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[ÉGYPTE] Le témoignage de Lucie : " On apprend à vivre au jour le jour et avoir confiance en la Providence "

Découvrez le témoignage de notre volontaire Lucie, qui est en mission à Kusseia au sein du dispensaire des Filles de la Charité.


Lorsque l’on demande à un Egyptien comment il se porte, la réponse est bien souvent  « Hamdulla », ce qui signifie « Grâce à Dieu » et témoigne de sa gratitude envers le Seigneur qui lui accorde la santé et la joie. Il accepte de ne pas être maître de toutes ses émotions et s’en remet à Dieu. Il m’a fallu quelques semaines de mission pour réaliser l’importance de ce lâcher-prise  à  l’orientale : à

contre-courant de notre mentalité occidentale où chaque jour est minutieusement orchestré, et ce des semaines en avance, les Egyptiens se laissent davantage porter par les évènements. Cet état d’esprit est un bon modèle durant nos missions où il est impossible de tout contrôler ; on apprend à vivre au jour le jour et avoir confiance en la Providence.

J’ai  commencé ma nouvelle vie au sein de la communauté des Filles de la Charité de Qusiya, près d’Asyut, le 5 septembre. Les quatre sœurs (Sœur Nada, Sœur Nadia, Sœur Camilla et Sœur Férial) m’ont accueilli  avec toute l’hospitalité et la bienveillance égyptienne. Venant du Liban, de Syrie, ou bien originaires de Haute-Egypte, ces femmes ont choisi de consacrer leur vie à suivre les enseignements de Saint Vincent de Paul dont la ligne directrice est le service des pauvres. Les Filles de la Charité sont disséminées dans près de 100 pays et œuvrent principalement dans le domaine de l’enseignement et du soin. A Qusiya, les sœurs mènent de très nombreux projets sans cesse renouvelés et enrichis : un dispensaire offrant un accès à des consultations et à des soins à bas prix pour les populations démunies,  un  jardin  d’enfant (équivalent  à  la  maternelle), un programme de soutien scolaire pour des enfants décrocheurs du quartier, des cours de catéchisme…

Mon travail au dispensaire 

J’ai été envoyée par l’Œuvre d’Orient avec pour mission principale de travailler au dispensaire. Les patients peuvent y trouver des consultations médicales abordables (généraliste, dermatologue, ORL, pédiatre, ophtalmologue) ainsi que des soins infirmiers (pansements, piqûres…).

Le déroulement de ma mission a évolué peu à peu depuis mon arrivée début septembre. Durant le premier mois, le temps de m’acclimater et d’apprendre quelques mots d’arabe, je travaillais tous les jours à l’infirmerie du dispensaire en compagnie de ma co- volontaire Agnès et de l’infirmière responsable Um Abram. Nous soignons un grand nombre de brûlures, d’infections cutanées et oculaires causées par  la poussière, de blessures dues à des accidents de tuk- tuk.

Cela fait à présent quelques semaines que je travaille également trois jours par semaine  avec  le médecin généraliste. Avant l’arrivée du médecin vers 11h, je reçois les patients un par un pour prendre leurs constantes et ainsi optimiser la durée de la consultation à venir. Je suis capable de leur demander de manière simple ce dont j’ai besoin, mais j’ai encore du mal à comprendre ce qu’ils cherchent à me dire, alors lorsqu’ils ont des questions, je me contente pour l’instant de leur dire qu’ils pourront les poser dès qu’ils verront le médecin. Au cours des consultations, le médecin me traduit en anglais les points importants et me laisse examiner certains patients, notamment les musulmanes qui sont plus à l’aise d’être examinées par un femme.

Les autres facettes de ma mission

Better Life est un projet mené par les sœurs pour donner à une soixantaine d’enfants  pauvres  du  quartier  un  complément  d’éducation  et  des  repas équilibrés. Du lundi au jeudi, les enfants de 6 a 12 ans sont accueillis par petits groupes et encadrés par de jeunes enseignantes ; ils font du renforcement scolaire, des exercices supplémentaires pour essayer de les maintenir dans le système scolaire le plus longtemps possible sans décrochage. Une cuisinière dédiée à ce programme leur prépare chaque jour un repas chaud avec de la viande, des légumes et des féculents.

Agnès et moi passons dans chaque classe quelques heures après le déjeuner pour distribuer un goûter à tout le monde. Les enfants sont parfois en grande difficulté sociale, et on les voit s’épanouir au fur et à mesure des années. Nous allons aussi souvent les voir de 12h a 12h30 pendant leur pause avant le repas : nous leur proposons de petites activités pédagogiques pour les occuper. Ils sont très affectueux et enthousiastes dans les jeux que nous leur proposons ! En ce moment, nous leur apprenons les parties du corps en français avec une chorégraphie sur « Jean Petit qui danse ».

Nos matinées sont occupées par le dispensaire. Dans l’après-midi, les activités varient ; nous avons deux projets fixes, le mardi et le mercredi, et les autres jours sont la plupart du temps remplis par des projets ponctuels que nous confient les sœurs.

Le projet du Mardi se déroule dans la petite ville mitoyenne d’Arafazara.  Un groupe de femmes se retrouve chaque semaine pour prier et assister à une conférence menée par une sœur. Notre rôle est de nous occuper  de leurs enfants,  entre 10 et 15)  pendant ces quelques heures. Nous varions les activités : origamis, coloriages, Frisbee…

Le Mercredi, nous rendons visite à Mme Rosine, une ancienne maîtresse du jardin d’enfant chez les sœurs  qui  vit seule à Qusiya. En plus de prendre sa tension et de lui faire  sa  piqûre  hebdomadaire, nous lui tenons compagnie pendant 1h pendant laquelle elle nous raconte son enfance et ses année au jardin d’enfant.

Le point Spi

Je  commence chaque journée en assistant à la messe de rite copte catholique en arabe, qui dure une demi-heure. Même si la liturgie est assez différente du rite latin, on retrouve dans les grandes lignes les mêmes éléments et je peux suivre à l’aide d’une traduction en français.

A 19h, nous disons les vêpres avec la communauté, cette fois-ci en français. La messe du dimanche est à la paroisse du quartier : elle dure environ 1h30 et est entièrement psalmodiée.

En conclusion de cette première newsletter, voici le 40ème verset du 25ème chapitre de l’Evangile selon Saint Matthieu :

ا ﻟ ﺤ ﻖ  ا ﻗ ﻮ ل  ﻟ ﻜ ﻢ  ﺑ ﻤ ﺎ  ا ﻧ ﻜ ﻢ ﻓ ﻌ ﻠ ﺘ ﻤ ﻮ ه  ﺑ ﺎ ﺣ ﺪ ا ﺧ ﻮ ﺗ ﻲ ﻫ ﺆ ﻻ ء ا ﻻ ﺻ ﺎ ﻏ ﺮ  » ﻓ ﺒ ﻲ ﻓ ﻌ ﻠ ﺘ ﻢ

« Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. »