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[TERRE SAINTE] Le témoignage d'Astrid : "Ici, tout se vit avec une intensité impressionnante"

Astrid, 22 ans, étudiante à l’école des Mines, est partie en mission deux mois entre deux stages de césure, pour donner le meilleur d’elle-même en mission auprès d’une communauté. Avec Jeanne elle est chargée des visites du Tombeau du Juste et travaille dans l’hôtellerie des Sœurs de Nazareth.


J’avais signé pour aider les sœurs de Nazareth « à s’occuper de leur trésor », mais j’étais loin de m’imaginer que ce trésor serait aussi riche à mes yeux ! En guidant les pèlerins découvrir le Tombeau du Juste, j’ai eu la chance de vivre pendant 50 jours sur un lieu archéologique chargé d’histoire, au rythme des sœurs dans leur couvent magnifique et au rythme de leur hôtellerie qui accueille des pèlerins du monde entier… Tout cela dans ce village de Nazareth où Jésus a vécu 30 ans, dans ce pays Israël marqué par son histoire difficile et pourtant si belle, dans cette Terre Sainte qui n’a pas fini de dévoiler ses trésors. Ici tout se vit avec une intensité impressionnante, à laquelle on ne peut être indifférente.

Guider les pèlerins dans le Tombeau du Juste

Le lieu est magnifique, inédit, si simple et pourtant plein de mystère. Est-ce vraiment le Tombeau de Saint Joseph et la Maison de la Sainte Famille ? Chaque sœur de la congrégation a sa manière de décrire ce trésor, et d’emmener le pèlerin au travers de ces fouilles. Petit à petit Jeanne et moi avons trouvé la nôtre ; le message que nous voulions faire passer, l’impression que nous voulions qu’ils gardent d’un tel endroit… Alors on oublie que l’on a 22 ans, et que du haut de nos 1m60 on s’adresse dans une langue étrangère à des groupes de pèlerins constitués de beaucoup de prêtres, séminaristes ou évêques, etc.

Nulle part ailleurs que dans ce lieu, je ne pourrais parler de la beauté de la vie de Jésus à Nazareth avec autant de conviction et de sourire. Mais ici on oublie le monde extérieur, on se concentre sur les 30 paires d’yeux qui nous regardent, pour leur faire partager un peu du mystère de Nazareth. On se doit de leur faire partager un peu de cette énergie qui nous porte chaque jour. Et quelle joie quand nous réussissons ! Quelle joie quand on les sent s’imprégner de ce lieu ! Chaque pèlerin a sa manière d’exprimer son ressenti : certains prient, certains chantent, certains repartent avec des petites pierres dans leur poche, d’autres versent des larmes, et les derniers n’osent plus parler. Nous partageons ce moment, tous autour du Tombeau du Juste, que nous soyons catholiques, protestants, anglicans, méthodistes, orthodoxes, etc. la différence ne compte plus.

L’expérience inédite de vivre dans un couvent

Ces deux mois, dans un couvent avec des sœurs âgées c’est une école de vie. On apprend à prendre le temps de faire les choses : de lire, d’écrire, d’échanger. On quitte son rythme de parisien pressé, et on se force à se poser. Alors on redécouvre le goût de s’adonner à une tâche sans penser à la suivante, le goût de parler à quelqu’un sans penser à une autre conversation qu’on aurait pu avoir. On se rend compte qu’il y a un temps pour tout, et qu’il suffit de savoir le prendre.
Ainsi je garde une image magnifique de ce couvent, ce havre de paix dans lequel j’ai redécouvert les petites joies du quotidien, la tête pleine de questions et réflexions. Mais ce qui m’a le plus touché c’est que tous ceux qui y entraient ressentaient aussi cet apaisement ambiant. Les sœurs savent faire partager ce modèle de vie qu’elles ont reçu, rendant ce lieu simple et chaleureux. Tout le monde s’y sent accueilli : touristes, religieux, pèlerins de toutes confessions. À leur manière elles ont été pour moi un exemple de vie dans l’unité des chrétiens : en accueillant le visiteur à la porte sans se soucier de sa différence, en ouvrant leur chapelle aux anglicans, en s’attachant à ne regarder que ce qui nous unit. Leur message est fort : repartir aux bases de la Bible, sur les pas de Jésus, laissant les différents rites au second plan, seulement comme expression d’une riche diversité au sein de cette unité.

C’est donc forte d’une expérience qui m’a ouvert les yeux sur Israël, la Terre Sainte, le rôle du Chrétien en Terre Sainte et dans l’unité de l’Eglise, que je rentre terminer ma dernière année d’études ; en espérant garder toujours en moi cette énergie de Nazareth.