• Actualités

[LIBAN] Le témoignage de Mathilde : " Mais au final, on partage exactement la même foi "

Notre volontaire Mathilde, 23 ans, est en mission au Collège Sahel Alma à Jounieh au Liban où elle enseigne le dessin.


Voilà déjà plus de deux mois que je suis arrivée au Liban, je vais essayer, à travers les quelques lignes qui suivent, de partager avec vous mon quotidien dans ce pays merveilleux.

Je suis logée dans l’école Sahel Alma à Jounieh. C’est une grande école de 950 élèves de la maternelle à la terminale. Elle est dirigée par sœur Dalida de la communauté maronite des soeurs de la sainte Famille. Une femme exceptionnelle. 8 soeurs (Soeurs Dalida, Samia, Claudette, Viviane, Virginie, Agathe, Louis-Michel et Rose-Albert) habitent sur place, mais seulement deux travaillent dans l’école : la directrice et soeur Samia, l’infirmière. Je prends mes repas au dernier étage, là où elles habitent, mais je déjeune et je dîne rarement avec elles car mes horaires de cours ne correspondent pas du tout à leurs horaires. Les repas sont préparés par deux femmes qui s’occupent de la cuisine, du linge et du ménage à l’étage des religieuses. C’est 93 % du temps délicieux, j’ai eu quelques mauvaises surprises mais dans l’ensemble, je suis très chanceuse. Les soeurs sont vraiment adorables avec moi, très attentionnées et j’aime beaucoup les retrouver le soir dans le salon pour papoter avec elles. Je m’entends vraiment bien avec soeur Dalida qui est un peu mon repère ici, elle est vraiment très très drôle. J’aime aussi beaucoup soeur Lara qui habite à la maison mère mais que je vois souvent car elle s’entend très bien avec soeur Dalida, les deux ensemble c’est vraiment quelque chose à voir.

 

Mon rôle ici est de donner des cours « d’art » alors oui, je vous vois rire, moi qui suis incapable de dessiner quelque chose, mais depuis la crise économique, il n’y a plus de cours de dessin, chant ou encore théâtre alors ma mission est là : un cours non noté pour les élèves, qu’ils se divertissent et qu’ils apprennent le français en même temps. Je donne cours trois jours par semaine à des élèves allant du CP à la cinquième. Les débuts sont un peu difficiles, j’ai encore un peu de mal avec l’autorité et les façons de faire sont bien différentes de ce dont on a l’habitude en France. Au tout début, j’étais avec Maëlle, une volontaire de l’association Raoul Follereau avec qui je m’entendais vraiment bien, mais elle a été rapatriée il y a presque deux mois. Maintenant, je suis avec Ghinwa, la fille d’une des maîtresses qui m’aide en classe et qui est vraiment sympa et c’est un soulagement ! Je sens quand même que ça commence à aller mieux, je reçois beaucoup de câlins des plus jeunes, beaucoup de compliments et de mots d’amour qui sont mes petites fleurs au quotidien. J’essaye vraiment de leur faire travailler des choses intéressantes et pas seulement de dessiner, j’ai appris aux plus jeunes à faire leurs lacets, aux plus grands à réfléchir sur des sujets un peu plus sérieux comme l’utilisation des écrans qui est un vrai problème ici je trouve. En ce moment, je suis en plein dans la confection des décorations de Noël. Le mercredi, je suis au préscolaire (maternelle) et je passe dans toutes les classes pour aider pendant les activités manuelles. Les enfants sont vraiment mignons mais j’ai plus de mal à créer des liens avec eux puisqu’ils ne parlent pas du tout français. J’admire vraiment ces maîtresses et en particulier leur patience : entre les enfants qui viennent coller leurs mains pleines de peinture sur les murs, ceux qui mordent les autres, leurs journées sont pleines de rebondissements ! Le vendredi, c’est journée off mais j’en profite souvent pour donner un coup de main là où il y a besoin. Les week-ends, on se retrouve souvent entre volontaires dans la communauté de l’une ou de l’autre et c’est vraiment agréable d’être ensemble pour partager nos anecdotes et nos petits tracas.

 

J’adore ce pays, vraiment. Les paysages sont magnifiques, on peut être en pleine montagne et apercevoir la mer au loin. Je suis extrêmement bien placée, l’école est à 15 min à pied de l’autoroute qui longe toute la côte. Et n’importe où dans l’école, j’ai une vue incroyable. Les gens sont vraiment très accueillants et partagent beaucoup, en particulier la nourriture. C’est impossible de dire non, j’ai vraiment essayé mais je finis forcément par manger ce qu’on me propose…

 

Au tout début de la guerre, on a senti que les gens étaient très touchés par ce qu’il se passait, une grande tension aussi, une incertitude vis-à-vis de la situation, les gens vivent au jour le jour sachant très bien que ça peut éclater à tout moment. Mais par-dessus tout ça, on sent une certaine résignation, ils sont « habitués » à la guerre et ça me fait vraiment quelque chose quand les maîtresses me racontent leur jeunesse sous les bombardements. Je réalise à peine la chance qu’on a en France.

 

J’ai été assez perturbée au début par le rite maronite, c’était assez difficile pour moi d’assister à une messe dans une langue étrangère et dans un rite que je ne connaissais pas. Par chance, Cécile nous a transféré une traduction de la messe donc beaucoup plus agréable à suivre, il y a beaucoup de moments que je trouve très beaux, en particulier lors de la paix du Christ où le prêtre touche l’autel puis passe la paix à un enfant et ainsi de suite dans l’assemblée.

 

L’année liturgique est un peu différente de celle du rite latin avec par exemple 7 semaines pour le temps de l’avent et 50 jours de carême je crois (aïe, aïe aïe…) mais ça reste tout de même proche et justement, je suis vraiment heureuse de découvrir un autre rite avec des façons de faire différentes mais au final, on partage exactement la même foi.

 

Je vous embrasse tous et vous garde dans mes prières.

 

Mathilde