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[EGYPTE] Le témoignage de Suzanne : "J'ai été très touchée par la foi des chrétiens d'Orient"

Suzanne, 26 ans, venait de passer brillamment l’internat de médecine quand elle a décidé de donner un mois de ses courtes vacances pour servir au Foyer de la Vierge Marie qui accueille une centaine de personnes âgées dépendantes et souvent abandonnées au Caire


Je suis partie un mois en Égypte grâce à l’Œuvre d’Orient. Cette expérience a été à la fois très simple et déroutante au possible. Je remercie le pôle jeune et salue leur travail, et je suis fière d’avoir, modestement, contribué à cette Œuvre. Je suis partie pour me mettre au service, pour découvrir une nouvelle culture, faire de belles rencontres et tenter de souffler sur les braises de ma foi (et pour voir les pyramides, aussi).

J’ai été comblée au-delà de mes espérances :

Service 

 

Mes missions étaient très clairement établies : donner à manger à deux dames qui ne pouvaient pas se nourrir seules, débarrasser les tables et les laver, et passer le balai dans le réfectoire. Trois fois par jour. Je peux vous assurer que ça l’air simple dit comme ça, mais ça ne l’est pas ! Faire des aller-retour les bras chargés de plateaux ou de verres à moitiés pleins (ou à moitié vides, il paraît que c’est une question de point de vue), ranger les serviettes pleines de nourriture (ou peut être pire : de bave ?), se démener avec un balai déplumé et une petite pelle ébréchée, le tout dans l’atmosphère étouffante et poussiéreuse du Caire, c’est du sport !
Petite chrétienne occidentale pétrie de bonnes intentions, je venais me mettre au service des personnes âgées, leur faire un peu de lecture et retaper leurs lits de mes blanches mains, et peut être mon orgueil me soufflait-il que je me rendrai indispensable, et que dans les yeux des résidents je lirai une incommensurable gratitude (charmant programme, vous en conviendrez). Au lieu de cela, je me retrouve être une version orientale de Cosette, les mains sales et personne pour m’assurer de sa gratitude éternelle.
Petit à petit, je me suis adoucie, j’ai accepté de me donner à fond dans ce que je venais faire : filer un coup de main dans cette maison de retraite. J’ai compris l’expression  »être un instrument dans les mains de Dieu ». Il a permis que je sois sur place un mois, avec mon énergie, ma jeunesse et mon désir de bien faire. J’ai la possibilité de me rendre utile et je rechigne parce que le service qu’on me demande n’est pas à la hauteur de mes attentes ? J’ai retroussé mes manches et saisi celui du balai. J’ai expérimenté l’humilité et le don de soi, oui, pas de jolis mots creux qui font bien dans un témoignage, mais de réelles valeurs que j’ai eu à découvrir, à vivre pleinement et tous les jours.

 

Culture 

 

La vie avec une trentaine d’employées de 20 ans qui ne parlent pas un mot de français ou d’anglais n’est pas de tout repos. La barrière de la langue nous impose de revenir aux fondamentaux et la communication par gestes, mimiques et autres contorsions ridicules nous montrent bien qu’il ne tue pas, le ridicule. Plutôt que de délirer sur la géopolitique du monde actuel, de commenter ou critiquer les choix vestimentaires de nos collègues (et de poser d’un air concerné et mondain la fameuse question ; « et toi, tu fais quoi dans la vie ? »), nous étions réduites à compter sur nos doigts pour deviner leur âge, à se mimer les unes les autres et à faire d’invraisemblables programmes pour se retrouver le soir dans leurs logements pour danser. Ces soirées entre filles étaient fantastiques ! Retour aux sources : on met de la musique, on s’observe, on écoute le rythme, on se complimente, on s’apprend mutuellement des chorégraphies et des pas de danse, bref on s’amuse comme des sœurs !

 

Rencontres  

 

Une centaine de résidents, cinq sœurs de la communauté, une trentaine d’employés, filles et garçons, les familles des résidents, le directeur, les jardiniers, le chauffeur, C. la volontaire avec qui je suis partie… en termes de rencontres j’ai été servie !
Avec les plus âgés d’entre eux notamment le rapprochement fut très beau. Nos aînés ont tant vécu et ont beaucoup à nous apprendre, sans nous infantiliser mais au contraire en nous témoignant avec simplicité de leurs vies. Et parfois certains sont diminués par la maladie, la démence, et redeviennent petits et nécessiteux comme des enfants. Cette dualité présente dans chaque personne âgée m’a toujours interpellée et pour moi fait toute la saveur aigre-douce de la rencontre (voire la collision) avec nos anciens.

 

Foi  

 

J’ai été très touchée par la foi des chrétiens d’Orient que j’ai rencontrés en Égypte. Ils se remettent entièrement et simplement dans les mains de Dieu, pour les grands moments et les minutes les plus futiles de la vie quotidienne.  »Amdoulila » veut dire  »grâce à Dieu ». Et c’est l’expression que j’ai le plus entendue là-bas.  »Grâce à Dieu, l’opération de ma fille s’est bien passé »,  »Grâce à Dieu, il fait beau »,  »Grâce à Dieu, je suis en bonne santé’‘…Cet abandon et cette gratitude, j’aimerais m’en imprégner et les ramener en France. Dans ma vie où j’oublie si facilement d’où je viens et grâce à qui je suis là, j’aimerais mettre Dieu au centre de ma vie et le remercier dans les petites et les grandes choses.

 

(Et les pyramides alors ? Somptueuses, la vérité !)