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[ÉGYPTE] Le témoignage de Heidi : "Ce sont mes rayons de soleil, mes cadeaux du ciel!"

Notre volontaire Heidi est en mission au Home Notre Dames des Douleurs au Caire.


Cela fait déjà 3 mois que je suis arrivée au Home Notre Dame des Douleurs où je vis avec 7 sœurs d’une grande générosité, 90 personnes âgées pleines de vie et une cinquantaine d’employés très courageux et volontaires.

 

Une maison d’accueil et de compassion

Les sœurs de Saint Frai accueillent des personnes âgées malades, plus ou moins autonomes avec parfois des maladies spécifiques, afin de les soigner, de les soulager, de les servir et de les accompagner au mieux tout au long de leur fin de vie, avec respect et dignité sous la protection de Dieu.

 

 

Un foyer pour tous !

Mon arrivée au foyer s’est très bien passée. J’ai été émerveillée par la beauté du lieu où il est très agréable de vivre. J’ai été très bien accueillie par les sœurs et par l’ensemble des personnes du foyer. Je ne pourrais pas compter le nombre de sourires, de gentillesses et de remerciements que j’ai reçus depuis mon arrivée. Je me sens au foyer comme chez moi. C’est un havre de paix et de douceur où chacun fait attention à l’autre et où la foi habite le cœur de chacun d’entre nous. Le foyer est la maison de chaque résident. La joie et la bonne humeur sont omniprésentes malgré la souffrance et les difficultés. C’est un vrai témoignage pour moi ! En effet, chacun est toujours positif et remet ses souffrances et ses problèmes à Dieu. Lorsque je demande à quelqu’un comment il va, tous répondent : « Al hamdulillah ! » (« Tout va bien, Grâce à Dieu ! »)

Notre mission

Les sœurs dirigent et se répartissent les divers services du foyer. Leur mission est de répondre aux différents besoins des résidents et de les accompagner au mieux jusqu’à leur fin de vie, de faire le lien avec leurs familles mais également de superviser les employés.

Durant les 6 mois de ma mission, je travaille avec Sœur Amal qui s’occupe de 30 résidentes, majoritairement des femmes qui sont pour la plupart autonomes. Mes deux principales missions consistent à accompagner les résidents dans les tâches de la vie quotidienne, à aller à leur rencontre et à animer des activités pour eux. J’essaie aussi d’aider les employés dans leur travail.

La découverte de l’organisation du foyer

Durant les premières semaines, j’ai découvert petit à petit la vie au foyer et la vie en communauté. J’ai découvert la vie des résidents et leurs habitudes ainsi que le rythme d’une journée pour les employées. Elles ont un rythme de travail très dense. De 6h30 à 19h, elles s’occupent des toilettes, du service des repas et de l’entretien du foyer tout en répondant aux besoins des résidents.

Le premier mois de découvertes m’a demandé beaucoup d’attentions et d’adaptations : une adaptation à un rythme différent de celui que je connaissais, une adaptation à chacune des personnes du foyer et surtout une adaptation à la communication. Les sœurs parlent français ainsi que quelques résidents ; ce qui facilite la compréhension de beaucoup de choses et c’est un vrai soutien pour moi. Mais la plupart des personnes du foyer parle arabe. J’ai donc appris quelques mots du quotidien en arabe et j’utilise également souvent le mime pour me faire comprendre. Cela n’est pas chose facile ! Je me sens encore parfois un peu démunie face à la demande de certains résidents car il m’est difficile de les comprendre.

Le rythme de ma journée

Petit à petit, j’ai trouvé mes marques et j’ai commencé à avoir un rythme avec des journées bien remplies. Je commence ma journée à 7h30 par la toilette de Tante Jeanne, une française qui vit depuis plus de 30 ans en Égypte. C’est une femme très cultivée et très bavarde. Elle aime me raconter ses expériences, ses voyages et l’histoire de l’Égypte. C’est très sympathique de discuter avec elle de bon matin. Je la fais également marcher de temps en temps afin qu’elle reste automne pour se déplacer.

Ensuite, je donne le petit déjeuner à Tante Joséphine puis à Tante Ershan à qui je donne également le déjeuner, le goûter et le dîner. Ce sont deux résidentes en fin de vie, alitées la plupart du temps et très seules. Je passe beaucoup de temps avec elles pendant les repas afin de leur apporter une présence et d’échanger avec elles, quand elles le peuvent. Elles me parlent en arabe et comprennent un peu le français et l’anglais mais c’est en se tenant la main, par un regard ou par un sourire que l’on se comprend le plus.

Tante Joséphine aime beaucoup me faire des blagues et se moque souvent gentiment de moi. Son sourire est un vrai rayon de soleil. C’est lors des jours où elle est le plus affaiblie qu’il est le plus difficile pour moi de la comprendre et de l’aider. Je me sens démunie et seule face à la situation. Je dois faire preuve d’une plus grande patience tout en gardant le sourire.

Le matin, mon rythme change au fil de la semaine. Dès que je le peux, j’essaie d’aller à la messe en français à 9h30 afin de confier à Dieu ma mission et toutes les personnes qui m’entourent.

 

De 10h à 12h, en fonction des besoins, j’aide les employés dans leurs tâches : faire la vaisselle, nettoyer la salle à manger ou mettre la table. Je vais également à la rencontre des résidents et je leur propose diverses activités tels que des jeux de société, des activités manuelles, de la cuisine, de la gymnastique ou encore une balade dans le jardin.

Je mets ainsi mes compétences de psychomotricienne en pratique en fonction des besoins psychiques ou moteurs des résidents.

 

Après le déjeuner, j’ai une pause de 13h à 15h30 pendant laquelle je prends le temps de me reposer et de faire des petites choses pour moi. En effet, la mission est très intense et me demande beaucoup d’énergie physiquement mais aussi mentalement. Ces pauses sont donc importantes pour me reposer et être plus disponible lorsque je suis avec les résidents et toutes les personnes du foyer.

Mes journées sont bien remplies et les demandes sont multiples. Il y a toujours quelque chose à faire. C’était très difficile pour moi au début de me poser. Comme un proche me l’a souvent répété, on ne peut pas combler tous les manques, il y en aura toujours à faire et le but de ma mission n’est pas d’aller au bout de mes forces car après je ne pourrai plus rien donner. C’est à travers cette expérience que j’ai appris à me connaître et à accepter mes limites pour vivre pleinement ma mission et y trouver un équilibre qu’il faut réajuster régulièrement au cours de ma mission.

L’après-midi, après le goûter, je passe voir les résidents dans leur chambre, je leur propose des activités, des massages ou une petite balade. Ensuite vient le dîner et ma journée se termine à 19h.

Un après-midi, nous avons emmené avec Sœur Amal, les résidents dans la petite grotte de Lourdes du foyer pour y prendre le goûter et réciter le chapelet tous ensemble.

Quand c’est la fête, c’est la fête !

Les fêtes ici sont très importantes. J’ai eu la chance de fêter Noël au foyer. J’ai vraiment passé un merveilleux moment avec les sœurs et les résidents. Les mois de décembre et de janvier ont particulièrement été animés par la venue de nombreux bénévoles à l’occasion des différentes fêtes chrétiennes. En effet, n’ayant pas le même calendrier liturgique, les catholiques et les orthodoxes ne fêtent pas Noël, et l’Epiphanie le même jour. Cela fait deux fois plus de fêtes !

 

C’était incroyable de voir autant de sourires, de gaité et d’enthousiasme au foyer. Entre la préparation des fêtes et les animations, nous ne nous sommes pas ennuyés ! Ces moments de joie sont très importants pour les résidents.

 

J’aime beaucoup fêter les anniversaires des résidentes. Je fais toujours un gâteau avec elles puis nous soufflons leurs bougies au déjeuner avec les autres résidentes. Tante Nozha et Tante Jeanette étaient trop contentes !

 

La vie en communauté

Les sœurs sont pour la plupart égyptiennes mais elles ont toutes vécues un séjour en France, dans leur maison mère à Tarbes, où elles ont appris le français et découvert la culture française. C’est un vrai soutien pour les bénévoles français qui arrivent au foyer et découvrent une culture très différente de la leur.

Le dimanche, nous nous retrouvons tous ensemble. Nous commençons la journée par la messe à 7h30 puis nous partageons le petit déjeuner avec les autres volontaires, le prêtre et les invités du dimanche. A midi, nous déjeunons également avec les sœurs. Ces moments d’échanges très joyeux me permettent de tisser des liens avec chacune des sœurs. C’est l’occasion pour elles de nous partager ce qu’elles vivent ici en Égypte. J’essaie également de participer aux différents temps de prières avec elles en allant à la messe mais aussi aux vêpres.

La vie au foyer : un lieu fraternel et de réjouissances

Ma plus grande crainte avant de me lancer dans ma mission de volontariat était la solitude. Ici à aucun moment, je n’ai ressenti ce sentiment. En effet, il s’est construit dans le foyer une véritable famille entre les sœurs, les résidents, les employés et les volontaires. Tout le monde fait attention à l’autre, s’entraide, s’écoute et se respecte. Chacun trouve sa place.

Les employées viennent toutes de Haute-Égypte et sont pour la plupart, loin de leurs familles. Elles ont tissé entre elles de très belles amitiés. Même si leurs journées ne sont pas faciles, elles s’entraident et sont présentes les unes pour les autres. Malgré ma difficulté à
communiquer avec elles, elles m’ont très bien accueillie et nous partageons aujourd’hui de beaux moments ensemble. J’aime passer du temps avec elles lors du petit déjeuner où elles adorent me faire goûter toutes leurs spécialités préférées !

De belles amitiés que je retrouve également chez les résidentes qui ont construit ici une nouvelle famille ! Elles prennent soin les unes des autres, rendent visite aux plus souffrants et se retrouvent dans leurs chambres pour le dîner ou encore pour le chapelet. J’adore partager ces moments si précieux avec elles.

Je ne peux compter le nombre de sourires, d’aides, de joie et de bonnes intentions que j’ai reçus d’elles. Ce sont mes rayons de soleil, mes cadeaux du ciel ! Elles sont nos petites grands-mères à toutes.

Les employées apprennent également beaucoup des résidentes et reçoivent beaucoup de leurs parts. Elles sont un vrai soutien pour les filles mais également pour moi. Elles sont toujours présentes pour moi et sont d’une générosité incroyable.

Tante Fayrous me prépare tous les matins un bon café et de temps en temps de bons petits plats. Elle aime me faire plaisir et partager les spécialités de son pays natal, la Jordanie. Elle organise des dîners dans sa chambre avec Tante Farida, Tante Margot et Tante Madiha, où elles me gâtent là aussi avec de délicieuses spécialités orientales. Le dîner se termine généralement par leur jeu de cartes favori, le Rummikub !

J’ai également la chance d’être avec d’autres volontaires qui sont de passage pour 1 ou 3 mois. C’est un vrai soutien d’être à plusieurs et de pouvoir échanger sur ce que nous vivons au foyer.

 

À la découverte de l’Égypte !

Je finirais par vous présenter ce magnifique pays que j’adore. C’est un pays qui est tellement riche tant historiquement que culturellement.

Je profite de mes temps de pause pour visiter le Caire qui est une ville impressionnante et très attachante. Je m’y sens comme chez moi. Je suis émerveillée de tout et je découvre chaque jour quelque chose de nouveau. C’est un pays très diversifié et passionnant.

J’ai eu la chance d’aller en Haute-Égypte avec d’autres volontaires. Nous sommes descendus jusqu’à Louxor, Assouan et Abou Simbel où nous avons visité l’Égypte ancienne et découvert de multiples temples majestueux ! C’était magnifique et incroyable de voir ces vestiges datant de plus de 3000 ans avant Jésus-Christ et de retracer cette histoire pharaonique et fascinante !

À travers mes visites, mes voyages et mes discussions avec les résidents, j’ai beaucoup appris sur la culture, les religions, les coutumes et les traditions de ce magnifique pays, qui sont très éloignés de ce que nous vivons en occident.

La famille et la foi sont deux choses très importantes et sacrées pour les égyptiens, qui vivent leur foi pleinement. Les résidentes aiment la partager. Les égyptiens sont des personnes très accueillantes et d’une grande générosité. Ils sont très spontanés et vivent simplement. Je le ressens et le vis chaque jour au foyer. J’ai eu la chance d’être invitée dans une famille égyptienne où tout avait été préparé de façon à me faire plaisir. Ils avaient préparé une dizaine de plats typiques égyptiens afin que je goûte à toutes leurs spécialités ! Quel accueil !

Je vis des choses magnifiques tout au long de mes journées qui sont remplies de gentillesse, de générosité, de sourires, de solidarité, d’humilité, de joie et de bonne humeur.

« À quoi ça sert d’être triste » me dit souvent une des sœurs.

C’est un vrai témoignage de vie pour moi d’être le témoin d’autant d’allégresse et de volonté malgré les difficultés et la souffrance.

Un grand merci Seigneur de m’avoir confié cette belle mission qui me fait grandir chaque jour. Je vous remercie également infiniment pour votre soutien et votre prière.

Heidi