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[HAUTE-ÉGYPTE] Témoignage de Jeanne : " Dans cette mission j’ai trouvé la joie, j’ai appris à me donner "

Découvrez le témoignage de Jeanne, 23 ans, infirmière et volontaire en Haute-Egypte auprès des Filles de la charité de Qusiya en Haute-Égypte.


Je tiens à commencer ce rapport en vous remerciant infiniment pour cette mission. Je vois que, en m’abandonnant à votre choix de mission, j’ai vécu quelque chose de bien supérieur de ce que j’avais imaginé.

Merci pour cette mission fabuleuse : j’ai été bouleversée par la gentillesse, l’accueil et la générosité des gens ainsi que par la fraternité et l’amitié vécue avec les sœurs, avec les amis de la communauté. 

Je voudrais donc vous raconter un événement qui m’a tout particulièrement marqué : la première fois que je suis allée rendre visite à une famille pauvre. Trois jours après mon arrivée à Qusiah, en fin d’après-midi, nous sortons du couvent avec sœur Camila et nous nous enfonçons dans le dédale des rues de Zarabi, le quartier pauvre. On toque à une porte, Omo Mariam nous ouvre. A côté d’elle, son mari et Jacqueline, 7 ans, qui saute dans les bras de sœur Camila. Ils nous font entrer dans la chambre dont les murs sont décorés de dessins d’enfants et tapissés d’images pieuse pour cacher les anfractuosités. Au milieu de la conversation, Omo Mariam s’éclipse et les échanges se poursuivent. A ce moment, je me disais « ouf au moins ils ne nous offrent rien ». J’avais très peur de leur générosité, et j’étais troublée de découvrir dans quelle pauvreté ils vivaient. Sur ces entrefaits, Omo Mariam entre avec deux canettes de Sprite et nous sert un verre chacune. Sœur Camila me glisse alors : « tu vois, ils n’ont pas assez pour manger et ils nous offrent ça ». A ce moment-là, la parabole des deux piécettes déposées en obole par la veuve m’est revenue en mémoire, et une fois rentrée au couvent, j’ai fondue en larmes. A partir de là, j’ai abandonné toute résistance à la générosité des gens, j’ai appris à l’accueillir. J’ai accepté de me laisser toucher. Cela a également renforcé ma motivation à apprendre l’arabe, parce que le parler faisait partie des choses que je pouvais offrir aux gens.

Pour l’apprendre, toutes les matinées passées au dispensaire avec Omo Abraam, l’infirmière, m’ont beaucoup aidé. Nous avons passé de très bons moments à travailler, à parler, à chanter, et à rire ensemble. Elle est devenue au fil du temps une véritable amie. Avec elle, j’ai compris que ma mission ne consistait pas seulement à travailler au dispensaire mais à aller à la rencontre des gens, être et vivre avec eux.

J’ai été vraiment impressionnée par le nombre de projets portés par les sœurs. Avec Salomé, nous avons participé au « projet tapis ». Nous avons appris à un groupe d’enfants à tisser des tapis ainsi qu’à quelques adultes, comme Fadia ou Wahel. Fadia est une femme très pauvre qui cherchait du travail. Très intelligente et habile de ses doigts, elle a appris très vite. Une fois la formation de base réalisée, elle a travaillé pour les sœurs, puis celles-ci lui ont fait fabriquer une machine à tisser. En deux mois elle s’est formée seule et a progressé, jusqu’à savoir réparer les machines. Après, c’est elle qui nous enseignait ses techniques trouvées au fil de la pratique. Ca a été une joie immense de la voir apprendre un métier durable qui l’épanouit et lui permet de sortir de la pauvreté.

Deux autres grandes joies du travail des tapis ont été la remise des diplômes aux enfants à la fin de l’apprentissage de base que nous leur avions donné. Et de savoir que derrière nous, Madame Sally, une autre femme pauvre, allait reprendre le travail avec les enfants pour poursuivre et améliorer la formation, et ainsi gagner sa vie.

A la fin de cette mission, je réalise que j’ai appris à m’abandonner à Dieu, à Sa Providence, aux cadeaux qu’Il me fait. J’ai ouvert mon cœur aux gens, à leur grande générosité, à la soif d’amour des enfants, à la complicité que nous avons eu petit à petit avec les sœurs. Dans cette mission j’ai trouvé la joie, j’ai appris à me donner, et je reviens à la fois profondément changée et vraiment moi-même.