(RV) Entretien – Les évêques melkites, réunis en Synode, viennent d’élire leur nouveau patriarche. Il s’agit de Sa Béatitude Joseph Absi, jusqu’alors vicaire patriarcal à Damas. Âgé de 71 ans, originaire de Damas, ce musicologue de formation, succède au patriarche Grégoire III Laham, dont la démission avait été acceptée le 6 mai dernier par le Pape François.
Depuis le 6 mai jusqu’à ce jour, l’Eglise grecque-melkite, était administrée par Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque d’Alep et doyen du Synode. Comme il est de coutume, au lendemain des élection de patriarches d’Églises orientales en communion avec Rome, le Pape François lui a accordé la « communion ecclésiastique », dans une lettre en français rendue publique ce jeudi 22 juin 2017. Le Saint-Père a félicité le nouveau patriarche pour son élection survenue «dans une situation délicate» pour l’Église gréco-melkite, alors que la gestion de son prédécesseur était contestée et que la communauté est durement touchée par le conflit syrien.
Mgr Charbel Maalouf est l’exarque patriarcal en France de l’Église melkite et curé de Saint-Julien-le-Pauvre à Paris. Il a fait ses études à l’Institut Saint-Paul à Harissa, au Liban, au moment où le nouveau patriarche était supérieur de la société des paulistes. Il décrit un homme humble et organisé.
Des propos recueillis par Samuel Bleynie
L’Église grecque-catholique melkite, dont le siège est à Damas (Syrie), est une Église de rite byzantin unie à Rome depuis le XVIIIe siècle. Elle rassemble 1,3 million de fidèles, principalement en Syrie, au Liban, en Terre Sainte et dans les pays de la diaspora, notamment aux États-Unis.
L’Église melkite est née en 1724 d’une division de l’Église grecque d’Antioche : une partie de ces chrétiens, catholicisés par les missionnaires jésuites ou encore franciscains alors présents en Orient, ont choisi d’entrer en communion avec le Saint-Siège. Ainsi est née l’Église grecque-catholique (melkite), directement liée à Rome. Comme les autres Églises catholiques orientales, elle est aussi dite « uniate ».
Les grecs-catholiques se sont aussitôt choisi un patriarche arabe, alors que le siège d’Antioche était jusque-là réservé à un patriarche et des évêques grecs. Une double lignée de patriarches s’est donc instaurée : l’une orthodoxe, l’autre catholique. En 1729, Rome a reconnu Cyrille VI Tanas comme patriarche de l’Église grecque melkite catholique. Mais ce n’est qu’au XIXe siècle que l’Empire ottoman a pleinement reconnu cette Église.
Fidèles à Chalcédoine
Le nom de melkite est toutefois apparu bien avant l’époque moderne. Issu du syriaque « malka » (roi, empereur), il désignait les chrétiens des patriarcats de Jérusalem, d’Alexandrie et d’Antioche ayant accepté le concile de Chalcédoine (451) et ayant ainsi été fidèles à l’empereur de Constantinople. Ces chrétiens considèrent que le Christ est à la fois homme et Dieu, à l’inverse des monophysites qui affirment que le Christ n’a qu’une nature, divine.
« Aujourd’hui, seulement quatre Églises sont monophysites », souligne le Père Rafic Greiche porte-parole de la conférence des évêques d’Égypte. « Les coptes-orthodoxes, les syriens orthodoxes, les arméniens orthodoxes et les Éthiopiens. Toutes les autres Églises sont en fait melkites ! Mais les grecs-catholiques sont les seuls à avoir repris le nom pour leur Église. »
Du Moyen-Orient à la diaspora
Les fidèles de l’Église melkite sont entre 1,3 et 2 millions dans le monde (et donc bien moins nombreux que les 14 millions de grecs-orthodoxes). Environ la moitié de ces melkites vivent au Moyen-Orient, principalement en Syrie, au Liban et en Terre sainte.
Quant à la diaspora, elle se trouve en Amérique du Nord (États-Unis et Canada), en Amérique latine (Brésil, Venezuela, Argentine) ou encore en Australie. « Les melkites de la diaspora sont originaires du Proche-Orient, mais de plus en plus sont nés dans ces pays d’émigration », précise le Père Greiche. « L’évêque américain Mgr Nicholas Samra, par exemple, est né dans le New Jersey. Il y a aussi des melkites canadiens, par exemple, qui ne connaissent plus l’Orient depuis 70 ans. »
L’Église grecque-catholique doit son dynamisme démographique au fait qu’elle n’est pas une Église nationale, contrairement par exemple aux Coptes en Égypte ou aux maronites au Liban. Universelle, cette Église fait intervenir plusieurs langues dans sa liturgie, de rite byzantin : l’arabe et le grec, ainsi que le français ou encore l’anglais selon les pays.
Un seul patriarche, à Damas
Il n’existe qu’un patriarche melkite catholique, qui porte le titre de « patriarche d’Antioche, d’Alexandrie, de Jérusalem et de tout l’Orient ». Il a la juridiction d’évêque ordinaire des trois diocèses de Damas, de Jérusalem et d’Alexandrie, où il est représenté par un vicaire patriarcal.
Parmi les plus illustres prédécesseurs du patriarche élu cette semaine, Mgr Joseph Absi, se trouve Maximos IV, dont on dit qu’il fut l’un des Pères du concile Vatican II. Il avait une haute conception de son Église melkite, qu’il voyait comme un pont entre Rome et le monde orthodoxe.
Discours du Pape à la ROACO : les chrétiens orientaux doivent être des «temples vivants» du Seigneur
(RV) Le Pape s’est adressé ce matin aux membres de la ROACO, la Réunion des Œuvres d’Aide aux Églises Orientales, rassemblés à Rome pour leur 90e session plénière. Cet organisme soutient les Églises présentes sur les territoires d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient placés sous la responsabilité de la Congrégation pour les Églises orientales, un dicastère qui célèbre cette année son centenaire.
Dans son discours, le Pape a évoqué les tragédies vécues par de nombreux chrétiens en Orient, tout en appelant à ne pas désespérer et à suivre le Christ dans la Croix, mais aussi dans la Résurrection.
Le compte rendu de Cyprien Viet :
« Les Églises orientales ont souvent été frappées par de terribles vagues de persécutions et de tourments, que ce soit en Europe de l’Est ou au Moyen-Orient. De fortes émigrations en ont affaibli la présence dans les territoires où elles avaient fleuri depuis des siècles», a rappelé le Saint-Père. «Maintenant, grâce à Dieu, certaines d’entre elles sont retournées à la liberté après la douloureuse période des régimes totalitaires, mais d’autres, particulièrement en Syrie, en Irak et en Égypte, voient leurs enfants souffrir à cause de la persistance des guerres et des violences insensées perpétrées par le terrorisme fondamentaliste ».
Mais le Pape François a rappelé que suivre le Christ implique d’assumer l’expérience de la Croix, et que les drames qui font vivre l’expérience de la Croix de Jésus sont donc «une cause de tourment et de souffrance, mais en même temps source de salut». Revenant sur les discussions de la ROACO sur la formation du clergé, le Pape a mis en garde contre les «tentations» que peuvent rencontrer les prêtres : «la recherche d’un statut social», ou l’exercice du gouvernement des communautés «selon des critères d’affirmation humaine ou selon les schémas de la culture locale», rappelant que la «proximité évangélique» est le critère essentiel.
Le Pape a aussi rappelé que la survie du patrimoine chrétien se joue avant tout dans le cœur des fidèles : «Quand il n’est pas possible de réparer ou de maintenir les structures, nous devons continuer à être temple vivant du Seigneur, en rappelant que « l’argile » de notre existence croyante a été façonnée par les mains du « potier », le Seigneur, qui a infusé en elle son Esprit vivifiant.»
François, revenant sur le martyre commun des catholiques, orthodoxes et protestants en Orient, a aussi souligné l’importance d’assurer le soin pastoral des fidèles orientaux contraints à l’émigration, pour qu’ils puissent continuer à vivre leur foi dans les pays d’accueil «selon leur propre tradition ecclésiale», constituant ainsi «un pont entre Orient et Occident».
« Une journée du Liban à Fatima » est prévue du samedi 24 dans l’après-midi au dimanche, dans le grand sanctuaire portugais. Le patriarche conduira le chapelet et la procession aux flambeaux
Le pape François a consacré le monde au Cœur Immaculé de Marie, le 13 octobre 2013, devant la statue du sanctuaire de Fatima acheminée à Rome pour l’occasion. À sa suite, beaucoup de chefs d’Église et d’évêques le feront, et dimanche prochain, 25 juin, ce sera au tour du Liban et du Moyen-Orient de l’être.
Le pèlerinage est organisé par la Commission patriarcale de consécration du Liban et du Moyen-Orient et le sanctuaire de Harissa. Plusieurs autres patriarches et évêques y participeront.
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Le nouveau Patriarche est né le 20 juin 1946 à Damas, en Syrie. Ordonné prêtre le 6 mai 1973 par le patriarche Maximos V, il devint l’aumônier de la Société Missionnaire de saint Paul (SMSP) et Supérieur Général de sa communauté religieuse entre 1999 et 2001.
Il était Archevêque titulaire de Tarse depuis le 22 juin 2001, auxiliaire et Protosyncelle de Damas des Grecs-melkites, en Syrie depuis 2007.
Le Patriarche d’Antioche des Grecs Melkites Catholiques, Grégoire III Laham , BS, était son consécrateur et les co-consécrateurs étaient l’archevêque Jean Mansour , SMSP, archevêque titulaire d’Apamée en Syrie des Grecs Melkites Catholiques et l’archevêque Joseph Kallas, SMSP, archevêque des Grecs Melkites Catholiques de Beyrouth et Jbeil.
Il a assisté en tant que co-consécrateur à l’Ordination épiscopale de Yasser Ayyash, archevêque de Petra et Philadelphie en Jordanie.
Il a composé pour la Sœur Marie Keyrouz et « L’Ensemble de la Paix », les « Cantiques De L’Orient » qui ont été gravés sur CD.
L’assemblée synodale avait lieu à Ain Traz, au sud-ouest de Beyrouth.
Pour être élu, le nouveau patriarche doit recevoir les deux tiers des voix. La proclamation de l’élection a lieu après que le nouveau Patriarche ait reçu l’Ecclesiastica Communio de la part du Pape François.
Le chef de cette Église catholique porte le titre de patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem. Il réside à Damas, et les sièges patriarcaux sont basés au Liban à Rabwé, à Jérusalem, à Alexandrie, et au Caire.
Cela fait environ trois ans que l’Œuvre d’Orient a lancé ses cours de français à destination des réfugiés à Paris. « Aujourd’hui, 47 personnes bénéficient de ces cours » explique Martin, en charge de la coordination. « L’objectif est de leur donner un apprentissage de la langue et la culture française ».
Au programme ; cours de FLE (français langue étrangère) 12 heures par semaine où les étudiants apprennent la grammaire, le vocabulaire, la conjugaison ; « ateliers de conversation », exercices d’entrainement en français sur logiciel « e-learning » et ateliers d’expression orale et corporelle, ainsi que cours de culture et civilisation.
Aujourd’hui deux salariés, Suzanne et Martin, ainsi que 45 bénévoles s’occupent de faire fonctionner ces ateliers d’apprentissage du français pour les réfugiés arrivés en France.
« Des profils très variés »
Parmi ces étudiants ; des Irakiens, des Egyptiens mais surtout des Syriens, qui viennent principalement d’Alep, Damas, et Homs. « Nous avons des profils très variés, certains sont en France depuis 9 mois, d’autres depuis quatre ans. Parmi eux il y a des commerçants, avocats, médecins, ou des menuisiers ».
« 4 groupes de 12 étudiants »
« La spécificité du programme de l’Œuvre d’Orient est de s’adresser à des grands débutants, alors que beaucoup d’associations ou d’entreprises proposent des cours à partir d’un certain niveau, généralement B1. Si cela existe, soit c’est payant, soit les places partent très vite » détaille Martin. « Chez nous les étudiants sont répartis en quatre groupe de douze environ. Deux groupes en niveau A1 (ndlr, le plus bas), un groupe de niveau A2 et le quatrième groupe de niveau B1. « L’objectif est de les amener à réussir le DELF, (diplôme d’études en langue française, reconnu par l’Etat) ». Les cours pour les réfugiés sont ainsi calqués sur l’enseignement du FLE (français langue étrangère) grâce à l’appui de l’équipe pédagogique, constituée de bénévoles ou de professeurs.
« C’est très expérimental comme programme, on essaie des choses, on rencontre individuellement les étudiants pour qu’ils nous expliquent ce qu’ils aiment et les points à améliorer. C’est très important d’être à l’écoute des étudiants et des bénévoles ».
Des cours particulièrement appréciés ; celui de conversation et l’atelier d’expression orale et corporelle. « Les ateliers théâtre, c’est une manière plus ludique d’apprendre le français. Cela leur permet aussi de développer la gestuelle » poursuit Martin. Le cours de conversation leur permet de mettre en pratique la théorie qu’ils ont acquise. « Mis à part ceux qui ont des enfants, la plupart des réfugiés ont peu d’occasion de parler français donc ils sont très demandeurs de conversation ».
Rencontre avec Maghi, une syrienne de 19 ans
Maghi, à droite, avec son oncle et l’une de ses tantes
Maghi a 19 ans et suit le cours de grammaire et l’atelier de conversation les mardi et jeudi de 14h à 17h30 depuis le mois de mars. Elle a obtenu son bac scientifique à Damas en Syrie, où elle vivait avec sa famille.
« Je suis arrivée en France il y a sept mois avec ma mère, mon frère et ma sœur. Mon père est décédé. J’avais déjà une grande famille en France. Mes cinq tantes, mon oncle et ma grand-mère habitent à Paris. C’est grâce à une de mes tantes que j’ai connu les cours de français de l’Œuvre d’Orient. À mon inscription j’ai dû passer des tests et j’ai ensuite rejoint le groupe 4 (ndlr niveau B1) ».
– Comment se déroulent tes cours ?
« Dans mon groupe nous sommes tous syriens. Je suis dans le même niveau que mon oncle. C’est très bien organisé. J’étudie la grammaire avec Anne-Sophie, le lexique avec Béatrice et la compréhension orale avec Sarah et Claire. Ces cours m’aident beaucoup, j’ai l’impression de faire des progrès très rapides. Le mois prochain je vais passer l’examen du DELF. J’ai le niveau B1 mais j’aimerais obtenir le test en B2 ».
– Tu parles très bien français !
« Je n’ai pas de mal à comprendre la logique de la langue française car je parle l’anglais et j’ai appris le français pendant cinq ans au lycée à Damas».
– Que vas-tu faire l’an prochain ?
« J’ai déposé mon dossier de première année de médecine à Paris. Jeudi dernier, l’université d’Orsay m’a informé que ma candidature avait été retenue. Je commence en septembre prochain ! Je suis sûre que je vais réussir car je suis une bonne étudiante, je travaille beaucoup. J’ai eu mon bac en Syrie avec 18/20 donc j’ai confiance».
Des besoins en bénévoles
Les inscriptions pour les cours de français sont déjà bien remplies pour la rentrée 2017 et l’Œuvre d’Orient cherche des bénévoles. « Nous cherchons des bénévoles particulièrement pour les ateliers de conversations » explique Martin. Pour cela une condition suffit : être disponible 2 heures par semaine, et surtout « pas besoin d’être professeur de français ».