Au Moyen-Orient, les chrétiens sont-ils des citoyens comme les autres ?

Source : La Croix

Privés ici du droit de construire ou de rénover leurs églises, là de certains avantages sociaux, ou de l’accès aux universités. Dans la plupart des pays du Proche-Orient, les chrétiens ne sont pas des citoyens comme les autres. L’accès aux postes les plus élevés leur est souvent refusé dans l’administration, l’armée ou la politique… le but étant d’éviter qu’ils exercent un pouvoir quelconque sur des musulmans.

En Égypte, le poste de « vice-président » promis à un copte par l’ancien président Mohammed Morsi – proche des Frères musulmans – en 2012 s’est pour cette raison transformé subrepticement en « assistant pour la transition politique ». En Irak, la situation empire : s’inspirant du droit islamique médiéval, des juges leur récusent désormais le statut de témoins dans un procès.

La citoyenneté patine

L’urgence d’assurer leur survie dans les pays où leur existence est la plus menacée ne doit pas masquer l’autre combat des chrétiens vivant au Proche-Orient : celui de leur citoyenneté. Relative coopération dans la Syrie avant-guerre, désintérêt en Égypte sous Moubarak, respect de la part du régime jordanien soucieux de son image, l’égalité n’est de mise que dans le Liban multi-confessionnel. Malgré la création d’États modernes au XXe siècle, la citoyenneté patine, constate le juriste Naël Georges (1), qui y voit plusieurs facteurs : « non-évolution de la mentalité arabo-orientale, absence d’une forte culture des droits de l’homme, et résistance islamique ».

Les chrétiens seront-ils un jour des citoyens comme les autres ? Dans un Moyen-Orient déchiré, la réponse est délicate. « Une chose est sûre : cela prendra du temps, beaucoup de temps », se borne à prévenir le politologue égyptien Tewfik Aclimandos. « Depuis les printemps arabes, la question du pluralisme et de la visibilité des ’’minorités’’ est ouvertement sur la table », note tout de même le politologue spécialiste du Moyen-Orient, Joseph Maïla.

En Égypte, les jeunes coptes étaient présents dans les manifestations anti-Moubarak début 2011. En Syrie, les chrétiens ont participé en masse à la mobilisation de la société civile, avant que les islamistes ne la reprennent en main. « Le tabou de la citoyenneté a été noyé dans l’insurrection générale  : réclamer l’égalité des droits, la dignité de la personne humaine était un mot d’ordre commun », rappelle Joseph Maïla, ancien directeur de la cellule de prospective du ministère des Affaires étrangères. Par ailleurs, l’expulsion des chrétiens et le massacre des Yézidis par Daech en Irak à l’été 2014 ont à la fois soulevé l’opinion internationale et choqué aussi de très nombreux musulmans.

L’absence d’un droit civil unifié

Mais cette nouvelle visibilité s’est avérée « paradoxale », reconnaît aussi Joseph Maïla. Elle s’est de fait retournée dès 2013 contre les coptes, lors du renversement du champion des Frères musulmans, Mohamed Morsi  : le soupçon selon lequel ils étaient « à l’origine du changement » est désormais dans toutes les têtes…

Aujourd’hui, la situation incite peu à l’optimisme. « Une minorité croissante de l’opinion publique égyptienne plaide pour une citoyenneté complète pour les coptes, résume Tewfik Aclimandos. Tout en étant horrifiée par les violences des islamistes, la majorité reste réticente : elle oscille entre l’octroi d’un statut de ‘‘protégés’’ et une égalité ‘‘avec des bémols’’. Enfin, une autre minorité, qui grandit elle aussi, est de plus en plus anti-chrétienne. Dans son imaginaire, le chrétien a remplacé le juif. »

L’absence d’un droit civil unifié est la plus criante des inégalités. En attendant, chaque communauté reste arc-boutée sur son code de statut personnel  : un pour les musulmans, un pour les chrétiens orthodoxes, un autre pour les catholiques, et parfois même encore un autre pour les protestants…

De nombreuses inconnues

« Cette autonomie a permis aux chrétiens d’éviter sous certaines conditions l’application de la charia à leurs affaires familiales », relève Naël Georges.« Mais la conversion à l’islam constitue, pour beaucoup de chrétiens d’Orient arabe, une solution pour accéder à tous les droits de la citoyenneté, échapper aux dispositions abusives de leur législation confessionnelle et bénéficier de certains avantages de la loi musulmane », comme la possibilité d’épouser une musulmane, de divorcer, ou d’obtenir dans ce dernier cas la garde des enfants.

Comment la situation évoluera-t‑elle à l’avenir ? Les inconnues sont nombreuses. « Une partie de la jeunesse en a par-dessus la tête des conservateurs et, tout en gardant sa foi, est en attente d’un autre discours », analyse Tewfik Aclimandos. « Mais les conservateurs détiennent encore les clés. Et puis, vers quoi pencheront les jeunes : l’extrémisme religieux, l’athéisme ou la laïcité ? »

La décision récente de la Tunisie d’accorder aux Tunisiennes le droit de se marier avec un non-musulman a agi comme une onde de choc… « Cela reste hors de question dans les autres pays arabes. Mais le débat qui existe aujourd’hui était inimaginable il y a quinze ans. »

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Inégalité en droits

Dans la majeure partie des États de l’Orient arabe, la religion musulmane a un statut supérieur à celui des autres confessions. Sauf au Liban, État « multi-commu­nautaire » où aucune religion n’est supérieure à l’autre. Partout, les chrétiens comme les musulmans ont des tribunaux et des lois autonomes et indépendants en ce qui concerne les questions familiales.

Par ailleurs, les chrétiens de l’Orient arabe sont victimes de violations de certains droits fondamentaux : égalité en droit et en justice, liberté religieuse, liberté d’expression, droit à l’intégrité physique et droit à la vie. D’autres restrictions touchent leurs activités missionnaires, leur liberté d’éducation, leurs affaires intérieures et la propriété de leurs biens.

Source  : Nael Georges, Le Droit des minorités. Le cas des chrétiens en Orient arabe, PUAM 2012.

Anne-Bénédicte Hoffner

(1) Le droit des minorités. Le cas des chrétiens en Orient arabe (PU Aix-Marseille, 2012)

Antoine Fleyel : « Les chrétiens d’Orient contribuent au dialogue des sociétés arabes »

Source La Croix

La Croix : Qu’ont apporté les chrétiens au Moyen-Orient, y compris depuis qu’il est devenu arabe ?

Antoine Fleyfel : Répondre à cette question implique de remonter dans l’histoire de la région. Elle a été chrétienne – c’est au Moyen-Orient qu’est né et s’est d’abord répandu le christianisme – puis musulmane. Pour des raisons parfois idéologiques, on met en avant la grandeur de l’empire abbasside sur le plan des sciences (la médecine, l’astronomie) et des arts, mais en oubliant qu’il la doit aussi aux chrétiens syriaques, coptes, assyriens ou melkites qui vivaient là et que les califes ont eu l’intelligence de mettre à contribution : la fameuse Beit Al-Hikma (« Maison de la sagesse »), dans la Bagdad des Xe-XIe siècles, en témoigne.

Plus récemment, les chrétiens ont été les fers de lance du mouvement politique et culturel de la Nahda (« renaissance ») qui a traversé le monde arabe au XIXe siècle : ils lui ont apporté leurs réflexions sur les droits de l’homme, la citoyenneté ou la laïcité. Au siècle dernier, en Égypte, au Liban ou en Syrie, ils ont milité, aux côtés des musulmans, dans la lutte contre l’occupant turc au nom de cette « identité arabe » qu’ils ont inventée, et puis pour l’indépendance de leurs pays. Dans la création du royaume de Jordanie, dans la défense de la Palestine, on ne peut omettre non plus la participation des chrétiens.

Comment mesurer cet apport ?

A. F. : Il apparaît de plus en plus, dans cette longue histoire du Moyen-Orient, que les phases de grandeur étaient celles de l’ouverture à la diversité, quand le repli et le renfermement entraînaient au contraire l’appauvrissement civilisationnel. Quel héritage ont laissé les Mamelouks, dynastie qui a régné en Égypte et en Syrie du XIIIe au XVIe siècle et qui a beaucoup persécuté les chrétiens mais aussi d’autres minorités ? Bien peu de chose.

 

Le Moyen-Orient perdrait beaucoup si l’hémorragie de ses chrétiens devait se poursuivre : un monde arabe résumé à sa seule composante musulmane serait privé de cette richesse culturelle, sociale, politique, économique aussi, qu’il tire de sa diversité. Le départ des chrétiens accentuerait aussi les polarisations entre courants de l’islam…

Le monde arabe a-t-il conscience de ce qu’il a perdu avec le départ des juifs au XXe siècle ?

A. F. : Très peu osent le dire, en tout cas. La haine d’Israël, cultivée dans le monde arabe depuis 1948, a conduit à assimiler les juifs à Israël : déplorer le départ des juifs serait immanquablement compris comme une forme de complaisance avec cet État. Mais bien entendu, la perte a été importante : jusqu’en 1948 par exemple, le tiers de Bagdad était juif ! Les pays arabes – l’Égypte et l’Irak notamment – n’ont pas eu l’intelligence d’agir pour les garder, mais l’État juif en fut aussi responsable, encourageant l’immigration sur son territoire.

Dans le difficile contexte actuel, les chrétiens peuvent-ils encore apporter une contribution positive aux sociétés dans lesquelles ils vivent ?

A. F. : Leur participation est mise à mal depuis quelques décennies, et plus encore depuis l’apparition des mouvements djihadistes comme Al-Qaida et Daech. À cause de la situation de la région, de la violence qui y sévit, du fondamentalisme religieux, on observe, chez les chrétiens aussi, une tendance au repli sur le plan moral, religieux, culturel, dans la relation à l’autre aussi.

Certains chrétiens s’enferment par exemple dans une expression un peu bigote et superstitieuse de leur foi. L’écrasante majorité des thèses en théologie, aujourd’hui, porte sur l’histoire de chaque Église, les grands saints des siècles passés : on ne peut s’en tenir là ! Il y a un manque du côté de l’œcuménisme, de la théologie systématique, de l’islamologie – comment imaginer un avenir pour ces Églises sans un dialogue avec l’islam ? –, de l’ecclésiologie – certaines Églises sont encore gouvernées comme des tribus, par des prêtres et des évêques roulant dans de belles voitures –, ou encore dans le rapport aux sciences et en particulier à l’histoire. D’une certaine manière, et comme les musulmans, les chrétiens d’Orient continuent à vivre dans un monde « enchanté » au sens où les explications religieuses et magiques prennent le pas sur l’étude scientifique. Dans ces conditions, il est difficile d’avancer…

Et pourtant, leurs œuvres, notamment éducatives, restent toujours aussi appréciées ?

A. F. : Oui, bien sûr, et y compris par les musulmans ! Les chrétiens sont également reconnus pour leurs hôpitaux, l’aide qu’ils apportent aux plus démunis, leur poids économique aussi : ils sont très présents dans le commerce et le secteur libéral en général. Il ne faudrait pas oublier non plus leur production littéraire et intellectuelle, soutenue par des maisons d’édition, des revues et des médias, et plus généralement leur contribution au dialogue entre toutes les composantes des sociétés arabes. En Irak, seuls les chrétiens peuvent rassembler arabes et kurdes, sunnites et chiites.


Qu’est-ce qu’un « chrétien d’Orient » ?

L’expression est discutée. Le terme suppose que l’on se place d’un point de vue latin – à Rome, par exemple – et que l’on observe les chrétiens vivant plus à l’est : au Proche-Orient, puis dans l’est et au sud de l’Europe. Or le christianisme est né au Proche-Orient et s’est ensuite répandu en Europe puis dans le monde.

Dans l’opinion, les chrétiens d’Orient désignent souvent les chrétiens du Proche-Orient arabe (ou « chrétiens arabes ») : ceux qui vivent au Liban, en Syrie, en Irak, en Palestine, en Israël, en Jordanie, en Égypte. S’y ajoutent en réalité ceux d’Arménie, d’Éthiopie, d’Érythrée, d’Inde ou d’Iran.

Plus rigoureusement, les chrétiens d’Orient désignent les fidèles des Églises chrétiennes d’origine orientale (orthodoxes ou catholiques), par opposition aux fidèles de l’Église latine, parfois implantée elle aussi dans ces pays.

Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner

France: le vibrant hommage aux chrétiens d’Orient à l’IMA

Source Terra Santa

Résumer une histoire bimillénaire et plurielle. C’est le pari qu’a voulu relever Jack Lang, le Président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) à travers l’exposition « Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire ». Dont le coup d’envoi a eu lieu hier mardi 26 septembre 2017 à Paris en France. Pour son 30e anniversaire, l’IMA peut se targuer d’avoir organisé la première exposition générale sur ce thème en Europe. L’exposition ambitionne de présenter « le christianisme oriental sous toutes ses facettes : historique, cultuelle, culturelle » comme le souligne Jack Lang mais aussi de « rappeler que le très vieux peuple des Arabes chrétiens fut l’un des acteurs de la modernité de cet oublieux berceau au sein duquel il peine aujourd’hui à conserver sa place. » Un regard dense, sensible et renouvelé sur la région et sur les 20 millions de chrétiens (majoritairement orthodoxes et catholiques) qui l’habitent. L’exposition se tiendra également au musée des beaux-arts de Tourcoing, du 17 février au 5 juin 2018. A noter que le site Bibliothèques d’Orient sera présenté à Paris comme dans le Nord. Lancé  le 12 septembre dernier par la Bibliothèque nationale de France, il donne accès à près de 7000 documents patrimoniaux d’exception.

D’une ampleur inédite, cette exposition est organisée avec un partenaire de choix sans qui elle n’aurait vu le jour. A savoir, l’Œuvre d’Orient. Dirigée par Mgr Pascal Gollnisch, cette association catholique française placée sous la protection de l’Archevêque de Paris est dédiée au soutien des chrétiens d’Orient depuis 1856. Elle articule prioritairement son action autour de l’éducation, de l’aide sociale et de l’action culturelle et de la vie des diocèses (bourses d’études, formations, bibliothèques, traduction de livres…). Le réseau et l’expertise apportés par l’Œuvre d’Orient pour contacter les institutions locales, les Eglises et des particuliers susceptibles de prêter leurs objets ont largement aidé à la préparation et au montage de l’exposition. La Custodie franciscaine de Terre Sainte avait été, de son côté, sollicitée par l’organisation catholique sur la thématique de Jérusalem.

A l’ombre de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’exposition invite à un voyage entre Nil et Euphrate. Pour traverser les courants de l’histoire non pas seulement religieuse mais aussi politique, culturelle, sociale des chrétiens d’Egypte, Jordanie, Irak, Liban, Syrie et Terre Sainte. L’exposition débute avec l’apparition du christianisme jusqu’au développement du monachisme, puis à la formation des Eglises grecque, copte, assyro-chaldéenne, syriaque, arménienne, maronite, et latine sur fond de débats théologiques fondateurs et de shiismes. Après l’apparition de l’Islam, les chrétiens arabisés continuent à jouer un rôle majeur dans la vie administrative, sociale et intellectuelle sous les différents califats et dans l’Empire Ottoman (1453-1923). Au XIXe siècle, apparaît un nationalisme qui éveille les consciences à l’appartenance au monde arabe pour laquelle les chrétiens ont activement participé. On voit aussi que les chrétiens d’Orient sont les fervents défenseurs d’une culture arabe à l’origine notamment de la Nahda, la renaissance arabe moderne initiée par des intellectuels prônant la laïcité au XIXème siècle. L’époque moderne est marquée par les missions catholiques et protestantes venues d’Europe. Aussi, au terme de cette exploration historique, l’exposition donne à travers des témoignages, films et photos la parole aux Chrétiens d’Orient d’aujourd’hui qui luttent pour la préservation de leur patrimoine et pour leur place dans le monde arabe. Avec toujours cette lancinante question : partir ou rester ? A ce titre, on peut citer « a blessed mariage » (Le Caire 2015), un tirage de six photos du copte Roger Anis et de son épouse Karoline. En échangeant des petits mots entre eux avant leur mariage aux photographies de la cérémonie el jour J, ce projet personnel introduit les questionnements d’un jeune couple, les peurs, les rêves et le poids des traditions. « Se marier en Egypte est très compliqué, cela implique beaucoup de choses d’un point de vue traditionnel, religieux et économique » signe l’artiste.

Plus de 300 trésors d’Eglise

Conçue par Raphaëlle Ziadé, responsable du département byzantin du Petit-Palais, et Elodie Bouffard, chargée de collections à l’IMA, l’exposition déploie plus de 300 œuvres, véritables trésors d’Eglise qui s’offrent au visiteur dans une noble sobriété. A travers ces chefs-d’œuvre, on peut voir à quel point le patrimoine des Chrétiens d’Orient est un monde riche en images. Et c’est sans compter que l’histoire du Monde Arabe a alterné périodes de persécutions et temps plus propices aux échanges, influences et emprunts entre communautés chrétiennes et musulmanes. Certaines œuvres témoignent de ce dialogue, comme une bouteille décorée de scènes monastiques à la manière islamique (Syrie, XIIIe siècle).

Il aura fallu en tout deux ans et demi pour rassembler les pièces de l’exposition (manuscrits, tissus et objets liturgiques, fresques et mosaïques, icônes toujours vénérées, souvenirs de familles diplomatiques…) Entre autres, les Evangiles de Rabula, un célèbre manuscrit enluminé syriaque du VIe siècle conservé à Florence (Italie), et les premiers dessins chrétiens connus au monde, de Doura-Europos en Syrie, datant de 232. Ces fresques ont été prêtées par l’université de Yale (Connecticut) et nous font toucher les tout débuts du christianisme. Unique. Emouvant. Religieux.

En outre, certaines pièces sont présentées en Europe pour la première fois. Comme par exemple une fresque médiévale de la Vierge à l’enfant en provenance du Liban et datant du XIIIe siècle.

Le Terra Sancta Museum de la Custodie de Terre Sainte a notamment prêté le Firman ottoman de Soliman I expulsant les Franciscains du cénacle en 1500 à l’encre et l’or sur feuille de papier en rouleau, une Maquette en bois du Saint-Sépulcre datant du XVIIIe siècle. La photo d’Ibrahim al-Toual (Twal), de la tribu chrétienne des Azeizat de Madaba prise en 1905 et grand-oncle du patriarche latin émérite de Jérusalem Mgr Fouad Twal, a été prêtée par l’Ecole biblique d’archéologie française de Jérusalem. Mais ont également – ils sont trop nombreux pour être cités – été prêteurs, l’Institut Archéologique Franciscain du Mont Nébo en Jordanie, le Patriarcat Arménien de Jérusalem, la Dvir Gallery de Tel Aviv en Israël, la Collection George al-Ama de Bethléem, ou encore le Couvent syriaque catholique de Charfet à Harissa au Liban…

Par ses liens privilégiés avec la grande majorité des communautés chrétiennes orientales locales, l’Œuvre d’Orient a permis aux organisateurs de l’exposition de bénéficier de prêts exceptionnels par les communautés elles-mêmes. Face aux destructions perpétrées par Daesh à l’encontre des monuments et objets historiques chrétiens et non chrétiens en Moyen-Orient, Monseigneur Gollnisch s’est réjouit au micro de RCF que les communautés orientales aient accepté de confier leur patrimoine à l’IMA. Comme cet évangéliaire du XIe siècle richement coloré, exfiltré de Damas vers Beyrouth par le patriarcat syriaque orthodoxe pour le mettre en sécurité.

La France aux côtés des chrétiens d’Orient

Inévitablement, l’exposition renvoie en miroir « l’hiver arabe » que les chrétiens du Proche-Orient traversent ; en proie aux violences perpétrées par des groupes djihadistes et aux conflits régionaux meurtriers. « Notre mission est de maintenir à tout prix leur présence dans leurs pays respectifs afin de préserver le respect de la liberté de culte et d’opinion », a déclaré Michel Aoun, le président libanais – chrétien maronite – dans son discours lundi soir, lors de l’inauguration officielle de l’exposition. Son homologue français, Emmanuel Macron s’est adressé dans son discours directement aux chrétiens d’Orient : « Vous êtes la trace vibrante de ce qui résiste à l’imbécillité des hommes. » Et d’insister : « Je veux dire aux chrétiens d’Orient que la France est à leurs côtés, que notre priorité sera bien la défense de leur histoire ». Répétant à plusieurs reprises que l’histoire commune et les liens passés « obligent » la France. « On a parfois voulu dire que défendre les chrétiens d’Orient, ce serait accepter toutes les compromissions », a-t-il ajouté. « Non. Défendre les chrétiens d’Orient, ce n’est pas défendre Bachar al-Assad. Défendre les chrétiens d’Orient, c’est être à la hauteur de l’exigence historique qui est la nôtre » a-t-il enchérit. On l’aura compris, au-delà de la préservation du patrimoine matériel et immatériel des chrétiens d’Orient, « l’Institut du monde arabe  accomplit un geste fort. Il atteste leur existence. Il s’engage pour leur avenir. L’enjeu est d’ordre politique, culturel mais aussi civilisationnel », signent, dans un éditorial spécial commun,  Jack Lang et Jean-Christophe Ploquin, rédacteur-en-chef à La Croix.

« La France restera au côté des chrétiens d’Orient » Emmanuel Macron

Les deux hommes ont pu découvrir les œuvres pendant 20 minutes en présence des commissaires de l’exposition et de plusieurs personnalités dont Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient. Puis ils ont prononcé quelques mots sur l’ancrage des chrétiens en Orient, la richesse de leur héritage mais aussi leur actualité dramatique.

 

 

 

 

 

 

 

Citations du discours du président Emmanuel Macron

« Partout où des minorités défendent leur foi, la France est à leurs côtés (…) parce que nous croyons au pluralisme ». « Je veux dire aux chrétiens d’Orient que la France est à leurs côtés, que notre priorité sera bien la défense de leur histoire ». 

« La France entretient une longue histoire avec les chrétiens d’Orient […] »

« Et cette histoire ne s’est jamais arrêtée, comme ne s’est jamais arrêtée la présence des chrétiens en Orient qui ont construit la diversité culturelle, linguistique, historique de l’ensemble de ces terres ».

« Avec les juifs et les musulmans, les chrétiens d’Orient ont façonné la richesse culturelle du pourtour méditerranéen et la présence chrétienne reste ce témoignage inestimable de la coexistence de plusieurs religions en Orient ».

« C’est tout cela que représentent les chrétiens d’Orient dans une région où certains voudraient qu’elle ne leur soit pas destinée […] Venir ici avec le Président Aoun, c’était vous dire combien cette richesse du monde arabe, cette richesse de l’Orient tout entier […] est au cœur de l’histoire et de la vie contemporaine française ».

« Et que la France, comme elle l’a fait, continuera à protéger les chrétiens en Orient ». […]

« Vous avez rappelé l’engagement à vos côtés pour mener à bien cette exposition […] de l’Œuvre d’Orient, dirigée par Pascal Gollnisch ».

« Et je veux dire aux chrétiens d’Orient que la France est à leur côté, que notre priorité sera bien la défense de leur histoire ».

 

Citations du discours du président Michel Aoun

« Les chrétiens de Palestine, du Liban, de Jordanie, de Syrie, de l’Irak et de l’Egypte (…) ne sont pas une minorité mais la clef de voûte de la paix ».

« Notre mission est de maintenir à tout prix leur présence dans leurs pays respectifs afin de préserver le respect de la liberté de culte et d’opinion ».

Sortie du livre de Vincent Gelot, « chrétiens d’Orient, périple d’un monde menacé »

« Je rends grâce pour ces témoignages de l’Église en Orient, une Église qui a donné tant de saints, et qui souffre aujourd’hui. » Pape François (témoignage extrait du livre clandestin de Vincent Gelot).

Du Liban à l’Afghanistan, du Yémen à l’Égypte, ce livre raconte en images inédites l’incroyable odyssée de Vincent Gelot : deux ans et plus de 60.000 km au cœur de la vie et du martyre des chrétiens d’Orient.

Inclus :

– des témoignages manuscrits bouleversants rapportés clandestinement ;
– des chants sacrés et des prières enregistrés dans les 22 pays traversés (accessibles via des flashcodes).

Consulter un extrait du livre

L’interview de Manuella Affejee pour Radio Vatican

Arménie : « Il n’y a pas d’alternative à la paix », déclare le cardinal Sandri

Source Zenit

« Il n’y a pas d’alternative à la paix, a déclaré le cardinal Leonardo Sandri, et il est temps de mettre fin à toutes les douleurs et les souffrances, surtout quand elles affectent la population civile. »

Le préfet de la Congrégation pour les Églises orientales a réaffirmé l’appel à la paix lancé, en 2016, par le pape François et le catholicos arménien Karékine II, au cours d’une messe, le mercredi 20 septembre 2017, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République d’Arménie, dans l’église romaine de Saint-Nicolas de Tolentino du Collège pontifical arménien, indique L’Osservatore Romano.

Le cardinal Sandri a rappelé l’image symbolique qui avait scellé le voyage du pape François au pays du Caucase, en 2016 : la libération des colombes près du Mont Ararat, en Arménie. Le pape et le catholicos Karékine II ont libéré ensemble deux colombes, en signe de paix et en souvenir de la colombe de Noé.

« Idéalement, a dit le cardinal, nous rêvons et nous désirons » que ces colombes passent « à travers la profondeur des divisions, des haines et des guerres … et reviennent apportant dans le bec un rameau de paix pour tous les peuples du Caucase et de l’Anatolie ».

Dans son homélie, le cardinal Sandri a aussi retracé avec « reconnaissance » les nombreuses étapes qui ont marqué les liens entre le Saint-Siège et la République d’Arménie.

Parmi eux, les voyages apostoliques des papes Jean-Paul II, en 2001, et François, en 2016, les visites des présidents arméniens au Vatican, la grande célébration de 2015, à l’occasion du centenaire du génocide arménien, et la proclamation de saint Grégoire de Narek  (env. 950-1005) comme docteur de l’Église universelle.

Ce sont des « pages d’amitié » entre l’Arménie et le Saint-Siège, a souligné le cardinal. Elles constituent « un véritable don de Dieu » et sont fondées sur le « patrimoine commun » qui est la foi en Christ. La foi qui a été témoignée durant les siècles « par les martyrs, fils de la nation et de l’Église arménienne ».