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[TERRE SAINTE] Le témoignage d'Alix : "Le temps s’écoule très lentement au monastère c’est à la fois terrible et merveilleux de prendre le temps de vivre le présent"

Découvrez le témoignage de notre volontaire Alix qui était en mission chez les Bénédictines du Mont des Oliviers à Jérusalem, elle aidait les sœurs dans la réalisation des icones.

Par mesure de sécurité, tous nos volontaires ont été rapatriés de Terre sainte peu après le 7 octobre 2023.


« Et moi c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi »

Vie quotidienne, compréhensions des lieux :

Ma journée commence avec la messe à 7h30, vraiment extraordinaire ! Les cloches sonnent, je descends à la chapelle et là Jésus m’attends et je le reçoit sous les deux espèces. C’est extrêmement simple, c’est extrêmement beau, je suis comblée. Pour le petit dej, je me retrouve ensuite en tête à tête avec les prêtres qui viennent célébrer, et ce sont des moments de grande qualité que j’apprécie particulièrement tant nos discussions sont riches : empreintes de leurs voyages, de leurs rencontres, de la ville et de beaucoup d’humour ! Car la Terre sainte ce sont d’abord des rencontres, des gens qui me tendent la main à des moments où je pensais être seule chez moi et c’est assez fou finalement de se laisser déranger, de s’ouvrir aux autres, de simplement donner du temps… Le contexte entraîne vite des discussions fortes, profondes, l’inconnu se livre, écoute… Les gens viennent ici chercher quelque chose ou plutôt quelqu’un … Pour avoir fréquenté quelques monastères avant, je ne suis pas surprise de ces discussions, elles sont si belles ! Mais je ne m’habitue pas à ces regards profondément emplis d’amour que des inconnus peuvent me lancer pendant ces partages et vice versa. Cela rend tellement concret la fraternité chrétienne, l’amour simple du prochain… La beauté des âmes qui se cherche et cherchent Dieu.

Les soeurs sont vraiment chouettes, d’une grande gentillesse leur accueil m’a fait me sentir bien chez elle très rapidement. Entre deux offices elles courent partout il y a tant à faire, et elles ne sont plus toutes jeunes. En arrivant, la prieure Soeur Marie, m’a tout de suite embarquée dans la vieille ville à l’Esplanade des mosquées, puis au Kotel (mur des lamentation) dans les quartiers juifs, musulmans, arméniens, éthiopiens, dans les souks m’expliquant les lieux, l’histoire, l’archéologie, mais aussi sa compréhension des choses… Me montrant ces endroits magnifiques, riches, sources de futures inspirations… Quelle chance de pouvoir connaitre et comprendre de mieux en mieux ces peuples.
Elle a pris le temps de me conduire dans les pas de mon doux Jésus dans les différents lieux saints de Jérusalem. C’est tellement fort qu’il va me falloir un peu de temps pour intérioriser tout cela et surtout revenir prier et méditer dans ces lieux saints pendant les prochains mois.

Cœur de la mission :

Je commence le travail à 9h dans un bel atelier aux côtés de Soeur Marie-Bénédicte, à qui soeur Marie-Paule à transmit son charisme pour l’écriture d’Icone et l’a formée pendant de longues années. (Soeur Marie-Paule a écrit plus de 200 icones, vendues dans le monde entier, dont les plus connues sont celle de la Sainte Famille ou la Vierge de l’Emmanuel…)
Nous commençons par une prière pour confier le travail, tout fait sens, « Ora et Labora» : ou comment unifier sa vie simplement, c’est si beau !
Une icône c’est vraiment la Parole qui devient image, qui se donne à voir : elle s’incarne.
La première semaine j’ai appris les différentes étapes de préparation des planches en bois. Le bois est travaillé comme un autel et comme un corps : carré pour les 4 points cardinaux référence à la terre qui est limité à la différence de Dieu représenté par les formes circulaires : éternelles…
S’enchaine alors avec précisions l’encollage, l’entoilage, 12 couches d’enduis et enfin le lissage. Le dessin est gravé dans la planche symbolisant la manière dont Dieu prend possession de l’homme. Etape par Etape Il nous travail jusqu’à unifier totalement notre être.
Viens ensuite le délicat travail de dorure, l’or représentant la lumière et « l’éternel présent ».
Pour la peinture : 7 couches successives, 1 par jour pendant une semaine, en commençant par poser des bases sombre (ténèbres) et en venant sans cesse éclairer jusqu’à révéler les formes, les volumes, en lumière. L’iconographe ne peux pas ajouter d’ombres, ce qui est techniquement complexe, cela l’oblige à changer son regard, c’est surtout une invitation à ne regarder sa propre vie qu’en lumière.

Finalement c’est la pose du vernis puis la bénédiction de l’icône. Il faudra minimum un mois pour donner vie à l’une d’elle.
Une fois j’ai retrouvé la soeur avec qui je travaille, en train de faire des retouches sur une des vieilles icônes qui tapisse les murs de l’atelier :
« C’est parce que lorsque c’est mal vernis les mouches mangent l’oeuf qui est lié à la peinture.
– ah ma soeur que voulez-vous elles aussi veulent se nourrir de la parole de Dieu ! »
J’ai commencé à peindre des croix en bois d’oliviers pour le magasin des soeurs et j’ai entamé la reproduction de petites icônes. Il y a tellement à faire, c’est passionnant et j’apprends beaucoup. C’est tellement fou de pouvoir mettre ses talents au service du beau et du sacré ! J’y trouve ce sens que je cherchais en venant ici.
Le travail en silence est une véritable bénédiction, heures paisibles ou je peux méditer le trop pleins d’informations, d’enjeux, tous les excès positifs ou négatifs de cette ville… Le calme et la paix régnant dans l’enceinte du monastère contrastent réellement avec le trop plein de tout à l’extérieur, c’est violent pour l’esprit de sortir et se prendre cette frénésie cette agitation, il n’y a pas de sas.

Partir pour donner ce temps pour Dieu, pour servir, et apprendre à m’abandonner parfaitement dans la confiance en Lui. Si vous pouviez voir à quel point Il prend immensément soin de moi, je me sens tellement bien ici, Il veille à chaque instant. J’avais tellement, tellement peur pourtant avant d’arriver ! Comment puis-je encore douter de Lui quand je vois tout cela ? Je suis si petite…
Jérusalem pour moi c’était le moyen de faire une pause hors du temps, hors du monde, l’occasion d’une aventure à la recherche de moi-même, seule à seule, face à face. Osez me regarder et me redécouvrir, retrouver cette personne aimée. Oui, me regarder à travers le regard infiniment bienveillant du Père, ce regard de tendresse et d’amour et y voir tellement de beauté malgré mes combats. Depuis le temps que je me cherche, je commence à vraiment bien me connaitre, c’est fou, je sais que c’est une vraie grâce !
Le Mont des Oliviers c’est le lieu de Son combat spi, ce moment clef où en toute liberté, dans la pire des souffrances, la pire des angoisses, seul, sans aucun de ceux qu’Il aime pour le comprendre et le soutenir, Il choisit la vraie confiance : Il choisit de tout remettre à Dieu. Car Dieu sait parfaitement ce qu’il fait, il gère tout : pour notre bonheur.
Je n’ai pas atterri ici par hasard, le hasard n’est rien d’autre qu’un des « pseudo » de Dieu.
Le temps s’écoule très lentement au monastère c’est à la fois terrible et merveilleux de prendre le temps de vivre le présent. C’est déstabilisant ce fort contraste avec ma vie Parisienne à         2 000 à l’heure où chaque minute non productive semble être perdue … C’est difficile de s’adapter à cela, d’apprendre cette vie de contemplation des choses accepter de n’avoir rien de prévu, être disponible à chaque instant se laisser guider au jour le jour dans la confiance…
Corps, coeurs, âme et esprit : se retirer hors du monde et pleinement leur permettre de faire unité. M’écouter, accueillir chaque émotion, chaque désir, chaque faiblesse. J’ai tellement pleuré. De tristesse un peu, mais de reconnaissance surtout pour tant d’amour dans ma vie !!! Pourquoi ? Je ne le mérite pas : Son amour si infini, je rends tellement grâce, Jésus est trop fort, trop trop génial !!! Mon coeur est uni au sien. Dans ces moments difficiles je finis toujours par céder et lui ouvrir ce coeur, plein de miséricorde Il entre alors par la porte étroite et me comble de sa présence. Rien de nouveau dans ce que j’écris là. Mais je voulais juste vous redire ma joie immense de cette foi, cette espérance et cet Amour qui sont au coeur de ma vie et dont je m’émerveille tant !!!

J’ai toujours aimé écrire, rarement rigoureusement à la manière d’un journal de bord, mais plutôt spontanément pour garder en mémoire des moments vraiment forts et fondateurs. J’ai gardé ces moments de réflexions spi ou simple observation de ma vie gravée dans le papier. Pour la première fois j’ai le temps de revenir dessus de relire mes heures feux, mes poèmes, mes réflexions, je m’émerveille de retrouver une unité dans mes rêves dans mes désirs dans ce Beau que je cherche depuis toujours.