• Actualités

Témoignage d'Anaëlle, volontaire au Caire

Anaëlle, 22 ans, est enseignante de français dans la communauté de Notre Dame du Carmel Saint Joseph du Caire depuis janvier 2019. Son expérience de cheftaine, mais aussi ses études de licence en management évènementiel sont précieuses pour sa mission auprès des élèves égyptiens de milieu plutôt pauvre.

 

Ma mission a quelque peu changé au cours de ces dernières semaines. Anciennement assistante de professeur de français en classe de 3ème et 4ème primaire, je suis maintenant responsable de la classe de 1ère primaire (CP). C’est une charge importante car c’est ici que les filles apprennent les bases du français. Après quelques difficultés à se comprendre, les filles débutant seulement en français et moi, ne sachant parler arabe, les premiers cours étaient « folkloriques ». Nous avons appris à communiquer grâce aux dessins et aux signes. Les filles ayant une réelle volonté d’apprendre, c’est un plaisir de les retrouver chaque matin, le sourire aux lèvres.

Avec cette classe, le but est d’apprendre le français de façon ludique, à travers des lectures et des activités. Je dois donc préparer en amont des activités en rapport avec le programme. La Sœur qui me chapeaute me laisse une totale liberté et je peux donc laisser libre cours à mon imagination.

Les cours commencent chaque jour de la même façon. Les filles chantent en cœur : « Bonjour Madame Anaëlle », puis décrivent le temps qu’il fait. Ensuite, les filles décrivent comment elles se sentent aujourd’hui, si elles sont contentes, tristes, fâchées et pourquoi. Elles sont contentes de pouvoir me raconter ce qu’elles ont fait la veille, que le chien a cassé le téléphone de maman ou encore qu’elles vont avoir un petit frère ou une petite sœur. Ce moment est très apprécié de toute la classe, il leur permet de s’exprimer et il me permet de mieux les connaitre. Une certaine routine s’est installée. Lorsque j’oublie un élément de cette routine, les élèves ne manquent pas de me le rappeler.

Au cours de ces derniers jours, nous avons pu réaliser un alphabet pour décorer la classe. Pour la fête des mères, nous avons écrit un poème en fleur. Les filles étaient très fières de pouvoir réciter un poème en français à leur maman ! Nous avons colorié des poissons le 1er avril que nous nous sommes collés dans le dos. Cela a fait sensation dans l’école et tout le monde se demandait pourquoi les premières primaires avaient réalisés cela. Le thème général de l’année étant les animaux sauvages, je suis en pleine préparation d’activités autour de la jungle.

J’aime particulièrement les moments que je passe avec les deux classes de 1ère primaire car ils sont pleins de vie et d’innocence. Lors de la récréation de 10h, que je passe avec les élèves, ces dernières viennent me parler plus librement, sont très curieuses de savoir à quoi la France ressemble, veulent partager la moitié de leur pique-nique avec moi, ou rigolent car l’une d’entre-elle se met des tranches de concombres sur les yeux.

Malgré le fait que la communication est parfois compliquée, qu’il faille répéter plusieurs fois pour s’assurer que tout le monde a bien compris, j’ai pu créé une relation avec chacune d’entre elles. Je suis heureuse de voir certaines évoluer en français, ou d’autres faire de réels efforts pour progresser, entendre par les parents qu’elles parlent français à la maison ou les voir arriver le matin avec des affiches pour décorer la classe. Je suis surprise chaque jour par leur bonne humeur et leur volonté.

J’ai également gardé ma mission d’assistante auprès de la professeure de français de 4ème primaire. Ma mission est à la fois d’aider les élèves à évoluer à l’oral, en créant des exercices autour de la conjugaison ou de la description. Par exemple, lors d’un cours autour du futur, je les ai amenés à réfléchir sur ce qu’elles souhaitent faire plus tard. Toute avec un projet différent, nous avons pu discuter de leurs rêves. Cela m’a permis de découvrir l’importance du français dans leur vie, à la fois scolaire mais personnelle. Les filles souhaitant devenir professeure de français, vivre en France ou seulement y voyager sont nombreuses.

Le deuxième exemple qui me vient en tête est lorsque nous avons étudié la description morale. J’ai demandé aux filles de décrire leur voisine. Lorsque je les ai interrogées avec appréhension, connaissant la classe et les problèmes de cohésion qu’elle peut rencontrer, j’ai été étonnée de voir que chaque fille a su faire ressortir quelque chose de positif dans la personnalité de chacune.

L’accompagnement de la professeure en la soutenant et lui proposant mon aide lors des leçons écrites fait également partie de cette mission.

 

Je suis également responsable du groupe de théâtre de 5ème primaire. Composé de 7 filles, nous avons écrit une pièce de théâtre faisant voyager les personnages à travers le temps et à travers nos deux pays : l’Egypte à l’époque des Pharaons et la France lors de la construction de la Tour Eiffel. Les élèves sont très enthousiastes pour ce projet et apprennent leurs textes régulièrement. Une représentation aura lieu au mois de mai.

 

Enfin, concernant la vie en Egypte, l’adaptation fut moins terrible que je ne le pensais. Les Sœurs m’ont accueillie chaleureusement en me proposant leur aide pour toutes les situations imaginables. Le fait que la plupart des professeurs parlent français permet également une meilleure intégration.

Etant châtain et pâle de peau, j’ai été repérée tout de suite lorsque je me baladais à Shubbra, un des quartiers les plus populaires du Caire, qui n’a pas l’habitude de voir des touristes venir par ici. Cependant, étant ici depuis maintenant 3 mois, les habitants du quartier se sont habitués à ma présence et certains commerçants me saluent dans la rue.

Les élèves, elles aussi, me courent après afin de pouvoir me dire bonjour ou me présenter à leurs parents.

J’ai réussi à me créer une certaine routine dans cette ambiance tumultueuse et pleine d’imprévus, afin de pouvoir me ressourcer lorsque j’en ressens le besoin.

J’ai également eu la chance de découvrir de nombreux monuments à travers l’Egypte et de rencontrer des égyptiens qui ont su m’accueillir pour que je me sente ici comme chez moi.