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[ÉGYPTE] Le témoignage de Lucie : "Ils m’ont permis de redécouvrir l'immensité, l’importance et la puissance du regard"

Voici le témoignage de notre volontaire Lucie en Haute-Egypte dans un dispensaire tenu par les Filles de la Charité.


Depuis 2 mois j’habite à Koussieh chez les filles de la charité. Cette petite ville et ses habitants sont pleins de surprises pour une “fransayewa” (française) comme moi. J’ai la chance de vivre une mission complète et bouleversante autant au niveau culturel que
personnel et affectif.

Koussieh se situe dans la banlieue d’Assiout en Haute Egypte. Proche du Nil et encadrée par le désert du Sahara. Une grande partie des habitants souffrent d’une pauvreté importante. La grande crise économique qui touche actuellement le pays ne fait qu’amplifier le problème. Ici, les jeunes sont livrés à eux même dans la rue, ils prennent de la drogue et ont souvent recours à la violence. Tout cela faisant régner un climat d’insécurité constant dans la rue ou dans leur propre famille.

En tant que volontaire de l’Œuvre d’Orient mon rôle est chaque jour, d’aider l’infirmière dans le dispensaire, être présente pour les enfants venant faire des cours de soutien chez les sœurs et de témoigner de ma foi et de l’amour du Seigneur dans ma vie de jeune chrétienne catholique.

 

 

 

Il m’est malheureusement impossible de décrire une journée typique. La routine n’existe pas. De 6 heures à 22 heures, la maison reste ouverte aux enfants/ femmes/ hommes dans le besoin. Ici la vie est rythmée par la mission principale des filles de la charité : être au service des pauvres :

“À la force de nos visages, la force de nos bras, avec humilité, simplicité, charité”

Le dispensaire :
Tous les matins à 8h30, je descends au dispensaire, j’enfile ma blouse et j’aide l’infirmière à accueillir les 30 à 40 patients qui arrivent au compte goutte. Je suis devenue une professionnelle des vaccins pour les petits et les grands. Je vois aussi un grand nombre de brûlures malheureusement très étendues à cause du feu et de l’eau chaude. De très nombreux enfants en sont victimes. Malgré cela, ils m’impressionnent par leur force et leur courage face à la douleur. Tous les soins, du plus petit (gouttes dans les yeux, prise de tension, glycémie…) au plus grand (brûlures, points de sutures…), sont une occasion pour moi de porter de l’aide avec douceur, amour, respect et attention pour chacun.

 

Les visites aux familles :
Régulièrement, nous partons dans les rues pour rencontrer les familles pauvres de Koussieh. Je suis marquée par leur solitude et leur milieu de vie insalubre, souvent sombre contrasté par leur sourire et leur joie de nous accueillir, de passer un peu de temps ensemble.

 

 

 

 

 

L’arabe :
Ici, à part les sœurs, c’est 100% arabe : pas d’anglais ni français. Au début, c’est extrêmement déroutant. On ne se croit pas capable de pouvoir s’exprimer ou comprendre une langue tellement différente du français. Finalement, après 2 mois, le contact devient de plus en plus facile et fluide. Je peux maintenant échanger avec les familles, les enfants et les personnes qui travaillent avec moi.

Deux mois c’est presque rien mais j’ai déjà vécu de très belles choses et j’en suis extrêmement reconnaissante.

La solitude et l’abandon qu’on vit ici peut faire peur mais c’est par cela qu’on trouve une paix qui nous restaure. Dans cette sérénité c’est impressionnant à quel point on peut rencontrer le Seigneur par les pauvres. La chose la plus marquante que j’ai vécu est la rencontre avec ces pauvres. Ils m’ont permis de redécouvrir l’immensité, l’importance et la puissance du regard. C’est bouleversant à quel point on peut vivre et partager des choses avec des gens sans se comprendre. Un jour j’ai rencontré une femme sourde et muette. On s’est empressé de me dire qu’elle ne pouvait pas m’entendre et pas me parler. Je l’ai regardé dans les yeux, elle m’a pris les mains et c’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’ici, avec la barrière de la langue, j’étais comme elle.

 

 

 

Cette expérience me porte tous les jours. Je me rends compte à quel point la communication non verbale est puissante. J’apprends quotidiennement à prendre le temps de donner beaucoup d’amour par un regard tendre et plein de compassion. Malgré la barrière de la langue, chaque rencontre et chaque moment avec les habitants de Koussieh sont très riches et resteront gravés dans ma mémoire.

J’ai hâte de continuer à vivre des moments aussi enrichissants durant les 4 prochains mois !

Lucie