La francophonie porte le meilleur de l’idéal français, une ouverture à l’universel, discours d’ouverture du colloque de Mgr Gollnisch

Béatitude,

Monsieur le représentant de la République du Liban,

Monsieur le ministre,

Monsieur l’Ambassadeur de France,

Excellence,

Messieurs,

Chers Pères, chers frères et sœurs et chers amis,

Je voudrai si vous le voulez bien commencer par remercier le Secrétariat général de l’Enseignement catholique au Liban, qui d’une certaine manière, a permis l’organisation de ce colloque et qui n’a pas ménagé sa peine pour cette bonne réussite. Merci mon Père. Je voudrai aussi remercier de sa présence monseigneur le chargé d’affaire de la nonciature apostolique qui représente ici le Saint Siège. Je voudrai vous remercier tous d’être présents. C’était émouvant pour moi de vous accueillir au seuil de ce palais des Congrès, vous accueillir me souhaitant la bienvenue au Liban. Pour moi c’est toujours très dur quand je viens au Liban, parce que si je visite à chaque fois quelques communautés, je vois aussi beaucoup de gens qui me disent vous ne venez pas chez nous. Malheureusement je ne peux pas rencontrer tout le monde à chaque voyage, et croyez-moi je le regrette. Mais peu à peu à chaque voyage je suis de plus en plus familier des communautés qui sont ici au Liban. Je suis aussi désireux d’exprimer ma reconnaissance à mes collaborateurs de l’Œuvre d’Orient qui ont organisé ce colloque, spécialement à Michel et Marie qui ont aidé à la réussite de ce colloque.

Au moment où nous nous rencontrons, chers amis, nous savons que les temps que nous vivons ici dans cette région sont durs, nous entendons avec anxiété et perplexité les questions de frappe en Syrie et d’interventions multiples dans ce pays.

Nous connaissons les conflits, leur dureté, les familles qui sont durement touchées, les victimes, les blessés, les familles endeuillées, les personnes qui ont perdus leur travail, leur maison. Nous connaissons les incertitudes politiques qui créent une certaine instabilité pour les fidèles qui ne savent plus où est leur devenir.

Nous sommes les témoins des crises économiques qui frappent aussi durement les populations et parfois les plus pauvres. Nous sommes témoins de la lassitude et de la fatigue des populations qui en ont assez de ces conflits qui ne mènent à rien. Nous sommes témoins dans beaucoup d’endroits des droits bafoués, de la corruption, et parfois de la résignation désabusée que tout cela peut engendrer. Nous sommes bien sur les témoins des idéologies fondamentalistes, nourrissant des attitudes plus ou moins violentes, et parfois extrêmement violentes, comme vous le savez mieux que moi.

Depuis 1856 l’Œuvre d’Orient est aux cotés des chrétiens d’Orient car elle sait que ces derniers sont acteurs de paix, ils sont porteurs d’une culture. L’Œuvre d’Orient n’oublie pas qu’elle s’appelait à ses débuts l’Œuvre des Écoles d’Orient, et elle a toujours été bousculée par les épreuves de l’Orient chrétien depuis le massacre des maronites en 1860, jusqu’à nos jours. Elle a toujours essayé de s’adapter aux situations nouvelles ainsi nées des évènements. Nous vivons notre troisième colloque pour la francophonie des établissements catholiques du Proche-Orient. Les deux premiers colloques ont eu lieu à Paris, ils ont permis l’état des lieux, l’état des besoins, et d’entendre les motivations des uns et des autres à préserver la francophonie.

Je vous salut tous, vous bien sur qui êtes du Liban, mais je vous salue vous qui êtes venus de l’Égypte, je vous salue vous qui êtes venus depuis la Jordanie, depuis la Terre Sainte, Israël et Palestine, depuis la Syrie tant aimée et tant meurtrie, depuis la Turquie, et bien d‘autres endroits. Nous savons aussi l’importance de la francophonie renouvelée en Iran, même s’il n’y a pas encore d’établissement d’enseignement. Nous savons que l’enseignement du français y trouve un regain d’intérêt. Les valeurs que vous souhaitez promouvoir à travers la francophonie, vous nous l’avez confié et nous l’avons redit dans le petit film que nous venons de présenter, sont bien, telles que vous les dites, la liberté, l’égalité et la fraternité. Vous êtes conscients les uns et les autres de travailler à la promotion de la condition féminine. Vous êtes également conscients de travailler à une certaine laïcité même s’il ne s’agit pas nécessairement de copier des modèles occidentaux, au demeurant extrêmement différentes les uns des autres, mais peut-être d’inventer un chemin de laïcité acceptable par vos populations, vos peuples et vos cultures.

Vous êtes conscients aussi par votre action éducative de favoriser ce qu’on appelle une société inclusive. Nous sommes conscients que ce serait une erreur de laisser la culture arabe que nous respectons, que nous aimons, est-il nécessaire de rappeler que les premières imprimeries de langue arabe ont été créée par des chrétiens. Nous savons que les chrétiens ont une place déterminante dans la culture arabe mais nous pensons que ce serait une erreur de laisser la langue arabe avec disons-le seulement la langue anglo-saxonne. L’exposition récente à l’Institut du monde arabe à Paris, inaugurée par les deux présidents de la République française et libanaise, par la présence de nombreux évêques et patriarches, par le premier ministre irakien, et plus récemment par le premier Ministre français dans le prolongement que nous avons souhaité dans le nord de la France dans la ville de Tourcoing. Cette exposition a montré la place de la culture des chrétiens d’Orient dans le monde arabe.

Bien sûr n’en doutez pas j’admire la langue de Shakespeare mais elle ne doit pas être la seule langue de la mondialisation. Nous ne pouvons pas laisser la langue arabe et l’anglais dans un face à face stérile qui reflèterait un rapport de force, un pouvoir dominateur des uns sur les autres, qui envisagerait une globalisation au dépend d’un juste multilatéralisme auquel mon pays est attaché. Nous ne voulons pas d’une mondialisation qui ne serait qu’une anglo-saxonisation par exemple à travers les réseaux sociaux, une mondialisation qui serait alors violente, désolante et disons-le, presque exclusivement financière. La francophonie dépasse la France et d’une certaine manière la tire devant elle comme le soulignât le président de la République française monsieur Macron dans une allocution récente à l’Académie française. Vous savez peut-être aussi que notre président de la République est venu nous rencontrer avec les évêques français et qu’il a souligné beaucoup de belles choses dans son discours, en particulier le bon travail de l’Œuvre d’Orient, nous ne mesurons pas notre joie, notre plaisir de l’avoir entendu. Mais enfin la francophonie porte aussi le meilleur de l’idéal français, une ouverture à l’universel qui donne une légitimité au particularisme.

Chers amis, je vous l’avoue j’aime mon pays, et parfois je souffre quand j’entends des critiques à son encontre. Sa diplomatie est respectable et nous le savons bien, monsieur l’ambassadeur, certes elle peut être critiquée, les français aussi sont capables de critiquer leurs autorités, il n’y a pas qu’en Orient que cela se fait. Mais enfin lorsqu’on la critique il faudrait la connaitre et si on veut l’accuser de tous les maux il faudrait tout de même vérifier les faits. La laïcité française n’est pas le mépris du religieux et là aussi le président Macron l’a rappelé devant les évêques de France lundi dernier.

Savez-vous que les professeurs de l’enseignement catholique sont rémunérés par le gouvernement français ? Aussi si le gouvernement décide l’augmentation du salaire des professeurs nous n’y voyons pas d’inconvénients puisque c’est ce gouvernement lui-même qui l’assumera. Savez-vous que le gouvernement français est garant de service d’aumôneries dans les armées, dans les prisons, dans les hôpitaux et même dans les lycées publics. Moi qui suis un fils de l’enseignement public, dans mon lycée il y avait une chapelle avec des messes tous les matins et même des messes le dimanche, et il y en a toujours d’ailleurs.

Nous soutenons beaucoup d’établissement d’enseignement catholiques, certes avec des moyens modérés que nous aimerions plus importants, mais cependant avec passion. Nous sommes attentifs aux conditions concrètes qui permettent à ces établissements de remplir leur mission, sans cela notre soutient n’aurait aucun sens. Selon les pays les difficultés peuvent être juridiques, politiques, sécuritaires, discriminatoires ou financières. Nous ne sommes pas prêts à voir silencieusement et passivement des lois brutales remettre en cause des œuvres pluriséculaires qui sont au service de la population, des lois qui mettraient en cause la survie des écoles, les plus pauvres, et qui dresseraient les uns contre les autres les directions, les enseignants, et les parents d’élèves. Nous souhaitons peut-être travailler à la création d’un fond de soutient pour soutenir ces écoles mais cela ne peut remplacer la responsabilité inhérente au pouvoir public.

Toutefois la multiplicité des difficultés ne doit pas étouffer notre espérance, notre liberté et notre imagination, d’ailleurs elle ne l’étouffe pas. Nous sommes témoins de nombreuses initiatives qui marquent l’enseignement catholique francophone au Proche-Orient. Nous savons que vous avez le souci d’un véritable humanisme, ou personnalisme, que les plus évolués, les plus cultivés de nos populations cherchent et recherchent. Vous êtes importants pour justement soutenir cette quête des valeurs humanistes. Nous savons que vous avez le souci d’une société respectueuse de ces diversités, de ces minorités et aussi des plus pauvres, que souvent vous servez. Nous savons que vous avez le souci d’une éducation inclusive, ou l’enfant malade et handicapé a toute sa place, j’en ai encore eu l’exemple hier dans une école que j’ai visitée. Nous savons que vous avez le souci d’une vision de la société qui tourne le dos à la violence parce que chacun est reconnu dans la richesse qu’il porte. Nous avons besoin d’une vision de société pas simplement d’une gestion dans le court terme les 2, 3 années qui viennent. Mais quelle est notre vison pour les pays, pour les peuples du Proche-Orient, pour les 10, 20, 30 ans qui viennent. Peut-être que nous ne le verrons pas mais nous devons avoir cette perspective.

Je sais que vous avez le souci de transmettre aux générations, au-delà d’un savoir-faire et même au-delà d’une culture, des valeurs, un véritable goût de la liberté, de la confiance et un goût de l’action. Il serait criminel ici comme ailleurs de désespérer les nouvelles générations les plus jeunes. Les responsables politiques, culturels, religieux, économiques doivent se remettre en cause pour écouter la jeunesse. La jeunesse du monde entier le fera prochainement dans quelques mois autour du saint Père. Ecoutons la jeunesse pour lui laisser sa place, faute de quoi on abandonnera les nouvelles générations aux fondamentalismes les plus violents, les plus suicidaires.

La francophonie catholique ne doit pas être une francophonie oubliée. Elle n’est pas un témoin fossilisé du passé, elle n’est pas un instrument de pouvoir, elle est une composante à part entière de la civilisation du futur. Elle peut être fière d’elle-même, elle doit être respectée en particulier par ceux qui devaient la soutenir, elle est porteuse d’un projet pour l’homme et pour la société. Je souhaite que ce projet puisse s’expliciter, et être reconnu. Je sais que vous avez le désir de servir la rencontre des peuples, pas dans la terreur mais dans l’harmonie. Et je suis frappé par certaines de vos congrégations religieuses que je retrouve ici au Liban, mais également en Égypte, en Syrie, en Turquie, en Iran.

Vous êtes porteurs d’une rencontre entre les peuples et je crois qu’on devrait le faire savoir davantage. Vous avez le désir de servir la beauté de toute vie. Conscient que l’histoire de l’homme est une histoire sacrée. Que la terre ou il met ses pieds est un sanctuaire et Paul VI rappelait dans un discours célèbre que l’homme est sacré, de par son enfance qui est sacrée. Je sais que vous voulez servir le sens de la justice qui n’est pas simplement une histoire de crimes et de châtiments. Votre ouverture à l’universel me semble tout à fait essentielle, c’est l’ouverture aussi aux réalités méditerranéennes, et combien je regrette que l’union pour la Méditerranée ne soit pas plus développée. Je salue la présence du ministre des affaires étrangères de la principauté de Monaco.

Vous voulez servir le statut de la femme mais il n’y a pas qu’en Orient que cette question est essentielle, vous voulez servir la nature dans une saine écologie, vous voulez prendre votre part au développement humain parfois anarchique, foisonnant, et parfois inquiétant. Vous voulez servir tout ce qui est beau dans le cœur de l’homme, les difficultés ne doivent pas nous étouffer elles ne nous étouffent pas.

Je termine mon propos en relevant deux citations. La première est celle d’un révolutionnaire français qui a perdu la tête comme beaucoup de révolutionnaires français à cette époque et qui nous disait « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ». C’était Danton qui le disait à la Convention. Une autre citation de Guillaume d’Orange : « il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Je vous remercie.


Beit Gazo : inauguration d’un centre de recherche et de conservation du patrimoine des Eglises d’Orient

Le centre sera inauguré ce jeudi 12 avril à Charfet, près de Beyrouth, au Liban en présence de S.B Ignace Youssef III Younan, Patriarche d’Antioche des syriaques catholiques, et de Mgr Pascal Gollnish, directeur général de l’Œuvre d’Orient.

L’ouverture de Beit Gazo est le fruit d’une inspiration spirituelle et culturelle sur un territoire qui abrite déjà l’une des plus importantes bibliothèques syriaques. Elle répond au besoin commun des différentes communautés (syriaques catholiques et syriaques orthodoxes, maronites, melkites, grecs orthodoxes, arméniens catholiques et orthodoxes) de conserver et préserver un héritage millénaire.

Sous l’égide d’un comité scientifique comprenant des institutions comme la BNF et les archives de France et grâce à la mobilisation de mécènes français (le Sénat, le Ministère de la Culture française,…) le centre dont l’activité est à but non lucratif, proposera les prestations suivantes :

– Conservation et restauration du patrimoine écrit (arts graphiques et documents reliés),
– Conseils en conservation préventive,
– Interventions d’urgence,
– Numérisation,
– Formations du personnel,
– Accueil des chercheurs,
– Constitution d’une bibliothèque de référence sur le patrimoine écrit oriental et sur la conservation-restauration, …

 

Manuscrits Najeeb à Beit Gazo
La bibliothèque de Charfet : un bien commun de l’humanité.

Depuis le XVIIIe siècle, près de 2200 manuscrits en langues syriaque, garshouni et arabe ont été rassemblés dans la résidence du patriarcat de l’Église syro-catholique à Charfet. C’est aujourd’hui l’une des plus belles collections au monde par l’ancienneté et la rareté de ses pièces ; ces manuscrits qui viennent de Syrie, d’Irak, de Turquie et du Liban sont encore pour la plupart présentés dans leurs reliures anciennes. A cela s’ajoute une bibliothèque d’imprimés dont environ 20 000 volumes datés du XVIIe et XVIIIe siècle qui remontent à l’origine du patriarcat.

L’expertise garantie par le centre s’inscrit dans une vision déontologique et internationale de la restauration : celle-ci doit être la moins interventionniste possible et dans le respect de l’historicité des œuvres.

Dans le contexte actuel, le travail de conservation et de mise en valeur du patrimoine des églises orientales excède bien largement le cadre historique. Ces collections sont le témoignage précieux de l’histoire, de la spiritualité et de l’existence même des communautés chrétiennes dont la culture a profondément marqué l’histoire du Proche Orient.

 

Source : Narthex

 

L’instruction aux origines de l’Œuvre d’Orient

Naissance et institutionnalisation de l’Œuvre des Écoles d’Orient

L’initiative du baron Cauchy de créer l’Œuvre des Écoles d’Orient s’inscrit dans un contexte particulier où la France est reconnue protectrice des chrétiens de l’Empire ottoman par le Traité de Paris en 1856, qui met fin à la guerre de Crimée. Le premier but de cette association fut de propager l’influence catholique et française au Levant, par le moyen de l’éducation. Les récoltes d’argent au début se sont faites par des conférences ou des quêtes dans les églises.

 

Le cardinal Lavigerie a en premier été désigné pour gérer ces projets, et fut nommé directeur de l’Œuvre. Face aux faibles rendements, il va entreprendre une campagne dans toute la France, prêcher dans les cathédrales des villes de province et organiser des comités. En 1860, le massacre des chrétiens par les Druzes soulève une émotion considérable en France. Le cardinal Lavigerie récolta plus de 3 millions en quelques semaines. Il commence alors un grand voyage en Orient. A Beyrouth, il crée des comités avec des évêques orientaux et des hautes personnalités de la ville pour l’organisation des secours. Il fonde un orphelinat pour 400 orphelines maronites qu’il confie aux sœurs de la Charité, et un orphelinat à Zaleh pour garçons qu’il confie aux jésuites.

 

Ecole Zouk-Mikaêl, Liban

 

Le but des écoles : éduquer et œuvrer pour l’unité

L’Œuvre des Écoles d’Orient dès son origine intervient dans un but de paix et d’unité entre les populations qui bénéficient de l’enseignement des congrégations religieuses. Dans une lettre qu’il écrit à M. Beluze, le cardinal Lavigerie écrit : « le seul vrai ennemi de l’union c’est l’ignorance ».

Des religieux européens étaient déjà présents au Levant avant l’Œuvre des Écoles d’Orient : les lazaristes s’étaient installés en Syrie, en Égypte et à Constantinople, et les sœurs de Saint Vincent de Paul étaient implantées à Alexandrie, et à Beyrouth. Après la guerre de Crimée, les religieux par leur aide envers la population vont acquérir le respect et l’admiration des locaux qui vont réclamer l’éducation qu’ils proposent.

L’enseignement catholique présent en Orient fait se rapprocher l’Église latine et les Églises orientales. Léon XIII a suivi ce mouvement de fondation d’écoles. L’Œuvre des Écoles d’Orient a bénéficié de l’aide de l’Œuvre de la Propagation de la Foi qui les soutenus notamment financièrement. Elle a également reçu des subventions du gouvernement français qui ont pu aider au développement des structures.

 

Les écoles francophones en Orient

Le Père Billotet de la compagnie de Jésus dira des écoles jésuites à Beyrouth qu’elles « ont déjà produits des fruits bien sensibles, elles ont répandu la connaissance de la langue française dans toute la ville de Beyrouth (…) les Maronites, les Grecs, même schismatiques entretiennent par intervalles des maitres de français, ce qui prouve assez combien cette population est désireuse de s’adonner à l’étude de cette langue ».

Cependant, ces écoles sont bien plus que l’apprentissage d’une langue, le même Père écrira « leur procurer l’instruction après laquelle ils aspirent, c’est jeter en eux des semences de civilisation ». Ces écoles croissent en nombre et en élèves, à Constantinople par exemple, les Filles de la Charité vont enseigner et éduquer un millier d’enfants en seize ans.

Cet enseignement venu d’Occident est donc une réussite dans cette seconde moitié du XIXème siècle. L’archevêque de Trajanopole vantera ainsi leurs mérites en disant que « c’est par les écoles que les missionnaires en Orient peuvent faire le bien le plus solide et le plus efficace ».

162 ans plus tard, l’Œuvre d’Orient veille toujours à la protection et l’éducation des populations en difficulté en Orient, par des projets éducatifs, sociaux, pastoraux, ou de santé, créant ainsi un pont entre l’Orient et l’Occident.

 

MR

 

Colloque du 12-13 avril sur la francophonie à Beyrouth : le programme

« Enseignement catholique et francophonie au Proche et Moyen-Orient : enjeux, défis et perspectives ».

Palais des Congrès, Dbayeh

 

 

 

  • 12 avril — Séance inaugurale à 16h30

Exposé préliminaire par Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de
l’Œuvre d’Orient

“Le français, langue d’émancipation” – Témoignage de Madame
Maha Majeed El Haïdar, universitaire et diplomate irakienne, docteur en
histoire de Paris IV Sorbonne,

Intervention de Son Excellence l’ambassadeur de France au Liban,
Monsieur Bruno Foucher

Intervention de Monsieur Marwan Hamadé, ministre de l’Éducation et
de l’Enseignement supérieur du Liban

Intervention de Sa Béatitude le Cardinal Mar Bechara Raï, président de
l’Assemblée des Patriarches et Évêques Catholiques du Liban

 

 

  • 13 avril — Tables rondes et conférences de 9h à 16h30

Sur invitation uniquement

 

 

1ER DÉFI : la formation des professeurs, attentes et perspectives

 

« Perspective en matière de formation initiale des professeurs de français » par Thérèse El Hachem Tarabay, doyenne de la faculté pédagogique de l’université libanaise

 

« Quelles attentes en matière de formation de la part des professeurs ? » par le père Charbel Ouba, basilien chouérite, docteur en sciences de l’éducation
Présentation des résultats d’une enquête réalisée auprès de groupes de professeurs libanais et égyptiens sur leurs attentes en matière de formation en français

 

« Les attentes et besoins des bureaux pédagogiques des congrégations au Liban » par soeur Mirna Farah, directrice de l’école Sainte Anne des sœurs de Besançon

 

« Les attentes, besoins et perspectives de l’enseignement catholique dans la région »

• Égypte – Père Antonios Ghattas Kalta, secrétaire général de l’Enseignement catholique en Égypte
• Syrie – Elias Nseir, école des soeurs de Besançon à Damas et Soeur Monique Kharouf, école des Filles de la Charité à Damas
• Terre Sainte – Frère Raphaël Gonzales
• Maroc – Père Marc Boucrot, secrétaire général de l’Enseignement catholique au Maroc

 

Table ronde : « Quelles réponses aux attentes des professeurs en matière de formation ? Perspectives, programmes : l’offre des acteurs locaux »

Modérateur : Samir Hoyek, professeur à l’Université Saint-Joseph, docteur en sciences de l’éducation

Participants :

• Rachida Dumas, attachée de coopération éducative à l’Institut Français du Liban
• Blandine Yazbeck, conseillère pédagogique à l’Institut Français du Liban
• Claudia Calvo, attachée de coopération pour le français à l’Institut Français d’Égypte
• Marlène Naguib, professeur de français au Caire
• Joëlle Ayache, formatrice à l’Université Saint-Joseph et enseignante

 

 

2E DÉFI : renouveler les outils pédagogiques à l’aide des technologies numériques

 

Table ronde : « État de l’offre et perspectives » 

Modérateur : Michel Bertet, conseiller du visiteur provincial des Frères des Écoles Chrétiennes du Proche-Orient

Participants :

Carole Forja, expert international auprès du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur au Liban.

Mathieu Weeger, attaché de coopération pour le français, Institut Français du Liban

Mariam Latif, professeur de français au Caire et formatrice TV5 Monde

Marlène Naguib, professeur de français au Caire

 

 

3E DÉFI : consolider et pérenniser l’avenir des écoles catholiques au proche et Moyen-Orient

 

Table ronde : « Comment mieux se coordonner entre bureaux pédagogiques du Liban ? »

Modérateur : père André Daher, de l’Ordre antonin maronite

Participants : six représentants, membres des bureaux pédagogiques catholiques du Liban

 

« Bénéficier de l’appui de l’Enseignement Catholique de France » par Louis-Marie Piron, délégué général du Secrétariat général de l’Enseignement  catholique

Exemple du Réseau Barnabé pour la Terre Sainte présenté par Sylvie Jopeck

 

Exploiter les programmes institutionnels conçus par les organisations internationales pour la zone Moyen-Orient : UE / ONU / OIF / AUF par Michel Petit de la Perrelle

 

« Le rôle de l’Œuvre d’Orient, intermédiaire auprès des instances politiques et économiques pour soutenir la pérennité des écoles catholiques »
par Vincent Cayol, directeur des opérations de l’Œuvre d’Orient

 

« Exposé final – Comment la francophonie aide à la formation à la citoyenneté ? » par Salim Daccache s.j., recteur de l’Université Saint-Joseph

 

Synthèse et clôture Père Boutros Azar, secrétaire général de l’Enseignement catholique du Liban
Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient

 

La francophonie au Moyen-Orient : un enjeu de civilisation

Dans une région déchirée où semblent se concentrer les tensions internationales, les violences extrêmes, les découragements et la lassitude des populations, la culture française apparaît comme un vecteur de réconciliation et d’espérance.

Elle est en effet porteuse de valeurs de liberté, de fraternité, d’égalité comme également d’une certaine idée de la laïcité qui sont les valeurs auxquelles les habitants aspirent même s’ils n’ont pas toujours les moyens de l’exprimer.

Le français n’est pas langue du passé ou du colonialisme, elle est celle d’un universalisme qui n’est pas une mondialisation anglo-saxonne, nivelante, arrogante, dominatrice et ignorant les génies des peuples.

Laisser dans cette région s’instaurer le seul face-à-face entre l’arabe et l’anglais revient à l’enfermer dans un rapport de force au service des intérêts financiers. Le français a cette capacité d’ouvrir les cœurs et les esprits à un véritable respect de la diversité des cultures. Non seulement en raison de la grandeur de son Histoire mais à cause d’un regard vers l’avenir en faveur d’un monde plurilatéral, où on tournerait le dos à l’idée de la domination d’un pays, ou de quelques pays, et où on s’orienterait vers une harmonie symphonique des langues, des peuples, des civilisations. La langue française est porteuse d’un humanisme dans lequel les plus pauvres, les plus désarmés, sinon les plus discriminés ou persécutés peuvent se prévaloir de la dignité d’être citoyens du monde.

La francophonie est une réalité du présent et de l’avenir, et il est douloureux de voir des Français en douter. Cependant comme le soulignait le Président Macron devant l’Académie française, la francophonie dépasse les seules réalités hexagonales.

Il est significatif de voir comment les populations de Mossoul, durement éprouvées par trois années sous Daech, attendent la réouverture d’un centre culturel francophone comme un signe de la véritable reconstruction de la ville.

Il n’est pas abusif de considérer la puissance prophétique de la langue française, car elle n’est plus la langue d’un envahisseur mais d’un ami.

La francophonie dans les établissements scolaires catholiques du Moyen-Orient est une francophonie oubliée.

De l’Egypte à la Turquie, en passant bien sûr par le Liban, mais aussi par la Syrie, 400 000 élèves reçoivent un enseignement en français. Depuis des siècles, y sont accueillis des élèves chrétiens et musulmans, qui apprennent à se connaître et à se respecter ; des élèves garçons et filles, permettant ainsi une vraie promotion de la femme. Des élèves riches et pauvres, et parfois très pauvres. Les cadres de ces pays ont souvent été formés dans ces établissements connus et respectés de tous, établissements au cœur des grandes villes comme dans les campagnes reculées.

Quatre cent mille élèves, autant que les élèves des établissements français homologués dans le monde entier.

Qui sait que dans la bande de Gaza se maintiennent trois établissements catholiques, animés par des religieuses admirables, avec 99% d’élèves musulmans ? Qui parle des écoles catholiques en Haute-Egypte, ou des établissements francophones à Damas ou à Alep ?

L’Œuvre d’Orient a organisé deux colloques à Paris en 2014 et 2016 pour lequel peu d’élus ont manifesté de l’intérêt, où nous attendons la réponse de l’académicien que nous y avons invité, et où il a fallu rappeler à plusieurs reprises l’Organisation Internationale de la francophonie pour qu’elle daigne y envoyer un observateur.

Quatre cent mille élèves et leurs professeurs qui ne sont guère soutenus par ceux que l’on croyait chargés de promouvoir la francophonie.

Est-ce seulement un problème de budget, ou plutôt une incompréhension de l’enjeu que représentent ces établissements ? Comment développer le réseau des Alliances françaises ?

Il n’en va pas seulement du rayonnement de la France dans cette région pour les années qui viennent mais il s’agit de soutenir le mouvement de fond vers la citoyenneté et les droits de l’homme pour tous. Les mouvements récents, dits du printemps arabe, ont été révélateurs de ces aspirations mais en même temps déviés et récupérés par des intérêts internationaux et financiers liés à la culture anglo-saxonne. Le français est la culture de la liberté.

On notera enfin que les établissements francophones d’éducation comportent à présent des établissements universitaires ou académiques soutenant la recherche dans de nombreux domaines.

Ces structures permettent de former les élites de demain dans un esprit de construction de sociétés inclusives.

L’enjeu est bien de reconnaître la juste place des minorités et d’une laïcité qui ne soit pas une imitation des sociétés occidentales mais l’élaboration d’un modèle conforme à la personnalité des peuples du Moyen-Orient.

Le défi ultime est celui de la paix et des conditions qu’elle exige.

On sait que Samuel Huntington craignait que les prochains conflits ne soient pas d’ordre territorial ou économique mais civilisationnels, il n’en conclut pas moins que la civilisation sera le meilleur moyen d’éviter les guerres.

La francophonie au Moyen-Orient est un élément clé de cette civilisation de paix dont la Méditerranée a besoin.

Le prochain congrès de l’enseignement catholique du Moyen-Orient les 12 et 13 avril à Beyrouth illustrera l’ambition et les besoins de cette francophonie.

 

 

 

Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient

 

Tribune parue dans Libération ce mercredi 11 avril

 

[VIDEO] Pourquoi promouvoir la francophonie au Moyen-Orient ?

Implantées avant la fin de l’Empire ottoman, les écoles catholiques ont développé le système éducatif dans ces pays en instituant un enseignement en français. Elles restent un des principaux leviers de la francophonie.

 

Des centaines de milliers d’enfants font aujourd’hui l’apprentissage du français au Moyen-Orient et certaines écoles enregistrent même une nette augmentation des élèves qui choisissent le français comme première ou seconde langue.

Mais l’apprentissage du français n’est pas seulement celui de la langue, c’est aussi le vecteur de la culture française et de ses valeurs humanistes que sont la liberté, l’égalité et la fraternité. « La France connait mieux l’Orient que les autres pays européens. Elle a, par son histoire, un devoir moral envers les pays d’Orient. »  C’est en ces termes que Sa Béatitude Louis Raphaël Sako s’est adressé aux journalistes à l’occasion de sa venue en France vendredi dernier. Notamment en matière de citoyenneté et de liberté sans lesquelles la paix ne peut-être espérée.

Les écoles catholiques sont aussi le berceau du vivre ensemble, réunissant sur leurs bancs des enfants de toutes confessions et de tous milieux. Elles témoignent en cela d’une cohabitation possible entre les communautés.

 

 

12 et 13 avril à Beyrouth, Liban 

Parmi les perspectives explorées cette année la question de la formation des professeurs ainsi que la place des nouvelles technologies dans l’enseignement, feront l’objet d’un approfondissement particulier.

Des personnalités politiques et universitaires sont attendues et notamment Sa Béatitude Bechara Raï, patriarche maronite. Leur présence à chacun témoigne de l’importance que revêt la francophonie au Moyen Orient, particulièrement dans un contexte de tensions communautaires fortes.

 

Le Président Emmanuel Macron évoque la situation des Chrétiens d’Orient au Collège des Bernardins

 « Le pluralisme religieux est une donnée fondamentale de notre temps.

Mgr Lustiger en avait eu l’intuition forte lorsqu’il a voulu faire revivre le Collège des Bernardins pour accueillir tous les dialogues. L’histoire lui a donné raison. Il n’y a pas plus urgent aujourd’hui qu’accroître la connaissance mutuelle des peuples, des cultures, des religions. Et il n’y a d’autre moyen pour cela que la rencontre, par la voix, mais aussi par les livres, et par le travail partagé, toutes choses dont Benoît XVI avait raconté l’enracinement dans la pensée cistercienne lors de son passage ici en 2008.

 

Ce partage s’exerce en pleine liberté, chacun dans ses termes et ses références.

Il est le socle indispensable du travail que l’État de son côté doit mener pour penser toujours à nouveaux frais la place des religions dans la société et la relation entre religions, société et puissance publique. Et pour cela, je compte beaucoup sur vous, sur vous tous, pour nourrir ce dialogue, et l’enraciner dans notre histoire commune, qui a ses particularités, mais dont la particularité est d’avoir justement toujours attaché à la nation française cette capacité à penser les universels. Ce partage, ce travail, nous le menons résolument, après tant d’années d’hésitation ou de renoncement. Et les mois à venir seront décisifs à cet égard.

 

Ce partage que vous entretenez est d’autant plus important que les chrétiens payent de leur vie leur attachement au pluralisme religieux.

Je pense aux chrétiens d’Orient. Le politique partage avec l’Église la responsabilité de ces persécutés. Car non seulement nous avons hérité historiquement du devoir de les protéger, mais nous savons que partout où ils sont, ils sont l’emblème de la tolérance religieuse. Je tiens à saluer le travail admirable accompli par des mouvements comme l’Œuvre d’Orient, Caritas France et la Communauté Sant’Egidio pour permettre l’accueil sur le territoire national des familles réfugiées, et pour venir en aide sur place, avec le soutien de l’État.

 

Comme je l’ai dit lors de l’inauguration de l’exposition Chrétiens d’Orient à l’Institut du monde arabe le 25 septembre dernier, l’avenir de cette partie du monde ne se fera pas sans la participation de toutes les minorités, de toutes les religions et en particulier des Chrétiens d’Orient. Les sacrifier, comme le voudraient certains, les oublier, c’est être sûr qu’aucune stabilité, aucun projet ne se construira dans la durée dans cette région. »

 

Père Pascal Gollnisch

Construction de lieux de culte pour les deux millions de chrétiens en Arabie Saoudite

L’Œuvre d’Orient salue la présence en France de Son Altesse Royale le Prince héritier du Royaume d’Arabie Saoudite Mohammed Bin Salman.

Elle lui demande de favoriser la construction dans le Royaume d’Arabie Saoudite de plusieurs lieux de culte chrétien afin de répondre aux besoins religieux des deux millions de chrétiens qui vivent et travaillent dans ce pays.

Elle demande aux autorités françaises d’évoquer la question de la liberté de culte conformément aux règles des Nations unies.

L’Œuvre d’Orient rappelle que l’Arabie Saoudite fait partie du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

 

 

Mgr Pascal Gollnisch, Directeur Général de l’Œuvre d’Orient