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[Égypte] Le témoignage d'Angélique "Nous qui sommes habituées à toujours faire quelque chose en permanence, ici le temps devient « élastique »"

Angélique, 24 ans, étudiante en hôtellerie à Bruxelles , nous raconte son premier mois de mission avec les Sœurs de la Charité à l’école Sainte Jeanne Antide d’Alexandrie. 


Après une quinzaine de jours à Alexandrie, il est temps de faire un premier point sur ce début d’expérience en Égypte. Nous voici, avec Henriette installées depuis le 6 septembre dans l’école Sainte Jeanne Antide située dans le quartier universitaire d’Alexandrie. Nous logeons dans un premier temps dans l’école au même étage que les 4 sœurs qui nous accueillent. A cause de la situation sanitaire encore bancale, le ministre a décalé la rentrée au 9 octobre. Très rapidement, je réalise que ce mois va être très utile pour plusieurs raisons.

Déjà, cela nous permet de participer au séminaire sur la francophonie qui se déroule 4 jours après notre arrivée au Caire avec toutes les écoles francophones égyptienne. Occasion de croiser Lorraine, notamment qui est dans la même école que nous mais au Caire.

De plus, les professeurs sont présents tous les jours dans l’enceinte de l’école depuis le début du mois de septembre de 7h30 à 13h pour préparer la rentrée : meilleure occasion de les rencontrer en profondeur et participer à la mise en place de la rentrée avec eux. Ainsi, nous passons nos matinées en salle des professeurs du petit primaire. Matinées qui au déma

rrage s’avèrent un peu longues car les professeures, n’ayant pas encore récupéré les programmes, attendent un peu que le temps passe. J’apprends à reconsidérer rapidement la notion de temps. Nous qui sommes habituées à toujours faire quelque chose en permanence, ici le temps devient « élastique », on prend son mal en patience et on s’efforce de puiser dans nos ressources pour passer le temps de la meilleure manière. Cela passe dans un premier temps par le dialogue : discussions après discussions nous découvrons chaque professeure, toutes si accueillantes et chaleureuses avec nous.

Puis vient le temps des cours d’arabe improvisés : en effet, nous avons à cœur d’apprendre à se débrouiller dans notre quotidien en arabe le plus vite possible pour se faire comprendre et être autonomes. De fil en aiguille, les professeures de français et d’arabe, nous font apprendre de nouveaux mots pour enrichir notre lexique et nous aident à prononcer, amusées par notre prononciation franchement mauvaise au début. Les professeures à 99% des femmes, sont souvent très jeunes. Nous nous lions d’amitié rapidement avec beaucoup d’entre elles qui nous proposent le vendredi, jour de congés, de découvrir la ville avec elles.

Enfin, ce mois nous permet de donner des cours de soutien aux professeurs de français et sciences qui donnent leurs cours en français et ont parfois des lacunes car ils n’ont pas pratiqué depuis l’école puisque l’université se déroule majoritairement en anglais.

Ensuite, nous partageons chaque jour notre déjeuner avec les sœurs, un moment toujours convivial où nous découvrons presque chaque fois des spécialités égyptiennes absolument délicieuses cuisinées par Mona, la cuisinière de l’école. Le repas est fixé à 13H30 mais en réalité les sœurs étant très occupées, nous ne déjeunons jamais avant 14h15/30 et sortons de table à 15H30, comme les repas de famille. Ce temps d’attente est souvent l’occasion de faire salon avec sœur Anne-Marie ou sœur Afaf qui nous racontent leurs vies de religieuse et leur quotidien. Un moment d’intimité qui nous permet de mieux les connaitre.

Le mercredi soir, nous accompagnons sœur Afaf à la messe en arabe au Sacré Cœur. Je fus très touchée quant au bout de la 3ème semaine, les deux dames qui s’occupent de la chorale ont demandé au prêtre qui ne parle pas français, si on pouvait lire la lecture en français spécialement pour Henriette et moi. Puis sans nous prévenir en avance, ces deux dames, ont chanté l’Agneau de Dieu, le Sanctus et le chant de sortie en français. Autant dire que nous chantions à plein poumons. Le dimanche, avec Thomas, nous allons à la messe chez les jésuites, où nous retrouvons Nardine, Daniel et d’autres égyptiens adorables, qui animent la messe en français et qui nous accueillent à bras ouverts. Ce petit rendez-vous de la semaine est un vrai moment de joie pour moi.

Impatiente de voir l’école grouiller de petites filles dans tous les coins dans quelques jours en espérant vivement que la situation sanitaire ne va pas retarder la rentrée. Un autre étonnement pour conclure : les professeurs sont rodés avec le digital et nous forment à maintes reprises pour être capable de se retourner si l’année se déroule à distance, ce qui est rassurant !