Discours de Mgr Pascal Gollnisch lors de l’inauguration de Charfet

 

Béatitude,

Excellence

Monseigneur,

Monsieur l’ambassadeur

Mes pères, mères, et sœurs,

Chers amis,

 

Depuis 162 ans l’Œuvre d’Orient essaye d’apporter l’aide des catholiques de France, à nos frères des Églises orientales.

Il ne s’agit pas simplement d’aide d’ailleurs, il s’agit d’une amitié, d’une rencontre, d’une communion spirituelle. C’est aussi par les temps qui sont les nôtres la recherche d’un plaidoyer au service des chrétiens d’Orient auprès des pouvoirs publics et de l’organisation internationale, avec d’ailleurs un résultat assez moyen il faut bien le reconnaitre, mais nous ne ménageons pas nos efforts. Encore dernièrement vous savez que le prince héritier d’Arabie Saoudite était en France. Nous avons fait un communiqué pour demander son Altesse royale de procéder sans délais à la construction de 10 lieux de culte catholiques en Arabie Saoudite pour les deux millions de chrétiens qui y vivent. Je ne m’attendais pas à ce que cela ait un résultat immédiat, parfois il faut semer et d’autres finissent par moissonner.

 

Mgr Ignace Youssef VIII Younan patriarche syro-catholique d’Antioche, présent lors de l’inauguration

L’Œuvre d’Orient est aussi bousculée par ce que vivent nos frères notamment en Syrie et en Irak, je suis de plus en plus conscient que nous travaillons sur le mode d’un échange. Que vous même chrétiens du Proche-Orient avez beaucoup à apporter aux chrétiens de France, d’Europe, et d’Occident. Nous avons conscience aussi de devoir travailler avec vous, en vous écoutant, pour construire un projet de société viable et stable pour les peuples du Proche-Orient. Je ne sais pas si la démocratie a une raison d’être ou pas ici même, mais nous ne pouvons pas nous dispenser d’un vrai projet de société.

Je tiens à vous dire Béatitude ma joie d’être ici. Nous gardons des souvenirs forts de votre visite en France, à Paris. Vous savez Béatitude, le désir ardent des collaborateurs de l’Œuvre d’Orient pour faire connaitre les Églises orientales et spécialement l’Église syriaque catholique. Vous avez parfaitement compris que faire connaitre la culture de l’Église syriaque ne consiste pas à l’enfermer dans des musées. Vous avez honoré de votre présence, l’inauguration de l’exposition dans l’Institut du monde arabe sur l’histoire biblique des chrétiens d’Orient à Paris, puis à Tourcoing. Ces expositions ont été inaugurées par le Président de la République française, par le Président de la République libanaise, par le premier ministre d’Irak, par le premier ministre français, et vous étiez là, Béatitude, à nos côtés.

Vous savez bien précisément que ceux qui veulent détruire la présence chrétienne en Orient, par exemple le Daesh mais nous savons bien qu’il n’y a pas que le Daesh, veulent en particulier s’attaquer à la culture, aux monuments.

Ils voudraient ainsi voudraient estomper la reconnaissance des chrétiens d’Orient et particulièrement de l’Église syriaque comme une vraie composante du Proche-Orient. Composante certes bimillénaire, mais nous ne sommes pas tournés vers le passé, nous croyons à cette présence aujourd’hui et à cette présence pour l’avenir. Béatitude, nous savons les épreuves de vos fidèles, nos frères, je les rencontre souvent en Syrie, je me suis rendu plusieurs fois à Damas, à Homs, à Alep, en Irak. J’aurai la joie, je l’espère, de rencontrer monseigneur Moshe à Qaraqosh, ou à Mossoul.

Oui, nous sommes des témoins des souffrances de nos frères, nous sommes témoins de leurs angoisses, de leurs incertitudes, de leurs cris d’injustice, de leur incompréhension du sort qui leur a été réservé, de leur sentiment de trahison par leurs voisins, par leurs proches. Nous savons tout cela, nous étions présents lorsqu’ils ont été chassés de Mossoul et ont trouvé refuge dans la plaine de Ninive. Puis quelques jours après quand ils ont été chassés de Ninive et qu’ils se sont retrouvés sur les trottoirs dans la ville d’Erbil, sans toit. Nous savons tout cela, nous avons été comme l’ami de l’Époux, nous sommes dans la joie quand l’Époux est dans la joie et nous sommes dans les larmes quand l’Époux vit l’épreuve. Nous n’avons peut-être pas d’autre ambition que d’être l’ami qui pleure quand vous êtes dans la souffrance, dans l’épreuve. Mais vous savez aussi Béatitude les efforts que nous essayons de mener dans des conditions complexes pour la construction de maisons, d’écoles, d’églises pour les réfugiés déplacés, mais aussi l’effort de reconstruction que nous entreprenons maintenant dans la plaine de Ninive.

Nous voyons avec joie, notamment à Qaraqosh un certain nombre de fidèles revenir.

Je me rendrai aussi dans la ville de Mossoul où la situation est beaucoup plus compliquée. Nous savons aussi le souci que vous portez Béatitude, de la diaspora syriaque dans le monde entier. On sent que cette diaspora si elle parvient à s’organiser, à rester solidaire de l’Église mère dont elle est la source, peut être une richesse, un soutient, une force pour l’ensemble de l’Église syriaque. Cette diaspora ne restera authentiquement syriaque que si l’Église syriaque peut rester chez elle, sur la terre qui est la sienne. Nous en avons l’espérance et nous voulons y travailler.

Cet atelier pour les documents anciens que vous avez bien voulu Béatitude, accueillir dans les locaux du patriarcat n’est pas simplement un souci des racines. Vous avez peut-être vu que le président de la République française, lundi, lorsqu’il est venu rencontrer les responsables de l’Église de France a dit que pour lui il était évident que la France avait des racines chrétiennes, je croyais que c’était un débat dans mon pays, mais en effet c’est une évidence. Pour lui, le problème n’était pas simplement celui des racines qui peuvent être mortes, en réalité c’est celui de la sève vivante qui irrigue l’arbre tout entier.

 

Mgr Pascal Gollnisch, et Mgr Ignace Youssef VIII Younan

 

Nous sommes convaincus que cet atelier, ce souci de l’histoire, des documents, des monuments scripturaires de l’Église syriaque, participe à la sève aujourd’hui, vivante, qui peut irriguer l’arbre tout entier, non seulement de l’Église syriaque mais de l’Église catholique tout entière, et je dirai même de la civilisation, en particulier du Proche-Orient.

Nous sommes aussi conscients que cette action devrait permettre une véritable dimension œcuménique et qu’elle sera grâce à votre décision Béatitude, au service de toutes les Églises.

Vous me permettrez de saluer l’action du professeur Desreumaux et de tout le centre d’étude syriaque, vous devez savoir qu’il y a un centre d’étude syriaque à Paris. Je me permets également de souligner le travail de la Bibliothèque nationale, du Sénat français qui a contribué à la construction et l’équipement de ce centre. En particulier le sénateur Vial, qui a donné beaucoup de sa personne pour la réussite de cette action. Bien sûr je voudrai, vous me pardonnerez, saluer mes collaborateurs de l’Œuvre d’Orient, en particulier Vincent Gelot et son épouse Caroline qui travaille beaucoup dans ce centre. Charles Personnaz, qui est un jeune collaborateur de l’Œuvre et qui nous aide beaucoup dans les questions culturelles. Bien sûr je voudrai aussi saluer le travail du père Dergham que vous avez nommé pour ce souci de patrimoine culturel, et qui nous accueille en votre nom dans ce centre.

Cette action me parait belle, me parait forte. Elle semble correspondre à des besoins aujourd’hui. Elle est en quelque sorte une contre action par rapport à ceux qui ont voulu s’attaquer à la culture des chrétiens d’Orient, mais nous sommes conscients qu’elle ne suffit pas. Nous savons sans vouloir ternir la joie de cette fête, que nous entendons des bruits de conflits. Nous savons que les États-Unis voudraient envoyer des missiles pour la Syrie et malheureusement le gouvernement français semble t-il est prêt à s’y associer. J’espère que cela n’aura pas lieu mais que ce soit clair pour tous que l’Œuvre d’Orient condamnerait ces actions si par malheur elles se produisaient. Ce n’est pas cela le chemin de la paix que nous voulons pour vos fidèles.

 

Merci Béatitude.

 

« Prions avec les chrétiens d’Orient » l’Œuvre d’Orient lance une chaîne de prière sur Hozana

Après la journée du 25 mars, journée des chrétiens d’Orient, restons unis par la prière, de l’Orient à l’Occident. Ensemble, prions pour la paix.

« Dans ce désir de paix il y a évidemment pour les chrétiens quelque chose de spécial, d’abord parce que le Christ nous a demandé d’être artisan de paix, on obéit aussi au Christ en plus de rejoindre le désir de la population.

Les chrétiens au Moyen-Orient ne sont plus une force au sens de force politique, force économique, ou force militaire. Cela signifie que la force des chrétiens est bien l’Évangile donc d’être artisan de paix, de s’occuper des pauvres, des malades, des enfants ».

Mgr Pascal Gollnisch

 

Toutes les semaines, nous vous proposons des intentions et des prières pour les chrétiens. Venez rejoindre cet élan !

« Le Foyer de la Vierge Marie, école et havre d’amour » le beau témoignage d’Agathe, volontaire au Caire

Au Caire, la congrégation des filles de Notre-Dame des Douleurs (Saint-Frai) accueille depuis soixante ans des personnes âgées au sein de son « Foyer de la Vierge Marie ».

Aujourd’hui, cinq religieuses veillent au bien-être de 95 résidents. La grande majorité est orthodoxe, quelques-uns sont catholiques, tous sont coptes. La communauté emploie des jeunes-filles et quelques jeunes-hommes venus de la Haute-Egypte comme auxiliaires de vie. Ces derniers sont issus des communautés chrétiennes du sud du pays. Au vu des événements récents, les allers-retours pour visiter leurs familles et leurs villages sont rares.

 

Au Foyer, ces jeunes âgés de 16 à 25 ans apprennent un métier tout en recevant un salaire qui leur permettra, entre autres, de constituer leur « trousseau » de mariage.

 

En effet, la société égyptienne est encore très traditionnelle, qui plus est dans les campagnes. La question du trousseau pour les jeunes-filles est donc à prendre très au sérieux. Outre cet apport matériel, ces jeunes gens reçoivent une formation humaine. Nombre d’entre eux ne savent quasiment pas lire et écrire en arrivant au Foyer de la Vierge Marie. Les sœurs veillent alors à ce que chacun puisse acquérir les savoirs de base. Si le corps et l’esprit sont nourris, l’âme l’est aussi. En effet, les jeunes-filles et les jeunes-hommes participent à des formations spirituelles. Des personnes extérieures au Foyer viennent prodiguer un enseignement varié. Les jeunes entendront parler du plan de Dieu pour l’Homme. La vie affective et sexuelle sera donc abordée.

Les sœurs Saint-Frai opèrent ainsi une double œuvre missionnaire.

Leurs jeunes auxiliaires de vie deviennent, pour un temps, leurs enfants et vont grandir à l’école de l’amour. Celui reçu par les sœurs, et celui qu’ils devront donner aux personnes âgées dont ils ont la charge. Cette école est très exigeante mais plus que jamais nécessaire pour former des acteurs solides dans une société heurtée par l’extrémisme.

Sœur Marie

Les familles des résidents sont heureuses de confier leurs proches aux sœurs.

Ces parents âgés vont alors vivre en société avec des personnes qu’ils n’ont parfois jamais côtoyées dans leur vie car grande est la disparité des milieux sociaux. D’aucuns éprouvent aussi quelques difficultés à se laisser soigner par des jeunes issus de la lointaine campagne. L’apprivoisement est réciproque. Sans évoquer les divergences que suscitent les différentes pratiques religieuses. C’est pour cela que le Foyer de la Vierge Marie est une grande école de charité. Les sœurs puisent alors à la Source de l’Amour en nourrissant leurs journées des offices, de la Messe et de l’Adoration. Le temps s’arrête pour honorer Dieu. Pour autant, le leur semble décuplé. Mystère de la grâce.

Les bénévoles cairotes sont très nombreux, on peut voir le Foyer se transformer en véritable festival de musique avec concert, tirage au sort où tous les tickets sont gratuits et gagnants, goûter, cours de danse. Les idées ne manquent pas et feraient pâlir d’envie nos maisons de retraites en Occident. Toutefois, la solitude est grande pour certains. Quelques-uns n’ont pas de famille, ou bien celle-ci a émigré dans un pays où la foi peut être vécue sereinement.

 

Un concert au centre

 

« Il y a la faim du pain matériel, mais il y a aussi la faim d’amour, de bonté, d’attention mutuelle, et c’est cela la grande pauvreté de notre époque » nous dit Mère Teresa.

Malgré toute la bonne volonté des sœurs, auxiliaires et bénévoles cairotes, les 95 « pensionnaires » ne peuvent tous recevoir l’attention dont ils auraient besoin. Pour ces derniers, les journées sont longues et semblent vouées à attendre que le jour décline pour se rapprocher du grand soir ; celui de la rencontre tant espérée au plus profond du cœur humain. La soif d’être aimé ne tarit pas et se creuse au long des jours. Il suffira alors d’une marque d’attention, d’un salut amical pour remplir ces réservoirs qui semblaient vides.

Bien conscientes de cela, les sœurs aiment à recevoir des volontaires dont l’unique mission sera d’être une présence. Être et non faire. Cela semble si simple et pourtant tellement en contradiction avec l’affairisme pathologique de notre époque. Il faudra alors beaucoup d’humilité aux jeunes et moins jeunes volontaires chargés de cette mission. Et accepter de prendre le temps de la rencontre, en mesurer l’intensité malgré la simplicité de l’instant. Admettre qu’une simple présence fidèle auprès de Claude qui pourtant ne connait pas mon prénom et ne cherchera jamais à le connaitre a une valeur d’éternité. Parce que Claude au fil des jours aura oublié ses larmes et retrouvé son sourire ; parce que Claude dans un moment de lucidité m’aura dit « Comment on fait pour être heureux ? Vous savez vous ? » ; Parce que j’aurai pu répondre à Claude, et réaliser alors, que seul Dieu comble, qu’Il l’aime infiniment et qu’elle a du prix à ses yeux. Celui de son Fils unique.

 

Roumanie, un pays en transformation 1/3

Une vieille femme s’approche pour nous faire visiter cette petite chapelle où les gens se réunissaient pour prier malgré l’interdiction.

« La Securitate de la ville (la police communiste NDLR) de la ville d’à côté venait tout le temps pour nous empêcher de nous y réunir, mais dès qu’ils partaient, nous y allions en cachette » confie-t-elle dans un demi-sourire avec un mélange de malice et de souffrances mal cicatrisées.

La Roumanie est un pays déroutant. Modernité et ancestralité s’y côtoient, s’y croisent, interfèrent harmonieusement. Des autoroutes flambant neuves, des villes entières rénovées et restaurées avec goût et respect du patrimoine.  Des voitures cossues doublent des carrioles sur des routes parfaitement asphaltées ou bien au contraire des chemins de terre. La téléphonie mobile peine à franchir les faubourgs des villes, tout comme internet. On peut vite en garder une image idyllique, qui ne serait pas totalement erronée, du fait de l’hospitalité des Roumains et des paysages magiques. Mais il est un fait qui ne trompe pas, les jeunes ne pensent qu’à émigrer, malgré un taux de chômage très faible (moins de 5%), voire inexistant à Bucarest. Cependant un salaire mensuel moyen à 411€ et un salaire minimum à 250€, même si le coût de la vie est peu élevé, voire un des plus bas d’Europe, ne suffisent pas à freiner les envies d’ailleurs, et peut-être aussi laisser derrière soi un passé trop lourd.

 

Paroissienne de Visua

 

 

Pour Mgr Vasile Bisau, les plus grands défis de ce nouveau siècle sont le vieillissement de la communauté grecque catholique et l’émigration des jeunes.

« Imaginez-vous que 80% de la communauté gréco-catholique de Paris vient de notre diocèse ! Le curé de Tochol me disait qu’il y avait moins de baptême ici qu’à Paris. C’est le même problème pour les autres minorités du pays. ». La population roumaine est en effet à 80% de confession orthodoxe, les catholiques latins (autorisés sous le communisme) représentent environ 5%, tout comme les protestants (réformés, baptistes, pentecôtistes confondus), les gréco-catholiques et leurs 300.000 fidèles, soit 1,4 % de la population sont devenus marginaux, quand avant 1948, ils étaient plus d’un million et demi.

 

Eglise en construction, financée par l’Oeuvre d’Orient

Cette communauté n’en reste pas moins active dans le pays, notamment dans l’enseignement, avec des écoles de qualité, comme à Cluj Napoca, Bucarest, ou Oradea. De nombreux orphelinats aussi, bien loin de la terrible image de ceux découverts après la chute de Ceausescu, avec ces enfants affamés, laissés sans soin, ou même enchaînés. Rien de tel dans ces institutions, un cadre étudié pour que les enfants s’y sentent chez eux, un soin de chaque instant, un personnel attentif et compétent.

Comme dans la plupart des établissements catholiques à travers le monde, ils sont ouverts à tous, sans distinction d’appartenances religieuses ou d’origine. « De toutes façons, les enfants ne font pas de différences, ici, il y a quatre confessions différentes, mais pour eux, ça n’a pas d’importance » remarque Sr Maria, sœur du Cœur Immaculée, directrice de l’ensemble scolaire gréco-catholique de Bucarest, accueillant 800 élèves de 6 à 18 ans. Ici se côtoient des enfants des villages reculés (grâce à un internat), des enfants des rues livrés à eux-mêmes, que les sœurs de la congrégation sont allées elles-mêmes chercher, des enfants tsiganes très défavorisés et souvent rejetés. Pendant l’été, pour ne pas perdre le bénéfice acquis pendant l’année, l’établissement reste ouvert et fait office tout à la fois d’orphelinat, de centre aéré, et de cours de rattrapage.

 

Orphelinat

 

Dans le centre Pyramid pour jeunes autistes, où 40% du salaire des thérapeutes est pris en charge par l’œuvre d’Orient, le suivi, l’accompagnement, la recherche d’un soutien et d’une présence toujours plus utiles, rassurantes et constructives pour les enfants accueillis, par des psychologues et des éducateurs, sont tellement à la pointe que des étudiants européens en psychologie viennent s’y former. Leur but : amener ces jeunes atteints d’autisme à être indépendants. L’Etat ne finance pratiquement pas ce genre de structures, il délivre seulement l’agrément qui permet au personnel d’exercer et au bâtiment d’accueillir du public, suivant des règles strictes.

 

Centre Pyramid pour enfants autistes avec Mgr Vasile Bisau

 

A Cluj Napoca, les sœurs de la Mère de Dieu s’occupent d’un centre d’accueil pour enfants défavorisés, de la catéchèse, et du soin aux personnes âgées dont les plus vieilles sœurs entre 97 ans et 101 ans. Elles ont connu la prison, les persécutions, l’impossibilité de pratiquer leur culte. Elles sont la mémoire de la communauté.

« Elle sont les racines qui nous donnent la force pour l’apostolat quotidien » confie Sr Letitia d’un doux sourire, « elles sont des petits trésors fragiles, un peu cachés, qui s’offrent à nous chaque jour, toute cette vie intérieure donnée, ce qu’elles nous ont transmis et ont encore à nous transmettre est essentiel. Quand elles meurent, c’est comme si on perdait un membre de notre famille et un peu de notre mémoire.

 

Orphelinat

 

Les défis de la formation de professeurs de français au Liban et dans la région

L’importance de la formation des enseignants mais aussi les défis qui lui sont liés ont été longuement discutés lors du colloque sur l’enseignement catholique et la francophonie au Proche et Moyen-Orient, organisé par L’Œuvre d’Orient.

Celui-ci, rappelle-t-on, s’était tenu au siège du secrétariat général des écoles catholiques au Liban (SGEC-L). Des intervenants de plusieurs pays avaient fait le déplacement pour discuter des attentes et des perspectives des enseignants et du personnel pédagogique francophone au Liban, en Syrie, en Égypte, au Maroc et en Terre sainte.

Des membres des corps des enseignants rattachés aux congrégations religieuses locales et régionales, des représentants des établissements scolaires catholiques mais aussi des acteurs agissant dans le secteur public et laïc faisaient partie des participants à la journée consacrée à la formation. Le dialogue qui a eu lieu a mis en évidence des problématiques communes à tous.

Les deux précédents colloques parisiens qui s’étaient tenus sur le même thème en 2014 et 2016 ont montré que le manque de formation des professeurs explique pour une grande part la baisse constatée de l’utilisation du français dans les établissements scolaires au Liban et dans la région. Les défaillances linguistiques observées chez les enseignants ou bien l’absence d’homogénéité dans les formations initiales ont aussi des répercussions sur l’enseignement de la langue française.

Doyenne de la faculté pédagogique de l’Université libanaise, Thérèse Hachem insiste sur le dysfonctionnement législatif en rapport avec le recrutement des enseignants. « La législation libanaise n’exige aucune formation pédagogique des professeurs, qui peuvent enseigner dès l’obtention de leur licence », précise-t-elle. Elle met l’accent sur la nécessaire professionnalisation des enseignants, et ce pour toutes les disciplines. La langue française est d’autant plus concernée, en tant que discipline et langue d’enseignement, selon elle.

D’autres difficultés ont été mises en relief : celles des coûts. Depuis que la loi relative à la majoration des salaires des enseignants a été promulguée, en juillet 2017, les établissements scolaires se plaignent des frais supplémentaires qu’ils se voient contraints d’assumer. Or les formations, disponibles en plus grand nombre dans le privé, ont un prix parfois élevé pour de petites structures éducatives. Les bureaux pédagogiques des congrégations, les universités, l’Institut français… proposent tous des formations et rencontrent eux aussi des difficultés. Sœur Mirna Farah, directrice de l’école Sainte-Anne des sœurs de Besançon au Liban, énumère quelques-unes de ces difficultés rencontrées au sein des bureaux pédagogiques, comme celle de l’absence d’une politique linguistique dans une société plurielle. « Faut-il enseigner le français en réalisant le transfert d’une langue à une autre ou bien de manière cloisonnée sans passer par la traduction ? Faut-il étudier le français comme langue ou bien comme culture à la fois ? » s’interroge-t-elle.

Sœur Farah témoigne tout de même d’une façon nouvelle, plus positive, d’aborder les formations chez les professeurs. Toutefois, dans la culture du pays, fait remarquer une sœur dans l’assemblée, « il est encore difficile de s’absenter un jour de travail pour effectuer une formation ».

 

Défis pour le maintien de l’enseignement de la langue française

 

L’utilisation de la langue française est aussi questionnée là où la langue anglaise gagne de plus en plus de terrain dans les établissements scolaires au Liban et dans les pays voisins comme en Syrie. Élias Nseir, représentant de l’école des sœurs de Besançon à Damas, constate le déclin de la langue française et le manque d’opportunités pour la pratiquer. « Il n’y a pas d’ambiance francophone. Seule une élite parle encore le français », témoigne-t-il. Les conflits régionaux noircissent un peu plus le tableau avec le départ des enseignants et des élèves pour l’étranger. Sœur Monique, responsable de l’école des filles de la charité à Damas, rappelle tout de même qu’avant la guerre en Syrie, l’apprentissage du français était « porté par une certaine dynamique : des formations efficaces et diverses activités extrascolaires organisées par les écoles, comme les classes vertes ».

D’autres défis, propres à chaque pays, sont aussi évoqués comme celui de former des laïcs là où le personnel religieux commence à manquer, même dans les établissements catholiques comme c’est le cas en Terre sainte, confie le frère Raphaël Gonzales. Quant à l’Égypte, elle sera le premier pays arabe à accueillir des assistants de langue française dans quelques-unes de ses 50 écoles bilingues, à partir de la rentrée prochaine

Philippine nous raconte sa mission à Jérusalem

Jérusalem, 6 Avril 2018

 

Voilà plus d’un mois que je suis partie de France pour le Home Notre Dame des Douleurs de Jérusalem et je me repère maintenant bien plus facilement dans la ville et ne suis plus réveillée par le muezzin à 4h ! Je sais prendre le taxi au tarif local, me présenter en arabe, dire merci en hébreu… La vie suit son cours !

Ma mission en elle-même, comme adjointe administrative du directeur, se passe bien. J’ai travaillé sur différentes choses ce mois-ci, commençant par mettre à jour les dossiers des résidents puis des salariés afin de faciliter les demandes de permis de travail. Celles-ci sont à renouveler tous les 6 mois et nécessitent de se déplacer et faire la queue au ministère pour espérer les obtenir. Evidemment il y a des permis à renouveler tous les mois et bien qu’on les obtienne généralement sans problème, un ou deux font parfois défaut sans tellement d’explications. Il faut alors revenir et retenter sa chance un autre jour…

J’ai également remis au gout du jour les cartes de visite et la brochure de la maison, et relancer la newsletter, en standby depuis plusieurs mois. Ce travail m’a donné l’occasion de découvrir l’historique de la maison. {Construit en 1957 par une soeur française avec le soutien du patriarche de Jérusalem, le Home trouve rapidement sa place à une époque où rien n’existe pour les personnes âgées seules et isolées. La communauté traverse la guerre des six jours, puis la guerre de Jordanie, où elle envoie 2 soeurs en volontariat, la construction du mur…autant de drames qui l’ancreront encore plus dans son quartier et qui consolideront sa présence et son utilité.}

Je suis aussi réquisitionnée pour toutes sortes de choses de façon ponctuelle : animer le loto de la fête des mères, déposer la voiture des soeurs pour le contrôle technique, préparer la procession et la messe des Rameaux de la maison, réaménager le poulailler et la volière du jardin…

Le contrôle technique s’est d’ailleurs avéré être une aventure périlleuse et compliquée. Le centre automobile le plus proche est à environ 45min de route, dans une colonie juive en territoire palestinien. Les rendez-vous ne sont pas tellement d’usage ici : chacun se présente quand il peut, le plus tôt dans la journée est le mieux. Les voitures s’alignent et passent au compte-goutte entre les mains de plusieurs mécaniciens, chacun étant préposé à une tâche particulière. Il m’a fallu 3 tentatives pour enfin obtenir la vignette ! Evidemment j’étais la seule fille mais tout s’est bien passé et c’est bien là l’essentiel !

 

J’apprends à mieux connaître les sœurs qui sont toujours attentives à chacun d’entre nous, résidents, volontaires ou bénévoles. Nous n’avons finalement que peu d’occasions pour discuter ou simplement vivre ensemble, du fait de leur vie de communauté et de l’activité de la maison mais heureusement, elles restent très accessibles. Nous partageons un repas tous ensemble au moins une fois par mois. C’est l’occasion d’entendre des anecdotes sur leurs pérégrinations en Terre Sainte, au Liban (dont 2 d’entre elles sont originaires), en Egypte (la Congrégation y a 2 maisons) ou ailleurs… Je découvre aussi les petites sœurs de Jésus, qui travaillent parmi nous tous les matins. Elles sont arrivées en 2012 de Gaza où elles ont vécu plus de 25 ans. Leur histoire est passionnante.

 

 

 

J’ai participé dimanche dernier à la procession des Rameaux. Véritable fête, elle a réuni une immense foule de croyants, marchant ensemble de Bethpagé, lieu où Jésus serait monté sur son âne, jusqu’à l’entrée de la vieille ville. Nous avons marché entourés de pèlerins venus du monde entier, de religieuses et de frères d’innombrables congrégations différentes, des communautés hébraïque et byzantine…Tous guidés par les patriarches des Eglises de Jérusalem. Belle entrée en semaine sainte !

Impossible pour moi de rater, ou oublier, un office de cette semaine tant les propositions étaient nombreuses ! Je suis allée à l’église des Nations à Gethsémani jeudi soir pour 1h de prières et de chants avec les franciscains. Vendredi, après le chemin de croix avec les personnes âgées, j’ai assisté aux funérailles du Christ célébrées dans le rite byzantin chez les grecs catholiques. Et je suis allée à la vigile pascale chez les Pères Blancs de Jérusalem…véritable marathon de prières ! Vivre Pâques à Jérusalem est une expérience formidable !

J’ai profité d’avoir mon lundi de Pâques de libre (en plus de dimanche) pour aller marcher 2 jours plus au sud du côté de la mer morte. J’ai visité Masada, ancienne forteresse construite par Hérode au temps de Jésus. Elle a été investie un peu plus tard par les juifs fuyant l’invasion romaine. Le site surplombe la mer morte et offre une vue incroyable sur le désert de Judée.

 

      

 

 

 

 

 

Pas très loin, la réserve naturelle d’Ein Gedi a des chemins de randonnées exceptionnels. Elle est parcourue par deux cours d’eau qui en font une véritable oasis au milieu d’une zone aride et désertique. Une fois dépassée les nombreuses familles ayant eu la même idée que moi, je me suis retrouvée quasi seule au coeur de l’impressionnant canyon formé dans la roche. 3h de marche en plein soleil qui donnent le sentiment d’être tout petit et qui valent largement le coup tant c’est beau et grandiose. Les piscines naturelles de la fin du parcours sont une belle récompense !

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

Je m’arrête sur ces beaux souvenirs.

 

Philippine

 

Message à nos donateurs, Sœur Said, sœur de la Charité de Besançon à Baabda

« Que le Seigneur vous le rende au centuple et vous bénisse, vraiment. Pendant que nous sommes délaissés avec cette épreuve que nous vivons notamment dans les écoles catholiques vous êtes venus pour nous appuyer, pour nous aider à nous lever et à marcher, que le Seigneur soit béni par vous et pour vous, grand merci au nom de notre province des sœurs de la charité de Besançon du Moyen-Orient. »

Sœur Said, sœur de la Charité de Besançon à Baabda