La conférence est organisée par le réseau Chrétiens de la Méditerranée, en partenariat avec l’Œuvre d’Orient.
Né en 2005, le réseau Chrétiens de la Méditerranée se veut au service de l’information et la formation, du dialogue et des partenariats entre les chrétiens de l’espace méditerranéen.
Luc Balbont est journaliste et spécialiste du Moyen-Orient.
Arabisant, il vit depuis 1989 entre la France et le Liban, pays où réside sa famille. Membre du CA de Chrétiens de la Méditerranée, il collabore aussi à la revue de L’Œuvre d’Orient, et donne pour elle de nombreuses conférences.
Il a reçu, en 2006, le prix « Reporter d’espoir » pour des reportages effectués en Égypte et en Palestine. Il est actuellement correspondant à Beyrouth pour le quotidien francophone algérien Liberté.
Auteur de plusieurs livres, il a reçu le prix littéraire de L’Œuvre d’Orient en 2012, pour le livre écrit avec Joseph Alichoran : Jusqu’au bout (Nouvelle Cité), entretiens avec Mgr Casmoussa, alors archevêque syriaque catholique de Mossoul.
Pascal Maguesyan est journaliste-photographe et auteur de Chrétiens d’Orient : ombres et lumières et de Sur le chemin de Guiragos.
DATE : Lundi 18 juin 2018 à 18h30
LIEU : Salle Garbis Manoukian, Église apostolique arménienne de Lyon, 40 rue d’Arménie, Lyon 3ème
CONTACT : Nicole Girardot : 06 31 48 88 53 ou Bernard Ughetto : 06 15 05 33 24
Aujourd’hui, je vous écris pour vous donner des nouvelles et un petit bilan de ces 2 mois cairote en mission au foyer de la Vierge Marie.
Au foyer de la Vierge Marie
Au foyer, le rythme est intense mais les semaines défilent vite, ponctuées au milieu par de nombreuses fêtes (et encore, elles sont moins nombreuses pendant le carême mais elles devraient se multiplier après !) comme la fête des mères, le 21 mars. Tout le monde se met alors sur son 31 et se souhaite «colesana wanti tayeba» c’est-à-dire «bonne fête» pendant 1 semaine ! Le jour J, grande fête où nous sortons tous les résidents sur les balcons pour le repas, avec au milieu du patio, entre les décorations un poil kitsch, une petite piste de danse improvisée pour le personnel et les résidents qui le souhaitent. L’occasion pour nous de nous initier aux danses locales !
Ce mois était aussi marqué par le Carême; je vous écris d’ailleurs en pleine semaine sainte qui est décalée d’une semaine par rapport à la France car la plupart des chrétiens catholiques d’Egypte se calent sur le Carême des coptes orthodoxes afin de vivre l’unité de l’Eglise chrétienne d’Egypte. Nous fêtons donc Pâques le 7 avril. Le carême copte, qui dure une semaine de plus que le nôtre, se vit avec un véritable jeûne alimentaire, sans viande, sans produit gras, sans œuf … Mais la plupart des résidents étant malade, le jeûne se vit plutôt dans leur vie spirituelle, jeûner d’abord de critiques, de mauvaises pensées, de plaintes, de mauvaises actions… beaucoup de sens! Pendant ce carême, nous avons pu vivre également chaque vendredi le chemin de croix en arabe avec tous les résidents dans le patio. Et en apothéose, cette semaine, le chemin de croix du Vendredi Saint, avec de vrais acteurs mimant les 14 stations, une manière de rendre cette Passion vraiment concrète, au cœur de cette Egypte qui a accueilli le passage de la Sainte famille… Ce qui nous a permis de méditer 4 fois plus ce sacrifice d’un homme pour tous, pour chacun de ces résidents, chacune de ces âmes…
Notre rythme intense se poursuit. Après une période en mars assez difficile, du fait de l’incompréhension d’une sœur de notre statut de volontaire, les choses sont finalement rentrées dans l’ordre, grâce aux organismes qui nous envoient et à Sr Catherine, la mère supérieure.
Nous avons donc repris nos rôles respectifs de mission et nous y trouvons toutes les deux une vraie joie chaque jour. J’apprends un peu plus de techniques de soins locales, ce qui n’est pas pour me déplaire, car j’aime me former aux soins avec peu de choses, faire ce que l’on peut avec ce que l’on a finalement !
Les médecins qui passent de temps en temps (bénévolement !) sont ravis de pouvoir transmettre un peu de savoir à une jeune infirmière française. Je profite aussi des moments où je n’ai plus de soins pour aller auprès des patients et proposer massages ou discussions, ce qui fait autant plaisir à eux qu’à moi. Je réalise que le fait d’être déjà une présence, un sourire, un bonjour, leur donne une importance et les réjouis plus que tout !
Et me nourrit aussi, bien plus que je ne l’imaginais. Plus le temps passe, plus j’apprends à connaître chacun, et je me mets à les aimer tellement, tous ces malades, ces employés… On ne voit vraiment bien qu’avec le cœur !
J’ai d’ailleurs pris l’habitude d’aller voir tous les jours vers 17h30 ma résidente «ressource» de la maison: Nadra.
Nous nous sommes rencontrées au début de ma mission et depuis, c’est une vraie belle relation qui s’est construite. Clémence aussi a sa résidente ressource, c’est notre pile de la journée avec la messe ! Nous avons eu aussi au foyer la visite de nos amis français du Caire (le groupe du mercredi surnommé la SCEP) le vendredi 16 mars, l’occasion pour eux de découvrir notre lieu de mission, rencontrer les sœurs et les résidents, nice meeting !
La vie au Caire
La ville entière est assez comparable à un immense souk. En tant que piéton, on essaye tant bien que mal de se frayer un chemin entre poules, chats, chiens, ânes, moutons, marchands, voitures, scooters, microbus portes ouvertes, «crachant» des gens à tout moment, calèche, détritus…
Dans un petit concert de klaxons, car en tant que conducteur, personne n’utilise les rétroviseurs ni les clignotants, seul le klaxon signale la présence aux autres usagers. Tout se joue sur l’anticipation des trajectoires des autres voitures et même des piétons, qui traversent sans problème une 4 voies.
Nous nous acclimatons avec Clémence et commençons à entrer dans leur jeu, c’est en effet ce que nous évoque la circulation cairote, un jeu vidéo !
Pour nous déplacer, nous avons opté pour les taxis Uber qui nous semblent le plus sécurisé et dans nos moyens… ou bien le métro, propre et rapide. Au milieu de la rame, deux voitures sont réservées aux femmes.Au début, c’était assez étrange de le prendre car nous étions pratiquement les seules femmes non voilées.
Nous ne passions pas inaperçues…
Nous avons eu l’occasion de le prendre une fois, bondé, nous pensions que nous n’arriverions jamais à sortir à notre station; c’est alors que toutes les femmes se sont fait passer le mot dans la rame que nous sortions à la prochaine et se sont toutes pliées en 4 pour nous frayer un chemin, tout en nous disant mille «salam alek»…
Nous sentons entre les femmes une vraie complicité, elles sont toujours aux petits soins pour nous aider et nous dire qui croire ou ne pas croire… Leur vie ne doit pas être facile tous les jours, dans cette ville d’hommes, mais elles développent alors une solidarité féminine qui est très forte !
Diverses nouvelles
Vendredi 2 mars, journée SCEP avec les amis français, l’occasion de passer une matinée dans le seul espace vert du Caire, le parc Al Azhar, garni de belles fleurs du pays, avec un beau panorama (nous aimons les panoramas).
Puis, après-midi mythique dans le désert de Saqqarah, au sud du Caire avec le fameux Mahmoud et ses chevaux.
Programme : galop en plein désert à dos du fidèle N3n3 (veut dire «menthe») qui aime galoper rapidement. Nous sommes partis loin, seuls, un vrai rêve éveillé !
Nous passons régulièrement chez les dominicains du Caire, où un de nos amis, Martin, est volontaire DCC. C’est une communauté de frères jeunes, hétéroclites, drôles et très érudits, c’est un plaisir de les voir !
Nous poursuivons d’ailleurs nos rencontres avec le frère Adrien un mercredi sur deux afin d’être éclairés dans la lecture des lettres de Paul, nous découvrons un message qui s’applique volontiers aujourd’hui et qui nous fait clairement avancer ! Les autres week-end ont été bien occupés : marche dans le Wadi Degla, très beau désert au Sud du Caire, qui nous a fait oublier le temps d’une journée le bruit et la poussière cairote ; visite du chantier d’une nouvelle station de métro à Heliopolis, impressionnant ; coucher de soleil mythique sur le Nil ; festival de théâtre francophone au collège du Sacré Cœur où nous nous sommes improvisées critiques de théâtre, expérience unique !
Et enfin, le week-end dernier, nous avons quitté le Caire pour Alexandrie en microbus; drôle d’expérience d’ailleurs, il part quand il est plein et nous dépose on ne sait trop où… Nous sommes finalement bien arrivés à l’est d’Alexandrie pour une journée plage avec nos chers amis cairotes Thibault et Martin et une soirée avec de jeunes alexandrins chrétiens, nos nouveaux potes ! Visite le lendemain de la non moins fameuse et impressionnante bibliothèque d’Alexandrie … quelle ville, décidément !
« Je crois que ma maman était plus émue que moi » ajoute-t-il dans un français parfait, transmis depuis trois générations par un arrière-grand-père alsacien qui fut consul de France en Roumanie. En 1990, aucune des églises ni cathédrales n’avaient été rendues, et les messes étaient célébrées dehors, devant l’ancienne cathédrale gréco-catholique. A chaque fois qu’il traverse cette place, il ne peut s’empêcher de penser à ce jour si particulier.
Il a le regard doux, perçant, parfois gentiment ironique, le silence entre deux phrases des grands spirituels. L’humilité, le sens du service et de l’accueil, des hommes de foi que les titres embarrassent plus qu’ils ne les flattent. Né en 1959, soit 11 ans après le début de la dictature communiste, il raconte qu’enfant, il ne se sentait pas opprimé, que ce n’est qu’en grandissant qu’il a compris. « A cet âge-là, on est un peu comme un poisson dans un lac, ou dans un bocal, on n’imagine pas la possibilité de l’océan. On se contente de ce que l’on a. Nous avions accès à la télévision uniquement l’après-midi, et le lundi, il n’y avait pas de télé du tout ! Je me nourrissais de quelques films américains, et comme tous les jeunes garçons, je m’imaginais pilote de navire ou aviateur. Nous savions que nous étions catholiques, mais sauf situation exceptionnelle, nous n’allions pas à l’église orthodoxe, mais chez les catholiques latins ». De fait sans renier leur foi, de nombreux gréco-catholiques ont voulu continuer à pratiquer et suivaient le rite orthodoxe, en langue roumaine, tandis que d’autres se rendaient dans les églises catholiques latines, célébrées en langue hongroise, donc moins accessible à la plupart des Roumains.
Mgr Florentin explique qu’il a ainsi dû faire deux fois sa première communion, à Iaşi, chez les catholiques latins en hongrois, dans le village de sa grand-mère, puis à Cluj, chez les orthodoxes en roumain. « En fait, on ne parlait pas tellement de ce qui se passait, de cette situation un peu incongrue, il ne fallait pas trop questionner non plus, c’était une époque où l’on n’interrogeait pas ses parents ».
A la fin du lycée, il décide avec son frère de ne plus fréquenter l’église, parce qu’ils ne comprenaient rien en hongrois, cela n’avait pas de sens à leurs yeux. Les jeunes frères continuent à assister à la messe les jours de fêtes, mais ils ne communient plus. « Maman a été déçue, elle a toujours été la flamme constante de la foi à la maison. Cependant elle a accepté notre décision. ». En 1975, les messes de rite latin en roumain sont autorisées. « Ça a été une bulle d’oxygène, j’ai recommencé à aller à l’église, sans communier pour autant. Mais il y avait un père piariste qui prêchait très bien et très court ! »
Plus jeune, avant sa défiance envers l’Eglise, l’évêque confiait avoir un grand respect pour le prêtre, mais jamais n’avoir pensé être à sa place, « c’était inaccessible, trop ambitieux, je le voyais comme un saint ». Les années passent, le jeune adulte, sans trop se poser de questions, suit la voie de ses parents tout deux ingénieurs chimistes, après son service militaire. Après l’école Polytechnique, c’est finalement la voie des copains qui l’emporte et il se spécialise en mécanique comme eux.
Cette année-là, en 1986, le futur évêque a 27 ans, vient d’être diplômé ingénieur mécanique et commence à travailler. Comme à son habitude, il continue à fréquenter l’église pour les fêtes, et c’est à la célébration de la Pentecôte, que sa vie va prendre un tour inattendu. « Il y avait beaucoup de monde à la messe, je me glisse dans la foule comme je peux mais je sens que je m’évanouis. Je tombe sur la personne devant moi puis par terre. On m’a donné les premiers soins et une personne m’a sorti sur le parvis de l’église. Je l’ai regardé, encore dans les vaps, et j’ai comme photographié son visage. Je ne sais pas trop pourquoi, son visage est resté gravé en moi comme cela. Il me dit de ne pas bouger, qu’il allait m’apporter de l’eau. Mais ma mère est venue me chercher et on est rentrés à la maison. Il ne m’a jamais apporté d’eau donc ! ».
A l’automne de la même année, il revient à l’église pour la première fois depuis la Pentecôte, un homme vient vers lui et lui dit : je dois te rencontrer, viens chez moi. « Et là son visage me revient, c’est lui qui m’avait porté de l’eau, enfin qui souhaitait le faire, le jour de la Pentecôte. J’ai accepté l’invitation, un peu, surtout par curiosité. »
C’est une rencontre décisive, le début d’une longue amitié, d’un long chemin de foi, de confiance. Ils se voient régulièrement, rencontre à travers lui d’autres jeunes, avec qui il prie, chante le rosaire et joue au football. Ce n’est qu’au bout de quelques mois que l’homme lui avoue : « Je suis prêtre, mais un prêtre grec-catholique, tu sais que notre église est interdite. Si tu veux faire un grand nettoyage général, je te propose une confession. Tu vas refaire une communion et rentrer dans la vie de l’Eglise. Je te dis tout, mais tu dois être discret et de confiance ». A partir de ce moment-là, Florentin découvre un monde caché, qu’il ignorait totalement. Parmi les personnes qu’il fréquente depuis quelques mois, il réalise que se trouvent des prêtres, des personnes consacrées, des séminaristes. Les années qui suivent sont faites d’études clandestines, d’une vocation qui s’esquisse. Jusqu’à ce que le prêtre qui l’avait initié lui dise de ne plus venir, cela devenait trop dangereux, il était connu des services de police et comme tous les prêtres grecs-catholiques non emprisonnés, il devait faire un rapport régulier, celui qu’ils appelaient le Professeur, ne voulait pas compromettre Florentin. Avec pudeur, celui-ci, en se remémorant ces années clandestines, murmure : « je n’ai pas souffert de ce chemin, Dieu m’a donné beaucoup de consolation, j’ai toujours senti que c’était ma voie ».
Le 19 décembre 1989, tous les ouvriers sont dans la rue, les chars sont aux aguets. Une semaine plus tard, le couple Ceausescu est exécuté, la nuit de Noël. L’église gréco-catholique est formellement libre mais sans pouvoir récupérer ses biens. En février 1990, Florentin peut commencer officiellement des cours de théologie, le soir après son travail d’ingénieur. Le 10 octobre, il est envoyé à Rome pour quatre ans. Il se remémore avec tendresse et admiration l’un de ses éminents professeur, Mario Erbeta, qui connaissait 22 langues. « Il était très patient et avait toujours des habits rapiécés ! Avec un de mes amis roumains, il a commencé par nous demander si nous savions lire ! Cela nous a tellement vexé que nous avons mis les bouchées double être les meilleurs. Il s’est pris d’affection pour nous, et comme nous étions pauvres, il nous emmenait au restaurant et faire des visites. Il y avait un même un magasin où il a demandé aux sœurs de presque tout nous donner ! ». Son regard se perd un peu à l’évocation de cet homme qui a tant compté pour lui, mais il se reprend vite, comme pour chasser la nostalgie.
« Rome a été une expérience fascinante, j’ai écrit quatre cahiers de ce que je comprenais, des méditations, une sorte de journal de bord. A mon retour, j’avais 14 cartons de livres, j’habitais au séminaire, c’était pour moi une grande joie, même s’il n’y avait pas de chauffage, d’eau, et qu’on ne mangeait pas bien ! » Il donne alors des cours à la faculté de théologie puis devient le plus jeune vicaire général, en 1994. Il évoque lui aussi Mgr Gheorge Gutiu, son prédécesseur, « il était à la disposition de Dieu, et n’avait aucun attachement, et disait que là était la liberté. Ils n’aimaient pas les accoutrements, il fallait le pousser à prendre son rôle au sérieux ! Je l’ai admiré, après quatorze années de prison, il n’était pas devenu fou. Il n’en parlait jamais. »
En novembre 1996, le nonce l’appelle de Bucarest : le Pape t’a nommé auxiliaire de Mgr Gheorge. Il comprend vite que lui reviendra la charge de prendre sa suite. Il hésite, pétri de doutes, « je ne savais pas quoi prier ! J’ai regardé le sourire de Jésus sur le tabernacle, et ça eu un effet bénéfique, ça m’a rempli de joie et j’ai dit oui. Voilà. Ce qui m’a toujours porté est la joie de vivre, de faire quelque chose pour les hommes et pour Jésus, et ne de ne rien mettre au-dessus de Lui. Depuis 2002, je suis donc devenu évêque, et il y a beaucoup à faire. Construire des églises, donner du courage surtout. L’œuvre d’Orient nous aide énormément pour tout cela. Se réconcilier aussi. J’aime l’œcuménisme simple, celui qui passe de personne à personne. »
Description du stage : L’équipe pôle Jeunes de l’Œuvre d’Orient recherche un stagiaire pour participer au suivi des volontaires sur le terrain, au suivi et relais du dispositif de sécurité vers les responsables de l’œuvre et à la préparation des départs en mission longue de septembre.
En lien avec le service communication, participer à la rédaction de supports de communication afin de présenter notre action auprès des publics étudiants.
Profil :
bonnes capacités d’adaptation
une connaissance de l’Eglise catholique et de « l’univers » associatif chrétien.
La durée souhaitée du stage est 25 juillet/29 août.
Nous logeons dans une maison nubienne, sur l’île Eléphantine, en face du jardin botanique de l’île Kitchener. Pour se mettre en jambes, nous commençons par un petit tour en felouque jusqu’au village nubien de l’île Sehel, à quelques encablures en amont du Nil. Ce village n’apporte pas de plus-value à celui de l’île Elephantine. Néanmoins, nous découvrons sur un amas rocheux quelques 200 hiéroglyphes, et la « stèle de la famine », qui attesterait de la véracité de l’histoire de Joseph en Egypte, avec les sept années grasses suivies des sept années maigres. De là, nous avons un peu de hauteur pour contempler la première cataracte et distinguer de loin le vieux barrage d’Assouan, achevé en 1902.
Thé, shisha, dominos. Toujours se méfier de celui qui t’assomme à coups de « my friend, my friend, my friend ». Mais en attendant le dénouement, sachons apprécier le moment.
Le lendemain, nous visitons le « Musée de la Nubie » de l’île Eléphantine, où nous sont présentés dans une maison traditionnelle divers objets du quotidien, quelques photos, des animaux empaillés et des pierres. Le contenu est léger, rien à voir avec le Musée de la Nubie national, mais la performance de notre hôte vaut le détour. Après cela, nous prenons un taxi pour visiter les temples de Kallabchah et de Philae. Les temples étant situés chacun sur une île, il faut négocier ferme le prix de la traversée, à ajouter au prix fixe du billet, ce qui est aussi désagréable qu’insensé. A Kallabchah, sur le lac Nasser, nous avons littéralement toute l’île pour nous. Quant au temple de Philae, au lieu de le visiter pour la troisième fois, je reste avec le chauffeur de taxi. Tous les deux chrétiens, nous sympathisons vite, malgré une communication assez difficile, parlant plus l’arabe que lui l’anglais. Les échanges se poursuivent tant et si bien, que me voilà en train de faire le tour du parking avec sa Peugeot 504, dont le levier de vitesse se manie comme la commande des clignotants (inexistants quant à eux). Puis nous avons un grand repas chez lui. Toute la famille nous est présentée, les voisins aussi, jusqu’à l’appel vidéo avec le frère en service militaire… une très belle convivialité malgré notre conversation limitée.
Pour notre dernière journée à Assouan, nous nous approprions le temps et l’espace égyptiens. Grimpant sur les hauteurs de la rive occidentale par les Tombes des Nobles, nous contemplons la magnifique vue sur Assouan qui s’offre à nous. Puis nous nous engageons dans le désert doré pour rejoindre le monastère Saint-Syméon. Continuant notre marche, nous dépassons le mausolée de l’Aga Khan, pour rejoindre une mince bande de terrain cultivée le long de la berge. Le décor parfait pour une petite baignade rafraîchissante, arrivée à point nommé ! Nous terminons l’excursion avec un excellent déjeuner dînatoire (c’est une habitude en Egypte) dans un superbe restaurant au cadre très reposant. Pour un excellent repas pour quatre, le patron a la bonne idée de nous présenter la note : 55 euros. Raisonnable me diriez-vous. Mais nous ne sommes pas des touristes, nous lui disons que nous n’avons pas d’euros, que des livres égyptiennes, comme nous habitons et que nous travaillons en Egypte. Il nous dit pas de souci, prend sa calculette, multiplie la somme par 21, et nous demande dans le plus grand des calmes 1155 EGP. Pour votre information, le salaire moyen égyptien serait de 2000 EGP. Mais oui mais oui, allons, un thé à un euro, c’est rien ! Nous tentons de ne pas nous faire avoir par son sophisme. Non non non, le thé n’est pas à un euro, il est à 20 guinées. Et en face de chez moi, le thé est à 5 guinées max. Nous pleurons tant et si bien, que petit à petit, la facture descend à 800. Sûrement toujours trop, mais bon, il est difficile de se défaire de l’étiquette de l’étranger riche.
A l’épreuve du désert pour se rendre au monastère Saint-Syméon.
Le lendemain, enfin c’est le départ en felouque. Trois jours et trois nuits à ne strictement rien faire, que de se laisser tranquillement porter jusqu’à Edfou. A chaque jour suffit son temple : le premier, nous visitons Kom Ombo, le temple dont il ne reste plus grand-chose, si ce n’est la particularité encore visible d’être construit en symétrie, pour rendre un culte égal à deux dieux : Sobek, le dieu crocodile, et Horus, le dieu faucon. Dans le musée des crocodiles, nous avons un mal fou à nous débarrasser du gars qui veut nous faire la visite, alors nous nous ingénions à ne rien comprendre à l’anglais. Il finit par perdre patience.
Le deuxième jour, c’est les tombes de Gebel Silsila, charmant site sur les rives d’un Nil qui se rétrécit pour se faufiler entre d’abruptes falaises de grès. Nous explorons le site comme de grands enfants. A part le bawab et un policier qui s’improvisent guides avec beaucoup d’humour, il n’y a personne. Loin de la foule, dans le calme, nous pouvons bien arpenter, sauter de rochers en rochers pour entrer dans chacune des tombes qui ont vue sur la mer.
Le troisième jour, c’est le temple d’Edfou. Puis nous prenons le train pour Louxor, d’où nous allions récupérer notre train de nuit pour rentrer au Caire. Là encore, il faut se battre pour ne pas vider trop vite son porte-monnaie. Il est 14h30. Le guichetier veut nous vendre le train de 16h30, à 60 EGP chacun, prétextant qu’il a l’air conditionné. Maalich ça ne fait rien, c’est cher, tard et la clim n’est pas indispensable pour cette petite distance. Prix pour le train de 15h ? : 6 EGP chacun… Le trajet s’est très bien déroulé, et fut l’occasion de rencontres aussi typiques que chaleureuses !
Dans la campagne de la Haute-Egypte, loin, très loin de l’agitation de la ville et du tourisme, les rencontres sont d’une chaleur et d’une gratuité bouleversantes. A croire que moins les gens parlent anglais, plus ils ont le coeur sur la main.
Pèlerinage à Sainte-Catherine
Pendant trois jours, accompagnée du frère Adrien op, une partie de la SCEP est partie sur les traces de Moïse dans le Sinaï. D’emblée, rassurez-vous, je parle du sud du Sinaï, où les bédouins, comptant largement sur le tourisme pour vivre, tiennent la région d’une manière très sûre.
Après un très long trajet dû à d’incessants contrôles au niveau du passage du Canal de Suez, et avoir longé la côte pour éviter de couper à travers la montagne au sein d’un convoi militaire, nous arrivons finalement à Dahab, petite ville balnéaire. A Dahab, pas de plage, le rivage étant entièrement bétonné par les terrasses des restaurants. Pour se baigner, il faut donc s’attabler et payer une consommation minimum. De là, nous prenons un petit bus privé pour nous enfoncer à travers un paysage extraordinaire, pour enfin arriver au pied du monastère Sainte-Catherine. L’ascension peut commencer ! Nous empruntons la piste chamelière, qui nous fait gravir doucement mais sûrement le mont Moise (ou Sinaï), culminant à 2285 mètres, le deuxième sommet d’Egypte, l’un des très rares endroits où il peut neiger dans le pays. Il est révéré par les chrétiens, les musulmans et les juifs comme le sommet où Dieu dicta ses Dix Commandements à Moïse. On y trouve aujourd’hui une petite église et une petite mosquée, mais pas de petite synagogue. Au terme de la journée, nous célébrons la messe dans l’obscurité. Le lendemain, dès 4h30, les éclats de voix des touristes (aux accents plutôt russes) ayant fait l’ascension durant la nuit nous réveillent. A 5h, le soleil se lève insensiblement, gêné dans son triomphe par la griseur du ciel. Heureusement, ses chauds rayons finissent par dissiper la brume, et nous descendons alors vers le monastère, en passant cette fois par les 3750 marches du Repentir, plutôt raides, taillées dans le roc par un moine pénitent. En chemin, le jardin d’Elie, où Dieu serait apparu au prophète, nous offre un cadre idyllique pour la messe. A l’origine, le monastère se nommait monastère de la Transfiguration, événement durant lequel, devant trois de ses apôtres, Jésus apparut transfiguré entre Elie et Moïse. Mais au IXe siècle, les moines retrouvèrent intact le corps de sainte Catherine, martyre trois siècles plus tôt à Alexandrie, miraculeusement transporté sur l’actuel mont Sainte-Catherine, à proximité du monastère.
Un tas de sacs, un tronc de palmier, et voilà l’autel pour une messe à l’ombre, dans le creux d’un wadi, en pleine randonnée.
La vie au Caire
Mes élèves étant en vacances, mais les camps d’été ne commençant qu’après le Ramadan, je peux suivre un rythme assez léger. J’en profite pour être assidu aux cours d’arabe, il me faut des bases solides pour pouvoir pratiquer cet été, quand l’immersion arabophone sera réelle. Je me suis initié à la calligraphie, l’écriture arabe semble être faite pour cet art, qui n’est pas facile à maitriser. Les activités avec la SCEP se poursuivent, entre notre petite chorale et les lettres de saint Paul. L’opéra, malgré une coupure de courant en pleine représentation, nous a permis de fêter dignement deux anniversaires et une belle amitié avec une Egyptienne rencontrée par la providence à Assouan. Décidé à m’occuper intelligemment dans cette période creuse, je travaille à la relecture d’articles pour le quotidien francophone « Le Progrès égyptien », qui a accompagné cette année le club de journalistes du Collège. Des articles sur mon expérience en Egypte sont à venir, incha alla. Enfin, le 17 mai, le Ramadan a commencé, ce qui plonge le pays dans une ambiance et un rythme si particuliers que je ne manquerai pas de vous raconter.
Thibault van den Bossche en phonétique arabe, selon deux types de calligraphie différents, en haut par le professeur, en bas par votre serviteur.
Sortie au Fayoum
Les 18-19 mai, week-end SCEP au Fayoum, une immense et luxuriante oasis au sud-ouest du Caire. L’exploration en fut limitée, le temps étant compté et la chaleur assommante. Cependant, nous avons pu bien profiter de la piscine, de nos talents en cuisine, et d’un topo du frère Adrien venu nous rejoindre pour nous enseigner sur les divisions de l’Eglise, des chrétiens d’Orient jusqu’aux protestants en passant par les orthodoxes, et nous aider à réfléchir dans notre rapport au Salut dans le dialogue avec les chrétiens non-catholiques et les non-chrétiens. Soyez assurés de mes prières, comme je me sais dans les vôtres,
Puis, accompagné du Nonce Apostolique en Turquie, Mgr. Paul F. Russel, de l’archevêque de Bagdad, Mar Ephrem Yousif Abba, du vicaire patriarcal Orhan Canli et d’une délégation nombreuse de la paroisse syriaque catholique du « Sacré- Cœur », le patriarche Younan s’est rendu par avion à Mardin, une ville du sud-est de la Turquie. Cette ville appelée « Héroïque » pour ses milliers de martyrs pour la foi, est considérée comme foyer historique du peuple syriaque avec la région voisinante de « Tur-Abdin : la Montagne des Serviteurs de Dieu », qui a conservé le dialecte araméen et fut parmi les premiers peuples à être évangélisée. Mais à cause des persécutions au long des siècles, ce peuple devait être dispersé dans plusieurs pays, dont la région métropolitaine d’Istanbul.
Ce fut un pèlerinage très émouvant pour ce groupe dépassant les 200 personnes ; ils vivaient la nostalgie de revisiter leur pays ancestral. Mais ils furent très vite stupéfaits, en constatant les changements énormes survenus dans le milieu de leur enfance, avec des églises et couvents détruits ou abandonnés. D’aucuns avaient les larmes aux yeux, éprouvant des sentiments mitigés de joie et de tristesse. C’est là que leurs ancêtres, labourant paisiblement la terre ou se donnant à des professions libres, vivaient en communautés ancrées dans la foi chrétienne, et ce, jusqu’aux années horribles du génocide 1915-1918. A Mardin, aujourd’hui ville de 130 000 habitants, les chrétiens comptent quelques 60 familles desservies par un seul prêtre, abouna Gabriel, prêtre et père de 11 enfants. En hommage aux ancêtres, martyrs ou confesseurs pour la foi, père Gabriel tient à alterner la célébration de la sainte messe dans chacune des 5 églises encore ouvertes dans la ville.
Le soir de son arrivée à Mardin, le patriarche Younan consacra la cathédrale syriaque-catholique, Notre Dame de l’Assomption qui fut restaurée par un comité de fidèles dévoués. Durant la Sainte Messe, il y ordonna trois jeunes comme chantres et lecteurs. Puis vinrent les visites mémorables aux couvents Syriaques-Orthodoxes encore actifs et vibrants de vie, tels que le monastère de la Sainte Croix, (Dayr-Ezzafaran) et de Mor Gabriel proche de Medyat (Jabal-el-Tor). Il ne manqua pas de s’arrêter dans l’église de saint Georges à Qalat-Mara, village natal de son père, à présent vide de toute présence chrétienne.
Le sort du petit village de Killit était pire encore ! Ce village situé dans une vallée à une heure de voiture nord de Mardin, fut totalement vidé de ses habitants chrétiens et reste déserté. On voyait encore ses belles maisons en briques ou pierres toutes démembrées..!
Mais ce qui a le plus frappé les pèlerins, c’était de voir le monastère de saint Ephrem bâti au sommet de Mardin, dans un état horrible et complètement dévasté. Ce monastère avait été confisqué, dépourvu de ses terrains et converti en caserne militaire, sa chapelle servant d’étable !
Les pèlerins retournèrent chez eux à Istanbul avec les chants d’action de grâces. Ils avaient réalisé au long de leur visite, combien de souffrances leurs ancêtres avaient enduré, par amour du Christ. Ils se sentaient fiers de pouvoir à leur tour, transmettre cet héritage et porter le flambeau de la foi aux jeunes générations.
L’Eglise syriaque catholique, comme les autres communautés chrétiennes en Turquie est appelée à vivre constamment l’Espérance et porter témoignage du message de salut pour tous les peuples artisans de la paix. Elle sait en qui elle a mis sa confiance, Jésus qui l’a rassurée : « N’aie pas peur, petit troupeau.. »
Secrétariat du patriarcat syro-catholique d’Antioche
Alain Frachon. Après dix ans à l’AFP à Téhéran, Londres et Washington, il entre au quotidien Le Monde en 1985. Il est successivement correspondant à Jérusalem puis Washington, chef du service étranger, rédacteur en chef puis directeur de la rédaction, avant de prendre en 2011 ses fonctions actuelles d’éditorialiste de politique étrangère.
et Jean-Claude Guillebaud. Ancien journaliste au Monde, éditeur et écrivain, aujourd’hui chroniqueur à La Vie et à L’Obs, il a publié de nombreux essais sur les mutations du monde. Son dernier livre, Le Tourment de la guerre, un voyage au bout de la violence, apporte un éclairage engagé et précieux sur les événements contemporains. Ils vous apporteront leur analyse sur l’histoire contemporaine du pays et animeront les rencontres prévues au programme.
Au Liban découvrez les contrastes de la grande Beyrouth, Tyr, la mythique plaine de la Bekaa, la vallée de la Qadisha. L’ancienne cité de Madaba en Jordanie, la majestueuse Pétra…
• Lucien George : journaliste, ancien correspondant au Moyen-Orient du Monde durant 30 ans, éditeur du Monde Édition Proche-Orient de 1999 à 2006, éditeur des Fiches du Monde Arabe et de livres en français à Beyrouth.
• Rencontre avec la fondation Adyan : fondée en 2006, la fondation libanaise
ADYAN est la plus importante fondation interreligieuse du Liban. Ses membres fondateurs sont chrétiens et musulmans.
• Laure Stephan : correspondante pour Le Monde.
• Monseigneur Elie Haddad : archevêque de Saïda et Deir el Qamar
des grecs melkites catholiques.
• Benjamin Barthe : correspondant pour Le Monde.
Les rencontres et les entretiens dépendent des disponibilités de dernière minute des intéressés.
Le programme des conférences vous sera remis un mois avant le départ.