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[ARMÉNIE] Le témoignage de Domitille : "La joie qui règne dans la maison et la charité de tous les jeunes"

Notre volontaire Domitille en mission en Arménie, à Spitak auprès des Sœurs de Mère Teresa (Missionnaires de la Charité).


Comme le temps passe vite, voilà maintenant près de 3 semaines que je suis arrivée en Arménie. Les jours s’enchaînent au milieu de ce décor montagneux grandiose et déjà dans une semaine, nous partirons avec Camille pour Erevan dans un autre couvent des sœurs de Mère Térésa.

L’atterrissage de l’avion n’aurait pas pu être une meilleure entrée en matière en Arménie ! L’avion a contourné et nous a présenté sous ses meilleurs angles le Mont Ararat, symbole mythique de l’arménité. Le mont domine très largement la plaine dans laquelle il se trouve et les montagnes qui l’entourent, rendant encore plus majestueuse sa silhouette. Selon la tradition, l’Arche de Noé se serait échouée sur le Mont Ararat à la fin du déluge. L’Arche de Noé perchée sur le Mont Ararat est, d’ailleurs, au centre du blason arménien. J’ai cependant appris il y a peu de temps que le Mont Ararat ne se trouvait plus en territoire arménien depuis le traité de Lausanne de 1923, où celui-ci est passé en territoire turque.

L’arrivée à la maison des sœurs de Spitak a été pour le moins très joyeuse ! Les “kids”, comme on les appelle, sont très affectueux. Je crois qu’ils avaient presque autant hâte que moi de mon arrivée chez eux. Quel bonheur d’être si bien accueillie ! A peine suis-je arrivée que tous se sont précipités pour me saluer, se présenter, me demander quelque chose… Bref, ils m’ont tout de suite mise à l’aise et entraîné dans leur vie toute simple au cœur des montagnes de l’Arménie. Les “kids” sont âgés de 13 ans pour la plus jeune à 55 ans pour la plus âgée. Touchés par différents handicaps rendant plus ou moins possible leur autonomie. Trois d’entre eux sont en fauteuil roulant et les autres arrivent plus ou moins à marcher. Chacun participe, selon ses capacités, aux travaux ménagers et au fonctionnement de la maison. Les jeunes parlent arménien entre eux et avec les auxiliaires, anglais avec les sœurs et avec nous. Certains parlent également russe. Avec Camille nous apprenons à les connaître chacun spécialement et découvrons avec joie combien notre attachement avec chacun est unique. C’est peut-être évident mais je vois concrètement que leur caractère ne se limite pas à leur handicap et qu’ils ont tous leurs difficultés et leurs qualités.

La maison des sœurs est une sorte de longère dans laquelle une partie leur est réservée. Il y a ensuite une petite cour sur laquelle tout le monde se tient dès que le soleil chauffe suffisamment. Les sœurs ont également une petite ferme composée de quelques lapins, des poules et des dindes qui peuvent servir de repas. Il y a aussi 5 chiens qui aboient la journée et qui sont lâchés la nuit pour garder la maison. Enfin, les sœurs ont aménagé quelques terrains pour faire de la culture de légumes (pommes de terre, ail, rhubarbe, salades, poireaux, courgettes) et faire pousser des arbres fruitiers (principalement des cerisiers, des abricotiers et des pruniers).

 

 

Nos journées sont très simples, nous commençons par la messe le matin avec ceux qui veulent. S’en suivent diverses activités, ceux qui peuvent être mobilisés pour le jardinage partent dehors. Pendant un peu plus d’une semaine, les plus vaillants ont labouré à l’aide d’une simple pelle plusieurs terrains sur lesquels les sœurs font pousser leurs légumes. Pendant ce temps, nous nous occupons avec les autres jeunes en jouant à des jeux de sociétés, en dessinant ou tout simplement en parlant : ils sont très bavards et sont très contents d’en apprendre davantage sur nous et encore plus sur nos familles. Certains sont également très demandeurs d’apprendre de nouvelles choses. Ainsi, Narine apprend les additions grâce au boulier, nous nous y attelons depuis près d’une semaine, 30 minutes par jour. Cependant, je trouve qu’il est difficile de savoir à quel point ils sont capables d’apprendre de nouvelles choses, s’ils comprennent ou peuvent vraiment comprendre ce que nous tentons de leur apprendre ou si on ne leur en demande pas trop … Joie d’aujourd’hui : Narine a su répondre correctement à cinq calculs d’affilé !

Depuis quelques jours, nous avons commencé avec Camille des séances de gym assise. Et je crois qu’ils en sont très contents, la plupart des jeunes viennent lorsqu’ils le peuvent. On réveille nos corps, on fait quelques gestes simples et surtout nous essayons de les faire gagner en mouvement surtout ceux qui ont des membres très ankylosés. Mais une de leurs activités favorites reste la construction de chapelets : ils sont devenus des maîtres en la matière et nous apprennent à le devenir !

J’aimerai vous préciser deux petites choses qui m’ont particulièrement étonnée au sein de cette maison à Spitak.

– Leur dévotion, et plus particulièrement leur dévotion à la Vierge Marie qu’ils appellent “Mama Mary”. Nombreux sont ceux, qui parmi ces jeunes, n’ont pas des liens très forts voire pas de liens avec leur famille. Ils ont donc tous noué une grande relation avec Marie qui veille sur eux et restera pour toujours leur mère. Jésus nous a donné sa Mère sur la Croix : “Voici ta mère”. Je suis impressionné de voir que cette phrase a une résonance toute particulière pour ces enfants.

Leur journée est rythmée par de nombreuses prières (adoration, messe, chapelet, chapelet de la divine miséricorde, bénédicités), et cette foi fidèle et zélée, est pour moi un vrai modèle de vie chrétienne. Tout cela est également porté par la prière des cinq sœurs missionnaires de la charité !

– La joie qui règne dans la maison et la charité de tous les jeunes. J’ai été très surprise lors de mon arrivée de voir leur générosité entre eux et envers nous. Les jeunes sont très serviables entre eux, ils font très attention les uns aux autres et plus spécialement envers ceux qui sont en chaise roulante.

À la fin de leur repas, il y en a toujours un pour aider celui ou celle en chaise roulante à débarrasser sa table et le raccompagner dans sa chambre. De même, j’ai souvent du mal à comprendre ce que certains veulent me dire et dans ce cas, ceux qui ont le plus de facilités à parler (ou pas d’ailleurs) essaient de m’expliquer ce que l’on veut me dire. Les jeunes ont également une joie très forte malgré un quotidien qui peut paraître un petit peu répétitif. Je suis persuadée que les prières des sœurs sont d’un grand soutien pour cela. On sent vraiment une vraie joie chez les kids d’être dans cette maison, entre eux avec un passage régulier de volontaires de toutes nationalités.

Voilà pour quelques nouvelles, moins de trois semaines après mon arrivée. Je me répète peut-être mais cette mission et le quotidien avec les jeunes est une vraie source de joie !

Là où il y a de l’amour, il y a de la joie” disait Mère Teresa