Haut-Karabagh : Épée de Damoclès sur l’Arménie

Quel avenir pour la présence millénaire des Arméniens chrétiens et leur république dans le Sud-Caucase ? Le Haut-Karabakh est tombé sous le coup d’une offensive surprise azérie. Pourra-t-il être récupéré ? Et l’Arménie même n’est-elle pas en danger ?

 

UN EXODE DANS LA PANIQUE

Le 18 septembre dernier, des convois humanitaires entraient après neuf mois de blocus par le corridor de Latchine dans la région sécessionniste du Haut-Karabakh. Les images faisaient le tour du monde. L’Azerbaïdjan semblait enfin desserrer son étau. Mais ce n’était qu’un leurre. Le lendemain, en réponse à une prétendue « menace terroriste » des séparatistes arméniens, les autorités azerbaïdjanaises lançaient leur opération massive de 24 heures, forçant les autorités de la République autoproclamée à la reddition inconditionnelle.

Quand cet article est rédigé mi-novembre, l’avenir –guerre, accord régional, statu quo—est incertain. Et l’actualité autour de Gaza a braqué les projecteurs ailleurs. L’enjeu du Caucase pour les diplomaties occidentales apparaît plus secondaire.

La petite République autoproclamée de l’Artzhak, berceau ancestral de l’identité chrétienne arménienne, a décidé de s’auto-dissoudre. La quasi-totalité des 120.000 Arméniens ont tout quitté dans la panique :  leurs terres, leurs maisons, leurs églises, leurs cimetières. Affluant dans les villages frontaliers et jusqu’à Erevan et dans tout le pays.

La peur des exactions, des vengeances azéries –en 1993, 600.000 Azéris avaient fui des territoires conquis autour du Karabakh par les Arméniens, et des massacres avaient eu lieu de part et d’autre—a fait que les habitants du Karabakh n’ont cru les assurances officielles de Bakou sur leur sécurité s’ils devenaient citoyens azerbaïdjanais. Ils ne veulent de toutes façons pas d’une identité azerbaïdjanaise qui leur est hostile. Le président Ilham Alyiev lui-même n’avait-il parlé d’eux comme de « chiens » ?

Depuis le 19 septembre, souligne une habitante d’Erevan, « il y a une énorme mobilisation de volontaires, notamment jeunes. Le gouvernement n’a pas trop mal géré les choses, mettant en place des centres d’accueil et d’enregistrement, versant des allocations ». Mais une telle solidarité pourra-t-elle être financée longtemps dans un pays pauvre ?

DESEQULIBRE DES FORCES ET ISOLEMENT

Ainsi une guerre d’usure hybride d’un an –asphyxier une population et mener des attaques sporadiques s’achevant par une ultime offensive coup de poing—a  eu facilement raison d’un territoire disputé depuis l’époque de l’URSS, attribué arbitrairement par Staline à l’Azerbaïdjan. Pour cette enclave arménienne, s’étaient succédés plusieurs conflits, dont le principal entre 1999 et 2004, dont les Arméniens étaient sortis victorieux. Avant qu’en 2020, l’Azerbaïdjan réarmé reconquière la majorité des terres prises par les Arméniens et occupe une partie du Karabakh.

Plusieurs raisons ont sans doute concouru à cette défaite éclair: le premier ministre Nikol Pachinian, réaliste sur le déséquilibre des forces Arménie-Azerbaïdjan– avait accepté au printemps de fait la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur le Karabakh, que la communauté internationale et l’Arménie n’avait jamais reconnu en tant qu’Etat. Il n’a pas pensé à déclarer en septembre la guerre à Bakou. « La population est très partagée sur Pachinian. Pour les uns, c’est un traître, pour d’autres, il a dû prendre une décision douloureuse mais nécessaire. Son pouvoir ne semble pas menacé » estime l’habitante d’Erevan.

La Russie, alliée historique d’Erevan, occupée ailleurs, est soucieuse de bonnes relations avec Bakou, mécontente d’un dirigeant arménien démocrate qui avait affronté la corruption des élites pro-russes. Les deux mille hommes de sa force d’interposition ont certes accompagné et encadré l’exode des habitants du Karabakh. Mais un fort ressentiment s’accroit en Arménie contre Moscou depuis 2020.

Le président Ilham Aliyev, après avoir été félicité à Bakou par son mentor Tayyep Recip Erdogan, s’est rendu dans la capitale désertée du Karabakh, Stepanakert, renommée de son nom azéri Khankendi. Il est allé y fouler aux pieds le drapeau de l’Artshak, hissé le drapeau azéri et y a fait défiler ses troupes.

 

GAZ ET REALPOLITIK

A la suite notamment de la mobilisation de la vaste diaspora arménienne, l’ONU, l’UE et différents pays ont envoyé des missions, promis des aides. Mais aucune sanction n’a été décrétée, les intérêts occidentaux pour le gaz azerbaidjanais expliquant cette Realpolitik. La Russie a besoin de la voie de l’Azerbaïdjan pour contourner les sanctions sur ses propres livraisons de pétrole et de gaz. Le pays le plus mobilisé pour l’Arménie a été la France, qui va lui livrer des armes.

Le génocide perpétré par les Turcs de l’Empire ottoman contre les Arméniens en 1915/16, pèse très lourd dans l’inconscient collectif. Le panturquisme incarné par le nationaliste religieux Erdogan veut-il en finir avec ce petit pays enclavé de 3 millions d’habitants qu’est l’Arménie ? Pousser ses habitants à partir. Afin d’avoir une zone d’influence en continu qui irait de la Méditerranée jusqu’aux confins de la Chine. Les plus pessimistes pensent que cela arrivera tôt ou tard.

 

QUE FERA ALYIEV ? 

Même en excluant ce scenario, une épée de Damoclès pèse sur l’Arménie. Bakou souffle habilement le chaud et le froid.

Des réunions, notamment dans le format régional réactivé 3+3 (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan + Russie, Turquie, Iran) ont rassemblé différentes parites. Nikol Pachinian espère encore parvenir à un traité de paix. L’Iran se montre étonnement constructif avec Bakou : il promet d’achever une route qui reliera l’Azerbaïdjan à son enclave du Nakhitchevan en contournant l’Arménie.

Mais des raisons d’inquiétude sont nombreuses : 200 km2 du territoire arménien sont déjà sous contrôle azéri. Les Azeris veulent le retour de huit villages enclavés en Arménie. Soutenu par Ankara et, de plus en plus, par Moscou, Alyiev, félicité de sa victoire par les Azéris, pourrait lancer une offensive pour s’assurer le contrôle du fameux corrider de Zanguezur, reliant notamment à sa région autonome du Nakhitchevan frontalière de l’Iran. Ce corridor passe à travers le Siounik, province méridionale de l’Arménie, et certains experts pense que l’Azerbaïdjan convoite cette province.

 

Jean-Louis de la Vaissière

 

Retrouvez cet article dans la partie  » Décryptage » de notre nouveau bulletin n° 813.

Pour le consulter, cliquez ici.

 

[BULGARIE] Le témoignage d’Alexandre :  » La Bulgarie est une vraie leçon d’humilité « 

Le témoignage d’Alexandre, 20 ans, en mission en Bulgarie depuis début septembre et jusqu’à fin janvier.


La Bulgarie, aussi appelée le vestibule de l’Orient, la Bubu, l’Afrique de l’Est ou encore le pays des roses ne porte pas ces surnoms pour rien. C’est un pays qui passe inaperçu aux yeux de beaucoup, et malheureusement cela se remarque dans le pays. A me lire on peut penser que ce pays n’est qu’une déception pour moi mais c’est justement l’inverse ! Je suis en Bulgarie depuis septembre dernier et je suis déjà nostalgique de savoir qu’en janvier prochain, je serai de retour au pays de la langue de Molière.

Ce volontariat, cette mission, ne se résume pas seulement par un service mais aussi par une réflexion profonde sur ma foi.

Il n’y a pas grand-chose à faire pour préparer un départ comme cela. S’accoutumer un peu à la langue ou encore se renseigner sur les traditions locales, mais quelle autre forme d’investissement peut-on avoir pour s’y préparer ? C’est plus que dépaysant d’arriver dans un pays sans comprendre la langue car étant complétement différente il faut s’accrocher, je m’étais renseigné sur le b.a.-ba de la langue, « merci » et « bonjour », pas hyper utile en cas de danger mais au moins on reste poli !

Je suis arrivé le 2 septembre à l’aéroport de Sofia, où Kristyan est venu me chercher pour ensuite aller à Svishtov. Au terme d’un long trajet à travers la brousse Bulgare, je suis arrivé à l’église où j’ai pu enfin rencontrer le père Patrick qui est un petit homme au grand cœur, qui aime rire, mettre à l’aise, un vrai amoureux des bonnes choses et des chats mais surtout attachant. J’ai aussi pu rencontrer son fidèle compagnon Rex, le chien ! Durant les premières semaines je prenais encore mes marques du lieu, des habitants que l’on croise souvent et de la langue. Un jour où nous revenions de la ville de Roussé, sur le trajet, le père et moi avons beaucoup discuté, chanté à tue-tête sur des musiques françaises. J’ai réellement senti que ce moment était fort, et qu’il en existerait pleins d’autres tout aussi précieux.

La Bulgarie a quelques particularités : entre ses paysages marquants, ses drapeaux qui flottent dans toute les rues ou encore les charrettes que l’on peut croiser à côté de belles voitures, ce pays est comme notre belle France, il possède une Histoire que les habitants chérissent. Ce sont des paysages qui m’ont marqué dès mon arrivée, par sa simplicité, ce qui a suscité de la tristesse chez moi. Cette tristesse m’a amené au fur et à mesure à prendre conscience de la chance que nous avions, du luxe dans lequel nous vivions tous les jours en France. Il faut aussi noter que les catholiques ne sont pas très nombreux, 1% de la population, ce qui fait de nous la 3éme religion après les orthodoxes et l’Islam turc. Les catholiques ne sont peut-être pas très nombreux ni très fervents comme le reste de la population, mais leur présence se remarque dans le tissu social bulgare par leurs engagements dans la vie de la société. Les Bulgares sont un peuple très accueillant. Dans les premiers jours, au hasard d’une sortie de messe, une dame m’arrête et se met à me parler bulgare comme si nous étions de vieux copains, un très bon moment dans la mesure où je ne comprenais pas un mot alors que j’opinais du chef tout en cherchant l’aide du père !

Il est important de savoir que la mission est une mission que j’appellerais libre, dans le sens où c’est à nous de décider d’une partie de l’emploi du temps. J’ai choisi de combler les trous de ce dernier avec du sport, de la lecture et même de temps à autre un puzzle. Mais rapidement les activités ont commencé à arriver. Tous les vendredis nous avons le patronage avec les enfants de la paroisse, qui se résume par un temps de catéchisme (auquel je participe mais sans forcément comprendre), un temps de jeu puis un temps de prière qui est toujours très touchant car il se dégage quelque chose de ce groupe d’enfants. Le mercredi les dames de la paroisse se rassemblent afin de pouvoir faire des activités manuelles. Nous avons également la Caritas, qui est un système mis en place permettant d’apporter un soutien à des familles plus démunies et nous avons récemment cuisiné des petites pâtisseries pour récolter des fonds. Ils nous arrivent aussi de partir avec le père rejoindre des familles à domicile, afin de donner des sacrements, porter des colis alimentaires, ou simplement d’avoir un contact avec eux, comme nous le faisons à la maison de retraite de Svishtov. Les visites à domicile sont toujours compliquées car je me retrouve face à une misère à laquelle je ne suis pas habitué. En plus d’être curé à Svishtov, le père a aussi le petit village de Dragomirovo à sa charge, où nous nous rendons tous les dimanches afin d’y célébrer la messe. Il s’agit-là d’une communauté plus petite que celle de Svishtov.

Nous avons plusieurs fois par jour, des Roms qui viennent à notre porte afin de demander de l’argent ou de quoi s’habiller. Lorsque le père n’est pas présent à l’église, il est évident que je me porte présent, ce qui peut amener à des situations quelque peu cocasses. Nous apportons de temps en temps des habits aux roms dans leurs quartiers qui n’ont rien à envier aux quartiers les plus pauvres de chez nous. Lors de ma première visite là-bas, un enfant me voyant arriver avec un carton rempli d’habits, a couru vers moi et m’a pris dans ses bras. Son étreinte forte m’a comblé de joie, et a donné du sens à ma présence ici. J’en ai retenu que des gestes simples et bons de notre part à tous, peuvent bouleverser en le sens de la vie de certains.

Mais au-delà de ce que je peux apporter à Svishtov, je reçois beaucoup des habitants d’ici. Je rencontre des Bulgares qui ont des parcours de vie terrible mais qui garde la foi, qui font tout pour s’en sortir et cela me fait chaud au cœur. La Bulgarie est une vraie leçon d’humilité. Il m’est arrivé de me demander en quoi j’étais concrètement utile à Svishtov. Mais ma mission est aussi le soutien que je peux apporter au père. Et il me le rend au centuple. Je sens que je grandis humainement, et que ma foi prend de plus en plus de place, ce que je ne soupçonnais pas avant de commencer cette belle mission.

J’ai récemment vue un article qui présente les Béatitudes selon le pape François, sa vision concernant les affligés me touche beaucoup au vue de la situation en Bulgarie.

Heureux les affligés, car ils seront consolés – Matthieu 5, 3-12

« Le monde nous propose le contraire : le divertissement, la jouissance, le loisir, la diversion, et il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie. Le monde ne veut pas pleurer : il préfère ignorer les situations douloureuses, les dissimuler, les cacher. La personne qui voit les choses comme elles sont réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur. Cette personne est consolée, mais par le réconfort de Jésus et non par celui du monde. Elle peut ainsi avoir le courage de partager la souffrance des autres et elle cesse de fuir les situations douloureuses. De cette manière, elle trouve que la vie a un sens, en aidant l’autre dans sa souffrance, en comprenant les angoisses des autres, en soulageant les autres. »

-Pape François

 

Que le Seigneur bénisse L’Œuvre d’Orient, pour le bien apporté aux communautés que ce soit Bulgares ou de tous les autres pays que l’organisation aide, je n’avais pas idée du soutien avant de voir que de nombreuses communautés ne pourraient pas survivre sans eux.

 

Merci à Dieu, merci à vous,

Alexandre

Terre Sainte : face au déchaînement de souffrances

Jamais peut-être, en-dehors des deux guerres mondiales, L’Œuvre d’Orient n’a été confrontée au même moment à un si grand nombre de crises : en Ukraine, en Arménie et au Haut-Karabagh, au Liban, en Syrie, en Irak, en Éthiopie et en Érythrée, et maintenant en Terre Sainte.

Chacune de ces crises, pour lesquelles nous sommes conscients de vous solliciter, se traduit par des morts, des blessés, des estropiés à vie, des villes détruites, des familles et des vies anéanties.

Non seulement nos amis chrétiens orientaux sont présents sur ces terrains dramatiques mais nos collaborateurs, nos volontaires et nous-même sommes aussi présents pour discerner comment agir au mieux et apporter l’amitié du peuple de France. Je ne vous cache pas que notre équipe est accablée par les souffrances dont nous sommes témoins.

La crise en Terre Sainte, là où le Christ est né, a vécu, est mort et ressuscité, nous touche très particulièrement. Les évènements du 7 octobre visant une population civile, avec tant de morts, de blessés, et de prises d’otages sont intolérables. L’organisation terroriste du Hamas, en se comportant de cette façon criminelle vis-à-vis de la population israélienne, a nui gravement à la cause palestinienne qu’elle prétend défendre. On comprend le droit d’Israël à se défendre et à assurer sa sécurité. Mais cela ne peut être sans limite. Le droit de neutraliser le Hamas n’entraîne pas celui d’écraser une population civile. Combien de Palestiniens doivent mourir pour un terroriste ?

Ces évènements prennent place dans un contexte plus large. Le peuple palestinien n’a pas d’État ; il n’a pas d’avenir ; il n’est pas reconnu dans sa dignité. Et nombreux sont ceux qui en sont responsables, à commencer par certains responsables palestiniens, certains gouvernements occidentaux et gouvernements arabes prêts à s’entendre avec Israël en oubliant la cause palestinienne. Les plus radicaux ont pris le pouvoir, les islamistes et les colons fondamentalistes juifs, sans égard véritable pour les souffrances de la population.

L’Œuvre ne fait que constater l’état de la situation. Elle agit auprès des chrétiens pour les aider à rester et à servir l’ensemble de la population en détresse. L’Œuvre est témoin du courage, parfois héroïque des chrétiens d’Orient, comme les prêtres et religieuses restés dans la bande de Gaza.

Il nous aurait été facile de rendre rapidement publics des communiqués en prenant le risque d’être incompris par tous. Il est parfois préférable d’agir en silence. Nous avons envoyé des messages personnalisés pour soutenir les plus persécutés, les plus menacés. Il nous faut accepter d’être dans une certaine impuissance devant le déchaînement des forces du mal. Le Christ s’est trouvé à plusieurs reprises dans ce genre de situations. La prière, seule ; le cri vers le Père jusqu’à l’inaudible. La compassion muette.

Mais le Christ nous invite aussi à l’espérance. Le chrétien, depuis son baptême et sa confirmation, est chargé d’une mission prophétique. Le prophète voit ce que le monde ne voit pas. Il chemine « comme s’il voyait l’Invisible ». L’histoire n’appartient ni aux ténèbres ni aux hommes. Il faudra que se lèvent sur cette Terre Sainte pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, des prophètes capables de dire que d’autres solutions sont possibles. Que la paix ne peut se construire sur l’injustice, qu’il faut se faire rencontrer l’amour et la vérité. Nous ne le verrons peut-être pas, mais les larmes et le sang laisseront la place à la main tendue, à la reconnaissance de l’autre, de son visage, de son désir de paix. Il nous revient de le préparer, avec d’autres.

Nous sommes convaincus que les chrétiens, quel que soit leur nombre, peuvent et doivent être une voix de liberté prophétique. Nous n’avons pas de solution toute faite mais nous avons les principes de la solution : c’est l’Amour, celui que Dieu est, et qu’Il nous partage, qui sauvera le monde. Plus que jamais, les crises multiples nous confortent dans la nécessité de soutenir les chrétiens orientaux dans leur mission. Il y va de l’équilibre spirituel de notre monde. Plus que jamais, nous avons besoin de votre soutien spirituel.

 

Mgr Pascal Gollnisch

Directeur général de L’Œuvre  d’Orient

🔴📢Appel à l’occasion de la Journée mondiale des Pauvres – 19 novembre 2023

Assemblée des Patriarches et des Evêques Catholiques au Liban Secretariat Général

56ème Session Ordinaire – Fatqa, 6-9 novembre 2023

Appel à l’occasion de la Journée mondiale des Pauvres – 19 novembre 2023


 

  1. nous, membres de l’Assemblée des Patriarches et des Evêques Catholiques au Liban réunie dans sa 56ème session, à la Maison Notre Dame du Mont (Fatqa, Keraouan, 6-9 novembre 2023), en vue de la préparation de la célébration de la Journée Mondiale des Pauvres le 19 novembre 2023, nous adressons cet appel, ce cri, du cœur de notre vocation à servir les pauvres par un amour préférentiel et à poursuivre notre engagement à leur assurer une existence dans la dignité.

 

  1. Ce cri c’est celui des oubliés, des laissés pour compte, des invisibles, ceux que l’on ne veut pas voir et qui pourtant, au Liban, sont de plus en plus nombreux. Ce cri c’est celui des pauvres, des nécessiteux qui ont besoin d’argent, de pain et de vêtements.

C’est le cri des personnes malades qui meurent chez elles faute de moyens pour se soigner. C’est le cri des handicapés abandonnés et que les centres sont incapable d’accueillir. C’est le cri des nouveaux pauvres, des déclassés contraints de multiplier les petits boulots pour survivre. C’est le cri des retraités des sans-salaires, des enfants privés d’école et d’instruction. C’est le cri des centaines de milliers de personnes de tout âge, toute région ou confession condamnées à la misère et au désespoir.

 

  1. Ce cri, c’est celui des employés, professeurs, enseignants, infirmières et infirmiers, assistantes sociales, aides-soignants, des militaires, et les forces de sécurité, qui réalisent chaque jour une mission admirable auprès des plus nécessiteux dans des conditions de travail éprouvantes rendues indignes par la négligence des responsables politiques, leur inaction et leur corruption.

 

  1. Ce cri, c’est aussi celui des responsables de ces institutions : directeurs d’écoles, responsables d’associations humanitaires et sociales, de centres de santé, d’accueil pour personnes handicapées, âgées ou à besoins spécifiques. C’est le cri des hommes et des femmes engagés auprès des plus vulnérables que cette spirale sans fin de la détresse plonge un peu plus chaque jour dans l’angoisse et le désarroi. Ces hommes et ces femmes servent les libanais, que l’Etat prive de leurs droits et n’hésite pas à combattre.

 

  1. Nous rappelons aux responsables politiques que chaque être humain dispose de droits fondamentaux, et en particulier le droit à l’éducation, au travail, à la santé et à la vie dans la dignité. Ces droits sont inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ratifiée par de nombreux pays dont l’Etat Libanais. Ce dernier doit prendre ses responsabilités et faire en sorte que ces droits ne soient pas bafoués quotidiennement au Liban. La crise que traverse le pays, ainsi que les conflits régionaux, ne peuvent en aucun cas, justifier le non-respect de ces droits fondamentaux. Cet état de fait est inacceptable et doit être dénoncé.

Aux responsables dans le Pays du Liban

 

  1. Sachez que les associations communautaires, éducatives, sanitaires et sociales, quelles que soient leurs appartenances, ne sont plus à même de remplir leurs missions, toutes seules. Puisque l’Etat libanais, en tant que partenaire essentiel, s’est déchargé de son rôle et de sa responsabilité.

Ces associations ont servi le peuple libanais tout au long de son histoire et dans toute sa diversité. Cependant, à cause de votre égarement/négligence, vous les condamnez à la mort lente. Et de ce fait, vous détruisez ce que nos ancêtres ont mis des siècles à bâtir, vous sacrifiez la génération actuelle et vous anéantissez l’avenir.

Si ces associations venaient à fermer leurs portes, qu’adviendra-t-il des personnes handicapées, qui prendra soin des malades, éduquera les enfants, répondra aux besoins des classes/catégories les plus défavorisées du Liban, dans le proche avenir ?

Une fois encore nous vous disons : nous ne pouvons plus accepter l’inacceptable et continuer sur ce chemin. Trop c’est trop. La coupe est pleine. Ça suffit !

 

  1. Notre cri n’est ni confessionnel/communautaire, ni idéologique. Son but est de combattre la pauvreté et l’humiliation que subissent les citoyens, faire entendre leur désarroi/plainte et défendre leurs droits.

C’est le cri de la conscience nationale adressé en premier lieu aux responsables au Liban, afin qu’ils assument leurs responsabilités vis-à-vis des franges les plus démunies et qu’ils mettent un terme à cette injustice. Qu’ils fassent leurs devoirs envers notre peuple qu’ils ont réduit à la pauvreté et l’indigence par leur corruption.

Nous adressons cet appel à l’opinion publique libanaise et à la diaspora pour qu’ils nous rejoignent à porter cette cause, la cause de ceux qui ne possèdent plus rien.

Nous adressons cet appel aux ONG concernées par les aides humanitaires, pour secourir le peuple libanais pour qu’il sorte de cette situation de pauvreté, qu’il recouvre sa dignité afin qu’il remplisse sa mission dans son environnement oriental.

 

  1. Nous invoquons le secours de notre Mère la Vierge Marie, Notre Dame des Pauvres, et nous lui confions ce cri en espérant qu’il arrive à toutes les consciences et les cœurs. Et que fructifient l’amour et la justice à la gloire du ‘’ Dieu Amour’’ (Et Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. (1 Jean 4 :8)

 

P.S. : Cet appel sera diffusé dans les paroisses, sanctuaires, écoles, universités et institutions diverses. Des initiatives d’amour seront organisées à cet effet. En particulier les quêtes du dimanche 19 novembre 2023 seront réservées à cette initiative. 

[LIBAN] Écoles catholiques au Liban-Sud: des mesures prises par le SGEC

Une cinquantaine d’établissements scolaires libanais sont toujours fermées dans les régions proches de la frontière israélienne, plus d’un mois après l’offensive surprise « Déluge d’al-Aqsa » du Hamas en Israël et au lendemain d’une dégradation sécuritaire au Liban-Sud.


Le secrétaire général des écoles catholiques au Liban (SGEC), le père Youssef Nasr, a déclaré que « les secteurs privé et public collaborent étroitement depuis que les écoles adjacentes à la frontière sud, fermées depuis une semaine, sont en proie à une crise », engendrée par une montée des tensions entre le Hezbollah et Israël.

Dans un entretien accordé à la Voix du Liban, le père Nasr a fait part de la tenue d’une réunion au ministère de l’Éducation et de la création d’une cellule de crise pour le secteur public. Il a, dans ce sens, annoncé que « nous œuvrons pour la protection de nos écoles dans les zones frontalières au Liban-Sud ». Depuis l’offensive menée, le 7 octobre dernier, par le Hamas contre Israël, la région du sud connaît un exode important de Libanais. « C’est la raison pour laquelle nous allons procéder à un recensement des étudiants dans ces endroits. Nous allons également activer l’enseignement à distance si la situation le permet. Dans le cas contraire, les cours pourraient être envoyés aux écoliers. »

Et d’indiquer: « Nous ne nous opposons pas au regroupement des élèves dans un autre endroit. Leur inscription dans leur école d’origine sera cependant maintenue afin d’éviter tout changement démographique. »

Retrouvez l’article ici 

[LIBAN] Le témoignage de Lucile :  » La résilience des enfants malgré les nombreuses difficultés qu’ils traversent m’inspire beaucoup « 

Lucile , 23 ans, étudiante en droit des affaires est en mission à Baskinta à l’Institution sociale Saint Vincent au Liban.


Il y a trois semaines maintenant, je quittais mon nid parisien pour six mois d’aventures au Liban. « Tu verras les paysages sont magnifiques là-bas », « je connais plein de Libanais, ils sont super accueillants », « la nourriture libanaise est à tomber, tu vas revenir avec des kilos en plus » bref, à en croire mes amis, je m’envolais pour une destination de rêve. C’est donc confiante et optimiste que je franchissais les portes d’embarquement à l’aéroport d’Orly, malgré quelques petites larmes versées un peu plus tôt en agitant ma main depuis la queue pour la douane en guise d’au revoir à ma mère et mon frère.

 

I – Mon arrivée

A Beyrouth, je suis attendue par Soeur Léo, Mariam une élève de l’école et Monsieur Jean, le chauffeur de l’école. Assise sur la banquette arrière de la Jeep lancée à toute vitesse sur l’autostrad, sans ceinture, les quatre fenêtres ouvertes, je suis immédiatement plongée dans ce nouvel univers qui sera le mien pour les six prochains mois. La chaleur et le bourdonnement de la ville, les bagarres de klaxons, le mélange indescriptible d’odeurs entre celle de l’essence et celle des étalages de man’ouché : bref sans aucun doute je suis bien au Liban. Une heure plus tard, nous avons quitté l’agitation de la ville et nous sillonnons les montagnes, ce n’est plus la fumée des pots d’échappement qui fouette mon visage mais l’air froid de la montagne, Aygline avait dit vrai, il fait très froid là-haut. A l’école de Baskinta, c’est soir de fête ce 27 octobre, celle de la Saint-Vincent, de qui l’école porte le nom. Nous arrivons pile pour la sortie de la messe. Je suis accueillie par une ribambelle de soeurs que j’étais incapable de différencier, certaines de Baskinta, d’autres de Baabdat (un village voisin), d’autres de Beyrouth, par des prêtres accompagnés de leur femme et enfants (il m’a fallu quelques instants pour me rappeler que les prêtres en orient pouvaient se marier), par des élèves et leurs parents tout contents de rencontrer une Française, qui plus est parisienne. Bref, j’étais complètement perdue et je ne quittais plus Soeur Léo, mon seul repère dans toute cette foule.

Je découvre ma chambre, toute petite au fond d’un couloir, avec une toute petite ampoule en guise d’éclairage, du papier peint jaune sur les quatre murs, et un rideau bleu vif non occultant : à ce moment j’hésite vraiment entre le fou rire nerveux et les larmes. Aujourd’hui, cette chambre est mon endroit préféré et bien qu’elle soit la pièce la plus froide des trois bâtiments confondus, j’ai toujours hâte de la retrouver le soir, c’est ma petite bulle de confort, je m’y sens bien. Le lendemain de mon arrivée, je suis réveillée par la cloche de l’école qui sonne à 7h45 et je découvre avec émerveillement la vue panoramique sur les montagnes de Baskinta dont je n’avais pas pu profiter la veille puisque j’étais arrivée de nuit. L’école est perchée dans les montagnes et depuis chaque pièce, surtout depuis la salle à manger et sa terrasse, il est possible d’admirer la beauté des reliefs, de la végétation, des petites maisons aux toits oranges, et le soir à 18h les couleurs orangées du coucher de soleil. Tout est calme, simple et apaisant ici, je m’y sens immédiatement bien.

 

II – Ma mission

Ma mission a mis du temps à débuter concrètement. Je suis arrivée un mercredi soir à Baskinta et les deux jours suivants ont été des jours d’observation uniquement : j’ai visité les locaux (il y a plusieurs bâtiments, reliés par plusieurs escaliers et couloirs secrets, je m’y perdais complètement et avais même du mal à retrouver ma chambre), j’ai été présentée à l’équipe enseignante et tout le personnel de l’école puis j’ai eu beaucoup de temps libres ce qui peut être un peu déroutant au début.

La semaine suivante, j’ai vraiment commencé ma mission qui se divise en trois jobs.

La première partie consiste à faire équipe avec Mme Fida, l’éducatrice spécialisée de l’école, pour aider les élèves en difficulté. Elle les aide en arabe, je les aide en maths et français. Pour cela, tous les matins, j’assiste aux cours de Mme Rola, la prof de français, et de Mme Rosie, la prof de maths, dans les classes de EB3 (CE2) et EB4 (CM1). En fonction du programme du jour, j’aide les élèves dans la classe (je leur ré-explique la leçon ou je fais les exercices avec eux) ou je les prends en petits groupes dans une autre salle pour adapter le cours à leurs niveaux et leurs difficultés. Il y a 4-5 élèves par niveau qui ont d’immenses lacunes, pour certains leurs connaissances en français se résument à une page blanche, il faut tout reprendre : il faut leur apprendre à lire, à écrire, à comprendre, sans oublier leurs difficultés de concentration. Certains ont retenu des mots par cœur à force de les entendre mais ne savent absolument pas les lire, d’autres lisent encore en commençant par la droite comme en arabe et inversent les syllabes, d’autres ne savent pas ce qu’est une phrase … en gros j’ai du pain sur la planche !

La deuxième partie de ma mission commence à 14h30, je surveille les internes pendant leur temps libre et profite de ce moment pour papoter et faire des jeux avec eux. A 16h, je monte avec eux dans les salles de classe pour un temps d’étude jusqu’à 18h30 et j’aide aux devoirs de français, maths et sciences des niveaux EB2 à EB5 (du CE1 au CM2). Lorsque j’ai fini en avance avec les petits (ce qui est rare), j’aide les grandes au collège et lycée lorsqu’elles ont besoin. Les séances d’étude ne sont pas toujours faciles, l’exercice de l’autorité au Liban est différent de celui en France, les adultes crient beaucoup pour se faire entendre et respecter, ce que je n’ai pas du tout l’habitude de faire, et les enfants sont beaucoup plus à l’aise avec les grandes personnes. Il y a moins cette notion de hiérarchie et de respect des jeunes pour leurs aînés. Aujourd’hui je commence à bien connaître chaque interne ce qui facilite la communication avec chacun d’entre eux. Pour l’anecdote : un des garçons, Youssef, a été insupportable à l’étude un jour et m’a vraiment poussée à bout (les larmes étaient à deux doigts de couler) ; le soir, à la prière avant de dormir, il s’est excusé devant tous ses camarades en disant « pardon Jésus car j’ai été méchant avec madame Lucile » (c’est si chou !!). Bref, ce n’est pas facile tous les jours mais c’est beau de les voir progresser, c’est beau de leur transmettre le français et de les voir faire tant d’efforts pour y arriver, ils sont « braves » comme diraient les Libanais !

La troisième partie de ma mission commence aux alentours de 19h30, lorsque les enfants montent dans les dortoirs après le diner. Je commence par aider Soeur Léo dans le dortoir des garçons âgés de 5 à 11 ans : ici c’est toujours la java, ça court partout, ça hurle, ça pleure, ça rigole, les garçons quoi ! J’adore passer du temps avec eux, le manque d’un cadre familial et affectif se ressent beaucoup dans leurs comportements et se voit dans les yeux des plus jeunes. Pendant 45 min je ne suis plus la madame Lucile de l’étude, mais leur grande sœur qui joue et passe du temps avec eux. A 20h, ils sont tous dans leurs lits, ils disent la prière ensemble (le moment le plus mignon) et après avoir dit « bonne nuit Jésus, bonne nuit ma sœur, bonne nuit Lucile », les lumières s’éteignent et le silence règne (du moins en théorie). Je descends ensuite à l’étage du dessous chez les grandes filles de 14 à 18 ans : c’est mon moment préféré de la journée. Elles ont des situations familiales compliquées (décès d’un des deux parents, divorces difficiles …) et elles aiment se confier à moi et me raconter leurs vies. Elles me parlent de leurs problèmes à l’école, à l’internat, à la maison : je suis impressionnée par leur courage, leur persévérance dans les épreuves et surtout leur foi immense, elles offrent tout à Dieu ! Heureusement, les conversations sont souvent beaucoup plus légères, elles m’apprennent des mots en arabe, je leur raconte ma vie en France, elles me demandent quels produits je mets sur ma peau pour qu’elle soit « si jolie » et je leur réclame des cours de danse du ventre qu’elles exécutent à la perfection. J’aime leur curiosité et leur ouverture sur le monde, j’aime les voir s’entraider et se soutenir entre elles, je suis reconnaissante chaque jour de la manière dont elles m’ont accueillie, dont elles me complimentent sans cesse et dont elles prennent soin de moi au quotidien.

 

III – La vie en communauté

Je suis tellement reconnaissante et chanceuse d’avoir été envoyée dans cette communauté. Elle est composée de cinq soeurs : Soeur Léo, la plus jeune, devenue dès le premier jour ma « bestie », Soeur Samar nouvelle ici depuis l’année dernière, Soeur Joséphine ma petite maman, Soeur Jeanne d’Arc la cuisinière, et Soeur Marie la directrice de l’école qui est un vrai numéro. Elles sont toutes très gentilles, accueillantes et si drôles, je ne m’ennuie jamais avec elles. J’ai la chance de pouvoir passer régulièrement des moments en communauté : les déjeuners et dîners, les vêpres lorsque j’ai fini l’étude à temps, à l’internat le soir lorsque j’aide Soeur Léo et Soeur Samar, des petites pauses thé dans la journée, ou le soir devant le journal télévisé. En semaine, mes journées sont très complètes, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer, ce qui n’est pas plus mal pour moi qui redoute un peu la solitude, mais c’est très fatiguant et il faut apprendre à écouter son corps pour ne pas trop tirer sur la corde. C’est tentant de dire oui à tout ce que les soeurs me demandent, après tout je suis venue pour servir et aider, mais il faut garder en tête que je reste humaine et que mon corps a ses limites : apprendre à dire non est un exercice difficile mais tellement important. Les week-ends, j’aime aller à Beyrouth le vendredi après-midi avec le bus des internes et retrouver d’autres volontaires françaises pour visiter le Liban et découvrir la culture. Cela me permet de m’évader un peu de ma mission pendant 3 jours, d’avoir des moments de vie sociale et de permettre aussi aux sœurs de se retrouver entre elles.

Pour résumer tout ça, ma mission auprès de ces enfants est incroyablement belle. La résilience des enfants malgré les nombreuses difficultés qu’ils traversent m’inspire beaucoup ; la persévérance et l’énergie des soeurs qui donnent tout ce qu’elles ont pour aider ces enfants m’émeut tous les jours. J’ai encore beaucoup de chose à apprendre de toutes ces personnes, et beaucoup de choses à leur apporter. La situation géopolitique actuelle est très incertaine et chaque jour les soeurs et moi-même craignons l’annonce de mon rapatriement. Mais s’il existe bien une chose que j’ai retenu de ce début mission, c’est que la force de la prière est inébranlable et que chaque jour est un acte de confiance à poser en Dieu.

 

Face à la situation en Terre Sainte

[TERRE SAINTE] Des nouvelles de la crèche de Bethléem

Depuis 138, les Filles de la Charité sont au chevet des enfants abandonnés au sein de la crèche de Bethléem.

Découvrez la lettre de Sœur Denise, directrice de la crèche :


10 Octobre 2023

Bonjour,

Je vous écris pour vous donner des nouvelles de notre maison avec la situation que nous vivons actuellement. Comme vous devez suivre les informations, samedi était une journée difficile marquée par la peur et la tristesse de voir ce qui se passait et allait se passer ici. Après les premiers bombardements, Israël a fermé les check-points évidemment, et nous nous retrouvons de nouveau comme au temps de la covid, enfermés. Les pèlerins sont partis précipitamment et ceux qui étaient programmés ont annulé toutes les prochaines réservations dans notre Guest-House qui était pleine pour les mois à venir…C’est triste alors que nous avions enfin remis en ordre notre maison après ces trois années compliquées.

Du côté des enfants, ils ne se rendent pas compte de ce qui se passe même s’ils étaient excités samedi en entendant tous les bombardements et les avions qui ne cessent de passer au dessus de nos têtes, mais tout le monde va bien et nous sommes pour le moment en sécurité.

Nous attendons de voir ce qui va se passer ces prochains jours en priant beaucoup pour que la situation s’apaise.

Un groupe de volontaires italiens est arrivé la semaine dernière pour nous aider à cueillir les olives comme chaque année avant le covid. Ils sont repartis en Italie après deux jours. Nous gardons encore avec nous 8 jeunes volontaires, 6 italiennes et 2 françaises, qui s’occupent des enfants à la crèche.

Je vous remercie pour votre soutien, je sais que vous êtes toujours avec nous, même si vous êtes loin.

 

Ma prière vous accompagne,

 

Sr. Denise Abi Haidar,

Creche de Bethléem.

🔴CP – Le Haut-Karabagh sera toujours une terre arménienne

[EN DIRECT] Présent sur place à Goris, ville du sud-est de l’Arménie, notre chargé de mission témoigne de la situation dans le pays. « Pour la première fois depuis le IVe siècle, il n’y a plus de présence arménienne dans le Haut-Karabagh. » Cliquez ci-dessous pour écouter l’intégralité de son message audio.

Ecoutez l’audio 🔽

© Jennifer Buckle