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Un mois en Éthiopie avec l’Œuvre d’Orient, témoignage de nos volontaires Albane et Thomas

Un mois en Éthiopie avec l’Œuvre d’Orient, juillet 2018.

 

J’ai découvert le christianisme éthiopien et cette culture orientale à part entière au cours d’un voyage …en Terre Sainte, à Jérusalem. Sur le toit du Saint-Sépulcre, lieu de la mort et de la résurrection du Christ, trônent quelques cellules monastiques habitées par des moines éthiopiens. Dans leur petite chapelle adjacente au Saint Sépulcre, j’avais pu assister à un office en guèze, la langue liturgique de l’orthodoxie éthiopienne. Mon premier contact avec ce monde m’avait particulièrement enthousiasmé et je n’avais eu de cesse de vouloir en savoir plus sur ce christianisme multiséculaire, ignoré d’une grande partie de l’Occident. Pourtant, l’Ethiopie est le deuxième pays à avoir été évangélisé.

Deux ans après, j’avais le désir de servir les chrétiens d’Orient. Après avoir sollicité l’Œuvre d’Orient avec une amie, on nous a attribué une mission en Ethiopie, un pays que je connaissais donc un petit peu. Nous sommes deux étudiants en médecine parisiens à partir (Albane et Thomas) et nous avons rejoint trois volontaires français de l’Œuvre déjà arrivés au prieuré des frères de Saint-Jean à Addis Abeba, la capitale éthiopienne.

 

Notre premier contact avec l’Ethiopie, c’est sa capitale : Addis Abeba est une ville en pleine expansion à 2600m d’altitude, au cœur des hauts plateaux d’Afrique de l’Est. Nous sommes frappés par l’urbanisation anarchique et les axes de circulation saturés. Elle est le siège de l’Union Africaine et donc pleine de représentations diplomatiques.

Les frères de Saint-Jean (5 actuellement) ont un prieuré depuis 10 ans au sein de cette ville et ils sont lancés actuellement dans la construction d’un nouveau centre qui sera un lieu de vie et de formation pour les catholiques d’Ethiopie et les étrangers de passage, mais aussi la paroisse francophone d’Addis et donc toutes les fonctions rattachées.

En effet, en Ethiopie les catholiques sont ultra-minoritaires, ils ne représentent que 1% de la population pour 60% d’orthodoxes et 30% de musulmans (qui progressent d’ailleurs rapidement).

Pendant un mois nous avons eu la chance de vivre avec les frères (en participant à leur vie communautaire et de prière) et avons aidé sur le chantier du nouveau prieuré ; Mais nous sommes venus dans ce pays surtout pour encadrer deux camps d’été.

Le premier se déroula au sud du pays, à Sodo. Nous avons vécu pendant une semaine avec des enfants venant d’orphelinat d’Addis et de la ville de Sodo. La journée se déroulait autour de jeux, d’enseignements des frères (dont certains parlent couramment l’amharique, la langue nationale), des temps de prières…

La difficulté résidait peut-être dans la barrière de la langue. Beaucoup d’éthiopiens ne parlent pas anglais et même les jeunes ne se comprenaient pas entre eux car les enfants du sud n’appartiennent pas à la même ethnie et n’ont pas la même langue maternelle que ceux d’Addis !
Pour autant, nous avons pu tisser des vrais liens avec ces enfants et nous restons marqués par leurs beaux sourires et leur joie ; par la tristesse des adieux aussi. Les sœurs de la charité qui s’occupent d’eux durant l’année mènent une tâche difficile et remarquable.

 

Durant la première semaine, nous avons fait l’expérience de la ferveur éthiopienne, avec ces messes toujours très animées par des chants, des danses et des costumes bariolés. La foi en Dieu et la générosité des éthiopiens sont immenses malgré la grande pauvreté et le dénuement de la majorité de la population.

De retour à Addis, nous avons eu la chance de partir à l’Est de l’Ethiopie avec les autres volontaires pour visiter Harar, la quatrième ville sainte de l’Islam. Elle est dotée d’une magnifique vieille ville fortifiée ou se succèdent des dédalles de ruelles et de marchés toujours très animés.

C’est à Harar que fut construite la première église catholique d’Ethiopie. Nous nous arrêtâmes un moment dans cet édifice pour confier notre mission et les personnes rencontrées durant ce périple.

Ces quelques jours nous firent prendre conscience de l’exceptionnelle complexité de ce pays, où peuvent se superposer les appels à la prière des mosquées et les hauts parleurs toujours très forts des églises orthodoxes.

 

Après un peu de travail sur le chantier du nouveau prieuré, nous prîmes la direction du lac d’Awassa, au sud du pays pour notre dernier camp, cette fois avec des jeunes de 15 à 17 ans. Nous vivions autour du lac sans eau ni électricité.
Les jeunes parlaient très bien anglais et nous avons pu facilement créer un lien avec eux et comparer nos différentes cultures. Les européens que nous sommes étions réellement dépaysés puisque nous apercevions depuis la rive hippopotames, varans, oiseaux de toutes sortes…

Cette semaine de camp nous a encore beaucoup appris sur le don de soi. Notre propre foi a pu aussi évoluer au côté des éthiopiens et des frères toujours là pour nous accompagner.

 

Pour achever ce voyage, nous avons découvert avec Albane « la Jérusalem noire », Lalibela. Cette ville est jonchée à 3000m d’altitude à 900km au nord d’Addis. C’est un site extraordinaire qui rassemble onze églises monolithes creusées à même le roc. Lalibela naquit de la volonté du roi Lalibela (XIIème siècle) de construire une nouvelle Jérusalem pour les éthiopiens. Elle rassemble donc naturellement un Jourdain, un Golgotha, un Mont des Oliviers…

Lalibela est encore un grand lieu de pèlerinage pour les orthodoxes, surtout à l’occasion de la fête de Timkat le 19 janvier où les éthiopiens célèbrent le baptême du Christ.

Nous avons été émus de voir la ferveur dans ces églises, ces femmes éthiopiennes et leur immense châles immaculés en signe de déférence, les prières ininterrompues des vieux prêtres du clergé local, gardiens de ce patrimoine. Lalibela fut le point culminant de notre voyage, par sa beauté architecturale, sa dimension mystique et historique, par sa symbolique aussi.

 

Nous avons été bousculés durant ce mois, dans nos habitudes surtout.

Mais ces moines « des premiers temps », ce christianisme originel qui descend, selon la légende, de l’union de la Reine de Sabah et du Roi Salomon , ces hauts plateaux à perte de vue nous ont transcendé et nous repartîmes d’Ethiopie avec la hâte de pouvoir raconter notre expérience dans ce pays méconnu de nos contemporains ;

En Afrique de part sa géographie mais pleinement ancré en Orient par ses traditions et sa liturgie.

 

 

Albane et Thomas