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Liban : Les chrétiens du Moyen-Orient, un levain dans la pâte

Nous affrontons aujourd’hui les mêmes problèmes et nous nous voyons confrontés, malgré nous, à l’islam et aux musulmans, surtout après l’intervention militaire en Irak de l’administration du président George Bush. Ce dernier employa, dans l’un de ses discours, le terme de « croisades ». Les réactions des fondamentalistes islamistes ne se firent pas attendre et les attentats se succédèrent. Le dernier, perpétré contre la cathédrale Notre-Dame de la Délivrance de Bagdad, le 31 octobre 2010, fit 46 morts et près de deux cents blessés. Les médias occidentaux commencèrent à parler d’ « exode des chrétiens d’Irak ». Le Premier ministre irakien, M. Nouri el-Maliki, écrivit alors au pape Benoît XVI, lui demandant de « ne pas laisser l’Orient se vider de ses chrétiens, ni l’Occident se vider de ses musulmans ». Voilà une nouvelle équation qui va servir d’exemple à d’autres gouvernants arabes ! (voir L’Orient-Le Jour du samedi 12 février).
L’attentat contre l’église copte d’Alexandrie, perpétré à l’aube du jour de l’An, faisant 21 morts et plus d’une centaine de blessés, fut de nouveau l’occasion d’accuser « l’Occident et ses protégés » d’ingérence. Le ministre des Affaires étrangères, M. Ahmad Aboul Ghait, déclara que « la protection des lieux de culte, notamment les églises coptes, relève de la responsabilité exclusive du gouvernement et de l’État » (égyptiens). Ce fut, malgré tout, l’occasion pour les coptes de relever la tête et la voix, et pour la première fois de manifester pour réclamer leurs droits de citoyens à part entière et, à égalité avec les autres Égyptiens, de jouir de la liberté de culte et de conscience, dont le droit de construire leurs églises. Ils tirent leur force, aujourd’hui, du prix payé par leurs martyrs.

Au-delà de ces situations critiques, les chrétiens d’Orient gardent les yeux tournés vers le Liban, qui reste pour eux la « Qebla » (direction de La Mecque vers laquelle se tournent les yeux de tous les musulmans), le point de mire et le symbole d’une présence chrétienne active et effective. Les chrétiens du Liban ont en effet réussi, malgré toutes les difficultés, à relever un grand défi : fonder avec leurs concitoyens musulmans et juifs, au début du XXe siècle, un État démocratique, multiconfessionnel et pluraliste où chacune des dix-huit communautés (douze chrétiennes, cinq musulmanes et une juive) garde sa spécificité et sa diversité religieuse et culturelle dans l’unité nationale. C’est l’idée du « Pays-message » – message de convivialité, de liberté, de dialogue, d’ouverture et de respect des diversités -, telle que formulée par le pape Jean-Paul II, bientôt bienheureux, qui avait saisi l’importance capitale de l’expérience pionnière des chrétiens du Liban. Dans son Exhortation apostolique « Une espérance nouvelle pour le Liban » (1997), il avait invité les « Libanais, chrétiens et musulmans, à intensifier le dialogue et la collaboration entre eux (…) et avec les musulmans des autres pays arabes, dont le Liban est partie intégrante. C’est en effet un même destin qui lie les chrétiens et les musulmans au Liban et dans les autres pays de la région (…) Le dialogue et la collaboration entre chrétiens et musulmans au Liban peuvent aider à ce que, dans d’autres pays, se réalise la même démarche » (nos 92 et 93).
C’est ce qu’a confirmé à nouveau l’Assemblée des évêques maronites dans son communiqué du 5 janvier 2011 après avoir condamné les massacres de Bagdad et d’Alexandrie : « Les chrétiens se sont d’ailleurs habitués depuis des siècles à vivre en harmonie, dans la convivialité et l’amitié, avec leurs frères non chrétiens dans les pays arabes. »

Mgr Mounir KHAIRALLAH
Vicaire général du diocèse
de Batroun,
Secrétaire général adjoint
du Synode patriarcal maronite

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