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[ÉTHIOPIE] Le témoignage de Jean-Désiré : "La date de l’inauguration du bâtiment a déjà été fixée (...) la pression commence à monter."

Jean-Désiré, 22 ans, ingénieur de formation, est en Éthiopie pour 6 mois auprès les Frères de Saint Jean pour superviser le chantier de la chapelle de la communauté. 


Noëls

La crèche de Noël dans le hall du bâtiment polyvalent

La Communauté de St. Jean ayant la charge de la Communauté Catholique Francophone d’Addis-Abeba, nous suivons en même temps les deux calendriers latin (grégorien) et éthiopien (julien) comme calendriers liturgiques. Latin le dimanche pour la communauté francophone et éthiopien les autres jours de la semaine pour vivre au rythme du pays d’accueil. Nous avons donc célébré le Noël latin le 24 au soir et le 25 décembre avec les expatriés africains et européens de la capitale. Ce deuxième jour n’étant pas férié en Éthiopie, nous avons surtout rencontré les femmes de diplomates à la messe du 25, puisque la situation de leurs maris leur retire le droit de travailler. L’École de Vie nous a accompagnés toute la semaine précédant les jours de fête, chacun ayant peu de cours ou attendant les dates des examens constamment repoussés à cause du Covid. L’objectif était de leur montrer les différences de culture et de tradition au sein même de l’Église catholique.

Le Noël éthiopien, qui a lieu le 7 janvier, a été un peu moins suivi par la communauté. Premièrement parce que cette fête est beaucoup moins importante dans le pays par rapport à l’Épiphanie qui aura lieu à la mi-janvier. Et deuxièmement parce que des cas de Covid se sont déclarés parmi les Frères au même moment, ce qui a réfréné les ardeurs. La Saint Jean, fête de la Communauté quelques jours plus tard, a été de même réduite au strict minimum avec seulement quelques amis des Frères.

Bale Mountains

J’ai pris six jours de vacances au Nouvel an (grégorien) en partant avec Foucauld, un autre Frère et le prieur dans le Parc national du Mont Balé. Nous avons profité du fait que le prieur s’y rendait pour une retraite, mais nous avons suivi notre propre programme tous les trois. Nous avons été hébergés dans la propriété des Sœurs de Mère Teresa qui s’occupent de malades mentaux. Les quatre à cinq Sœurs hébergent deux cents malades de tous âges avec l’aide de soixante-dix employés.

En route vers les Bale
Un pumba du coin

Deux jeunes qui connaissent les Sœurs nous ont servi de conducteur et de guide pour nos excursions dans le massif des montagnes. Les plateaux Sanetti culminent à plus de 4 000 m d’altitude, tandis que la ville où sont établies les Sœurs est à 2 700 m. Les paysages sont donc très variés au sein même du parc en fonction de l’altitude. Avant d’atteindre ces plateaux, il faut traverser de grandes forêts tropicales peuplées de babouins et d’oiseaux exotiques. Nous atteignons ensuite une altitude où les arbres ne peuvent plus pousser et le décor devient désertique. Des buissons grisâtres parviennent tout de même à survivre et recouvrent le sol de pierre, de même que des Lobelia géantes de 6 mètres de haut qui n’ont de fleur que le nom. La faune sur les plateaux est constituée principalement de rats-taupes géants et du fameux loup d’Abyssinie,  une espèce endémique des hauts plateaux éthiopiens qui ressemble physiquement au renard européen. C’est le troisième canidé le plus rare au monde : il n’y a que 500 spécimens à l’état sauvage, dont 300 dans le parc du Balé. Nous avons également observé quelques buses augures.

Un bref et lointain aperçu d’un loup d’Abyssinie

Le chantier

Vitrail de la Vierge
Assemblage de vitraux

Paul  Challan-Belval,  l’artiste-verrier de Chartres, est revenu pour trois petites semaines à partir du Noël français afin de ramener les vitraux et les poser. Le retard sur la réalisation des ouvertures de fenêtres l’a empêché d’en poser aucune, mais ce n’est pas le travail qui manquait ! Après de nouvelles discussions avec le verrier éthiopien, il a décidé de changer le design des fenêtres principales. Il a travaillé avec cet artisan pour poser un double-vitrage sur deux vitraux représentant la Vierge et l’archange Gabriel, vitraux qu’il avait ramenés de France déjà montés, ainsi que pour réaliser un vitrail circulaire représentant la colombe de l’Esprit Saint, qui sera situé au-dessus du portail d’entrée. Il avait de plus rapporté de France les pièces découpées de cinq autres vitraux et tout son matériel pour les sertir et souder.

Nous avons pu l’aider avec Foucauld à assembler les pièces du vitrail de la Croix qui se trouvera au centre du sanctuaire, au-dessus de l’autel. Nous avons pu suivre toutes les étapes de la peinture du verre à la soudure des pièces en passant par le sertissage au cuivre.

Assemblage du vitrail de la Croix

La forme du sanctuaire terminée, ont commencé le plastering et les (forcément nombreuses) réflexions sur la réalisation du mobilier. L’électricien est venu poser les gaines et les câbles électriques des deux étages du bâtiment. Le dallage du sol aurait dû commencer, mais l’électricien s’est fait attendre et l’approvisionnement des carreaux n’a pas été satisfaisant. Ceux-ci étant livrés sans aucune protection dans la benne d’un camion, la moitié des carreaux avait les arrêtes abîmées. Sans parler du fait qu’ils avaient tous des dimensions différentes. Il a donc fallu les renvoyer pour les recouper à une dimension plus petite et refaire les arrêtes.

La date de l’inauguration du bâtiment a déjà été fixée à fin mars, et quelques invitations ont déjà été envoyées. La pression commence à monter pour livrer le bâtiment fini dans les temps.

Réalisation du mur du sanctuaire avec l’ouverture pour le vitrail de la Croix