Bordeaux : Conférences du Frère Michaeel Najeeb les 25 et 26 novembre

Frère Michaeel NAJEEB, dominicain irakien a sauvé des centaines de manuscrits chrétiens de la barbarie de Daech et a accueilli de très nombreuses familles qui fuyaient la guerre.

 

Samedi 25 novembre à 17h, présentation du livre:  Sauver les livres et les hommes

 

Dimanche 26 novembre à 17h, conférence sur le thème « Les racines et le déracinement des chrétiens d’Orient »


DATE : Samedi 25 et dimanche 26 novembre à 17h

LIEU : Couvent des dominicains, Salle S. Thomas 17 rue Ravez, 33000 Bordeaux

CONTACT :  L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

Nos comptes 2016 sont en ligne !

 

guillemetComme chaque année nous vous présentons une synthèse de nos comptes établie par notre Directeur Administratif et Financier, Jérôme Dartiguenave. Elle prend une nouvelle forme pour répondre aux exigences du label Don en Confiance obtenu en décembre 2016.

 

 

 

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Ces comptes ont été approuvés par les structures compétentes de l’Œuvre d’Orient, en particulier le Conseil d’administration. Cela appelle de ma part quelques observations.

D’une part, la générosité des donateurs ne cesse de croître, chacun comprenant les besoins immenses auxquels nous devons faire face en raison de la tragédie que connaissent les chrétiens d’Orient en Syrie et en Irak. Générosité fidèle qui mérite notre gratitude et nous invite à rendre grâce. En Irak, la reconstruction est en cours, afin d’accompagner le retour des chrétiens là où ils ont été chassés par les islamistes. En Syrie, nous préparons la reconstruction, attendant la fin de cette guerre qui n’a que trop duré. Grâce à l’augmentation des dons, nous pouvons fournir ces efforts supplémentaires sans abandonner les communautés qui comptent sur nous. Ainsi mille cinq cents projets sont accompagnés, parfois modestes, mais permettant un vrai réseau de proximité en Orient.

D’autre part, malgré une charge de travail écrasante, nous veillons à améliorer nos instruments de gestion : création de fonds pour recevoir différentes sortes de dons, secrétariat dédié pour les legs, procédures de contrôle qui vont bien au-delà des exigences légales, procédures toujours plus rigoureuses de décisions, mise en place d’une comptabilité analytique, équipe d’“ambassadeurs” qui permettent de visiter plus souvent, sur le terrain, les communautés que nous aidons. Chaque collaborateur, salarié ou bénévole, est sensibilisé au souci d’une gestion rigoureuse. Nos tâches se sont aussi étendues : accompagnement des migrants, défense du patrimoine des chrétiens d’Orient, approche des organismes internationaux susceptibles d’agir dans la région, communication intense dans les médias ou à travers des événements dans les régions, envoi de jeunes adultes volontaires sur place, sensibilisation des élus pour la cause de l’Orient chrétien, etc. Heureusement des bénévoles facilitent ces actions sans peser sur le budget.

guillemetsL’Œuvre d’Orient est ainsi reconnue pour sa compétence et son sérieux. En même temps elle se renouvelle en permanence pour répondre à l’évolution des besoins de nos amis et frères d’Orient. Grâce à vous nous ne les décevrons pas !

 

 

Mgr Pascal Gollnisch
Directeur général

 

 

 

Téléchargez l’essentiel de nos comptes 2016 ou Rapport de synthèse des comptes 2016

 

 

Retrouvez aussi :

 

L’essentiel de nos comptes 2015

 


 

Le 15 décembre 2016, l’Œuvre d’Orient a obtenu le label « Don en confiance ».

Cette labellisation signifie que l’Œuvre d’Orient satisfait aux quatre grands principes du Don en confiance : transparence, respect du donateur, recherche d’efficacité, probité et désintéressement. Un contrôle continu de respect de ces exigences est assuré par le Don en confiance jusqu’au renouvellement du label.

Nos comptes sont certifiés par les cabinets Leo Jegard (pour l’association Œuvre d’Orient) et 3A Conseil (pour les Fonds de Dotation).

Paris : Témoignage de Vincent Gelot vendredi 15 décembre à l’église Notre-Dame-des-Champs

Quittant Paris au volant de sa Renault 4L, Vincent Gelot, un nantais de 24 ans, se lance sur les routes de l’Orient.

Vincent devait partir huit mois, l’aventure a finalement duré deux ans. Son « Habbibi mobile » le conduit de l’Egypte au Kirghizistan en passant par les plaines du Caucase, où il rencontre des communautés chrétiennes méconnues et parfois menacées. Il conserve leurs témoignages dans un « livre d’or » qu’il remet au Pape François au terme de son voyage.

Programme de la soirée :

Vincent nous racontera ses péripéties : 60 000 km en solitaire au volant à travers 22 pays d’Orient.
Il nous parlera des chrétiens d’Orient : la chaleur de leur accueil, le quotidien de ces communautés parfois isolées, la richesse de leur histoire, la beauté de leurs rites.
Son voyage l’a aussi profondémment marqué dans sa foi. Il témoignera du cheminement spirituel qu’il a vécu.

*Soutenu pendant son voyage par l’Œuvre d’Orient, Vincent Gelot est désormais chargé de projets au Liban, en Syrie et en Jordanie pour l’Œuvre d’Orient.
Il est marié, père d’un petit garçon et vit actuellement à Beyrouth.

 

Dédicace de l’auteur : « Chrétiens d’OrientPériple au cœur d’un monde menacé »

(Droits d’auteur reversés à l’Œuvre d’Orient)

Entrée libre ! Venez nombreux !

Pour en savoir plus sur Vincent Gelot


DATE : Vendredi 15 décembre à 20h

LIEU : Église Notre-Dame-des-Champs, 91 Bd du Montparnasse, 75006 Paris

CONTACT :  L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

 

Fontenay-aux-Roses (92) : Conférence d’Antoine Fleyfel « Le rôle et l’avenir des chrétiens d’Orient » le 30 novembre

Né à Beyrouth en 1977, Antoine Fleyfel est un théologien et philosophe franco-libanais résidant en France. Il est professeur titulaire et directeur de l’Institut de théologie pratique et du fait religieux à l’Université Catholique de Lille. Antoine Fleyfel est également responsable des relations académiques à l’Œuvre d’Orient.


DATE : Jeudi 30 novembre à 20h30

LIEU : Espace paroissial Paoli, 7 rue du capitaine Paoli, 92260 Fontenay-aux-Roses

CONTACT : L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

Paris : Conférence du Pr. Lochon le samedi 2 décembre à l’église Notre-Dame-du-Travail

 

La conférence a lieu à l’occasion de l’exposition sur les chrétiens d’Orient « La grande aventure des chrétiens d’Orient » du 25 novembre au 18 janvier à l’église Notre-Dame-du-Travail.


DATES :  Samedi 2 décembre à 17h

LIEU: Église Notre-Dame-du-Travail 75014 Paris

Entrée principale :  59 rue Vercingétorix
Entrée latérale & accès PMR : 36 rue Guilleminot

CONTACT : L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

L’Œuvre d’Orient se dote d’un nouveau Directeur des opérations

Pourriez-vous vous présenter ?

VC : Oui ! J’ai 53 ans, je suis parisien, père d’une famille de 5 enfants. J’ai évolué dans deux secteurs différents : après des études commerciales, j’ai travaillé en entreprise dans le secteur privé, et ensuite dans le monde associatif. J’ai évolué essentiellement dans le secteur du marketing, de la communication et du développement international pour des produits aussi variés que la lessive, les boissons ou bien les produits agro-alimentaires. J’ai travaillé pendant 20 ans dans ce secteur puis je me suis tourné vers le monde associatif, en contribuant à la création de « la Fête des Voisins » avec mon ami Atanase Périfan. J’étais particulièrement chargé du développement international et de la diversification de cette activité et j’ai mené des actions qui sont plutôt tournées vers le marketing direct, l’événementiel et la communication.

 

Pourquoi avoir choisi d’intégrer l’Œuvre d’Orient ?

VC : C’est une vieille passion familiale. Mes parents s’intéressaient beaucoup à la question des chrétiens d’Orient et bien-sûr soutenaient l’Œuvre d’Orient mais cela correspond aussi à un intérêt personnel. J’ai moi-même habité au Moyen-Orient avec ma famille lorsque mes enfants étaient encore en bas-âge. Nous nous sommes passionnés pour cette question. Je suis très heureux de pouvoir contribuer à la poursuite du développement de cette œuvre.

 

Quelle est votre vision pour l’Œuvre d’Orient ?

VC : Ma vision est de poursuivre et d’amplifier le travail de cette « grande dame ». Je vois deux points principaux : d’abord de continuer à travailler là où on a le plus besoin. C’est la grande spécificité de l’Œuvre d’Orient de travailler communauté par communauté sur le terrain au gré de l’actualité, mais aussi au jour le jour, sur des projets modestes ou beaucoup plus grands. Le deuxième point c’est d’élargir le public. Nous voulons poursuivre notre action auprès des jeunes mais aussi élargir le public géographiquement ; couvrir le territoire français et ouvrir l’Œuvre d’Orient à l’Europe. Il y a déjà des actions qui ont bien démarrées à ce sujet : mon rôle c’est de leur donner réalité.

 

Propos recueillis par ASSM

De l’avenir des chrétiens d’Orient

Source site de la conférence des évêques de France

 

Quel est l’objet de votre intervention ?

Je suis invité par la Conférence épiscopale pour présenter l’Ordinariat des catholiques des Églises orientales résidant en France. C’est un quasi diocèse qui dépend de l’archevêque de Paris, André Vingt-Trois. On compte trois éparchies orientales en France, celles des Arméniens, celles des Ukrainiens et celles des maronites. D’où la présence cette semaine à l’Assemblée plénière de Monseigneur Jean Teyrouz pour l’Éparchie de Sainte-Croix de Paris des Arméniens catholiques de France ; Monseigneur Maroun Nasser Gemayel pour l’Éparchie de Notre-Dame-du-Liban de Paris des Maronites de France et Monseigneur Borys Gudziak, pour l’Éparchie de Saint-Vladimir-le-Grand pour les Ukrainiens de rite byzantin de France. L’Ordinariat rassemble les communautés orientales catholiques qui n’ont pas d’évêques en France : les Syriaques, les Chaldéens, les Coptes, les Grecs-melkites, les Roumains, Russes, Malabares, Éthiopiens et Érythréens…

 

Quelle est la fonction de l’ordinariat ?

Il s’agit d’aider ces communautés à trouver leur place dans la société française et dans l’Église de France. La Conférence épiscopale est nationale et regroupe plusieurs rituels. Les communautés doivent garder un lien avec leurs églises d’origines, leurs liturgies, traditions spirituelles et théologiques, et aussi avec les différents pays dont les fidèles sont issus. Nous voulons éviter de les latiniser. Ils doivent rester des orientaux d’Orient sur le plan du rite et en même temps ils ne doivent pas être enfermés dans des « réserves d’indiens » comme s’ils n’avaient pas trouvé leur place dans l’Église de France.

 

Le sujet des chrétiens d’Orient était présent au cœur de cette Assemblée plénière à plus d’un titre. Pouvez-vous nous dire les raisons de la visite de Monseigneur Youssif Thomas Mirkis ?

L’Église de France porte depuis décembre 2015 la campagne de soutien financier aux étudiants de Kirkouk. Mgr Mirkis venait à la fois exprimer sa gratitude vis-à-vis de l’épiscopat français et expliquer l’avancée du projet. Son diocèse avait recueilli dès août 2014 les étudiants chassés par Daesh. Ils étudiaient à Mossoul ou dans la Plaine de Ninive. Il fallait donner à ces étudiants la possibilité de poursuivre leurs études (frais de vie et scolarité) et l’Université de Kirkouk (arabophone) les a accueillis. Le diocèse de Kirkouk se situe actuellement dans les zones disputées entre les kurdes et les arabes. La situation est difficile. Un conflit violent a été évité ces dernières semaines.

 

Un mois après le referendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien qui l’a emporté avec le « oui » à 92%. Quelle est la situation actuelle ?

Cette affaire d’indépendance est terminée. La région va retrouver un équilibre pour permettre au Kurdistan une autonomie suffisante et satisfaisante en abandonnant – pour le moment – le rêve d’indépendance. Le conflit est généralisé. La communauté internationale a fait comprendre aux kurdes qu’ils doivent trouver le chemin de l’autonomie. Mais une déclaration d’indépendance dans ce climat actuel n’était pas appropriée…

 

Comment envisager l’avenir pour les chrétiens d’Orient et leur éventuel retour en Irak ?

Les évêques ont été très intéressés lorsque Mgr Mirkis a abordé la question de l’avenir de la région notamment parce que les chrétiens ont encore un rôle à y jouer ; même si la situation reste très difficile pour eux. Le Moyen-Orient est toujours traversé par de multiples tensions. Dans ce contexte, il est difficile pour les chrétiens de se projeter dans l’avenir. Quelle sera leurs relations avec les musulmans ? Que va devenir leur pays ?

 

Quelles actions Monseigneur Mirkis pourra-t-il mettre en place ?

Mossoul a été libérée de Daech. Autour de la ville se trouve une vie chrétienne dans la Plaine de Ninive avec les villages chrétiens de Qaraqosh, Karamless et Bartella. Maintenant que ces zones sont libérées se pose la question de savoir comment les étudiants qui le souhaitent pourront rejoindre leur université d’origine, celle de Mossoul sachant qu’ils ne peuvent pas vivre sur place. Il faut mettre en place des transports qui leur permettent d’étudier à Mossoul et de rentrer le soir dans leurs villages chrétiens. Je ne sais pas encore combien d’étudiants vont rester à Kirkouk et combien vont rejoindre Mossoul. Le plan budgétaire reste donc à préciser.

 

Comment les évêques de l’Assemblée plénière ont-ils reçu l’intervention de Mgr Mirkis ?

L’intervention a été bien reçue. D’ailleurs des évêques français vont également régulièrement en Irak. Nous sommes allés cet été à Mossoul peu de temps après la libération de la ville avec le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon ; Mgr Michel Dubost, évêque émérite d’Evry-Corbeil-Essonnes et Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes. Il y a régulièrement des évêques français qui se rendent aussi au Liban et en Syrie.

 

Quels regards portez-vous sur les communautés chrétiennes orientales ?

Nous devons regarder ces chrétiens du Moyen-Orient avec respect et amitiés. Nous sommes attentifs à ceux qui veulent quitter leur pays pour rejoindre la France. Beaucoup de Français sont solidaires et prêts à accueillir les chrétiens du Moyen-Orient. Mais il faut également soutenir ceux qui restent car leur présence est importante pour l’avenir de leur pays et pour la paix en Irak. Car les chrétiens sont des artisans de paix et de médiation. L’image des chrétiens d’Orient ne doit pas se résumer à une migration douloureuse de réfugiés politiques.

Les Mureaux (78) : Concert de Gospel le 26 novembre à l’église Saint-Pierre-Saint-Paul

En cette fête du Christ Roi, venez vibrer aux chants authentiques de l’église afro-américaine aux côtés des chanteurs et musiciens.

Achat de billets le jour du concert

Réservation :

06 26 94 29 69 – 06 09 76 63 94

Tarifs :

18 € pour les adultes

15€ pour les étudiants, les demandeurs d’emploi

Gratuit pour les moins de 12 ans


DATE : Dimanche 26 novembre à 16h30

LIEU : Église Saint-Pierre-Saint-Paul, 2 Rue de l’Abbé Duval, 78130 Les Mureaux

 

Paris : Mgr Gollnisch au 3ème salon du livre et de la famille le 18 novembre

Rencontres et dédicaces auprès de 50 auteurs

Avec la participation exceptionnelle de Monseigneur Pascal Gollnisch, Ludovine de La Rochère, Jean Raspail et Denis Tillinac.

Entrée libre


DATE : Samedi 18 novembre de 14h à 18h30

LIEU: 3 rue de Lisbonne – 75008 Paris

CONTACT : L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

Discours de Monseigneur Mirkis devant les évêques de France

Source : site de la conférence des évêques de France

Les défis majeurs en Irak et dans notre région du Proche-Orient peuvent être lus à la lumière des questions immenses qui nous secouent depuis des décennies, surtout depuis 2003, année de l’invasion américaine et de la chute du régime Baasiste de Saddam Hussein. Ces événements sont à l’origine du phénomène État Islamique (EI, ISIS ou Daesh) C’est là une réponse qui rends les chrétiens vulnérables : Rester ou partir ? Et si on reste sur quelles bases construire les relations avec les musulmans ?

Deux grands défis, très différents, s’ouvrent devant nous. L’un extérieur à la communauté chrétienne : l’évolution du monde musulman. Et celui de l’intérieur : notre mission d’Église.

 

 Le premier défi : L’évolution du monde musulman

 

Le monde musulman, traverse peut-être la crise la plus sérieuse de son histoire depuis ses origines, crise qui résume tous les conflits antérieurs depuis 1400 ans. Pour nous, c’est le même refrain qui se répète. La répétition est un trait marquant de ces sociétés : cela va de la prière à la vie quotidienne, imprégnée de religion. Ici la religion est très différente de celle en l’Occident : elle est partout, mais elle est bloquée, non assumée, subie, et surtout conflictuelle. La surenchère ne va jamais dans le sens de l’esprit critique ou de la réforme ; elle va au contraire toujours plus loin dans le sens d’une exagération destinée à frapper partout les esprits. Si on établit une comparaison entre Daesh et Al-Qaïda – son terreau d’origine – cette dernière organisation fait figure d’ « enfants de chœur » face aux exactions et aux crimes commis en une dizaine d’années par Daesh depuis sa fondation en 2006.

Daesh est en complète débâcle, Mossoul et la plaine de Ninive ont été libérés, mais la région reste disputée et partagée entre les Kurdes et les Arabes, les Chrétiens, les Yézidis et les autres minorités. Les forces armées et les milices populaires (essentiellement chiites) sont là, les Peshmergas, l’armée kurde aussi, tout le monde pense à « l’après Daesh ». Le referendum kurde est venu confirmer les craintes de tous, et la reprise de Kirkuk par Bagdad le 15 Octobre dernier n’a pas fini la question même si le pire a pu être évité in extremis.

Les chrétiens, les Yézidis et les autres, pourront-ils revenir chez eux ? Question de taille. Chacun y va de ses souhaits. Non seulement, en effet, tous ces gens ont perdu la paix avec leurs voisins, mais surtout leur mémoire est accablée par l’horreur et les souffrances, par le drame vécu par un très grand nombre de victimes, notamment chez les Yézidis.

Pendant ce temps, les garanties proposées ne vont pas au-delà des tables rondes, symposiums et congrès qui se multiplient partout. Les paroles sont une chose et la résilience en est une autre ! Ayant moi-même participé à un grand nombre de ces rencontres, je constate régulièrement que chacun des participants s’impose une ligne à ne pas dépasser : on noie très souvent le poisson avec des paroles oiseuses qui ne signifient plus rien sur le terrain et qui ne débouchent pas sur des engagements.

 

Daesh

 

L’apparition de Daesh n’est en fait que la suite logique d’un processus au déroulement implacable. Pendant des décennies, un discours de haine et de refus des autres a été en tête d’affiche dans le monde politique et surtout religieux de la région. N’oublions pas non plus que, dans le monde arabo-musulman, l’ensemble des courants politiques, jadis nationalises et aujourd’hui théocratiques, refuse la Charte des droits de l’homme. Ce refus a notamment pour conséquence l’aliénation de la femme, c’est-à-dire de la moitié de la société. Aujourd’hui, toutes les sociétés incriminent les pyromanes, pourquoi n’incrimine-t-on pas ceux qui allument les feux de la sédition et du sectarisme ? Dans certains pays, ils tiennent le haut du pavé, au su et au vu de tous, sur les chaînes de télévision, dans la chaire des mosquées et surtout sur Internet !

 

Comment « résister » à Daesh ?

 

Daesh est sans doute le dernier épisode d’une longue série, l’un des épisodes les plus meurtriers : il a fallu, un grand nombre de pays pour en venir au bout ! Pourtant, jusqu’à présent, on ne voit malheureusement pas clair dans ce phénomène. Daesh n’est en effet qu’une petite partie de l’iceberg que constitue l’islamisme politique. Personnellement, je ne connais aucune instance capable d’en donner une idée claire ; on se contente de décrire les crimes de Daesh. Mais ne faudrait-il pas étendre la vigilance à l’ensemble de nos sociétés pour endiguer ce phénomène qui, à plus d’un titre, ressemble à tous les totalitarismes : nazisme, fascisme, communisme… ? Daesh a, en effet, mis à profit toutes les expériences des terrorismes antérieurs, y compris ceux de l’époque de la guerre froide. Je pense surtout que toutes les disciplines des sciences humaines devraient se pencher au chevet du monde musulman qui est, aujourd’hui, comme pris dans un étau. Le monde arabo-musulman a été berné, voire kidnappé, paralysé par cette dérive… Aujourd’hui toutes les mesures semblent bien pauvres, comme par exemple la décision de l’Égypte d’interdire l’enseignement du Coran à l’école et de le remplacer par l’éducation morale et civique.

Par ailleurs, les instances juridiques internationales devraient engager des poursuites assidues, sans complaisance ni souci du « politiquement correct », auprès de la Cour pénale internationale à l’encontre non seulement des criminels, mais aussi de leurs financeurs et surtout de ceux qui les soutiennent sur le plan idéologique ! Notre système planétaire de protection immunitaire tend à paniquer devant certaines pandémies, devant la résistance surtout de certains virus ou bactéries. Vu sous cet angle, Daesh est peut-être encore plus dangereux que certains virus !

 

Après Daesh ?

 

Les fanatiques de Daesh déjouent toutes les analyses en raison de leur jusqu’auboutisme et de l’absence de toute limite. Avec leur politique de la terre brûlée, ils font rarement de prisonniers et, dans leur dérive nihiliste, n’envisagent nullement l’avenir. Face à ce phénomène, tout le monde admet son impuissance et se demande pourquoi Daesh est apparu en cette période particulière de l’histoire ?

Tous reconnaissent aussi que, malgré le déclin de sa composante « militaire », la menace reste omniprésente et multiforme. Cela constitue une grande différence par rapport aux problèmes du monde d’hier. Jadis, sous la plupart des régimes dictatoriaux, on avait peur du régime : on essayait de se cacher, d’émigrer sous d’autres cieux. Aujourd’hui, la menace est diffuse. Le terrorisme peut frapper n’importe où et n’importe quand. Il a l’avantage de l’initiative. Il a aussi la possibilité d’attirer des jeunes de presque tous les pays, de les endoctriner pour tuer sans état d’âme, d’en faire des suicidaires. C’est pourquoi nous sommes passés de la peur concrète à l’anxiété généralisée. Daesh revendique très vite ses méfaits. Il a beaucoup d’expérience : il sait utiliser les médias et ainsi toucher la planète entière. C’est l’autre versant de la mondialisation : celui de la terreur et de l’horreur. Certains vont même jusqu’à se demander si la paix mondiale n’est pas mise en danger !

Les suppositions vont bon train sur les organismes occultes qui soutiendraient cette mouvance. On peut aussi poser la question des sources du financement du terrorisme. Un financement qui contourne toutes les mesures internationales, mesures qui, de jour en jour, deviennent plus vulnérables, soit à cause de leur faiblesse, soit en raison de l’appât du gain ! Les instances internationales ont peut-être été lentes à réagir et à comprendre la gravité de la situation. Il faut ajouter à cela des problèmes propres à l’Occident, liés notamment au vieillissement de ses institutions et à l’incapacité des organisations internationales, je pense ici à l’ONU, à s’adapter aux nouvelles menaces. On se retrouve face à un phénomène de « déjà vu » : la montée des idéologies totalitaires au début du XXe siècle, le génocide, sous l’Empire ottoman, d’environ trois millions de chrétiens d’orient : Arméniens, Assyriens, Chaldéens, Syriaques et Grecs. Ce ne fut malheureusement qu’un prélude à un autre génocide, trente ans plus tard : l’Holocauste des Juifs.

 

La seconde voie pour la communauté chrétienne : celle de l’intérieur, mission d’Église.

 

L’autre versant de cette situation c’est le manque de courage ambiant, malgré les efforts louables de la part de certains, nous sommes ballottés entre les pessimistes et les optimistes ; et entre les deux beaucoup hésitent. C’est dans une période semblable qu’est apparu le Christ, qui a envoyé ses disciples fonder des communautés de frères dans un monde où, justement, disait-il, il y aura des loups « qui, en vous tuant, penseront rendre un culte à Dieu » (Jean 16, 2).

L’Église croit mordicus que le mal ne sera pas vainqueur. Elle croit aussi que le bien est plus contagieux que le mal. Elle a compris cela au pied de la croix de Jésus Christ : le bien est le plus fort. L’Église s’est penchée sur l’homme vulnérable dans toutes les situations où elle l’a trouvé. Depuis sa naissance, elle suscite des saints, des résistants qui marquent leur temps : ils savent en lire les signes et les interpréter.

Daesh est l’héritière des sectes, sa méthode consiste à manier la carotte et le bâton, à jouer entre la violence réelle et la promesse d’un « Paradis garanti avec soixante-douze vierges Houris ». Un paradis auquel on accède par le meurtre ! Qui peut y résister et mette ces jeunes en garde ? Quand on se rend compte du degré d’inculture des gens dans toutes les villes de tristesse où ils sont entassés, on reconnaît vite son impuissance !

Par ailleurs, ne sommes-nous pas en train de perdre notre temps dans des batailles de second ordre ? Je pense notamment à certains politiciens embourbés dans le cercle vicieux des conflits identitaires et communautaires. DAESH a déjà fait trop de mal. Il est temps d’en prendre conscience pour l’avenir. Pour tous les musulmans de bonne volonté, pour ceux qui recherchent le bien commun, le temps est venu de se joindre aux non-musulmans et de prendre une position claire et non de façade : l’extrémisme et le terrorisme constituent une menace pour toute l’humanité. Il faut former un front uni, isoler tout système fondé sur la haine, construire partout une coexistence de sorte que nos différences ne conduisent pas au rejet mais au respect de la citoyenneté et à une laïcité positive. La tentation séparatiste de certains s’inscrit peut-être dans une stratégie de fuite en avant, sans s’attaquer au cœur du problème.

 

Par où commencer ?

 

Si l’on se met à rêver d’un possible avenir pour le Proche et Moyen-Orient, pour l’Iraq en particulier, on se pose alors la question : par où commencer ?

Pour nous, chrétiens, la question se pose avec plus d’acuité encore : l’enjeu est notre avenir ou notre disparition, avec celle d’autres composantes qui formaient la belle mosaïque de notre pays. C’est l’Évangile qui nous interpelle et nous pousse à affronter cette situation. Il faut tout faire pour la changer par la culture et la liberté, le travail intellectuel, l’ouverture, la tolérance, l’amour, la fraternité, la coexistence, et surtout le respect des droits de l’homme et de la diversité. Cela ne sera possible qu’en jetant les bases d’une éducation et d’un développement durables à travers des programmes favorisant paix et stabilité. De même, la coopération en vue d’une vraie justice passera par un dialogue courageux capable d’affronter les crises qui ont touché l’ensemble de la région et qui nous ont épuisés. Ainsi se lèvera un État de droit et des institutions au service du bien commun.

Nous avons aussi besoin, comme chrétiens, d’être aidés à rester chez nous, à ne pas céder à la tentation de l’émigration qui n’est jamais une bonne solution ; elle est souvent une fuite. L’émigré continuera à rêver de sa patrie, traînera d’immenses déceptions, devra déployer d’énormes efforts et dépenser beaucoup d’énergie pour s’intégrer dans un pays et dans une culture où il est arrivé meurtri et où il n’a pas de prise ; toutes raisons pour lesquelles il restera un étranger !

En revanche, même si en Orient nous restons des « minorités », nous y sommes chez nous. Souvent, cela a même été bénéfique et nous a poussés à être plus dynamiques. Avec le peu de liberté que nous avons parfois goûté, nous avons pu exceller et rayonner développant les premières imprimeries du Moyen Orient, les premières écoles, les hôpitaux et surtout par une autre culture différente. Aujourd’hui encore, Il nous faut oser êtres différents. Par ces moyens, nous avons pu jouer un rôle de passerelle entre les communautés et les peuples, apprenant d’autres langues, traduisant les livres, éclairant nos sociétés par la connaissance. Notre patriotisme optimiste a toujours su faire barrage à l’échec et au déclin que connaissent d’autres communautés qui sont victimes d’une dépression collective qui les paralyse, les rend incapables de regarder l’avenir. Paralysie face à la violence, elles deviennent la première victime de la violence.

Certains pensent qu’émigrer est une démarche plus facile que celle de résister. Mais ne pourrait-t-on pas imaginer autrement l’aide occidentale ? On pourrait songer à un nouveau Plan Marshall. La survie de nos communautés se joue sur le plan économique, au moins en partie ; elle demande une approche globale. Il convient de la considérer sous tous ses aspects, à la fois à court, à moyen et à long terme.

 

Des points majeurs à prendre en compte

 

Le problème majeur dans notre région concerne la démocratie. Lors de leur occupation de l’Irak en 2003, les américains ont tablé sur le communautarisme, espérant ouvrir par là un chemin vers la démocratie ; mais l’exacerbation du sectarisme a produit l’inverse. Depuis quatorze ans, on ne fait que s’éloigner de l’idéal de la démocratie. Les Irakiens n’ont pas été amenés à s’engager ensemble dans un sain processus de reconstruction commune. Et surtout, la marginalisation des sunnites a été pour tous catastrophique, aboutissant à la création de Daesh.

Les questions liées aux identités se sont avérées être des pièges pour toutes les composantes de notre société. Les milices de tous bords ont joué un rôle néfaste affaiblissant l’état et la cohésion du peuple. D’où la question : comment s’affranchir de ces dépendances identitaires, sources des luttes, vengeances et règlements de compte amenant les minorités à désespérer de toute possibilité d’avenir et de paix ? Comment résister à cette désintégration générale et rendre crédible une identité nationale plutôt que de se résigner à une régression vers le tribalisme et le sectarisme ? Le chemin de la maturité passera par le parlement ; et ce sera long. De même, pour faire face à la corruption endémique qui gangrène le pays, les instances académiques et la diplomatie économique auront un rôle à jouer. C’est à travers la reconstruction d’une économie saine que pourra s’édifier notre paix à tous, en évitant que l’aide internationale ne devienne un fardeau accentuant notre dépendance économique et sociale.

 

Messeigneurs, mes frères,

 

Notre église sans l’aide de l’extérieur, notamment des agences catholiques européennes et américaines, n’aurait pas pu faire face. La situation reste toujours incertaine et fragile. Nous sommes en face à des tentatives de changer la démographie de la plaine de Ninive entre Kurdes et Arabes. Les minorités (dont les chrétiens) sont – le moins qu’on puisse dire – perplexes, et même divisés entre la loyauté envers ceux-ci ou ceux-là.

Le référendum kurde (du 25 Septembre 2017) pour l’indépendance de la région kurde a créé une escalade des tensions entre le gouvernement irakien et le gouvernement régional kurde (sans parler des Etats voisins), certains menacent de faire la guerre, d’un nouveau conflit militaire, long et désastreux pour tous, particulièrement pour les minorités qui payeraient le prix le plus élevé. Nous, chrétiens, ne sommes pas en mesure d’affirmer nos droits ni vis à vis du gouvernement central ni vis-à-vis du pouvoir régional, car les factions politiques sont loin des préoccupations démocratiques.

Par conséquent, on se demande quel sera la prochaine étape. Il n’y a pas de garantie d’une situation meilleure. Les déplacements et la migration ont eu un grand impact sur nous, autant sur les chrétiens que sur les musulmans. L’Irak risque de perdre ses chrétiens : l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde est en train de disparaître de l’Irak sous nos yeux.

 

Conclusion

 

Depuis longtemps, j’attends ce moment pour exprimer mes remerciements à vous et à toute l’Eglise de France, pour sa solidarité et son aide dans notre situation tragique. Cette aide s’est manifestée surtout envers le projet de notre diocèse dans l’accueil de nos étudiants refugiés à Kirkuk (une centaine en 2015, 400 en 2016 et 700 cette année). Je tiens aussi à étendre mes remerciements à tous ceux qui d’une façon ou d’une autre nous ont soutenus, en particulier l’Œuvre d’Orient, Fraternité en Irak, les Porteurs de lumière, et d’autres…

Nous avons besoin encore cette année de votre aide, de vos prières et de votre soutien pour espérer dans un avenir prometteur pour les générations futures.

Ces étudiants aiment leur terre, où sont leurs racines, ils souhaitent rester et contribuer à la reconstruction de leur pays, ils ont vécu ensemble chrétiens, Yézidis et musulmans, et malgré l’attaque du 21 Octobre, ou 7 jeunes filles sont restées sous les lits pendant 8 heures avec 4 terroristes dans la maison, elles ont été libérées « miraculeusement ». Une heure après, les terroristes se faisaient sauter…

Le 22 décembre 2016, les traces de l’attaque étaient effacées. Quelques 300 étudiants étaient réunis à l’évêché chaldéen de Kirkouk pour une grande fête. La mésaventure des sept jeunes filles aurait pu arrêter le projet, tous les étudiants sont revenus dans la ville – même les étudiantes cachées sous les lits – pour la rentrée universitaire, parfois contre l’avis de leurs parents. Cette année, le diocèse a accueilli 668 élèves. Parmi eux, 212 sont Yézidis, 22 musulmans chiites et sunnites et une mandéenne (les mandéens sont des disciples de Saint Jean-Baptiste), les autres étaient des chrétiens de toutes les dénominations.

Depuis ce jour j’ai eu la confirmation que le Seigneur était avec nous, avec ce projet qui est également une mission, pour briser la barrière de la peur et rester fidèles au Christ sur cette terre, comme une petite lampe qui brûle et procure la joie au cœur de la nuit. Avec vous, et tous nos frères et sœurs chrétiens d’Europe, notre foi pourra surmonter les peurs, en attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre Dieu grand et Sauveur, le Christ Jésus (Epitre a Tite 2/13).

 

Merci et que Dieu vous bénisse tous.

Kirkouk, le 19 Octobre 2017