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[TERRE SAINTE] Témoignage de Jeanne : "Un véritable élan de générosité, de solidarité et de courage s’est amplifié pendant cette période si particulière"

Volontaire en Galilée auprès des Sœurs de Nazareth, Jeanne a vu le contenu de sa mission se refondre entièrement suite à la mise en place des mesures sanitaires en Israël


J’étais initialement en mission chez les Sœurs de Nazareth en Galilée où je guidais des groupes de pèlerins à travers le Tombeau du Juste et contribuais au bon fonctionnement de leur hôtellerie. La crise sanitaire qui s’abattait sur le monde a entraîné la fermeture des frontières d’Israël avec les autres pays, entraînant elle-même une cascade d’annulations de réservations. Suite à ces nouvelles mesures barrières, le Home Notre Dame des Douleurs, maison de retraites à Jérusalem, m’a contactée afin de leur venir en aide pendant cette période si particulière.

Récit d’une nouvelle affectation

Mercredi 18 mars, les portes du Home Notre Dame des Douleurs s’ouvrent, une nouvelle mission m’attend : prendre soin de 45 personnes âgées. Odile, volontaire depuis 7 mois, m’accueille avec un grand sourire. J’assiste à la première réunion avec tout le personnel, les sœurs et le directeur. Je me rends compte rapidement de la difficulté de la situation : les 15 bénévoles et volontaires habituellement présents tout au long de l’année ont dû partir précipitamment face à la crise sanitaire mondiale. Odile se retrouve désormais seule volontaire pour animer et s’occuper des 45 résidents.

Les mesures prises par l’Etat d’Israël annoncent la couleur : le Westbank, check-point qui relie la Cisjordanie et Israël va être fermé pendant plusieurs mois. La majorité des aides-soignants et infirmiers viennent de l’autre côté du mur et resteront confinés à Jérusalem pendant plus de 2 mois. Un véritable élan de générosité, de solidarité et de courage s’est amplifié pendant cette période si particulière. Lors du dîner nous venions tous aider : les infirmiers, les sœurs, le directeur et les volontaires au service.

Habillée en tenue d’aide-soignante, j’ai appris rapidement ce beau métier face au manque de personnel. Aider les personnes âgées à prendre leurs  douches, servir les repas, le thé et animer quelques activités afin de veiller à leur confort physique et moral  constituent mes activités quotidiennes. Avec Odile, nous effectuons également quelques activités annexes telles que le rangement des armoires, la lingerie afin de soulager au mieux les Sœurs ; tout cela accompagné d’un fond musical.

La mission, « un service gratuit d’amour »

Cette mission m’a permis de découvrir une nouvelle communauté : les sœurs de Notre Dame des Douleurs. Elles ont consacré toute leur vie à servir le Christ dans la Charité. Une phrase de leur constitution m’a marquée et décrit clairement mon volontariat : «  Tu feras de ta mission un service gratuit d’amour ». En effet pendant ces 3 mois de mission, j’ai découvert la joie de servir, de voir un visage s’éclairer par un simple sourire ou par une attention.

Pour les personnes âgées, la période n’a pas été facile tous les jours : interdiction de visite de leurs proches, diminution du nombre de travailleurs, port du masque obligatoire… Heureusement des actes de solidarité ont émergé. Notamment par la mise en place de vidéo-conférences avec l’école française de Jérusalem où des élèves jouaient au Piano ou pouvaient échanger avec quelques résidents leurs procurant un sentiment d’évasion et de joie.

Au fil des semaines, une vraie amitié s’est tissée avec Odile. Notre volonté de remplir notre mission en toute humilité nous rapproche et nous aide à surmonter toutes les situations. Nous avons partagé des moments uniques à la fois avec les sœurs (apprentissage de la couture entre autres) mais aussi avec le personnel lors du ramadan où il nous conviait à leur repas.

Cette période de confinement restera gravée dans ma mémoire. Regarder le Mont des oliviers, apercevoir le Dôme du Rocher sans pouvoir m’y rendre, m’a fait prendre conscience de notre liberté de mouvement en temps normal.