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[ÉGYPTE] Le témoignage de Lucie : " Voir toute cette communauté chrétienne recueillie m'a fait prendre la mesure de la force fraternelle de la foi "

Découvrez le témoignage de notre volontaire Lucie qui est mission en Haute Egypte à Kusseia chez les filles de la charité.


Ma mission au sein du dispensaire des Filles de la Charité de Qusiya poursuit son cours. Bien que je sois à présent à l’aise avec les tâches qui me sont confiées, aucun jour ne ressemble au précédent, et chaque soin donné a sa particularité. Je suis heureuse d’avoir consacré du temps à l’apprentissage de l’arabe ; tous les aspects de ma mission en sont facilités. J’arrive désormais à soutenir des conversations simples, ce qui me permet d’apprendre à mieux connaître les personnes de mon entourage, celles qui travaillent au dispensaire, les enfants de Better Life, les commerçants… J’ai également l’impression de pouvoir donner des soins plus humains et moins techniques : j’ai de plus en plus de ressources pour expliquer aux patients leur prise en charge et pour les rassurer. Il y a bien sûr encore beaucoup de progrès à faire, mais c’est gratifiant de voir les fruits du travail déjà accompli !

La fête de la médaille miraculeuse 

C’est à Sainte Catherine Labouré que nous devons la conception et la diffusion de la médaille miraculeuse, emblématique de la communauté des Filles de la Charité. Les sœurs du monde
entier commémorent cet évènement chaque 27 novembre lors de la Fête de la Médaille. La célébration a pris chez nous la forme d’un chapelet animé dizaine après dizaine par les différents mouvements de jeunes chrétiens. Ensuite, la procession d’une statue de la Vierge autour de la cour du jardin d’enfant a vite été rejoint par tous les enfants. J’ai été très touchée par ce fervent moment de prière. Voir toute cette communauté chrétienne recueillie m’a fait prendre la mesure de la force fraternelle de la foi ; peu importe la langue, peu importe le rite ou le pays d’origine, nos prières sont tournées vers le même Dieu et cette conviction nous rapproche malgré toutes nos différences. Dans ce pays où les chrétiens sont une petite minorité souvent discriminée, la solidarité est le ciment de la communauté. La croix tatouée sur l’intérieur du poignet, comme la porte chaque chrétien copte depuis l’enfance, est un signe de reconnaissance, et chaque membre sait qu’il pourra trouver chez ses frères de l’aide le jour où il en aura besoin.

Visite de Louxor

Nous avons eu la chance avec Agnès, ma co-volontaire, et quatre de ses amies, de visiter Louxor pendant 4 jours. Musées, temples, souk, nous avons sillonné la ville en long, en large et en travers, un peu en taxi ou en calèche à cheval, beaucoup à pied. Ce séjour m’a permis de découvrir plus en détail la richesse culturelle de l’Egypte. Dans notre campagne de Haute-Egypte, la vie est certes plus authentique, mais elle est très ancrée dans l’instant présent, alors que la ville de Louxor est entièrement articulée autour du tourisme et de l’héritage historique du pays.
Nos rudiments de langue arabe et de culture égyptienne nous ont donné un avantage significatif dans nos visites. Il était d’une part plus facile de se faire comprendre, et d’autre part nous étions mieux armées pour nos achats. Au souk touristique, là où il est possible d’acheter des souvenirs, aucun prix n’est affiché et le jeu de la négociation fait partie intégrante de la découverte du lieu. Chaque achat est comme un match entre le vendeur et l’acheteur, qui demande un peu de patience et quelques trucs et astuces, et à la fin duquel les deux s’accordent sur un prix final. Alors la phrase « Ana bachtaghal fi mustausaf

Nous avons visité avec des yeux émerveillés les trésors si bien conservés du temple de Louxor, de Karnak, de la Vallée des Rois, celle des Reines, et d’encore bien d’autres lieux emblématiques de l’ancienne grandeur pharaonique, le tout régulièrement ponctué d’un thé à la menthe très sucré ou d’un jus de mangue. Nous avons aussi eu l’occasion de faire découvrir aux amies d’Agnès les spécialités culinaires égyptiennes qui font partie de notre quotidien : le baba ghanouj (purée d’aubergine), les kofta (boulettes de viande aux herbes), le fatir (galettes de pâte feuilletée, la mulukheya (soupe d’herbe)… gamb Asyut ! » (Je travaille dans un dispensaire près d’Assiout !) nous as valu bien des ristournes auprès de vendeurs étonnés et enthousiastes de voir des Françaises travailler en Egypte.

Ces jours passés à apprécier la beauté de l’Histoire, à déambuler dans les rues, à profiter de restaurants et d’hôtels agréables, et aussi à retrouver d’autres Françaises de mon âge avec qui partager ces moments, m’ont permis de me ressourcer et de revenir à Qusiya avec le sentiment de revenir à la maison après des vacances grisantes. C’est aussi grâce à des vacances de temps à autre que l’on peut trouver un équilibre dans nos missions qui sont parfois physiquement et émotionnellement fatigantes.

Noël 

La première fête de Noël que nous avons célébrée a eu lieu le 24 décembre au soir. Elle correspond au Noël catholique latin : en effet, les Filles de la Charité, étant d’une communauté d’origine française, célèbrent à la fois les fêtes catholiques latines et les fêtes chrétiennes de leur pays de mission. C’était une fête en petit comité puisque le 25 décembre n’est pas une date particulière pour le reste de la communauté chrétienne copte. Les quatre sœurs de la communauté de Sedfa, un peu plus au Sud de l’Egypte, nous ont rejoint pour l’occasion. Nous avons assisté à la messe de la Nativité dans la chapelle de la communauté ; nous avons ensuite partagé un repas de fête avec les deux prêtres qui ont célébré la messe. Soeur Nadia avait cuisiné une bûche de Noël au chocolat en plus de toutes les spécialités égyptiennes que nous avons dégustées.

La suite de la soirée a pris place dans le salon de la communauté où chaque sœur nous a appris une danse de son pays d’origine : pasodoble espagnol, danse du bâton du Saïd, dabke libanais… La période de Noël est chaque année une occasion pour la communauté d’offrir des vêtements neufs aux enfants du programme de soutien Better Life et du jardin d’enfants. Les sœurs se rendent au Caire chez un grossiste pour acheter des centaines de vêtements et de chaussures pour enfants, de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Chaque groupe est venu à son tour et les enfants ont pu choisir un pull, un pantalon et une paire de chaussure pour bien commencer l’année.

Pour le Nouvel An , les enfants du catéchisme de la paroisse et différents groupes de prière (le Mouvement Eucharistique des Jeunes, le groupe Foi et Lumière pour les adultes handicapés…) ont organisé un spectacle de danses, de chants et de saynètes. Nous avons ensuite assisté à la messe du Nouvel An dans une église pleine à craquer, puis nous avons célébré la nouvelle
année avec les soeurs de la communauté rassemblées autour d’un verre de vin. J’ai aimé avoir l’occasion de fêter ces joyeux évènements de fin d’année d’une manière différente, avec une simplicité qui nous redirige vers l’essentiel. Je vous retrouverai vite dans le prochaine newsletter, et je vous souhaite à tous une très belle année 2023 !