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Inde : "Notre Église Syro-Malabare prie pour les chrétiens de l’Irak, de la Syrie et de l’Iran"

Quelles sont les raisons de votre voyage en France ?

J’ai accepté l’invitation des Missions Étrangères de Paris (MEP) à devenir Membre Honoraire ! Je viens rendre visite à ma communauté syro-malabare ici qui compte près de 200 personnes en région parisienne […] Je voulais renouveler mes contacts avec l’Œuvre d’Orient qui soutient notre travail missionnaire en Inde. J’ai sollicité un rendez-vous avec le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris. J’ai également participé à une réception avec Mgr Pascal Gollnisch, Directeur de l’Œuvre d’Orient.

Quels projets portez-vous avec l’Œuvre d’Orient ?

Il y a toujours des petits projets en cours. Mais pour l’avenir, nous avons le projet d’une maison dans laquelle nous pourrions conserver notre patrimoine, celui de l’Eglise syro-malabare, en lien avec notre foi : manuscrits, objets sacrés… Nous sommes les chrétiens de Saint Thomas ! Notre histoire remonte à sa venue, au 1er siècle. Beaucoup de choses doivent être gardées mais il nous manque un centre culturel. Depuis le Concile Vatican II, nous avons la liberté de gouverner notre Église, en lien avec le Saint-Siège.

Comment se vit le dialogue avec les autres Églises et religions en Inde ?

Dans l’Église catholique, nous avons trois rites :
– Église syro-malabare,
– Église syro-malankare
– et Église latine.

Il existe une conférence épiscopale commune aux trois Églises particulières. Avec les autres religions chrétiennes, ça marche mieux. Il subsiste quelques problèmes à cause de malentendus de la part de courants intégristes. Le pays est démocratique. La loi garantit le respect des religions. Nous pouvons travailler ensemble pour faire des choses au bénéfice de la société entière. Le dialogue interreligieux va de pair avec des activités interreligieux dans les domaines de l’éducation, la culture, la politique, l’économie… Les religions coopèrent à tous les niveaux. Cela nous donne le sens d’une citoyenneté commune. C’est très important.

Quel regard portez-vous sur la France ?
Les relations sont bonnes entre les deux pays. Tout dernièrement, le Premier ministre était en France. Le Président Hollande est venu en Inde. Au niveau économique et commercial, même militaire, il y a beaucoup de liens. C’est important pour mon Église d’être en relation avec le gouvernement français, même si la France est un pays sécularisé. A monSB Alencherry avis, le principe d’une religion par un État, c’est fini. Et ce n’est pas la meilleure situation non plus. Il faut respecter toutes les religions, la liberté individuelle et les Droits de l’Homme. Mais ça ne doit pas dire qu’il faille lutter contre la religion ! Je ne dis pas que le gouvernement le fait mais c’est le cas de certaines personnes en France. En Inde aussi, des courants extrémistes voudraient imposer une religion unique. C’est le mal que l’on doit vaincre. Je préfère la « laïcité positive » – pour reprendre l’expression du Président Sarkozy – qui protège les religions, la foi des citoyens, les valeurs chrétiennes qui sont à l’origine de la culture française et occidentale.

Un article de Claire Rocher pour la CEF


Extrait du discours du cardinal Alencherry à l’Œuvre d’Orient (Paris – Juin 2015)

D’abord, de tout mon cœur, je vous félicite pour tous vos engagements courageux pour les chrétiens persécutés, spécialement dans le Proche et Moyen-Orient. Mon cœur est vivement troublé par la souffrance de nos frères et sœurs chrétiens. Notre Église Syro-Malabare prie pour les chrétiens de l’Irak, de la Syrie et de l’Iran auxquels nous sommes très particulièrement attachés. Je vous félicite pour coordonner l’aide d’urgence pour eux.

Mon appréciation pour l’Œuvre d’Orient vient surtout du fait que  vous (l’Œuvre d’Orient) est une organisation courageuse qui incarne la parole d’Orient dans le monde, spécialement en Occident où il y une forte indifférence vers tout ce qui se passe au Moyen Orient.

J’ai entendu dire, cher Mgr Gollnisch, que vous avez donné une conférence passionnante à propos des « Persécutions contre les chrétiens au Moyen-Orient » le premier juin à l’Académie des sciences morales et politiques. Vous avez dénoncé une certaine «tiédeur» de l’Occident qui, insistant sur le principe de laïcité, permet à l’islamisme radical d’étendre son emprise.

Je sais que depuis sa fondation en  1856 par des laïcs, professeurs en Sorbonne, l’Œuvre d’Orient continue d’exprimer la communion des chrétiens de France avec les chrétiens d’Orient. A travers vous, les Chrétiens de France sont mobilisés pour accueillir les chrétiens orientaux en difficultés et de manifester alors la compassion de Jésus pour eux. A ma connaissance, vous êtes la seule association française entièrement consacrée à l’aide aux chrétiens d’Orient. Votre appel pour soutenir et aider les chrétiens persécutés du Moyen-Orient et en Asie a fait des échos spécialement en Europe. Bientôt vous allez fêter 160 ans de votre fondation. Je voudrais vous rappeler plus que jamais que le rôle de l’Œuvre d’Orient est indispensable pour soutenir les communautés chrétiennes en difficulté. Je tiens à vous encourager à poursuivre sa mission que vous accomplissez avec force et persévérance, générosité et solidarité.

Dans notre vie quotidienne nous sommes assez souvent en face de certaines  épreuves, de souffrances, de difficultés. Ceci est très humain et naturel. Mais on a la force intérieure de les surmonter et le courage d’aller en avant car nous croyons en Jésus et Il nous a dit « n’ayez pas peur ». Je voudrais vous dire qu’à chaque fois que nous essayons d’aider, de soutenir, et d’accueillir les siens de Jésus, les chrétiens en difficultés, nous sommes récompensés et réconfortés dix fois plus par Lui qui est notre Espoir,  notre  Joie et notre  Paix .

Je vous remercie d’entendre dans le monde les cris et les souffrances des chrétiens orientaux. J’exprime vivement mes sentiments de gratitude vers les donateurs, bienfaiteurs, bénévoles, tous les personnels, le directeur et les collaborateurs de l’Œuvre d’Orient. Car vous faites de grands efforts pour soutenir l’action des évêques et des prêtres d’une douzaine d’Églises orientales catholiques dans 23 pays et plus de 60 congrégations religieuses.  […]

Mar George Cardinal Alencherry, 

Major Archbishop of the Syro-Malabar Church

(Archêveque majeur de l’Eglise Syro-Malabare)