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[LIBAN] Le témoignage de Victor : " “Votre présence nous dit beaucoup. Vous êtes en train de perpétrer un lien fort entre le Liban et la France, une tradition, une amitié salutaire.”

Vous trouverez en pièce jointe le témoignage fort de Victor, volontaire pour 6 mois auprès des filles de la charité dans l’école Notre-Dame du Rocher à Ajaltoun.


Je suis arrivé au Liban dimanche 25 septembre, à Beyrouth, mais c’est à 30 kilomètres de là, à Ajaltoun, dans le district du Kesrouan, que je me suis rendu. Je suis envoyé ici pour une
mission de 6 mois au sein de l’école Notre Dame du Rocher dirigée par les Filles de la Charité, congrégation créée par Saint Vincent de Paul. Je suis accompagnée par Laure, une autre volontaire de l’Œuvre d’Orient qui restera 10 mois. J’ai été marqué en arrivant par les fortes inégalités visibles, tant au niveau des constructions et des véhicules. De grandes maisons neuves côtoient des taudis à moitié démolis et des voitures américaines de luxe roulent à côté de vieilles voitures européennes recyclées.

Ici, je ne ressens pas profondément la crise, sans doute parce que je n’ai pas vécu l’avant-après des événements qui ont conduit à cette situation. Malgré tout, lorsque la direction nous explique que l’école n’a plus lieu que 4 jours par semaine parce que cela coûterait trop cher d’ouvrir une journée de plus, je me rends plus compte de la situation catastrophique que traversent les gens ici. Autre difficulté pour l’école, elle ne peut plus accueillir qu’une trentaine d’enfants à l‘internat quand elle en accueillait une centaine auparavant. Quand bien même ! L’école ne fermera pas. Pour le bien du Liban et pour le futur du pays, cela est inconcevable ! Soeur Zahia, qui dirige l’école avec l’appui de Madame Mireille (directrice pédagogique) et de Marie (fonctionnaire dédiée à l’institution), l’a rappelé un matin devant tous les élèves :

“  Vous êtes le futur du Liban et lorsque vous aurez des responsabilités plus tard, il ne faudra pas oublier d’où vous venez et de toujours aider les plus pauvres”

Dans les montagnes, la vie est bien différente de la capitale. De là-haut, je vois chaque matin l’énorme nuage noir de pollution au-dessus de Beyrouth. Le calme règne dans l’école malgré la présence de l’autoroute” qui est à côté. Ce que les libanais appellent “autoroute” est en fait l’équivalent en France d’une route départementale avec le trafic d’une voie nationale. Autre grande différence, la définition de la taille de la commune : pour les libanais, nous sommes dans un village alors qu’il s’agit très clairement pour nous d’une ville : de nombreux commerces, un hôpital, plusieurs écoles, un collège/lycée, des églises… Lorsque nous avons expliqué qu’un village en France était généralement composé d’une dizaine de maisons, sans commerce et, avec un peu de chance, une boîte aux lettres, la surprise était au rendez-vous !

Concernant l’école et l’éducation, le système scolaire présente de nombreuses similitudes avec ce que nous connaissons en France, mais aussi certaines différences ! Les vacances d’été sont plus longues mais il n’y a pas de congés à la Toussaint ou en février. Les classes sont très proches de celles dans lesquelles nous avons étudiés et les professeurs parlent tous un excellent français. Ici, certaines matières sont obligatoirement en français : les mathématiques, les sciences et bien évidemment le français ! Les enfants l’apprennent dès le plus jeune âge et sont parfois trilingues à la fin du collège grâce à l’apprentissage de l‘anglais.

Une journée de cours est rythmée de la manière suivante : les enfants ont cours de 8h à 14h sans vraie pause à midi pour ceux qui ne sont pas internes (les enfants grignotent pendant les récréations). L’après-midi, vers 15 heure, quand les externes sont partis, nous encadrons l’étude et le soutien pour les enfants qui sont à l’internat.

“Votre présence nous dit beaucoup. Vous êtes en train de perpétrer un lien fort entre le Liban et la France, une tradition, une amitié salutaire.”

Les weekends, comme il n’y a pas école, nous en profitons pour visiter le pays et voir d’autres volontaires de l’association. Le premier week-end, nous avons aidé à la confection de confitures de pommes pour une communauté Notre Dame du Mont, à Adma, qui s’occupe d’une maison de repos et d’une maison d’accueil. Nous avons eu la chance d’avoir une messe en français avec un prêtre qui a officié à Paris, Lyon, Saint-Etienne et Ajaccio. Quelques mots de son homélie m’ont beaucoup touchés et j’aimerais vous les partager car ils rappellent bien la raison de notre présence ici et la nécessité pour les Chrétiens d’Orient et les libanais d’être soutenu par la France, fille aînée de l’Eglise :

“Demandez à des jeunes ce qu’est le Liban. Pour beaucoup c’est l’enfer ! Vous êtes une lueur d’espérance pour eux ! Vous allez transformer le monde, changez sa vision sur lui-même, les autres et sur Dieu ! Votre présence nous dit beaucoup. Vous êtes en train de perpétrer un lien fort entre le Liban et la France, une tradition, une amitié salutaire.”

Père Raymond

Victor Hilaire, le 6 octobre 2022 à Ajaltoun.