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[EGYPTE] Baptiste volontaire au Caire : "je découvre un peuple ô combien attachant et accueillant"

Baptiste 21 ans est élève de l’ISAE (Sup’Aéro pour les anciens). Il a reçu la mission d’enseigner le français pendant un an dans un collège du Caire chez les Frères des Ecole Chrétiennes. Un mois après le début de sa mission, il nous livre ses premières impressions.


Voilà maintenant plus d’un mois que je suis arrivé au Caire et déjà le temps de dresser un premier rapport ! Par quoi commencer… Il y a beaucoup de choses à raconter. Je vais bien et je suis heureux de mes débuts en Egypte c’est le plus important. Le Caire est une ville bruyante, sale et polluée mais l’ambiance qui y règne est assez magique et cela devient très attachant. Le bruit des klaxons, l’appel à la prière qui émane des minarets et l’odeur du narguilé: « welcome to Egypt my friend » !

L’école et la communauté des frères

Je suis logé à l’école saint Joseph de Khoronfish située dans un quartier populaire du Caire islamique. C’est une école égyptienne appartenant aux écoles catholiques bilingues francophones. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Ces écoles reconnues par le gouvernement égyptien appartiennent à des communautés catholiques dont le but est d’enseigner et d’éduquer les jeunes. Ni international, ni public ces écoles suivent les programmes gouvernementaux de maths, de sciences –traduits en français-, de français officiel, d’arabe, d’histoire et de géographie enseignées en arabe. Elles accueillent les élèves sans distinction de religion. Apprendre le français à l’école, c’est transmettre à ces jeunes une nouvelle ouverture d’esprit. Pour la plupart, au-delà de l’appartenance à leur famille et à la religion (musulmane ou copte), cela ne va pas plus loin. Le français devient alors le moyen de transmettre un esprit, des valeurs, de leur donner le goût de découvrir le monde qui les entoure et bien sûr un atout pour les études après.

Découverte du gratin cairote

Mon arrivée au Caire  fut des plus dépaysante. Je m’attendais à trouver une ville un peu à l’européenne mais ce ne fut pas vraiment le cas. L’école Saint Joseph est située dans la rue Khoronfish. Une rue sale souvent encombrée et bruyante qui résume assez bien l’ambiance du quartier.
J’ai passé les premiers jours à me perdre dans les ruelles du Caire islamique et dans les souks du Rhan el Rhalili. J’ai commencé aussi un stage de cours d’arabe au centre Ahlan World pour apprendre le dialecte égyptien. Ainsi pendant 2 heures par jour, j’apprenais les quelques basiques en arabe pour me débrouiller dans la vie de tous les jours. Bon d’accord ce n’est pas encore ça!
Parlons maintenant de la communauté, car c’est bien elle qui m’a accueilli en premier. On y trouve 4 frères (2 français, 2 égyptiens) et 2 postulants qui commencent à apprendre le français. Les frères s’occupent des écoles lassaliennes du Caire en y assurant des postes de direction ou simplement de visites régulières pour les plus âgés. Les frères sont accueillants et généreux et je prends du plaisir à discuter avec eux lors de mes repas ou assister à la messe dans la chapelle de la communauté. Cependant, ils me laissent très indépendant et je me suis donc assez naturellement rapproché des autres français volontaires de L’Œuvre d’Orient ou bien étudiants pour cette année au Caire. J’ai aussi découvert l’IDEO (Institut dominicain d’études orientales), lieu accueillant et chaleureux où les volontaires passent du bon temps. J’ai enfin retrouvé les scouts car je suis cette année chef avec un ami étudiant au Caire. C’est une troupe francophone composée d’expatriés français, de franco-égyptiens ou d’égyptiens francophones. Nous avons fait notre premier week-end dans le Wadi Degla ; vallée désertique au sud du Caire. Une première expérience inoubliable avec des jeunes qui rêvent de grandes aventures, alors allons-y ! La vie est donc agréable et les occupations ne manquent pas ici au Caire. Mais déjà 3 semaines que j’étais arrivé et les cours allaient commencer…

« Monsieur Baptiste » donne ses premiers cours

Cette année je garde bien en tête que ma mission principale est l’école et cela doit donc être mon occupation première. J’enseigne dans 2 écoles lassaliennes : la première Saint Joseph est mon lieu de vie à Khoronfish et m’occupe le lundi, jeudi et samedi ; la deuxième saint Jean Baptiste de Bab-el-Louk est située près de la place Tahrir (célèbre place de la révolution) à 15 min en bus et m’occupe le mardi et mercredi. Et oui, vous l’avez remarqué les week-ends ici sont le vendredi et le dimanche, vendredi car c’est le jour de la prière et dimanche car nous sommes dans des écoles chrétiennes. Je dois avouer que cela est peu pratique pour les week-ends scouts (vendredi et samedi) mais quand on prévient un peu à l’avance on peut obtenir quelques faveurs.
Ainsi j’ai passé les premières semaines sans cours à découvrir l’ambiance des 2 écoles, la vie en salle des professeurs, le système assez différent de la France et mon emploi du temps pour l’année qui arrive. Je suis professeur de français oral, c’est à dire que mon rôle est de travailler la partie compréhension et production orale avec les élèves. En effet, le niveau de français a beaucoup baissé dans ces écoles chez les élèves mais aussi chez les profs. Les élèves comprennent assez bien mais ont beaucoup de difficulté à s’exprimer. Je prends donc à chaque professeur de français une à deux heures par semaine dans son emploi du temps pour faire de l’oral. Cela est peu pour chaque classe mais bon c’est déjà ça. En revanche pour moi, cela fait beaucoup de classes et beaucoup d’élèves. J’ai 25 cours de 40 min par semaine avec 16 classes différentes ! Et j’ai tous les niveaux du CP à la 4ème ce qui fait des niveaux très différents d’une classe à une autre et aussi beaucoup de prénoms à retenir. Ici les égyptiens n’ont pas de nom de famille mais 3 prénoms : leur prénom, le prénom du père et le prénom du grand père. C’est important car le petit Mohamed ne sera jamais tout seul dans sa classe à s’appeler comme cela. Ainsi si on compte 16 classes X 30 élèves X 3 prénoms, on arrive à 1440 prénoms !! Bon j’ai laissé tomber.

Je suis content de mes débuts en tant que prof même si ce n’est pas toujours facile. Les élèves sont distraits et certains n’ont aucune motivation pour apprendre le français. J’essaye de rendre les cours attrayants sans pour autant que cela devienne la récréation. La difficulté résulte aussi dans le fait que les classes sont parfois nombreuses. J’ai des cours avec 40 élèves ce qui rend la pratique de l’oral impossible. Interroger un élève pour le faire répéter ou corriger une phrase et c’est les 39 autres qui s’agitent !

Ce qui me plaît par ailleurs c’est la liberté que j’ai à élaborer mes cours. J’essaye donc avec les plus grandes classes de transmettre autre chose qu’un simple cours de français. J’ai commencé par exemple à étudier des thèmes comme l’amitié, le respect de l’environnement ou leur projet de vie futur. Cela amène souvent à de belles discussions et ce sont des sujets qu’ils n’ont pas l’habitude de voir. En revanche, avec les petites classes, je reste sur la présentation, les couleurs ou les jours de la semaine. Mais il faut bien commencer par cela.
Les élèves m’apprécient parce que je suis français et plus jeune que les autres profs. Ils aiment venir me saluer dans la cour en criant « monsieur Baptiste», m’offrir leur goûter ou m’apprendre quelques mots d’arabe. Alors je leur rends un sourire ou j’essaye de leur parler arabe et ils rigolent.

Voilà donc une petite vue d’ensemble de mes débuts au Caire. Certaines choses choquent, parfois agacent dans les habitudes égyptiennes mais je découvre aussi un peuple ô combien attachant et accueillant. Je profite bien sûr de cette année pour prier et nourrir ma foi. Passer du temps dans la chapelle des frères ou assister à la messe sont pour moi des moments de ressourcement qui me permettent d’apprécier ma mission et m’apportent un bel équilibre de vie. Je confie au Seigneur mon année, mes élèves, mes scouts mais aussi chacun de vous, famille et amis.

 

 

Baptiste