme chaque jour dans leurs maisons et leurs cœurs, dans leurs âmes et dans leurs sentiments. Dieu veuille que ce soit une flamme réellement inextinguible (malgré le manque occasionnel d’électricité, de gaz ou de mazout) qui illumine le chemin de tous les citoyens.

Émigration

Nous notons avec une grande tristesse que beaucoup de nos fidèles partent, d’une façon ou d’une autre, légalement ou non. Combien d’histoires avons-nous entendu de leur souffrance dans cette fuite! Quelques-uns partent et quittent le pays pour de bonnes raisons, tandis que d’autres le font sans aucune raison urgente. Nous invitons tous à rester, à être patients et forts, à espérer toujours et à s’accrocher à l’espérance, à la foi et à la confiance en la volonté de Dieu. Nous ne pouvons jamais obliger personne à rester; il s’agit d’une décision personnelle, de la responsabilité de chaque personne ou famille.

Mais, en tant que pasteurs, nous restons avec tous ceux qui restent, pour les servir avec tout notre cœur et toute notre force. Nous nous efforçons continuellement pour aider tous et chacun, avec tous les moyens dont nous disposons, sur les plans de la communication, du voyage, de la correspondance, des informations, des congrès, etc. Nous remercions tous ceux qui nous aident dans cette tâche difficile, sur le plan local et international, civil ou religieux, qu’il s’agisse d’institutions chrétiennes ou musulmanes, catholiques, orthodoxes, anglicanes, luthériennes et autres.

[…]

La souffrance, une école de foi

Nous disons tout cela dans l’espoir de renforcer la foi de nos enfants. D’ailleurs, nous entendons le témoignage de beaucoup de nos fidèles, qui nous parlent de leur foi, leur fermeté et leur conscience de la protection de Dieu, qui garde et préserve tous les citoyens de beaucoup de désastres. Nous, les Evêques, avons le sentiment que la foi de nos fidèles est un enseignement pour nous.

Nous remercions Dieu de tout cela, et nous nous réjouissons aussi du retour de quelques fidèles et quelques citoyens à leurs villes et villages, comme par exemple à Maaloula, à Qussayr, quelques secteurs de la province de Homs et ailleurs. Nous sommes heureux aussi de voir et d’apprendre qu’il y a de nouveaux chantiers ouverts pour commencer la reconstruction des maisons et des églises à Maaloula, Nabek, Homs et Yabroud. […]

A chacun nous souhaitons un Carême béni et sanctifiant, pour nous aider à poursuivre le chemin de croix de nos pays et de leurs citoyens, qui, nous l’espérons, mènera notre cher Proche-Orient et ses fidèles vers les joies de la Résurrection.

Pour vous tous, un Carême saint et béni!

Avec ma Bénédiction Apostolique et mon amour.

+ Gregorios III, Patriarche

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