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[LIBAN] Le témoignage d'Anne : "J'ai été accueillie dans beaucoup chaleur et de joie "

Découvrez le témoignage de notre volontaire Anne, qui est partie en mission auprès des Filles de la Charité de l’hôpital du Sacré-Cœur d’Hazmieh.


Cet été, j’ai eu la chance de passer un peu plus de deux mois au Liban, dans le cadre d’un volontariat avec l’Œuvre d’Orient pour travailler à l’Hôpital du Sacré Cœur de Beyrouth.

L’Hôpital du Sacré-Cœur est un des projets pour lequel L’Œuvre d’Orient est engagée. Le « chemin de la Charité » tracé par Saint Vincent de Paul depuis 1633, a conduit trois religieuses de la Congrégation au Liban le 24 septembre 1847. Aussitôt arrivées à Beyrouth, elles s’engagent au service des malades dans deux écuries transformées en dispensaire de fortune. C’est dans cette humble installation que naît l’hôpital du Sacré Cœur, considéré comme le plus ancien du Liban. Au fil des années, l’Institution se développe, se modernise et déménage dans le quartier de Hazmieh-Baabda où elle se trouve encore aujourd’hui.

Aujourd’hui, l’Hôpital compte 387 employés (infirmiers, aides-soignants, personnel administratif et de maintenance) et de 195 médecins et chirurgiens chrétiens, musulmans, druzes, qui témoignent d’un désir d’unité dans la diversité, dans une région où les guerres sont souvent causées par un communautarisme exacerbé.

Tout malade qui se présent dans cette institution y est soigné sans discrimination, quel que soit son origine, sa religion ou son orientation politique. Y sont également accueillis des patients défavorisés, souvent renvoyés d’autres hôpitaux. L’objectif est de développer cette ouverture aux habitants de la région pour répondre à un fort besoin d’éducation et de prévention dans le domaine de la santé (suivi après la sortie de l’hôpital, campagnes de dépistage et de vaccination, …). De nouveaux projets comme les soins à domicile, la mise en place d’un système de recyclage et le passage à l’énergie solaire sont aussi en cours de développement.

Depuis plusieurs années, le Liban traverse une grave crise aussi bien politique et économique que sociale et sanitaire. L’afflux de masse de plus de 2 millions de réfugiés syriens, la longue vacance de la fonction présidentielle entre 2014 et 2016, la difficulté à composer un gouvernement, l’omniprésence de la corruption, les tensions entre les communautés et le pouvoir concédé à certains partis soutenus par des puissances étrangères plongent le pays dans une crise sans précédent.

La pandémie du Covid 19 est vécue d’autant plus difficilement, et la double explosion du port de Beyrouth en 2020 est comme l’épiphanie de l’agonie que vit le peuple libanais. Aujourd’hui, la livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur, les prix de la nourriture, des médicaments et de l’essence ne cessent de croitre de façon alarmante, le coût de la plupart des services a également augmenté de 300 à 400%, alors que les salaires sont en chute libre. Les particuliers n’ont plus accès à leur argent placé à la banque et, selon l’ONU, 80% de la population vivrait aujourd’hui sous le seuil de pauvreté : La plupart n’ont plus d’électricité et beaucoup manquent d’eau.

Dans ce contexte, les structures de santé font face à des défis existentiels. Le retard ou le refus des tiers-payants de procéder au paiement des factures hospitalières rend l’accès aux soins de plus en plus difficile pour la population. Un chirurgien orthopédique de l’hôpital m’expliquait que de plus en plus de patients décèdent de simples fractures du col du fémur faute de moyens financiers, alors que les ressources humaines et les structures hospitalières existent, mais les frais de matériel et de service des soins intensifs fonctionnement ne peuvent être assumés par les particuliers qui renoncent à venir se faire traiter.

J’ai été très touchée par toutes les rencontres que j’ai pu faire avec ce peuple si éprouvé mais aussi très résilient. Malgré une situation extrêmement critique, j’ai été accueillie dans beaucoup chaleur et de joie. A chaque nouvelle rencontre, chacun à sa manière semble vouloir transmettre la confiance en la divine Providence qui l’anime malgré un grand désarroi, une profonde souffrance et parfois une certaine colère. Ce sont nos frères dans le Christ, ils portent en eux les souffrances de Jésus et nous manifestent quelque chose de sa vie par leur accueil, leur foi et leur simple présence. Ne les oublions pas dans notre prière.