Le Pape à Al-Azhar : les religions doivent oeuvrer ensemble pour le bien commun

Source Radio Vatican

Le Pape a livré un discours à l’assemblée centré sur la nécessité pour les religions de défendre la paix et de rappeler qu’aucune violence ne peut être commise au nom de Dieu. François a rappelé l’importance primordiale de l’éducation qui devient sagesse de vie.

Dans cette «terre de civilisation» et cette «terre d’alliances» qu’est l’Égypte, le Pape François a insisté sur l’éducation et le dialogue, seules clés pour construire la paix entre les hommes. «Il n’y aura pas de paix sans une éducation adéquate des jeunes générations. Et il n’y aura pas une éducation adéquate pour les jeunes d’aujourd’hui si la formation offerte ne correspond pas bien à la nature de l’homme, en tant qu’être ouvert et relationnel».

La sagesse qui en découle «recherche l’autre en surmontant la tentation de se raidir et de s’enfermer». Elle «prépare un avenir dans lequel on ne vise pas à se faire prévaloir, mais à faire prévaloir l’autre comme partie intégrante de soi ; elle ne se lasse pas, dans le présent, de repérer des occasions de rencontre et de partage ; elle apprend du passé que du mal n’émane que le mal, et de la violence que la violence, dans une spirale qui finit par emprisonner. Cette sagesse, en rejetant la soif de prévarication, met au centre la dignité de l’homme, précieux aux yeux de Dieu, et une éthique qui soit digne de l’homme, en refusant la peur de l’autre et la crainte de connaître par ces moyens dont le Créateur l’a doté.»

En matière de dialogue, le Pape affirme que «l’avenir de tous dépend aussi de la rencontre entre les religions et les cultures». Il salue ainsi le travail mené par le Comité mixte pour le Dialogue entre le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux et le Comité d’Al-Azhar pour le Dialogue.

Pour mener à bien le dialogue, François identifie alors trois orientations fondamentales : «le devoir de l’identité, le courage de l’altérité et la sincérité des intentions».

Constante dans les prises de position du Saint-Siège en matière de dialogue interreligieux, la liberté religieuse. La reconnaissance des droits et des libertés fondamentales «constitue la meilleure voie pour bâtir ensemble l’avenir, pour être des bâtisseurs de civilisation. Car l’unique alternative à la civilisation de la rencontre, c’est la barbarie de la confrontation».

Les chrétiens et les musulmans sont donc appelés à apporter leur contribution selon le Pape qui souhaite que d’Égypte, «jaillisse» «l’aube d’une civilisation de la paix et de la rencontre». L’Égypte, aux yeux du Pape, apparait comme le lieu par excellence de ce dialogue au regard de son histoire. Les différentes cultures et religions qui ont coexisté ont reconnu selon lui, l’importance de «l’alliance pour le bien commun». Et dans le contexte actuel, «des alliances de ce genre sont plus que jamais urgentes». «L’humanité ne peut se proposer de jouir de la paix en excluant Dieu de l’horizon», affirme François.

Il rappelle alors que dans nos sociétés actuelles «on tend à reléguer la religion dans la sphère privée, sans la reconnaître comme dimension constitutive de l’être humain et de la société ; d’autre part, on confond, sans distinguer de manière appropriée, la sphère religieuse et la sphère politique. Il existe le risque que la religion en vienne à être absorbée par la gestion des affaires temporelles et à être tentée par les mirages des pouvoirs mondains qui, en réalité, l’instrumentalisent.»

Or, «la religion n’est pas un problème mais fait partie de la solution : contre la tentation de s’accommoder à une vie plate, où tout naît et finit ici-bas, elle nous rappelle qu’il faut élever l’âme vers le Haut pour apprendre à construire la cité des hommes», insiste le Pape.

Dans un monde, et dans une région où le fondamentalisme religieux utilise la violence pour imposer ses vues, François répète avec force qu’il «est indispensable d’exclure toute absolutisation qui justifie des formes de violence. La violence, en effet, est la négation de toute religiosité authentique. En tant que responsables religieux, nous sommes donc appelés à démasquer la violence sous les airs d’une présumée sacralité, qui flatte l’absolutisation des égoïsmes au détriment de l’authentique ouverture à l’Absolu».

Il appelle ainsi les musulmans à dire «un ‘‘non’’ fort et clair à toute forme de violence, de vengeance et de haine commises au nom de la religion ou au nom de Dieu. Ensemble, affirmons l’incompatibilité entre violence et foi, entre croire et haïr. Ensemble, déclarons la sacralité de toute vie humaine opposée à toute forme de violence physique, sociale, éducative ou psychologique». Il ajoute : «plus l’on grandit dans la foi en Dieu, plus l’on grandit dans l’amour du prochain».

C’est pourquoi il faut aujourd’hui des «bâtisseurs de paix, non des gens qui provoquent des conflits ; des sapeurs-pompiers et non des pyromanes ; des prédicateurs de réconciliation et non des propagateurs de destruction».

Pour agir concrètement, le Pape François exhorte à «œuvrer pour résorber les situations de pauvreté et d’exploitation» et à «combattre la prolifération des armes qui, si elles sont fabriquées et vendues, tôt ou tard, seront aussi utilisées». Tous sont responsables, les religions au premier rang.

(CV-XS)

Parolin : le Pape, messager de paix en Égypte

Source Radio Vatican

Ce sera le dix-huitième déplacement à l’étranger de son pontificat. François passera un peu plus de vingt-quatre heures au Caire, la capitale du pays. Sur place, le Pape rencontrera en privé le président Al-Sissi et le Grand Imam de l’Université d’Al-Azhar, référence de l’Islam sunnite. François adressera un discours aux participants de la Conférence internationale sur la paix organisée par l’institution. Mais ce voyage est avant tout, un geste de proximité de la part du Pape vis-à-vis des chrétiens égyptiens. C’est ce qu’a affirmé le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège au Centre Télévisé du Vatican.

Le Pape n’a jamais remis en question son voyage en Egypte, même après le double attentat qui a frappé l’Église copte orthodoxe, lors de la messe du Dimanche des Rameaux. Au contraire, «le Pape veux être là où se vivent des situations de violences, de conflit (…) Il veut être un messager de paix, là où il y a le plus besoin d’annoncer et d’œuvrer pour la paix». Proximité, solidarité et encouragement à la communauté chrétienne, résume le cardinal italien. Copte orthodoxe ou catholique, tous sont visés par une même violence islamiste, en raison de leur foi.

Le cardinal Parolin plaide pour une plus grande protection des citoyens égyptiens par les autorités, peu importe leur religion ou leur groupe social. Cependant le terrorisme est «un défi plus vaste qui ne se résout pas en augmentant les niveaux de sécurité». Il faut revenir sur les causes du terrorisme et éradiquer ce qui l’alimente. C’est le rôle de l’État, mais aussi des familles de l’école et de l’Église ou des médias. Tous ont «une responsabilité d’éduquer à la paix. L’Éducation comme un sésame pour permettre aux jeunes de donner un sens à la vie, pour leur proposer des valeurs pour lesquelles cela vaut la peine de vivre, s’impliquer et lutter, au lieu de se perdre dans ce tourbillon de violence et de destruction vraiment insensé».

Le cardinal Parolin estime aussi que le dialogue entre chrétiens et musulmans, ici entre le Pape et les autorités d’Al-Azhar, est «indispensable et fondamental pour la paix et toutes les religions doivent se sentir impliquées». Dans cet entretien, le secrétaire d’État rappelle enfin, combien la présence des chrétiens fait sens dans des pays à majorité musulmane : «ils peuvent contribuer à la construction de la société à une cohabitation plus harmonieuse, sereine et pacifique». La rencontre entre le Pape et Tawadros II «cimentera encore plus la communion qui existe déjà» entre les chrétiens d’Égypte.

(MD-BH)

« Le Pape vient en médecin qui rend visite à un malade »

« L’opinion publique est éprise de la visite du Pape. Beaucoup de musulmans l’attendent aussi. Les gens sentent sa sincérité. C’est un homme simple, un homme de paix. Le Pape François a modifié l’image du Vatican qui avait été altérée au Moyen-Orient par certaines prises de parole de son prédécesseur Benoit XVI…

A ceux qui se demandent pourquoi il a maintenu son voyage malgré le terrorisme, je réponds qu’il n’a pas peur, qu’il est religieux et qu’il vient d’un pays qui a connu un régime militaire, la pauvreté…

Malheureusement 20% de la population égyptienne frôle le fondamentalisme religieux. Des musulmans et des orthodoxes n’apprécient pas cette visite. Les orthodoxes sont fiers de leur identité et craignent que Sa Sainteté Tawadros ne soit trop réformateur, notamment avec la reconnaissance du baptême unique. Les ultra-orthodoxes ont peur d’être dissous. Les opposants au régime, eux craignent qu’elle conforte le Président Sisi. C’est comme lui donner un baiser de vie !

Le Pape vient en médecin qui rend visite à un malade. Les égyptiens attendent beaucoup de l’étranger, ils attendent le salut de l’extérieur. Je me demande si les gens se rendent bien compte de ce signe que nous envoie le Pape François. C’est le début d’une transformation importante, les opposants à la visite ne s’y sont pas trompés en essayant de l’empêcher. Le Président rêve d’un Vatican II islamique mais il n’en a pas les moyens. Nous avons vu l’influence du Pape et de la diplomatie vaticane en Amérique latine et en Amérique du Nord. Les chrétiens, les catholiques représentent une force importante dans le monde occidental. Grâce à eux on peut espérer que le regard négatif sur l’Egypte va changer comme il a changé pour d’autres pays.
Cette visite est aussi importante sur le plan économique. Elle donnera un coup de projecteur sur le pays et les chrétiens car de nombreux catholiques sont investis dans l’économie internationale.

Chrétiens et musulmans jeûnent pour la Vierge malgré le fanatisme, car la foi islamique vénère Marie, malheureusement l’aveuglement fait qu’on l’oublie souvent. C’est une visite pour les plus pauvres, pour tout le peuple, sur les pas du Christ avec la sainte Famille en Égypte ! »

Propos recueillis par CB

Sur la photo : Selimane Chafik avec le père William Sidhom qui a assuré la traduction

L’appel à une morale universelle partagée du P. Chihade Abboud, prêtre syrien

Source blog de Luc Balbont

Derrière une apparence bonasse se cache une personnalité déterminée. Abouna Chihade (*2), 39 ans, n’hésite jamais à bousculer les conservatismes du christianisme oriental, quand il le faut. En 2004 par exemple, il avait insisté pour être ordonné prêtre dans l’église de Jadidet Artous, son village natal, près de Damas, et non au patriarcat melkite situé au cœur de la capitale, comme le veut la tradition. Une décision qui avait suscité de nombreuses réactions de la part des anciens, mais qu’il n’a jamais regretté: « Je tenais a partager ma nouvelle vie, avec ceux qui m’avaient vu grandir, mes parents, mes voisins, mes amis.”  Juriste, penseur, poète, le P. Abboud exprime aussi sans ménagement sa déception, lorsque les patriarches diffusent un communiqué diplomatique, qu’il juge trop mou, au regard de la situation douloureuse vécue par les Eglises orientales: “ si les chrétiens syriens en cette période de guerre n’ont pas de chefs forts pour les défendre, ils émigreront davantage. Les familles partent, lorsqu’elles n’ont plus d’espoir

Après trois ans d’études universitaires en Italie, où il obtient un doctorat en droit canon, il occupe aujourd’hui, à Damas, un poste de juriste religieux: “ chez nous, si nous respectons la constitution, nous pouvons faire valoir nos droits communautaires dans des tribunaux religieux, explique-t-il.” Chihade Abboud y défend non seulement sa communauté melkite, mais conseille aussi les Eglises maronite et Syriaque catholique.

Le P. Abboud aimerait voir émerger un début de citoyenneté syrienne mais, déplore-t-il, “Notre Constitution y fait obstacle. Les articles 3-1 et 3-2 stipulent que le président doit être obligatoirement musulman, et pose la chari’a, le droit musulman, comme source principale de toute législation. A partir de là, peut-on parler d’une citoyenneté pour tous ? (*3)” Contrairement au Liban voisin, où monte depuis quelque temps un élan de société civile, la Syrie accuse un retard évident en la matière. Quarante ans de dictature et six ans de guerre continue ont détruit les esprits critiques.

Entre chrétiens et Musulmans le P. Abboud croit et insiste sur le dialogue de vie, et appelle les croyants à partager une “ morale universelle.» Il s’emporte aussi contre la vision naïve des relations islamo-chrétiennes, et recommande“ la fermeté contre ces imams au double discours : conciliant en public, mais qui, dans leur village, leur quartier, envoient des gamins faire le jihad. Le dialogue de complaisance est une aberration.. »

L’éducation est seul domaine où il reste un mince espoir », martèle le prêtre, et  les écoles chrétiennes y ont un rôle déterminant.. » C’est pour cette raison, que le P. Abboud  a mis en place, avec un cercle d’amis, un système de parrainages, qui permet à des jeunes défavorisés, d’aller jusqu’au bout de leurs études. “ Tous les parents du monde désirent donner à leurs enfants la meilleure éducation possible, dit-il.” … Des propos où l’on retrouve ce principe de l’éthique universelle partagée, si cher au P. Abboud.

 

Luc Balbont


(*1) Voir dans ce blog mon journal de Syrie (Sept. 2016). Les grecs-catholiques sont aussi appelés Melkites.

(*2) Abouna : père en arabe

(*3) Constitution de 1973, révisée le 26 février 2012 – Article 3-1. La religion du président de la République est l’islam – Article 3-2. Le droit musulman est la source principale de la législation.

 

Erquinghem sur la Lys : Messe de rite Byzantin par le Père P. Delécluse, dimanche 7 mai 2017

La messe sera célébrée par le Père Patrick Delécluse, délégué diocésain de l’Œuvre d’Orient, selon le rite byzantin de Saint Jean Chrysostome.

La célébration sera suivie d’un verre de l’amitié.


DATE: Dimanche 7 mai à 18h

LIEU: Église Saint Martin d’Erquinghem sur la Lys, Place de l’Église, 59193 Erquinghem-Lys

CONTACTS : L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr

Egypte : un message de consolation du pape François

Source Zenit

« Je désire que cette visite soit une étreinte de consolation et d’encouragement pour tous les chrétiens du Moyen-Orient, un message d’amitié et d’estime pour tous les habitants de l’Égypte », déclare le pape François dans un message vidéo d’un peu plus de quatre minutes,transmis ce mardi 25 avril 2017 au peuple égyptien à l’occasion du voyage apostolique imminent en Égypte (28-29 avril).

Le pape exprime à l’Égypte ses vœux de paix et de consolation précisant qu’il viendra « en ami, en messager de paix et en pèlerin ».

Il  « désire » que cette visite soit « un message de fraternité et de réconciliation pour tous les enfants d’Abraham, en particulier le monde islamique, où l’Égypte occupe une place de premier plan. » Le pape « embrasse cordialement » tous les Égyptiens : « jeunes et plus âgés, femmes et hommes, musulmans et chrétiens, riches et pauvres ».

Dans son message, le pape François « souhaite » que cette visite « soit aussi une contribution efficace au dialogue interreligieux avec le monde islamique et au dialogue œcuménique avec la vénérée et bien-aimée Église copte orthodoxe. »

« Notre monde déchiré par la violence aveugle », dit encore le pape, a « besoin de paix, d’amour et de miséricorde ». Il « a besoin de constructeurs de ponts de paix, de dialogue, de fraternité, de justice et d’humanité ».

Voici notre traduction intégrale des paroles du pape dans ce message: c’est désormais une tradition que le pape prépare un voyage en s’adressant à l’avance à la nation qui va l’accueillir. Le pape s’exprime en italien, une voix off traduit en arabe.

MD

Message du pape François

Cher peuple d’Égypte ! Al Salamò Alaikum! La paix soit avec vous !

Le cœur joyeux et reconnaissant, je viendrai dans quelques jours visiter votre chère patrie : berceau de civilisations, don du Nil, terre du soleil et de l’hospitalité où vécurent les patriarches et les prophètes et où Dieu clément et miséricordieux, le tout-puissant et l’unique, a fait entendre sa voix.

Je suis vraiment heureux de venir en ami, en messager de paix et en pèlerin dans le pays qui, il y a plus de deux mille ans, a donné le refuge et l’hospitalité à la Sainte Famille qui fuyait les menaces du roi Hérode (cf. Mt 2,1-16). Je suis honoré de visiter la terre visitée par la Sainte Famille !

Je vous salue cordialement et je vous remercie de m’avoir invité à visiter l’Égypte que vous appelez « Umm il Dugna » / Mère de l’univers ! Je remercie vivement le Président de la République, Sa Sainteté le patriarche Tawadros II, le Grand Imam d’Al-Azhar et le patriarche copte-catholique qui m’ont invité ; et je remercie chacun de vous qui me faites de la place dans votre cœur. Merci aussi à toutes les personnes qui ont travaillé et qui travaillent pour que ce voyage soit possible.

Je désire que cette visite soit une étreinte de consolation et d’encouragement pour tous les chrétiens du Moyen-Orient, un message d’amitié et d’estime pour tous les habitants de l’Égypte ou de la région, un message de fraternité et de réconciliation pour tous les enfants d’Abraham, en particulier le monde islamique, où l’Égypte occupe une place de premier plan. Je souhaite que ce soit aussi une contribution efficace au dialogue interreligieux avec le monde islamique et au dialogue œcuménique avec la vénérée et bien-aimée Église copte orthodoxe.

Notre monde, déchiré par la violence aveugle – qui a aussi frappé le cœur de votre chère terre – a besoin de paix, d’amour et de miséricorde ; il a besoin d’artisans de paix et de personnes libres et libératrices, de personnes courageuses qui sachent apprendre du passé pour construire l’avenir sans s’enfermer dans les préjugés ; il a besoin de constructeurs de ponts de paix, de dialogue, de fraternité, de justice et d’humanité.

Chers frères égyptiens, jeunes et plus âgés, femmes et hommes, musulmans et chrétiens, riches et pauvres, je vous embrasse cordialement et je demande à Dieu tout-puissant de vous bénir et de protéger votre pays de tout mal.

S’il vous plaît, priez pour moi ! Shukran wa Tahiaì Misr! / Merci et vive l’Égypte !

(c) Traduction de ZENIT, Constance Roques

Aphraate, le sage persan

Aphraate est un des personnages les plus importants et les plus énigmatiques du christianisme syriaque du IVe siècle. Né de parents païens, il se convertit et devint moine, puis supérieur d’ascètes et enfin, probablement, évêque. Il vécut dans la région de Ninive (aujourd’hui Mossoul, dans le nord de l’Irak) et connut les sévères persécutions du roi perse Shapour II. Au cours de celles-ci, l’Église de Perse, pourtant déjà bien établie, fut profondément ébranlée dans ses fondements et dans sa hiérarchie, particulièrement massacrée. C’était une communauté ecclésiale à la frontière entre le judaïsme et le christianisme, profondément liée à l’Église-mère de Jérusalem : ses évêques étaient traditionnellement choisis parmi ceux qu’on appelle « les proches » de Jacques, le « frère

du Seigneur ». Aphraate a écrit dix exposés à l’intention des catéchumènes qui se préparent au baptême. Dans ses vingt-trois discours, connus sous le nom de « Démonstrations » ou « Expositions », il traite de divers thèmes de la vie chrétienne, comme la foi, l’amour, le jeûne, l’humilité, la prière, la vie ascétique… Il évoque également le rapport entre judaïsme et christianisme, entre Ancien et Nouveau Testament. Dans tous ses écrits, il semble se refuser à exposer ce qu’il pense mais cherche à faire parler la parole de Dieu, étudiée de façon systématique depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, et ceci pour chaque question qu’il aborde. Le style de ce sage persan est simple, accessible à tous, il emploie des phrases brèves. La vision qu’Aphraate a de l’homme et de sa réalité corporelle est très positive : le corps de l’homme, à l’exemple du Christ humble, est appelé à la beauté, à la joie, à la lumière.

Père Pierre Humblot, prêtre au service de l’Église chaldéenne de Téhéran

 

Au sujet de la prière

« La pureté du coeur est une prière plus excellente que toutes les oraisons répétées à haute voix, et le silence conjoint à une conscience sincère surpasse la voix haute de l’homme qui crie. Maintenant donc, mon ami, donnemoi ton coeur et ton intelligence et écoute-moi te parler de la force de la prière pure […] C’est la prière qui fit cesser le déluge ; elle guérit la stérilité ; elle repoussa les armes ; elle dévoila les mystères ; elle fendit la mer ; elle ouvrit une brèche dans le Jourdain, retint le soleil et immobilisa la lune […]. Sa force était tout à fait considérable comme l’était celle du jeune pur… »

 

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Voyage en Égypte : la messe du 29 avril sera au stade militaire

Source Zenith

 

Dans une interview accordée à l’agence catholique italienne Sir le 21 avril 2017, Mgr Emmanuel Bishay a expliqué le changement de logistique pour la messe et a communiqué les détails de la rencontre du pape avec les jeunes et de la prière œcuménique pour les martyrs orthodoxes coptes.

La messe se tiendra au stade militaire et « ce choix offre des avantages, a dit Mgr Bishay : un plus grand nombre de places pour les fidèles. On est passé de 18 mille places disponibles à 25 mille  … Se trouvant en dehors du centre-ville, il offre de plus grands avantages pour la mobilité et les parkings. En effet, nous attendons énormément de cars de partout en Égypte ».

Les jeunes rencontreront le pape François le vendredi 28 avril : « une petite délégation de 300 jeunes aura la possibilité de saluer le pape à la nonciature, a indiqué Mgr Emmanuel Bishay. Pendant le dîner du pape, les jeunes entreront dans la nonciature et chanteront pour le Saint-Père. Le pape se présentera au balcon de la nonciature et les saluera, mais nous ne pouvons pas exclure des surprises de dernière minute avec le pape, qui pourrait descendre et saluer personnellement les jeunes ».

« Les jeunes s’attendent à quelque chose de plus que les autres, de la part de leur pape », a-t-il souligné. « Dans ce but, nous avons pensé organiser un pèlerinage des jeunes, de deux jours, avec un départ de tous les diocèses en direction du Caire où ils seront hébergés et accueillis dans un lieu capable d’accueillir jusqu’à 3000 jeunes.»

Avec le pape Tawadros II, patriarche de l’Église copte orthodoxe, et les chefs des Églises chrétiennes, le pape François rendra hommage aux martyrs de l’Église copte orthodoxe tués au cours des attentats terroristes.

Il le fera par une prière silencieuse, d’abord à l’intérieur, puis devant le mur de l’église Saint-Pierre, édifice adjacent à la cathédrale copte de Saint-Marc, dans le quartier d’al-Abassiya où, le 11 décembre 2016, un attentat a provoqué la mort de dizaines de personnes. « Ce jour-là, les corps des blessés et des morts ont été transportés de l’intérieur de l’église contre un mur à l’extérieur de l’église, a expliqué Mgr Emmanuel Bishay. Ce mur est empreint de leur sang. Aujourd’hui, devant ce mur a été mis un verre de protection et ce lieu est devenu un but de pèlerinage et de prière. C’est justement là que, vendredi 28 avril, après la rencontre avec le pape Tawadros et avec tous les responsables chrétiens, le pape François déposera un bouquet de fleurs et allumera des bougies en hommage aux victimes. Cet acte rappellera toutes les victimes de l’Égypte. Devant cette vitrine, nombreux sont ceux qui laissent des prières et des intentions. C’est devenu le mur des martyrs ».

Avec une traduction de Constance Roques

Égypte : Visite exceptionnelle des deux chefs de l’Église d’Occident et d’Orient

Source Aleteia

Bartholomée Ier et le pape François de nouveau réunis. Après un voyage ensemble en Terre sainte, en 2014, une visite éclair sur l’île grecque de Lesbos, en avril 2016, et une rencontre côte à côte à Assise, en septembre de la même année, le patriarche œcuménique de Constantinople annonce qu’il se rendra au Caire, en Égypte, en même temps que le pape François, les 28 et 29 avril prochains. Selon le quotidien catholique italien Avvenire, le chef de l’Église orthodoxe a révélé sa visite au cours de la divine liturgie de Pâques, au Phanar, en Turquie, le 16 avril dernier : « J’ai été invité moi aussi par l’Université d’al-Azhar au Caire, et le 28 avril je pourrais être avec le pape François », a-t-il dit précisément.

Nouveau tournant interreligieux

Le patriarche œcuménique, le pape François et le pape des coptes orthodoxes, Tawadros II, pourraient donc rencontrer ensemble le grand imam de l’université al-Azhar, le cheikh Ahmed Mohamed al-Tayeb qui organise une conférence internationale sur la paix, à laquelle est prévue une intervention du souverain pontife. Dix jours après les nouveaux attentats anti-coptes de Tanta et d’Alexandrie, ayant fait au moins 44 morts et plus d’une centaine de blessés, en pleine messe des Rameaux, le 9 avril dernier, cette entrée en dialogue avec l’islam sunnite, dont l’université d’Al-Azhar est l’un des plus prestigieux représentants, sonne comme un nouveau tournant dans les relations oecuméniques et interreligieuses, face au terrorisme pratiqué au « nom de l’islam ».

Le Saint-Siège a renoué avec Al-Azhar, en février 2016, après cinq années de gel. Les 22 et 23 février derniers, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, s’était rendu au Caire pour participer à un symposium sur le thème : « Le rôle d’Al-Azhar al-Sharif et du Vatican pour contenir le fanatisme, l’extrémisme et la violence au nom de la religion ». Ce symposium était un premier pas dans le rétablissement des relations entre le Saint-Siège et Al-Azhar, après la rencontre historique entre le pape François et le grand imam Ahmed Al-Tayeb, le 23 mai 2016.

En revanche, les liens entre l’Église catholique et l’Église copte-orthodoxe d’Alexandrie, l’Église chrétienne la plus grande du Moyen-Orient, n’ont jamais été interrompus. Son plus haut représentant, le « pape » Tawadros II, figure depuis toujours dans la liste de ceux que le souverain pontife appelle « mon frère ». Très touché, Tawadros confia un jour aux médias italiens : « Le pape François est un homme animé d’un esprit divin. Je l’ai rencontré le 10 mai 2013, au Vatican, et j’ai tout de suite senti en lui comme un frère qui nous soutient par la prière, par son expérience spirituelle et ses enseignements écrits, dont nos vies peuvent tirer un grand bénéfice ».

François et Bartholomée, même vision

Les relations entre les évêques de Rome et de Constantinople, successeurs des apôtres Pierre et André ont, quant à elles, toujours été très cordiales malgré certains flottements et « malentendus » sporadiques. François et Bartholomée se sont rendus ensemble en Terre sainte, en mai 2014 pour prier ensemble dans la basilique du Saint-Sépulcre. Et se sont retrouvés quelques jours plus tard, dans les jardins du Vatican, pour « accueillir », ensemble, les présidents israélien et palestinien, invités à participer à une « prière pour la paix » au Proche-Orient. « Votre participation est un grand don, un soutien précieux ; elle est le témoignage du chemin que, comme chrétiens, nous parcourons vers la pleine unité », l’avait-il remercié à cette occasion.

Très sensible au sort des migrants, des réfugiés, des exilés, le patriarche était également à ses côtés lors de sa visite à Lesbos, en 2016, et à Assise quelques mois plus tard — 30 ans après la première rencontre inter-religieuse convoquée par Jean Paul II — pour réaffirmer, haut et fort, que même si leurs traditions religieuses sont différentes, la différence ne doit pas être « un motif de conflit, de polémique ou de froide distance « . « Le Pape et moi nous nous sommes vus six fois, et je suis venu à son installation en mars 2013 », a-t-il rappelé aux journalistes.

La visite historique au Caire des deux chefs de l’Église d’Occident et d’Orient, est vue comme un grand geste de « proximité » et « d’unité » envers les chrétiens coptes, victimes de la barbarie de Daesh. Après les attaques de Tanta et Alexandrie, le dimanche des Rameaux, une autre attaque djihadiste aux abords du monastère Sainte-Catherine, dans le Sud-Sinaï, à environ 500 km du Caire, a fait monté la tension d’un cran. Les assaillants ont pris la fuite après un échange de tirs avec la police. Un policer a été tué, et au moins trois autres ont été blessés. Le monastère de Sainte-Catherine, sur les pentes du mont Sinaï, accueille une vingtaine de moines grecs orthodoxes. Déclaré patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO en 2002, il est considéré comme le plus antique monastère chrétien encore en activité.

Taizé, autre visite exceptionnelle

Quelques jours avant, le patriarche sera à Taizé, en France, pour la première fois. Il participera, le 25 avril, à une prière commune, en l’église de la Réconciliation, en présence des frères, de représentants des différentes communautés chrétiennes et des jeunes. Sa visite, qualifiée « d’exceptionnelle » par le prieur de la communauté oecuménique, frère Alois, aura lieu juste après la visite pastorale qu’il effectue en Suisse, à l’occasion des 50 ans du centre orthodoxe de Chambésy, à Genève. Un discours de Bartholomée est prévu à la fin de la prière commune. Bien qu’il s’agisse de sa première visite à Taizé, le patriarche Bartholomée entretient avec la communauté des liens profonds. Frère Alois s’est rendu plusieurs fois à Istanbul, à son invitation, avec un groupe de frères et de jeunes.

Paris : Messe annuelle de l’Œuvre d’Orient en la Cathédrale Notre-Dame de Paris, dimanche 14 mai 2017

La messe annuelle de l’Œuvre d’Orient sera célébrée par le Patriarche de l’Église copte catholique (Alexandrie), S.B. Ibrahim Isaac Sedrak.

La divine Liturgie sera célébrée en la Cathédrale Notre-Dame de Paris, dimanche 14 mai 2017 à 15h30.


DATE: Dimanche 14 mai à 15h30

LIEU: Cathédrale Notre-Dame de Paris, 75001 Paris

CONTACTS : L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr