Sélection du Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient – « Itinéraire d’un chrétien d’Orient citoyen de Mésopotamie » de Emmanuel Pataq Siman

A travers le récit de son enfance paisible et heureuse sur cette terre, Emmanuel Pataq Siman nous raconte les traditions et les légendes de la Mésopotamie. La culture mésopotamienne est le cœur de la civilisation de l’homme moderne. C’est le lieu de la naissance de l’écriture, de la civilisation, du monde moderne, et plus largement de l’Histoire. C’est là que se trouvent les racines de l’Homme. Le lecteur découvre notamment la richesse de la liturgie où l’Esprit et le sens communataire sont très présent. L’Eglise de Mésopotamie se nomme elle-même « Eglise d’Orient », elle fait partie des plus anciennes communautés chrétiennes du Levant. L’auteur nous permet de voyager au milieu de cette « terre humaine », et contribue ainsi à faire perdurer cette culture dont le principal danger est de se perdre peu à peu.

Emmanuel Pataq Siman est né à Qaraqosh en 1933 dans une famille syriaque catholique. Il entre chez les dominicains en 1963. Licencié en philosophie et docteur en théologie, il réside à Paris où il est actuellement bibliothécaire du couvent de Saint-Jacques.

 

Ce livre fait partie de la sélection du Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient

Rencontre avec Emmanuel Pataq Siman

Pouvez-vous en quelques mots vous présenter et nous rappeler votre parcours ?

Je m’appelle Emmanuel Pataq Siman et je suis né à Qaraqosh dans une famille très chrétienne. Ce qui m’a marqué dans ma vie est évidemment ma famille, et en particulier ma mère. C’est grâce à elle que j’ai pu avoir cette idée d’un être qu’on appelle Dieu, mais pour moi c’était Papa. Elle disait « Babo Alaha » ce qui veut dire Dieu Papa. Donc la première idée que j’ai eue de Dieu est l’idée d’un père qui est proche, qui prend soin de ses enfants, mais en même temps quelqu’un qui est invisible, mais aussi très intime car omniprésent. C’est cette idée de Père qui va être contrebalancée par une autre idée que j’ai reçu au séminaire qui est celle d’un Dieu plutôt objet d’étude et juge avec l’idée de péché un peu partout. De ces deux idées de Dieu, c’est heureusement la première qui a survécu et domine pour moi.

Le deuxième milieu qui m’a marqué est le séminaire des dominicains à Mossoul où j’ai eu une éducation complètement à la française et je me suis trouvé dans le parcours classique avec six années d’études. Après être entré dans l’ordre dominicain à Lille je me suis retrouvé dans un contexte complètement français en 1963 qui m’a marqué à l’époque, cela fut un peu dur de changer d’univers. Heureusement, au noviciat à Lille le frère responsable des novices m’a beaucoup aidé. Grâce à la langue française que je connaissais je me suis trouvé ensuite tout à fait à l’aise. A Paris, c’était un univers cosmopolite, ce qui fait que l’étranger n’est pas d’abord un étranger de plus, mais un bon compagnon possible. Ce fut particulièrement sensible ou paroxystique pendant les événements de mai 68. Ce mois de mai fut pour moi une expérience enrichissante, une réelle découverte et une salutaire mise en question de tout un univers culturel et religieux. Du jour au lendemain, au Quartier latin, dans les rues de Paris, à la Sorbonne, au théâtre de l’Odéon, dans les usines et les lieux les plus divers, on voyait et on entendait des dizaines de milliers de femmes et d’hommes débattant en profondeur sur des problèmes essentiels de la vie humaine, se posant des questions sur le sens et la finalité de la société et essayant de proposer  quelques idées pour le présent et le future. Quel bouleversement ! La société française s’est ouverte d’une manière extraordinaire, tout le monde pouvait parler à tout le monde, on parlait dans la rue de choses sérieuses dont on discutait avant au Sénat ou à l’Assemblée nationale ! C’était là une remise en cause de certains modèles sociaux, religieux et intellectuels existants. Le mouvement a ensuite été récupéré par des politiques, mais c’est autre chose. Cette époque fut un éveil pour bénéficier de plus de liberté et cela c’est fantastique car on était dans une société bloquée sur tous les plans, à commencer par l’Eglise. Cette époque m’a aussi permis de découvrir des auteurs des Lumières et cela m’a beaucoup intéressé et influencé.

Ce qui a forgé ma personnalité ce sont aussi les rencontres, les amitiés, et pour cela j’ai eu énormément de chance. Mon chemin a croisé des personnes de tout niveau, de toute nationalité. Par nature je suis quelqu’un de curieux, donc je vais vers les autres et reçois volontiers ce qu’ils veulent bien partager et ce que je peux leur donner. Découvrir quelle est la richesse de l’autre est très important. C’est cela qui m’a permis de me sentir toujours chez moi, en France, en Allemagne, aux Etats-Unis, parce que j’étais prédisposé à cette ouverture.

Qu’est-ce qui fait que la Mésopotamienne est si importante dans l’histoire de l’Homme ? 

La Mésopotamie veut dire « la terre entre les deux fleuves », c’est un terme grec. C’est là que l’écriture est née, mais aussi la culture, la civilisation, le monde moderne, et l’Histoire. On dit toujours que les racines de l‘Europe sont gréco-romaines mais c’est ici qu’elles se trouvent. C’est dans cette région que l’homme va se développer, s’émanciper. C’est là que nous avons les premières bases de notre société moderne, que ce soit sur le plan des lois, de la justice, tout ce qui constitue notre société. Le premier écrit connu de la civilisation, l’épopée de Gilgamesh, vient de Mésopotamie. Ses premiers fragments remontent jusqu’au IIIème millénaire ! Ce personnage est pour moi le symbole de l’homme qui va à la quête de l’humanité. Il va découvrir les sentiments, l’amitié, c’est toutes les premières questions de l’homme qu’on trouve dans ce récit. La femme y a un rôle positif : c’est elle qui va civiliser Enkidu, le sauvage qui habite avec les bêtes. Elle va l’initier à l’humanité à travers la sexualité, son affection, son amour, elle va le rendre homme.

L’apport de la Mésopotamie nous le trouvons aussi dans les 11 premiers chapitres de la Bible, en particulier dans le récit de la Création et le récit du déluge mais aussi dans les chapitres suivants. On ne peut pas les comprendre sans les remettre dans le contexte de la Mésopotamie. Pour Abraham par exemple, la Bible est la seule trace écrite qui en parle. Ce personnage mythique et son clan ont un comportement incompréhensible – en particulier en éliminant par exemple son fils aîné Ismaël, pourtant son héritier légitime- si l’on se réfère aux lois mésopotamiennes. Concernant Moise sauvé des eaux, ce récit est copié mot à mot du récit du roi Sargon 1er. On a là deux grands personnages de la Bible qui sont tributaires de la Mésopotamie. Il faut ajouter Esdras, qui pourrait être né à Babylone : il va construire le temple après le retour d’exil et jeter les bases de ce que deviendra le judaïsme. Il y a aussi le Maître Hillel qui établira le premier l’autorité de la Mishna, la loi orale et le Talmud de Babylone qui régit toujours la vie juive orthodoxe dans toutes ses dimensions.

La Mésopotamie apporte aussi un aspect scientifique dont la Grèce a hérité. Il suffit de citer les mathématiques, l’astronomie et l’astrologie, la division de l’année en 12 mois, du jour en 12 heures et celle de l’heure en 6O secondes, de la semaine en 7 jours comme il était d’usage dans la civilisation babylonienne, sans compter l’équivalent du théorème de Pythagore ou d’autres connaissances « scientifiques » que l’Occident a attribuées hâtivement à la Grèce.

La liturgie syriaque paraît être un élément essentiel de cette culture, qu’est-ce qui la caractérise ? 

La liturgie pour moi est l’expression vivante d’un peuple qui vit et qui prie son Seigneur. Elle est imprégnée de tous les aspects de cette culture, que ce soit la joie, la tristesse, les problèmes de la vie. En ce qui concerne la liturgie syriaque, par sa langue et sa culture, elle est liée directement à la première communauté de Jérusalem. Au donné du Nouveau Testament reflétant l’expérience pascale de la Jeune Communauté, cette liturgie a su, à travers les siècles, ajouter et élaborer, grâce aux Pères syriaques, tout un répertoire d’hymnes par lesquelles elle exprime sa joie, la relation à son Dieu. Elle a manifesté en même temps une possibilité de créativité extraordinaire. En effet, la liturgie syriaque ne s’est jamais contentée de réciter ou de maintenir un répertoire composé à un moment donné, avec des formules fixes. On a toujours senti le besoin de renouveler, d’inventer et d’improviser. Pour la prière eucharistique par exemple, il n’y en a pas eu une ou deux mais 70 anaphores !

De plus, cette liturgie insiste énormément sur le rôle de l’Esprit. L’Esprit est omniprésent, il est communion et vie. Il anime la communauté chrétienne.  Cela fait que cette liturgie est avant tout communautaire. Pas d’acte liturgique sans communauté. Tous les sacrements, y compris la pénitence, ont une dimension communautaire. Par eux, l’Esprit engendre cette communauté, la fait grandir et la conduit à l’épanouissement total de sa filiation divine reçue par le baptême. L’ayant pratiquée en France la liturgie latine m’a tout de suite paru comme étant restée très proche de l’Ancien Testament. La nouveauté radicale de Pâques n’y est pas assez proclamée et vécue.  On récite beaucoup les psaumes. Je pense qu’il y a des psaumes que nous n’avons pas à réciter aujourd’hui car ils comportent trop de violence et de haine et le Dieu qu’ils évoquent n’est pas le Père que le Christ a dit qu’Il était. Naturellement, pour la communauté de l’Ancien Testament, ces psaumes sont l’expression d’une expérience religieuse très respectable.

Enfin, cette liturgie est une véritable école théologique. C’est là que la Communauté chrétienne se nourrit et s’enrichit de l’enseignement de ses Pères et Docteurs. Ceux-ci, en effet, au cours de l’histoire, dans leurs doctrines théologiques comme dans leurs luttes contre les hérésies, se sont toujours préoccupés de sauvegarder la possibilité pour les chrétiens de parvenir, sous la motion de l’Esprit, à l’épanouissement de leur filiation divine. Cet enseignement des Pères a pour trame la Bible, pour sève la foi commune et pour forme une poésie pleine de vie. Cet enseignement transmis par des chants a supplanté très tôt les Psaumes dans toutes les célébrations liturgiques. Il est devenu lui-même l’hymne vivante de la réalité chrétienne. C’est par lui que les baptisés confessent leur foi, chantent les merveilles accomplies en leur faveur et expriment leur identité de fils adoptifs. Une véritable liturgie doit toujours être une authentique école théologique pour bâtir l’homme. Elle doit être une théologie vécue et incarnée dans la totalité de l’être humain. Car la liturgie, si divine qu’elle se conçoive, demeure incompréhensible sans son riche matériau anthropologique et social ; elle est éminemment révélatrice de l’être humain dans la modalité relationnelle de son existence. Pour l’Orient c’est cela la vraie théologie : « est théologien celui qui prie et celui qui prie est théologien ». Et c’est grâce à cette authentique école théologique qu’est la liturgie que le message évangélique fut vécu, conservé et transmis par les communautés syriaques à travers les âges et cela malgré les situations historiques critiques et parfois dramatiques que celles-ci ont traversées et connaissent encore.

Pouvez-vous nous expliquer cette phrase présente dans votre ouvrage : « Je suis un bas-relief assyro-babylonien » ?  

Je suis donc né à Qaraqosh dans la plaine de Ninive et tout gamin je me suis trouvé face à des noms célèbres : Nemrod, Ninive, Assur, Khorsabad avec leurs symboles puissants et majestueux comme des taureaux ailés : par rapport à eux j’étais haut comme trois pommes ! En me trouvant moi-même j’ai compris que tout cela c’était mes racines.

En France dans les années 1960 l’Irak était presque inconnu, il n’y avait pas de relations diplomatiques avec ce pays. De plus, l’Irak n’avait pas une bonne vision de la France et réciproquement car le Moyen-Orient se trouvait divisé entre les responsables britanniques et français et l’Irak s’était retrouvé sous domination britannique. Ces politiques n’étaient pas très bien vus. En venant donc en France j’ai tout de suite vu que l’Irak était un quasi-inconnu sauf à travers les musées ou les livres d’histoire ancienne, d’où ma référence aux bas-reliefs…

Dans la conversation, me présenter comme cela était plus qu’une boutade. Cela faisait fuser des points d’interrogation et  poussait à aller plus loin, à entrer en communication et me présenter d’une manière irakienne. J’étais quelqu’un qui venait d’ailleurs. J’étais bien différent par mes origines irakiennes, mais plus précisément par ma culture araméenne et mésopotamienne. De ce fait, je me trouvais être, dans un milieu d’accueil majoritairement chrétien, un chrétien différent. Non seulement ma langue maternelle était l’araméen, la langue du Christ, ce qui intriguait, mais j’étais imprégné aussi de la tradition syriaque, mal connue ici et naturellement différente de la tradition latine tout en étant également catholique.

Joyeuse fête de l’Ascension !

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit :

« Allez dans le monde entier.
Proclamez l’Évangile à toute la création.
Celui qui croira et sera baptisé
sera sauvé ;
celui qui refusera de croire
sera condamné.
Voici les signes qui accompagneront
ceux qui deviendront croyants :
en mon nom, ils expulseront les démons ;
ils parleront en langues nouvelles ;
ils prendront des serpents dans leurs mains
et, s’ils boivent un poison mortel,
il ne leur fera pas de mal ;
ils imposeront les mains aux malades,
et les malades s’en trouveront bien. »

Le Seigneur Jésus,
après leur avoir parlé,
fut enlevé au ciel
et s’assit à la droite de Dieu.
Quant à eux,
ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile.
Le Seigneur travaillait avec eux
et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

Connaissez-vous… Saint Pacôme ?

Pacôme naît vers 292 dans le village de Kénoboskion en Haute-Égypte, dans une famille non croyante, d’origine modeste. À 20 ans, le jeune égyptien est enrôlé de force dans l’armée romaine qui se bat alors contre les Perses. C’est dans une caserne à Thèbes qu’il se convertit en voyant la charité et l’attention de chrétiens qui viennent les visiter et leur apporter de quoi manger. À peine libéré du service militaire, il demande le baptême et la radicalité de sa conversion le pousse vers une vie d’ermite pendant sept ans. Il se retire dans le désert et cherche l’initiation religieuse auprès d’un autre ermite, Palémon. Sa vocation n’est pourtant pas celle d’un ermite. Un jour qu’il se trouve dans le village de Tabenne, sur les bords du Nil, il entend une voix qui lui dit d’y bâtir un couvent. Encouragé par Palémon, il fonde alors sa première communauté avec trois compagnons vers 320.
Pacôme rédige également sa « Règle » et devient ainsi le père du monachisme communautaire ou « cénobitique ». Parmi les grandes règles de saint Pacôme, on trouve la notion de noviciat, ou « temps d’essai », pendant lequel le candidat apprend à lire et écrire ; l’habit des moines défini comme uniforme et simple ; la mise en commun de toute possession ; la prise de repas en commun ou l’oraison commune le matin et le soir ; l’obéissance stricte à la Règle ainsi qu’aux supérieurs du couvent… La fondation de la vie communautaire aura un grand retentissement en Orient comme en Occident. Au Ve siècle, sa règle est traduite en latin par saint Jérôme. Elle inspirera de nombreux autres textes, dont la célèbre règle bénédictine. En 346, à la mort de saint Pacôme, on compte plusieurs centaines de moines vivant dans les neuf monastères de Tabenne qu’il a bâti.

 


La prière de saint Pacôme

Seigneur, Dieu tout-puissant, accorde-nous de mener à la perfection ce service que nous avons commencé, afin que nous soyons dignes de toi, afin que tu habites en nos corps, en nos âmes et en nos esprits, afin que nous soyons accomplis en ton amour, marchant devant ta face selon ton bon plaisir, afin que nous ne péchions pas contre toi ni ne provoquions ton Esprit Saint au nom duquel nous avons été marqués d’un sceau ; ainsi nous serons purs et immaculés devant ta face en ce monde durant tous les jours de notre vie et nous mériterons ton Royaume céleste et éternel, par ta miséricorde, ô ami des hommes. Amen.

Irak : « Nous sommes à l’écoute des religieux pour leurs projets » Mgr Pascal Gollnisch

Quel est votre sentiment au retour de votre voyage en Irak ?

C’est toujours une expérience forte de retourner en Irak car ce pays sort de lourdes difficultés mais connait encore une incertitude sur son avenir. Dans quelques jours auront lieu des élections législatives… d’un côté on voit la perplexité de la population, mais de l’autre, l’espoir peut naître de ce nouveau gouvernement. Le pays est dans l’attente, il faut par conséquent suivre cela avec attention.

 

Parlez-nous des différentes zones que vous avez visitées ?

Bagdad tout d’abord. Il y a beaucoup de chrétiens à Bagdad, certains disent qu’il y en a même plus que dans le Nord de l’Irak, mais le problème est que ces chrétiens sont éparpillés dans la ville et par conséquent ils sont en situation délicate. Nous cherchons à savoir comment nous pouvons les aider, selon les souhaits des communautés locales et de leur pasteur.

Dans le nord de l’Irak, nous sommes à l’heure de la reconstruction, les choses ont beaucoup bougé en peu de temps. Il y a 6-7 mois, les populations hésitaient à retourner notamment à Qaraqosh. Je garde le souvenir fort de mon premier voyage dans cette ville juste après le départ du Daesh, je me trouvais avec Mgr Mosche l’évêque de la ville, tout était totalement vide, c’était très impressionnant. Maintenant même s’il y a encore beaucoup de destructions et donc beaucoup de reconstructions à envisager notamment des maisons, Qaraqosh revit. La ville est organisée, il y a une répartition des quartiers. Des milliers et des milliers de personnes sont déjà revenus, des chrétiens, syriaques catholiques pour l’essentiel, des commerces ont ouverts.

Pour l’Œuvre d’Orient cela nous oblige à nous adapter au plus près du terrain dans une situation qui évolue de mois en mois. Il y a encore 6 mois l’objectif était de loger des déplacés qui avaient quitté leur ville et qui était dans le désarroi dans les environs d’Erbil. Aujourd’hui nous devons réajuster nos projets pour correspondre aux nouvelles attentes de la population, aux nouveaux besoins.

Deux questions demeurent pour nous ; comment fait-on pour redémarrer l’économie, ce qui nous dépasse car l’Œuvre d’Orient n’est pas le Fond Monétaire International mais nous pouvons essayer d’alerter et de mettre en relation des acteurs pour le redémarrage de cette économie. La seconde question qui viendra après les élections c’est l’avenir politique pour ces villes de la plaine de Ninive.

Nous sommes aussi allés à Mossoul. D’un côté il y a Mossoul-Est où la vie reprend ; il y a des embouteillages, des commerces. Du côté Ouest du Tigre en revanche la ville est totalement détruite, c’est un champ de ruines qui fait penser aux villes normandes pendant la Seconde Guerre mondiale, et là c’est très heurtant, très blessant. Ce sera très long et très difficile pour les habitants d’y retourner. La question qui se pose à Mossoul c’est ; comment les chrétiens peuvent-ils revenir ? Il y a des prêtres et des religieux qui sont décidés à revenir pour se mettre au service de ceux qui voudront retrouver leur vie à Mossoul. Plus que jamais l’Œuvre d’Orient sera à leur côté pour leur permettre de réaliser ce souhait.

 

Quels sont les objectifs de l’Œuvre d’Orient en Irak ?

C’est clairement la reconstruction et l’emploi. C’est le retour, c’est redonner des signes d’espérance. Par exemple à Mossoul nous essayons de voir pour la reconstruction d’un centre où la culture francophone pourra être mise en avant, ce qui pourrait être un signe de de reprise.

 

Quel est l’état d’esprit des religieux sur place ?

Les religieux sont très proches des populations donc leur état d’esprit est similaire ; il y a une perspective de retour mais aussi des questions d’incertitude, comme je l’ai dit sur le plan politique, sur le plan économique, sur le plan des reconstructions qui demeurent à faire.

Je crois que les religieux et religieuses ont repris confiance d’une certaine manière et parce qu’ils vivent les épreuves de la population, ils se demandaient eux aussi si le retour était envisageable ; si la population ne revient pas ils n’ont pas de raisons eux-mêmes de revenir… Maintenant je rencontre de plus en plus de prêtres, de religieuses qui disent que leur avenir est à Qaraqosh, dans la plaine de Ninive, à Mossoul. Un prêtre nous l’a dit d’ailleurs très explicitement « Je retourne à Mossoul, aidez-moi, si je retourne à Mossoul des fidèles reviendront avec moi ».

Au cours de notre voyage nous leur avons dit notre amitié. Nous sommes à leur écoute pour leurs projets.

 

Peut-on chiffrer le coût de la reconstruction ?

Environ 15 000 personnes sont rentrées à Qaraqosh donc les besoins sont énormes ; les maisons et les écoles à reconstruire, les églises à restaurer. Il s’agit pour nous de discerner ce que l’Œuvre d’Orient peut faire et doit faire selon la générosité de nos donateurs. Nous n’avons pas vocation à tout refaire nous-même donc il faut que nous trouvions des choses significatives, des choses symboliques au sens fort du mot symbole, qui redonnent la confiance, qui redonne l’espérance, des projets que peut-être d’autres ne feront pas car nous avons la capacité d’être dans la proximité avec les communautés ecclésiales.

 

Quels sont les projets phares passés ou à venir de la reconstruction ?

A Mossoul, nous avons restauré l’église Saint Paul (église chaldéenne) qui sera bientôt reconsacrée par le patriarche Sako et nous allons refaire la même chose pour une paroisse syriaque. Cette présence ecclésiale chaldéenne et syriaque à Mossoul est très importante.

Dans Mossoul-Ouest nous attendons de savoir ce que les dominicains souhaitent faire de leur couvent, certes abimé mais pour l’ensemble dans un état convenable. Nous allons sans doute réhabiliter une école dans la plaine de Ninive, ainsi qu’un dispensaire. En fin de compte c’est le travail plus habituel pour l’Œuvre d’orient que nous allons pouvoir mettre en place dans cette région.

 

Le Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient – édition 2018

Les Prix : Le Grand Prix récompense un ouvrage grand public sur tout sujet relatif aux chrétiens d’Orient, dans un ton positif. Il permet d’encourager l’intérêt des lecteurs contemporains aux problématiques des chrétiens en Orient. Un Prix Spécial pourra également être attribué.

Honorifique, ce prix sera remis le dimanche 27 mai 2018 à l’issue de la messe de l’Œuvre d’Orient à Notre-Dame. Ils permettront à leurs auteurs de faire connaître leur livre à un public élargi.

Le jury, spécialiste de la question des chrétiens d’Orient

  • Antoine ARJAKOWSKI, Co-directeur du département de recherche Politique et Religions au Collège des Bernardins
  • Mgr Claude BRESSOLETTE, Vicaire général émérite de l’ordinariat pour les catholiques orientaux en France
  • Christian CANNUYER, Professeur à la faculté de théologie de l’université catholique de Lille. Président de la Société belge d’études orientales
  • Geneviève DELRUE, en charge de l’information sur les religions à RFI, productrice de l’émission «Religions du monde»
  • Antoine FLEYFEL, Professeur de philosophie et théologie à l’Université catholique de Lille
  • Anne Bénédicte HOFFNER, Journaliste, Adjointe au chef du service Religion à La Croix
  • Christian LOCHONDirecteur honoraire des Études CHEAM
  • Marine de TILLY, Critique Littéraire au Point, grand reporter
  • Thomas WALLUT, Producteur, journaliste de l’émission « Chrétiens Orientaux, Foi, Espérance et Traditions » de France
  • Les délégués de l’Œuvre d’Orient pourront voter et représenteront une voix.

Les titres pré-sélectionnés

  • Les chrétiens d’Orient en FranceVincent AUCANTE, Salvator, 2017
  • Le monde syriaque, Françoise BRIQUEL-CHATONNET et Muriel DEBIE, Belles-Lettres, 2017
  • Le monachisme d’Orient, Père Hiéromoine ELISEE, Cerf, 2017
  • Les chrétiens d’Orient, Bernard HEYBERGER, Que sais-je, 2017
  • Sur le chemin de Guiragos, Pascal MAGUESYAN, UIOTC, 2017
  • Itinéraire d’un chrétien d’Orient citoyen de Mésopotamie, Emmanuel-Pataq SIMAN, l’Harmattan, 2018
  • Une diversité menacée, les chrétiens d’Orient face au nationalisme arabe et à l’islamisme, Joseph YACOUB, Salvator, 2018
  • L’Orient chrétien, arts et croyances, Tania VELMANS, Picard, 2017
  • Chrétiens de Gaza, Christophe OBERLIN, Erick Bonnier, 2017

 

« Informer et former font partie de notre mission » souligne Mgr Pascal Gollnisch.

 

Dreux (28) : Conférence « Les chrétiens d’Orient : nos origines, nos tourments, nos frères » le 17 mai

Cette conférence a lieu dans le cadre de l’exposition « La Grande aventure des chrétiens d’Orient » installée du 7 mai au 30 juin à l’église Saint-Pierre à Dreux.


DATES : Conférence le 17 mai à 20h30,
Exposition du 7 mai au 30 juin, ouverture tous les jours 8h30-11h50, 14h30-18h30

LIEU : Église Saint-Michel, 33 rue de Moronval, 28100 Dreux
Église Saint-Pierre, Place Métézeau, 28100 Dreux 

CONTACT :  L’Œuvre d’Orient – 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

Témoignage de Sixtine, volontaire au Liban à l’Institut du Père Roberts pour Jeunes Sourds

Pour les jeunes sourds et les jeunes en difficultés d’apprentissage, il est très important d’avoir une perspective d’avenir. Surtout dans un pays comme le Liban, où il existe très peu d’aide voire aucune pour les personnes présentant un handicap. A l’Institut du Père Roberts, les jeunes sont principalement sourds ou malentendants. Mais il y a aussi des classes spécialisées pour des jeunes ayant des difficultés d’apprentissage (autisme, trisomie, …). Les classes générales vont jusqu’à l’équivalent du brevet. Après cela, les jeunes ont le choix : continuer jusqu’à l’équivalent du baccalauréat, ou se spécialiser via une formation technique (bijouterie, graphic design, pâtisserie…).

 

   

 

 

 

 

 

 

 

La pâtisserie a une place très importante au sein de l’Institut.

Tout d’abord, cela permet de former les jeunes à la pâtisserie, et parfois même de les embaucher à l’issue de leur formation. Par exemple nous avons rencontré Maya, une jeune sourde. Elle est arrivée à l’institut à l’âge de 2 ans. Après avoir passé toute sa scolarité à l’institut, et avoir essayé plusieurs formations, elle s’est finalement orientée vers la pâtisserie. Aujourd’hui Maya a 26 ans, et travaille à la pâtisserie de l’institut !
D’autre part, cela permet d’avoir un autofinancement pour l’institut en vendant les pâtisseries, l’école étant gratuite pour les enfants, issus souvent de familles qui ont peu de moyens.

Ainsi, un bon entretien et un renouvellement des machines est essentiel pour garantir la qualité de la formation donnée aux jeunes, et aussi pour permettre un bon développement de la pâtisserie.

 


L’Institut Père Roberts pour jeunes Sourds

 

L’Institut Père Roberts pour jeunes Sourds – depuis 1959 et jusqu’à ce jour – continue à prendre en charge les enfants sourds dès le premier dépistage de la surdité, pour des séances d’intervention précoce jusqu’aux classes secondaires ou professionnelles. Cette prise en charge, psycho- socio-éducative a pour but une meilleure intégration sociale et professionnelle.

En 2009 une section pour les enfants présentant des troubles d’apprentissage a été créée en raison d’une grande nécessité dans le pays.

L’Institut accueille aujourd’hui 130 enfants et adolescents, en internat et en externat, dans le cadre académique et avec une prise en charge multidisciplinaire.

Un grand nombre de nos jeunes ne peut accéder à l’enseignement secondaire et universitaire régulier et ne peut se lancer dans la vie professionnelle sans formation de base. Cette formation est assurée par notre établissement.La rénovation de l’équipement de la pâtisserie s’est avérée nécessaire pour une meilleure qualité de production et un meilleur rendement. D’où l’importance et la grande utilité de ce projet.

 

Lille : Pièce de Théâtre « La Nuit de Qaraqosh » le 8 juin à l’église Saint-Maurice

Drame en quatre actes

Lorsque Daesh envahit Qaraqosh le 6 août 2014, des milliers de familles fuient la plaine de Ninive. L’une d’elles décide de se cacher dans la crypte d’une église. Nadia, la jeune fille de la famille, témoigne de l’expérience de la finitude par laquelle la voie du martyre chrétien, c’est-à-dire du don total, est trouvée.

Discussion à l’issue de la représentation « Quelle reconstruction possible après Daesh?» avec Alexis Chevalier, auteur et metteur en scène, et Vincent Gelot, chef de projets en Orient pour l’Œuvre d’Orient.

Libre participation au profit de l’Œuvre d’Orient pour la reconstruction de Qaraqosh.

Réservation par mail à evenements@oeuvre-orient.fr ou au 01 45 48 95 00

En partenariat avec RCF Nord de France


DATE  : Vendredi 8 juin à 20h

LIEU : Église Saint-Maurice, 19 bis Parvis Saint-Maurice, 59800 Lille

CONTACT :  L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

Messe de l’Œuvre d’Orient – Dimanche 27 mai à 15h à la Cathédrale Notre Dame de Paris

 L’Église gréco-catholique d’Ukraine

L’Église gréco-catholique d’Ukraine naît en 988 avec le baptême de Vladimir, grand prince de la Rus’ de Kiev. En 1596, l’acte d’union de Brest-Litovsk établit la communion des diocèses d’Ukraine avec Rome tout en confirmant leur liturgie, leurs rites et leurs coutumes : c’est la fondation officielle de l’Église gréco-catholique d’Ukraine.

Le métropolite de Lviv, André Chepthyckyj, grand précurseur du mouvement œcuménique, est emprisonné par les russes de 1914 à 1917. Son successeur, le cardinal Josyf Slipyj et tous les évêques ukrainiens sont arrêtés en 1945. En 1946, un pseudo-synode convoqué par Staline prononce la liquidation de l’Église gréco-catholique : 3000 églises et 150 monastères sont confisqués et les fidèles sont condamnés à l’exil ou à la clandestinité. En 1991, le cardinal Myroslav Lubachivskyj, archevêque majeur, rentre en Ukraine. La cathédrale de Lviv est rendue aux gréco-catholiques ainsi que 900 des églises fermées ou confisquées par Staline. Le 21 août 2005, le siège est officiellement transféré de Lviv à Kiev. L’Église compte environ 8 millions de fidèles en Ukraine et en diaspora. Le Patriarche est S.B. Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de Kyiv-Halytch, primat de l’Église gréco-catholique d’Ukraine.

 

À l’issue de la célébration le 7e Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient, en partenariat avec la Procure, sera remis aux lauréats.