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[EGYPTE] Le témoignage de Paul : " Je me suis vite rendu compte que mes élèves, filles comme garçons, ont une curiosité débordante "

Découvrez le témoignage de notre volontaire Paul qui est en mission à Alexandrie au sein de l’école Saint Vincent Miami !

L’enseignement

Ça y est ! Cela fait maintenant un semestre que j’enseigne en Egypte ! Quelle expérience déjà ! Je me sens pleinement dans la peau d’un enseignant maintenant.
Je suis arrivé une semaine avant la rentrée et j’ai pu prendre quelques repères avec l’administration et mes futurs collègues pendant de longues réunions en arabe. J’ai appris que j’aurai des classes de 5e et 6e primaire, soit des CM2/6e et deux classes de maternelle grande section. Heureusement, je les aurai en demi-classe la plupart du temps. Je serai aussi assistant en classe entière au côté d’une professeur. Les professeurs en général sont ravis et très curieux d’avoir un français parmis eux. Tous m’ont souhaité la bienvenue et ont mesuré leur français au mien. Puis, autour d’un thé, nous avons fait connaissance. Après m’être présenté à la directrice de l’école et à la responsable de langue française, j’ai pu récupérer des supports de cours pour mes classes de maternelles. Ces premiers échanges m’ont rassurés pour la suite car l’hiérarchie de l’école me fut bien expliquée, je découvris que la plupart des professeurs maîtrisaient le français même si je fus surpris d’apprendre que l’école était mixte.

Le cadre scolaire

Les élèves égyptiens apprennent dans un environnement très réglé à St Vincent Miami. Le matin, à 7h45, après l’arrivée des bus scolaires, les élèves sont rassemblés dans la cour en rang serré et participent à quelques exercices de décrassage. Ensuite, quelques-uns d’entre eux présentent un petit exposé en langue arabe, anglaise ou française, sur un sujet vu en cours ; puis la cour entière entonne l’hymne égyptien à plein poumons. C’est un spectacle assez impressionnant que de voir quelque quatre cents élèves, de 5 à 13 ans, en uniforme de l’école, chanter solennellement l’hymne national. Il termine par trois « Vive la république arabe d’Egypte » en français. Aucune pitrerie n’est tolérée pendant ce rassemblement et les rares élèves indisciplinés ou en retard se retrouvent mis à l’écart devant toute l’école pour un tête-à-tête musclé avec les responsables de niveau, sorte de professeur principal de chaque niveau scolaire.
Puis, ils montent en classe accompagnés de leur professeur à la file indienne. Ils ont des cours de quarante minutes de 8h à 14h30 avec une courte pause pour déjeuner ou grignoter, du lundi au jeudi et le samedi.

 

Ma mission d’enseignement

Mes cours sont assez libres côté thématique. On ne m’a rien imposé, simplement de travailler l’oral et la lecture, choses qu’ils n’ont pas le temps de développer en cours classiques, dans des classes de cinquante. Je vois chacune de mes demi-classes une fois par semaine seulement, donc il me faut être efficace.

Les 5e-6e primaires
J’ai donc commencé mes premières leçons à jauger leur niveau avec des petits exercices de présentation individuelle. Je me suis vite rendu compte que mes élèves, filles comme
garçons, ont une curiosité débordante lors du question/réponse suite à ma présentation. Des questions classiques comme : d’où venez-vous, quel âge avez-vous, comment est composée votre famille ; puis des questions plus intrusives voire impertinentes : êtes-vous mariés, avez-vous l’intention d’épouser une égyptienne, quelle est votre classe préférée, etc.
J’ai dû m’imposer vite pour que celà ne dégénère pas trop. Pour les cours suivants, je me suis mis à alterner entre l’explication et l’apprentissage de chansons françaises et la lecture et le déchiffrage de petits livres français aussi.
Ça n’a pas été très difficile de susciter leur intérêt. Tout ce qui touche à la France (et donc de moi) les intéresse. Ce qui a été plus dur à mettre en place, c’est un esprit calme de travail.
J’ai été un peu choqué des différences de moeurs des écoliers égyptiens avec les écoliers français. Lever la main pour parler, rester tout bêtement assis l’intégralité d’un cours n’est
pas évident pour de nombreux de mes élèves. Il m’a fallu user de patience, de pédagogie et de répétition pour remédier à ça. Lors du début du cours, ils sont censés attendre debout et
faire silence, attendant mon approbation pour s’asseoir. Je n’ai pas non plus hésité à sanctionner les récalcitrants à l’aide de punitions écrites. Et donc, j’ai dû m’organiser encore
un peu plus pour suivre quel élève de quelle classe me doit un travail.
Ce n’est pas toujours de la joie, mais souvent une grâce de pouvoir transmettre à mon modeste niveau le goût de la langue française et de pouvoir satisfaire la curiosité de mes
élèves. Il me semble que simplement ma présence, en tant que jeune homme français, plutôt approchable par rapport à leurs autres professeurs, rend la langue française
beaucoup plus concrète. Je remarque que certains élèves se donnent plus en cours de français avec leur professeur attitré qu’au début de l’année.

Les maternelles grande sections
Dans mes quelques cours de maternelle, je m’appuie sur quelques supports comme un enregistrement ou une image sur des thématiques simples comme les vêtements ou les
pièces d’une maison. Ce sont de loin mes cours préférés. Les élèves sont fascinés d’avoir un français avec eux et sont suspendus à chaque mot de ma bouche. Bien qu’ils ne comprennent pas tout, ils s’appliquent à retenir et à restituer les mots-clefs de chaque chapitre. Lorsque je demande leur participation, j’ai une forêt de bras qui se lève pour pouvoir soit écrire le mot demandé, soit dessiner l’image voulu. De plus, à ces âges-là, je n’ai pas beaucoup de problèmes de discipline.

Périscolaire
Habitant sur mon lieu de travail, je côtoie souvent mes élèves. Dans la cour de récréation, une petite troupe se forme à chacun de mes déplacements pour me parler de la France, de football et pour tester mon niveau d’arabe. Cela me permet de nouer des liens en dehors et la classe avec mes jeunes. Le vendredi, de nombreux garçons viennent jouer au football et je me mêle à leur partie également.
Le dimanche, j’en croise aussi qui vont à la messe avec leur famille. Souvent, je me fais la remarque qu’ils sont bien plus sages à l’église qu’en classe… Maintenant quand je sors dans la rue, il y a toujours un parent ou des élèves pour me saluer et me tenir la conversation. Je suis devenu une petite célébrité dans mon quartier au point où je me fais souvent attraper par des câlins-surprises de mes maternelles, qui courent silencieusement derrière moi et m’agrippent les jambes, au grand étonnement de leurs parents et moi-même.