En Egypte, au milieu des musulmans

 

L’oasis de Fayoum au sud-ouest du Caire est un endroit difficile, un des berceaux du mouvement des Frères musulmans, un lieu où beaucoup de gens se sont radicalisés. Les sœurs habitent le village d’Eskechaub où se trouvent de nombreux chrétiens, migrants venus de Haute-Egypte dans les années 50.

De tout temps, il y avait des risques de querelle mais encore plus aujourd’hui. Les signes d’espérance sont peu nombreux. « L’Islam devient de plus en plus fort, il faut prier de plus en plus fort ». Les sœurs, filles de Charles de Foucaud, ont explicitement donné leur vie pour vivre en chrétiennes au milieu des musulmans, une réalité parfois très difficile. Elles ne vont pas chez les musulmans sans une raison sociale avérée, sinon, une visite amicale serait soupçonnée d’être une démarche pour convertir.

Comme le dit petite sœur May « il s’agit d’annoncer l’évangile en silence, en lavant les pieds des gens. Comme Marie lors de la Visitation, on peut porter Jésus non pas en paroles mais en actes ». Sœur Samar en a fait l’expérience douloureuse avec une camarade ouvrière d’usine comme elle, qui la haïssait à 100 %. Un jour, elle a dû se rendre chez cette femme musulmane très pauvre pour soigner son frère blessé. La fille haineuse en a été stupéfaite. Le travail d’infirmière aide aussi  à « rejoindre l’homme » quel qu’il soit.

« Nous sommes les anges de la miséricorde ; choisissons le chemin qui nous rapproche de l’autre, ma joie est de faire ce que je fais. » Les petites sœurs ne veulent pas abandonner leur vocation et la petite sœur Samar s’est dite confirmée dans son appel après cette épreuve.

 

« De retour à Alep » la lettre de Mgr Jeanbart

Ces activités au service des chrétiens d’Alep, avaient été annoncés il y a quelques mois, à l’issue de la libération de la ville d’Alep. La ville a pu en effet retrouver depuis, un peu de calme et un minimum de sécurité. Veuillez donc trouver ci-dessous un rapport succinct à ce sujet que je présente avec reconnaissance à tous ceux qui s’intéressent à nous.

 

Bien chers amis,

De retour à Alep à la fin du Synode et après avoir terminé ma mission d’Administrateur de notre Église Melkite sur la demande du Saint Père, suite à son acceptation de la démission du Patriarche Grégoire, je reviens à vous pour vous donner quelques nouvelles du diocèse au bout d’une absence qui m’avait éloigné de mes bien-aimés fidèles deux mois durant.

Je dois reconnaître tout d’abord, que l’accueil chaleureux de mes collaborateurs, qui s’impatientaient de me retrouver, m’a donné plein de réconfort, autant que mon retour souhaité par un grand nombre de chrétiens de la ville, qui avaient, semble-t-il, beaucoup prié pour que je puisse rester avec eux ! Si cela m’a touché profondément, il serait inutile de parler de l’attachement grandissant qu’il a pu animer en moi a leur égard. Je trouve qu’il y a là de quoi augmenter encore plus ma volonté de m’adonner entièrement  et avec enthousiasme à leur service.

Grâce à Dieu, mon Vicaire Général avait bien fait son travail, aidé par notre clergé dévoué à la tâche, ne laissant rien manquer à nos chers fidèles. Les directeurs de nos institutions diocésaines autant que les responsables de nos différents projets en cours ont été à la hauteur de leurs charges. Voyant tout ce que j’ai pu trouver autour de moi à mon retour et constatant que les projets initiés se développaient d’une façon remarquable, je me suis mis à remercier le Seigneur. Ce fut pour moi l’occasion de penser à la parabole du grain de sénevé, qui une fois mis dans la terre prenait tranquillement sa mesure et grandissait pour devenir, à l’insu de celui qui l’avait planté, un arbre où plein d’oiseaux pouvaient prendre refuge!

De fait, j’ai eu la joie de voir notre Centre de Formation Professionnelle prendre sa mesure et avoir assez d’animation pour ressembler à une ruche d’abeilles en activité continuelle. Le nombre d’élèves en formation dans les différentes branches de cet institut n’a fait qu’augmenter, ce qui nous donne l’espoir de voir nos jeunes trouver facilement des emplois satisfaisants dans les mois qui viennent, pour ne pas dire les semaines et même les jours!

Notre Centre Médical a pris beaucoup d’ampleur, il offre actuellement à des centaines de patients des auscultations médicales gratuites dans douze spécialisations, y compris l’art dentaire qui a permis des soins à un coût dérisoire à des dizaines de patients chaque semaine. Cette petite Polyclinique commence à avoir beaucoup de succès pour la qualité de ses services, de sa propreté et de son accueil, aussi bien auprès des médecins de la ville qu’auprès des patients eux-même!

Nos équipes qui s’occupent de l’aide humanitaire diversifiée que nous donnons, continuent leurs services d’une façon régulière, pour que les moins fortunés puissent être secourus sans avoir à quémander la part qui leur est assignée. Les familles, les anciens, les élèves des écoles, les jeunes foyers avec leurs nouveaux nés et les malades sont tous bien servis et aidés sans arrêt ni aucun retard.

Le Centre d’achat établi sans but lucratif il y a juste quelques mois, fonctionne remarquablement bien! Il a pu remplacer la distribution des paniers alimentaires d’une façon très satisfaisante. Chaque famille, munie d’un bon d’achat équivalent au coût du panier préconisé, peut désormais choisir les produits et provisions dont elle a vraiment besoin et à des prix de faveurs. En plus de ce service rendu à la distribution, le Centre a pu donner un emploi à une dizaine de personnes au chômage.

Nos écoles ont donné de très bons résultats aux examens officiels, elles sont en tête des institutions scolaires. Dans l’Ecole Amal, trois de nos élèves du brevet ont été classés en tête de liste, parmi les six premiers de la ville d’Alep, il y a de quoi être vraiment fiers de nos établissements scolaires et rassurés de leur bon fonctionnement! Les nombreuses subventions scolaires que nous octroyons chaque année à nos élèves nous paraissent bien placées. Nous tenons à ce que la guerre ne nous empêche pas d’améliorer la qualité de notre enseignement.

Pour relever le niveau de la connaissance des langues étrangères, nous avons lancé pendant les vacances estives, des cours intensifs de langues. A cette date 124 de nos élèves y sont inscrits et viennent en matinées les avant-midis, suivre régulièrement les cours de français et d’anglais avec enthousiasme et assiduité. En plus des langues un cours d’éducation civique et de politesse leur est offert une fois la semaine, et en langue française, s’il vous plait! Les élèves sont ravis d’apprendre des chansons en langues étrangères en préparation de la célébration de fin de session en présence de leurs parents.

De nombreux camps d’été et colonies de vacances, subventionnés par l’Archevêché, sont en cours. Ils permettent  à nos jeunes de sortir, de socialiser et de respirer un peu d’air frais en montagne et loin du tumulte de la ville, dans laquelle ils ont été enfermés pendant très longtemps. Dans ce but,nous faisons beaucoup d’efforts pour arriver à restaurer et réaménager notre Centre de camping et de colonies de vacances, situé près de la côte en pleine montagne. Ce centre a une capacité d’accueil pour des groupes de jeunes pouvant atteindre jusqu’à 150 personnes.

« Bâtir pour Rester » continue son action sociale et de développement. Plus de 500 appartements de la ville, atteints par les bombardements, ont déjà été restaurés. 98 prêts gratuits ont été alloués pour aider nos pères de familles soit à relancer un petit commerce en peine ou à en lancer un nouveau. En plus du soutien donné au fonctionnement des cours de formation professionnelle, le Mouvement a lancé un Centre socio-culturel pour la promotion féminine, dont les travaux d’aménagement viennent d’être terminés, il sera inauguré dans les semaines qui viennent. « Bâtir pour Rester », qui dès à présent a pris pas mal d’envergure, sera appelé une fois la guerre terminée à élargir sensiblement son champ d’action, pour participer à la reconstruction des institutions les plus indispensables pour une vie moins dure et plus décente pour nos chers fidèles, que la guerre a tristement dépossédés.

Une autre lueur d’espoir nous vient du fait de la libération d’Alep des rebelles. La ville retrouve un peu plus de sécurité dans la majorité des quartiers chrétiens. Nous avons donc pu commencer les travaux de restauration des structures ecclésiales les moins atteintes, ce qui nous a permis de donner du travail à une centaine, entre ingénieurs, ouvriers et manœuvres. Cela donne la possibilité de redonner confiance au gens autour de nous. Les ouvriers voient leur chance de trouver du travail augmenter et les entrepreneurs leurs investissements préconisés, utiles et tout à fait possibles.

Enfin à notre appel : »Alep vous attend », le bureau en charge a reçu un bon nombre de demandes au retour ! Vous comprenez que cela ait pu nous réchauffer le cœur et nous donner plein d’espoir. Si ce mouvement de retour va de l’avant et se concrétise, nous pouvons espérer que l’hémorragie qui nous menace puisse s’arrêter, pour nous laisser vivre dans notre cher pays. Nous continuerons à agir dans ce sens aidés par tous ceux qui nous veulent du bien et veulent nous aider à rester chez nous !

 

 

Alep 1 juillet 2017.                                                              +Jean-Clément JEANBART

Archevêque d’Alep

 

Irak – Inauguration d’une église des saints Pierre et Paul à Erbil

Source Zenit

L’Église en Irak « a de la vitalité » et «  avance malgré les difficultés », estime le nonce apostolique en Irak et en Jordanie, Mgr Alberto Ortega Martin.

Mgr Ortega a participé, le 29 juin dernier, à l’inauguration par le patriarche de Babylone des chaldéens, Louis Raphaël Ier Sako, de l’église des saints apôtres Pierre et Paul, à Ankawa, un quartier chrétien de la ville d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, indique Radio Vatican en italien du 3 juillet 2017.

« Cette inauguration et consécration d’une nouvelle église est un beau signe d’espoir », a dit le nonce.

« Pour les chrétiens d’Irak, a-t-il poursuivi, avoir comme patrons de l’église ces grands saints, qui ont donné leur vie pour le Seigneur, est sans aucun doute un grand encouragement et un bel exemple. »

« En Irak, la question du martyre est très ressentie, a souligné Mgr Ortega Martin, car ici les chrétiens, par leur expérience directe, connaissent ces difficultés, jusqu’à subir eux-mêmes des persécutions. Beaucoup d’entre eux ont tout perdu pour garder leur foi. »

Au cours de la célébration, a raconté le nonce, le patriarche Sako « a exhorté et encouragé tous les chrétiens à rester dans leur pays, à être une présence positive en Irak malgré les difficultés ».

« L’important, a souligné le nonce,  c’est que les chrétiens, comme disait aussi le patriarche, restent attachés à leur foi et à leur terre, qu’ils continuent malgré les difficultés à fournir cette aide précieuse qu’ils peuvent apporter, non seulement pour le bien de l’Église, mais pour la société tout entière. »

Mgr Ortega a affirmé que « beaucoup » de chrétiens « veulent retourner dans leurs villages qui ont été libérés : maintenant il faut penser à reconstruire ».

En ce qui concerne le retour des chrétiens, le nonce a dit aussi que « dans certains endroits déjà libérés », ou « la situation est plus calme  et les maisons sont peut-être moins endommagées, beaucoup de familles sont revenues » : « Il y a un village chaldéen, Telleshkof, près d’Alqosh, où plus de 600 familles chrétiennes sont déjà revenues : c’est un grand signe d’espoir. Dans d’autres villages, le travail de reconstruction se poursuit : il faudra du temps. »

Le nonce a conclu par une image qu’il a encore devant les yeux : « Le lendemain de la consécration de l’église des saints Pierre et Paul, j’ai participé aux premières communions en l’église Saint-Joseph, toujours à Ankawa, avec l’archevêque d’Erbil, Mgr Bashar M. Warda. Il y avait beaucoup d’enfants – une quarantaine – qui recevaient leur première communion. Ce fut une très belle cérémonie. J’ai vu comment ils ont participé, comment ils ont suivi la liturgie qui n’est pas très facile, comment ils ont su répondre et comment ils ont chanté, avec joie et confiance: je suis reparti avec cette image dans les yeux – de ces enfants qui seront les chrétiens de demain – me disant que, grâce à Dieu, il y a tant d’espoir pour l’Église. »

Avec une traduction d’Océane Le Gall

Alep : concert à la Cathédrale maronite mardi 11 juillet

« Des cendres de la guerre, le cœur d’Alep revit à travers la musique »

Plus de 70 musiciens de la chorale Naricasti d’Alep et l’orchestre de Damas interpréteront la Grande Messe de Mozart en ut mineur.

Sous la direction du père Maestro Yegliche Elias Janji et du chef d’orchestre Mohammed Zerdoul.

 


DATE : Mardi 11 juillet 2017, 20h

LIEU : Cathédrale maronite Saint-Élie, place Farhat, Alep

 

Saint Alexandre Nevski

Alexandre Nevski naît le 30 mai 1220 dans une famille princière russe à Pereslavl-Zalesski, actuellement au nord-est de Moscou entre la Volga et la Kliazma, à une époque très troublée. Enfant, il est témoin des horreurs des guerres et des invasions qui ravagent son pays. La terreur frappe les habitants ; les églises et monastères sont dévastés. Il s’engage comme soldat très jeune et reçoit la bénédiction de l’évêque pour devenir un défenseur de sa patrie et de l’Église. Son père Iaroslav II s’installe en 1236 comme prince de Kiev. Il nomme son fils Alexandre prince de la cité marchande de Novgorod. À 19 ans, ce dernier épouse Alexandra, fille du prince Briacheslav, avec laquelle il a cinq enfants. Ils reçoivent comme bénédiction une icône de Marie, devant laquelle Alexandre priera toute sa vie durant.

Le Russe le plus populaire

Alexandre Nevski est célèbre pour deux victoires militaires essentielles dans l’histoire de la Russie. La première contre les Suédois, à la bataille de la Neva en juillet 1240, ce qui lui vaut le surnom de Nevski, et la seconde à la bataille du lac Peïpous en avril 1242. Comme Moïse face à Amalek, saint Alexandre éleva ses bras et ses prières vers Dieu : les attaquants virent les glaces se briser sous les sabots de leurs chevaux et ceux qui n’avaient pas été tués au combat périrent noyés. Mais, contrairement aux coutumes de l’époque, Alexandre renvoya les rares survivants capturés, leur permettant de rentrer libres chez eux. Par sa vie, sa manière d’organiser le pays, de restaurer la paix, de favoriser la culture, l’éducation par des oeuvres de charité de toutes les couches de la population, sa fidélité au Christ sans faille, il deviendra le premier « Grand Prince de toute la Russie ». Le 14 novembre 1263, il est rappelé à Dieu en la ville de Gorodets. À sa mort, un véritable culte se développe. Il est canonisé par l’Église orthodoxe russe le 26 février 1547. En 1724, les cendres de ce héros national sont transférées à Saint-Pétersbourg puis, en 2007, à la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou. En 2008, saint Alexandre Nevski est désigné comme le Russe le plus populaire de l’histoire de la Russie. Il est fêté le 23 novembre mais aussi le 30 août.

 

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Aujourd’hui nous fêtons la Saint Thomas !

Surnommé Didyme, Thomas l’apôtre, qui signifie jumeau en araméen (aussi en arabe et en hébreu) est incontournable pour comprendre la naissance de la chrétienté en Orient et en Inde. Dans un résumé de l’histoire de l’Église d’Orient, saint Thomas est qualifié d’« homme sensible et courageux, sceptique et incrédule, mais témoin passionné et convaincu de tout ce qu’il avait vu par ses yeux et touché de ses mains, qui fut le premier héros de la conquête de l’Orient ».

C’est une tradition constante, ancrée fortement dans les mémoires depuis les premiers siècles dans les Église orientales, aux Indes et chez les Tamouls, que l’apôtre Thomas a évangélisé la Syrie, la Mésopotamie et la Perse (la Parthie, la Médie). Il se serait rendu ensuite aux Indes, par la route de la mer, où il serait arrivé à Kodumgallur (Granganore), port du Kérala, en l’an 52, en passant par l’île de Socotra. Il poursuivit son apostolat, enseigna et baptisa en terre indienne. Il y aurait converti le prince Gundaphor.

En Inde, il aurait subi le martyre, tué à coups de lances, à Mylapore, au sud de Madras, en l’an 72. On lit ceci dans le Dictionnaire Robert à propos de Madras : « La ville, de fondation très ancienne, s’enorgueillit d’avoir accueilli l’apôtre saint Thomas : sa colonie chrétienne est une des plus anciennes de l’Inde ».

Toujours selon la tradition, ses reliques furent transportées à Edesse (Ourfa en Turquie), par un marchand au IIIè siècle. Cette translation est rendue célèbre par des hymnes (midrash) que Saint Ephrem (Un des Pères de l’Église et saint syrien majeur) lui consacra au IVè siècle. D’ailleurs, les livres religieux orientaux mentionnent à plusieurs reprises la mort de Thomas en Inde. Lors de l’office chaldéen pour la fête de saint Thomas, le 3 juillet, il est dit dans le bréviaire que le Saint Esprit envoya Thomas au pays des Indiens et qu’il est mort là-bas, percé par une lance. Un bréviaire syriaque orthodoxe d’Antioche fait chanter un midrash que Saint Ephrem lui aurait consacré.

Des livres apocryphes comme les Actes de Thomas et l’Évangile de Thomas lui ont été attribués.

En Inde, on continue à vénérer son tombeau présumé, vide, retrouvé par les Portugais en 1517. D’ailleurs, les chrétiens du sud de l’Inde (les Syro-Malabars et les Syro-Malankars) qui se donnent eux-mêmes le nom de « Chrétiens de saint-Thomas », perpétuent fidèlement cette tradition et l’affiliation à Thomas.

Plusieurs hommes politiques d’Inde ont évoqué la mémoire de saint Thomas et son périple indien. Le premier président de l’Inde, Dr. Rajendra Prasad (1952-1962) déclarait à ce propos en 1955 : « Souvenons-nous que saint Thomas est arrivé en Inde lorsque plusieurs pays d’Europe n’étaient pas encore chrétiens… et c’est une source de fierté pour nous que cela se fit ainsi. »

Le nom de Thomas, c’est-à-dire jumeau, porte en lui l’autre. C’est un symbole de la rencontre et de l’amitié entre les peuples et les religions.

 

ASSM avec Joseph Yacoub