Ihor Rantsya évêque de l’Eparchie ukrainienne St Volodymyr le Grand

COMMUNIQUE DE PRESSE 


Ce 1er octobre 2025, jour de la fête de la Protection de la Très Sainte Mère de Dieu, il a été annoncé que le Saint-Père Léon XIV avait approuvé la décision du Synode des évêques de l’Église gréco-catholique ukrainienne (ÉGCU), qui a élu évêque de l’Éparchie (diocèse) ukrainienne Saint Volodymyr le Grand de Paris, le père IHOR RANTSYA, prêtre de l’archiéparchie de Lviv, qui sert depuis 2015 dans l’éparchie ukrainienne de Paris. Cette information a été communiquée par le
Bureau de presse du Saint-Siège au Vatican et le Département de l’information de l’ÉGCU à Kyiv.
Le père Ihor Rantsya devient ainsi le deuxième éparque de l’éparchie ukrainienne de Paris, après le transfert en 2019 du premier éparque, Mgr Borys Gudziak, au siège métropolitain de Philadelphie ; il reprend le ministère épiscopal de l’actuel administrateur apostolique, Mgr Hlib Lonchyna, évêque émérite de l’Éparchie de la Sainte Famille de Londres.

Mgr Hlib a exprimé sa joie à l’annonce de cette nouvelle. « L’Éparchie Saint Volodymyr le Grand de Paris a enfin reçu l’évêque-éparque qu’elle attendait depuis de nombreuses années. Je prie pour que le Seigneur bénisse le ministère épiscopal du père Ihor Rantsya, afin qu’il devienne un digne successeur de Mgr Borys, premier éparque à Paris, et de ses prédécesseurs, les exarques Volodymyr Malanchuk et Michael Hrynchyshyn. L’évêque-nommé Ihor a les qualités requises pour mener cette éparchie dans le deuxième quart du XXIe siècle. Il sera également une voix importante au Synode de nos évêques. Je souhaite au nouvel éparque la grâce de Dieu et l’inspiration divine nécessaire pour accomplir son ministère épiscopal : sanctifier, enseigner et guider le peuple de Dieu. Je sais que le clergé et les fidèles de l’éparchie accueilleront chaleureusement le nouvel évêque et travailleront avec lui pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ».

À son tour, l’évêque-nommé Ihor Rantsya remercie pour cette nomination gage de la confiance accordée par le Saint Père Léon XIV, le Patriarche Sviatoslav et le Synode des évêques de l’ÉGCU, au service de ses fidèles en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Suisse.
« J’accepte la mission que m’a confiée notre Église avec engagement, joie et paix intérieure, mais, en même temps, avec humilité. Au cours de mon service en France, j’ai été l’observateur et le collaborateur de Mgr Borys et de Mgr Hlib, différents par leur charisme et leur style, mais égaux dans leur amour pour l’Église et leur zèle pour le salut des âmes. Je compte sur les prêtres talentueux et dévoués de l’éparchie, que je connais bien, avec lesquels nous servirons nos fidèles.
Ensemble, nous nous efforcerons d’élargir et d’approfondir l’espérance, de construire l’unité et la communion, de favoriser la liberté et l’ouverture, la miséricorde et le sacrifice de soi, tout en partageant des dons avec l’Église catholique romaine, les autres Églises et confessions dans les pays de l’éparchie et toutes les personnes de bonne volonté. Ensemble nous aiderons l’Ukraine, qui souffre de l’agression russe ».

 

Informations biographiques

Ihor Rantsya est né le 8 mars 1978 dans le village d’Opilsko, région de Lviv, dans une famille gréco-catholique ukrainienne. De 1995 à 2003, il étudie à l’Université nationale Ivan Franko de Lviv, où il obtient un doctorat en géographie, puis enseigne pendant cinq ans. De 2008 à 2014, il étudie au Séminaire Saint-Esprit de Lviv et à l’Université catholique d’Ukraine (UCU), obtenant en 2013 une licence canonique en théologie (STB). En février 2014, à l’invitation de Mgr Borys Gudziak, éparque de France, il s’installe à Paris pour poursuivre ses études de théologie et son ministère pastoral.

Il est ordonné prêtre le 29 mars 2015 à Paris par Mgr Ihor Vozniak, archevêque métropolitain de Lviv, en devenant membre du clergé de l’archiéparchie de Lviv. Sur mandat de l’éparque du lieu, Mgr Borys Gudziak, puis, à partir de février 2019, de l’administrateur apostolique, Mgr Hlib Lonchyna, il exerce diverses fonctions pastorales et curiales : vicaire de la cathédrale Saint Volodymyr le Grand de Paris de Paris (2015-2019), membre du Conseil presbytéral et du Collège des conseillers (depuis 2017), recteur de la nouvelle paroisse de Tous-les-Saints à Vincennes (2017- 2019), président de la Commission œcuménique (2018-2021), administrateur de la cathédrale Saint Volodymyr le Grand de Paris à Paris (2019-2022), représentant de l’éparchie au Conseil pastoral de la Curie patriarcale (depuis 2019), protosyncelle/vicaire général (depuis 2022). Parallèlement à ces fonctions, il étudie à l’Institut catholique de Paris : en 2018, il y obtient une licence canonique en théologie œcuménique (STL) et commence un doctorat en ecclésiologie. Du 7 janvier au 1 octobre 2025, le père Ihor était en congé pour terminer la rédaction de sa thèse de doctorat, dont la soutenance est prévue dans les tout prochains mois.

Éparchie Saint Volodymyr de Paris

L’histoire du pastorat gréco-catholique ukrainien à Paris commence dans les années 1850. En 1937, grâce aux efforts du métropolite André Sheptytsky, la Mission de l’ÉGCU en France est canoniquement fondée à Paris sous la direction du père Jacques Perridon. Depuis 1946, les fidèles ukrainiens des pays aujourd’hui dans l’éparchie, sont pris en charge par l’évêque Ivan Buczko en tant que visiteur apostolique. En 1954, les gréco-catholiques ukrainiens de France ont rejoint le nouvel Ordinariat des catholiques orientaux, dirigé par les archevêques de Paris.
En 1960, le pape Saint Jean XXIII crée un exarchat pour les Ukrainiens en France et nomme premier exarque, Mgr Volodymyr Malanchuk (1961-1982). Lui succède Mgr Michael Hrynchyshyn (1982-2012) et le territoire pastoral des exarques de France est étendu à la Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et à la Suisse. L’évêque Borys Gudziak en devient le troisième exarque (2012), puis son premier éparque – lorsque le pape Benoît XVI élève l’exarchat au rang d’éparchie (diocèse) en 2013. Depuis sa nomination au siège métropolitain de l’ÉGCU aux États-Unis le 18 février 2019, Mgr Hlib Lonchyna était l’administrateur apostolique de l’éparchie ukrainienne de Paris.
La date de la consécration épiscopale et de l’intronisation de l’éparque-nommé Ihor Rantsya, qui auront lieu à Paris, sera annoncée ultérieurement.

Retrouvez le communiqué original ici

CP 3 oct 2025 – I. RANTSYA évêque de l’Eparchie ukrainienne St Volodymyr le Grand

Le Prix littéraire de L’Œuvre d’Orient 2025

Le Prix littéraire de L’Œuvre d’Orient revient pour sa 14e édition et sera décerné à un ouvrage traitant avec vérité et espérance de la situation des chrétiens en Orient. Ce prix honorifique et unique dans sa catégorie permet de sensibiliser les lecteurs à l’actualité et aux problématiques des chrétiens en Orient.

Le prix sera remis le mercredi 24 septembre 2025 à Saint-Germain-des-Prés, par Mgr Laurent Ulrich, Archevêque de Paris et Ordinaire des catholiques des églises orientales résidant en France.

Au programme cette année : des voix de chrétiens d’Orient, mais aussi de spécialistes sur le sujet et d’un orthodoxe, de l’Ukraine à l’Irak en passant par la Terre sainte ou encore le Liban.

 

Les titres présélectionnés :

– Anatolii Babynskyi, L’Église gréco-catholique ukrainienne. Une brève histoire, Salvator, janvier 2025.

– Marwan Chahine, Beyrouth, 13 avril 1975. Autopsie d’une étincelle, Belfond, septembre 2024.

– Sébastien de Courtois, La marche et le sacré. Quelques pas vers l’éternité, Salvator, avril 2024.

– Nicolas Diat, Humilitas. La naissance des hommes seuls, Fayard, octobre 2024.

– Métropolite Emmanuel, Libres enfants de Dieu, éditions du Cerf, mars 2025.

– Carine Marret, Les chrétiens d’Orient et la France. Mille ans d’une passion tourmentée, Balland, janvier 2025.

– Philippe Martin, Sur les chemins de Jérusalem. Juifs, chrétiens et musulmans en pèlerinage vers la Ville sainte, Tallandier, octobre 2024.

– Joseph Yacoub et Pascal Maguesyan, Pour l’amour d’une mère. Itinéraires d’un Assyro-chaldéen, éditions du Cerf, mai 2025.

 

Le jury, spécialiste de la question des chrétiens d’Orient :

Christian CHESNOT, journaliste et grand reporter à France Inter.

Jean-François COLOSIMO, directeur général des éditions du Cerf, théologien, historien, essayiste.

Antoine FLEYFEL, théologien et philosophe, directeur de l’Institut des chrétiens d’Orient à Paris, professeur à l’université Saint-Joseph de Beyrouth et membre de l’Œuvre d’Orient.

Céline GUILLAUME, présidente de La Procure.

Anne-Bénédicte HOFFNER, ancienne journaliste à La Croix et étudiante en théologie.

Christian LOCHON, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.

Marine de TILLY, critique littéraire au Point, grand reporter.

Thomas WALLUT, producteur, journaliste de l’émission «Chrétiens Orientaux, Foi, Espérance et Traditions» de France 2.

– Une voix pour les délégués de l’Œuvre d’Orient.

 

Retrouvez tous les ouvrages de la présélection sur la boutique de L’Œuvre d’Orient : La Maison de L’Œuvre d’Orient

 

Pour plus d’informations, contactez Marielle Fontanilles : mfontanilles@oeuvre-orient.fr

« Espérer, entrer dans une relation sans peur »

« Espérer, entrer dans une relation sans peur »

Entretien avec Jina Achji, grecque-catholique d’Alep, fondatrice du projet Espace du Ciel réalisé en juillet par Jean-Louis de La Vaissière

Jean-Louis de la Vaissière : Quelle est l’humeur des Syriens sous ce régime conduit par un ancien  islamiste ?

Jina Achji : Ils essaient d’espérer car ils n’ont aucune autre issue mais ce n’est pas facile de conformer leur rêve à la réalité.

Dans plusieurs domaines il y a beaucoup de changements. Mais je vois aussi combien les Syriens n’éprouvent pas encore de sentiment de sécurité.

Même si pour l’Amérique de Trump, la Syrie est le paradis maintenant, la réalité est très difficile. Certes la vie coûte un peu moins qu’autrefois. Le prix des achats a diminué, environ 20%, mais le taux de change réel du dollar reste très élevé. Il y a des marchandises dont les prix ne baissent pas.

Dans les écoles, l’ancien système continue mais ils ont remplacé l’éducation civique par la religion. Cela vaut aussi pour les chrétiens.

Réunion dans les locaux de l’association « Espace du ciel », avec Jina ACHI. © Hasan Ibrahim BELAL

Parlez-nous de votre projet pour la tolérance mutuelle, Espace du ciel ?

J’ai fondé il y a 13 ans ce projet qui réunit musulmans et chrétiens pour faire ensemble des expériences qui les aident à s’accepter, à entrer dans une relation sans peur. On reçoit les enfants, de l’âge de trois ans jusqu’au bac, mais aussi leurs mères. Elles ont des séances obligatoires. Quand elles inscrivent leur enfant, elles doivent suivre le programme de leur enfant. On aide aussi des jeunes universitaires à élargir leur espace intérieur, à recevoir Dieu de plusieurs manières : à recevoir l’autre à travers Dieu et aussi à accueillir la manière de l’autre qui a reçu Dieu de manière différente. Ils peuvent découvrir combien la différence est enrichissante. Ce projet est l’oasis où tous nous pouvons découvrir l’homme à l’intérieur et dans l’essentiel.

 

Comment les chrétiens peuvent-ils pratiquer leur foi?

En principe, ils peuvent prier. L’Etat leur dit :  on vous défend. Mais ce n’est pas une question de défense, c’est une ouverture vers toutes les communautés qui va sauver la Syrie. C’est la seule solution, incluant tous les Syriens. Autrefois ce n’était pas facile d’exprimer notre opinion politique, c’était même interdit. En fait, les gens ne savent pas jusqu’à quel point ils peuvent exercer leurs libertés, car toujours il y a des comportements individuels qui réveillent des peurs anciennes. Par exemple, en été, les gens ne savent pas comment ils doivent s’habiller, on n’ose pas ouvrir de piscines mixtes pour aller nager. En principe on est pensé disposer de ces libertés qu’on avait, mais, dans les faits, on n’en sait rien.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Après quatorze ans de guerre, les Syriens ont besoin que l’autre ne soit plus ressenti comme une menace. Le rôle du gouvernement est de créer un terrain fécond où chacun puisse trouver sa place et se trouver lui-même au milieu du désordre. Et de ne pas imposer des contraintes qui paralysent de nouveau.  Les gens étaient muets autrefois, travaillant en silence. Le silence n’est pas vibrant mais il est plus actif que le brouhaha de la propagande. Beaucoup de gens étaient silencieux car ils essayaient de voir où est le bien commun, pas celui d’une communauté. C’était le rôle de l’Eglise de travailler en silence entre toutes les communautés. C’était notre choix : travailler avec tout le monde, ne rejeter aucune croyance.

[Liban] Le témoignage d’Adrien : « Je suis tombé en admiration pour ce pays : son carrefour de civilisation, son patrimoine historique exceptionnel, son attachement à Dieu et la chaleur des Libanais »

Le témoignage de notre volontaire, 30 ans, aide soignant en France, en mission d’été à Ghodrass au Liban auprès des personnes âgées.


Ma mission

J’attendais avec beaucoup d’impatience et de joie cette mission. Autant vous dire que cette expérience a surpassé en tous points mes attentes.

J’ai effectué une mission de 3 semaines au sein du Foyer Notre Dame des Douleurs tenu par la Congrégation des Filles de Notre-Dame des Douleurs à Ghodrass, au Liban.

Le foyer accueille 64 personnes âgées dépendantes de diverses origines, confessions et ressources financières.

La distribution du repas, les soins de nursing et les activités de l’après-midi pour les personnes âgées ont été mes principales missions.

En outre, j’ai été fier de mettre à profit mon expérience d’aide-soignant en soins palliatifs puisqu’ils ont la remarquable volonté de fonder un service similaire au Foyer ce qui est rarissime au Liban.

Les personnes âgées présentent au Foyer Notre Dame des Douleurs sont ancrées dans une relation très intime à Dieu. Le mot Dieu est usité dans chaque conversation. La Messe, célébrée chaque jour, est un moment très précieux dont beaucoup ne manqueraient pour rien au monde.

Je suis particulièrement touché par la Foi des chrétiens Maronites.

Les Églises, les calvaires, les icônes de Saints (souvent Saint Charbel), les chapelets, les statues de la Sainte Vierge Marie sillonnent les territoires chrétiens du Liban. Les Libanais portent un chapelet en bois ou une croix en or pour les plus aisés. Les chapelets décorent aussi les pares brises des voitures.

Le Liban se caractérise aussi par sa mixité religieuse et ses paysages diversifiés entre mer et ciel. La nature montagneuse est préservée ce qui la rend tout simplement magnifique.

Mon expérience du Liban

En traversant Beyrouth, j’ai vu l’extrême pauvreté : des enfants fouillent les poubelles à la recherche de nourriture et de vêtements, des vendeurs et mendiants se dressent sur les abords de l’autostrade (la seule autoroute du Liban qui traverse le pays du sud au nord) à la recherche d’argent. Les bâtiments très modernes tutoient des bâtiments bombardés, criblés de balles ou abandonnés, vestiges de la guerre civile.

J’ai eu la chance de visiter le monastère Saint-Maron où repose Saint-Charbel et de faire une sortie en bateau à Batroun où j’ai pu me baigner dans la Méditerranée.

J’ai beaucoup aimé Faraya, Byblos, le port de Batroun, Achrafieh qui est le quartier chrétien de l’Est de Beyrouth et Tripoli pour son dépaysement total.

J’ai particulièrement apprécié les activités ludiques avec les personnes âgées ainsi que ces moments précieux d’échanges et de partages sur tout ce qu’elles ont traversé.

L’Eglise Maronite est fière d’être la seule Eglise d’Orient à être fidèle à l’Eglise Catholique Universelle, dès ses origines.

J’ai trouvé Dieu et l’ai prié de manière différente car la messe est célébrée en arabe. Je n’en comprends malheureusement pas un mot mais je me laisse tout simplement porter par la gestuelle, les chants et médite sur l’émotion que me renvoie la messe.

Mes temps de prières outre que personnel s’effectuent quand je donne à manger aux résidents dépendants.

Je repense au verset : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25,40

Et cela me met en joie et m’emplît le cœur.

Je me sens profondément utile et je reprends sens à ce que je faisais en France. Cette expérience me fait grandir en tant qu’homme et en tant que chrétien.

Le sentiment qui m’anime est que je me sens profondément intégré par tous.

Je suis tombé en admiration pour ce pays : son carrefour de civilisation, son patrimoine historique exceptionnel, son attachement à Dieu et la chaleur des Libanais.

Le Liban est un véritable joyau dont les représentations ne doivent plus être uniquement synonymes de guerres.

Je remercie grandement les Sœurs de m’avoir si bien accueilli pendant ces 3 semaines ainsi que L’Œuvre d’Orient de m’avoir permis de vivre cette mission.

[Bulgarie] : Le témoignage de François :  » Ces moments avec les enfants sont assez intenses, mais très simples et joyeux. »

Notre volontaire François , 21 ans, est parti en mission à Svishtov en Bulgarie


Ces dernières semaines ont été marquées par les fortes chaleurs qui pèsent sur notre région, faisant de toute pièce climatisée un endroit salutaire. L’église de Svishtov n’est elle-même pas toujours climatisée mais nos prières au fil des jours et des fêtes du calendrier liturgique sont à coup sûr salutaires.

Je dispose à présent des bases essentielles pour bredouiller en Bulgare, et suis ainsi en mesure d’échanger un petit peu et de comprendre parfois ce qui se raconte autour de moi. Si, au début de mon séjour, j’étais un peu gêné d’acquiescer tout du long sans rien comprendre aux monologues de mes interlocuteurs (concédant tout de même parfois un « da » approbateur), j’apprécie désormais qu’on me tienne tous ces discours, qui sont un moyen imparable de me familiariser avec la langue. Je sais aussi que certains aiment que l’on passe du temps avec eux et que l’on s’efforce de parler.

Ma mission :

Ma mission de volontaire et accompagnateur du père Vialle m’a amené dans plusieurs fêtes paroissiales : journée mondiale des grands-parents à Béléné en présence de l’évêque, 170 ans de la paroisse de Malchika, anniversaire d’une religieuse à Roussé, anniversaire du curé de Malchika… Nous voyageons, et retrouvons dans chaque paroisse les bons pères passionistes, tous italiens sauf le père Vialle. La congrégation est fortement implantée et attachée au nord de la Bulgarie, sous la figure tutélaire d’un bienheureux passioniste et évêque, Monseigneur Bossilkov, qui fut martyrisé sous le régime.

Nos divers déplacements guidés par le père nous ont permis de rencontrer plusieurs autres communautés religieuses : les Carmélites de Sofia, les Franciscains conventuels et les soeurs Missionnaires de la Charité de Pleven. J’admire le don total de leur vie dans un pays étranger, où la foi est peu vive. De leurs propres dires, je comprends d’abord que le régime soviétique a fait son travail, puis qu’à sa chute, le spectacle de la perte de morale chrétienne en Occident n’était pas vraiment de nature à inspirer un renouveau de la foi en Bulgarie. Si la pratique religieuse est très faible, les défunts sont en revanche entourés d’une dévotion particulière : littéralement partout, on trouve de ces feuilles placardées en mémoire du énième anniversaire du décès de tel ou tel proche.

A Svishtov, parmi les travaux incontournables, il y a l’entretien des églises de Dragomirovo et de leur jardin. Un graissage des cloches pour commencer, puis la tonte, avec les multiples tracasseries mécaniques – presque comiques – du tracteur tondeuse. Heureusement, les voisins et connaissances ne se font jamais prier pour apporter leur aide. Nous sommes abondamment ravitaillés et nourris par Baba Marguerite.

C’est cette même Marguerite, quasi-vicaire, qui relaie parfois au père les besoins de ses ouailles, par exemple lorsqu’il faut donner les sacrements à une famille qu’il ne connaissait pas lui-même.

A deux reprises, nous avons participé aux soirées-jeux organisées par la paroisse voisine d’Oresch pour les enfants, venus assez nombreux. Très vite, nous retrouvons quelques enfants déjà croisés, et sommes adoptés par les autres. Les enfants se donnent à fond dans les jeux, et ils nous font bien participer ! Nous avons aussi le droit à une visite d’une petite délégation des enfants de cette paroisse quelques jours plus tard, pour faire le tour de l’église puis quelques jeux dans la grande salle dédiée. Ces moments avec les enfants sont assez intenses, mais très simples et joyeux.

Enfin, je ne saurais oublier d’évoquer la ménagerie que nous entretenons à Svishtov, avec 25 chats (le chiffre est variable), 3 tortues et un chien. Leur nourriture, les soins et le nettoyage ne sont pas toujours bien attrayants, mais un moyen imparable de rendre service concrètement et quotidiennement. Pour faire bonne mesure, et dans la lignée des anciens volontaires, j’ai adopté un chaton et l’ai nommé Brutus. Après examen clinique, le chaton est une petite femelle, et Brutus n’était peut-être pas le meilleur prénom à choisir.

[Ethiopie] : Le témoignage de Charles :  » Il s’agit aussi de partager une présence, une attention, une fraternité « 

Notre volontaire Charles, 27 ans, est en mission à Bethany Gedam – Goro – Ethiopie


Ma mission :

Arrivé depuis deux semaines à Goro, je commence à m’installer dans un quotidien rythmé, simple, mais très riche humainement. J’ai été accueilli avec une générosité exceptionnelle par les pères indiens. Leur disponibilité, leur joie de vivre, et leur foi m’ont immédiatement mis en confiance, malgré le dépaysement initial.

Ma mission principale consiste à donner des cours d’anglais, de sciences et de mathématiques à des élèves âgés de 10 à 24 ans. Cela représente un vrai défi, à la fois en termes de contenu pédagogique et d’adaptation aux niveaux variés. Les élèves sont touchants et se sentent privilégiés de m’avoir comme professeur. Je le suis aussi.

C’est aujourd’hui ma troisième semaine de cours et je constate à quel point l’éducation est perçue ici comme un véritable levier d’avenir.

Ce qui m’a aussi beaucoup marqué, c’est la simplicité du quotidien : peu de moyens matériels, mais une très grande chaleur humaine. Le contraste avec ce que je vis en France est parfois déroutant, notamment dans la gestion du temps ou l’approche de l’enseignement, mais cela m’oblige à me rendre plus souple, plus à l’écoute, et à sortir de mes automatismes.

Sur le plan spirituel, je découvre une Église vivante et ancrée dans le quotidien. Les offices sont joyeux, parfois longs mais très participatifs, et il est beau de voir autant de jeunes engagés dans la vie chrétienne. Cela me pousse moi-même à réinterroger ma foi.

Ces premiers jours sont intenses, parfois fatigants, mais ils sont surtout extrêmement formateurs. Je commence à comprendre que le cœur de la mission ne se limite pas à l’enseignement : il s’agit aussi de partager une présence, une attention, une fraternité.

Je passe certains après-midis à visiter des installations dans les villages voisins (cliniques, écoles, églises).

Je remercie vivement L’Œuvre d’Orient pour sa confiance et l’opportunité de vivre cette expérience unique. J’espère continuer à grandir à travers cette mission, et à rendre le meilleur service possible aux jeunes qui me sont confiés.

[Liban] : le témoigne de Sarah : « Je vois que ma complicité et mes liens avec les Soeurs s’épaississent »

Notre volontaire Sarah – 23 ans – est en mission pour quatre mois Foyer Notre-Dame des Douleurs – Ghodras


Ma mission :

Je suis arrivée au Liban et au foyer il y a pile deux mois. J’ai l’impression d’y avoir trouvé mes habitudes et une forme de confort. Le matin par exemple, je donne le petit-déjeuner aux personnes âgées dans un ordre précis. Je commence toujours par Monique, qui m’appelle “nounou”. Elle se déplace sur son fauteuil en s’avançant à petits pas. Plus tard, lorsque je dépose le plateau de Sœur Odile sur son bureau, elle se prépare dans sa salle de bain. Mes yeux se promènent sur les objets de sa chambre : des journaux empilés, des livres de piété, un portrait fait au crayon bleu quelques semaines auparavant, sa tenue bleue pliée en deux au pied de son lit.

Chaque matin, la même question me vient lorsque je rentre dans sa chambre. Je comprends que j’aime cet endroit et qu’il me rassure, parce qu’il me fait penser à la maison de mes grands-parents. Quels sont les détails de cette réminiscence ? C’est peut-être la légère odeur de renfermé, l’obscurité de la pièce derrière les rideaux lourds, ou la pile de journaux qui dorment sur le bureau de bois. Il me faut ensuite quitter la pièce et m’arracher de ma maison factice : la fortune me jette au milieu de l’agora, une immense salle très éclairée et remplie d’échos. Après quelques secondes pourtant, je retrouve le sourire en croisant une aide-soignante, une femme de ménage. La plus souriante porte un tchador noir et son sourire est grand et doux.

Entre le petit-déjeuner et la messe, je bois toujours un thé dans la cuisine. Aujourd’hui, c’est Jordan qui prend la place de Claire. Elle est partie la semaine dernière.

Le corps s’habitue vite. Je sais ce que je dois faire. Aussi, je choisis de voir la présence des personnes âgées comme grignotant l’absence de mon amie. Je suis étonnée de voir la capacité de mon cœur à aimer autant. Je suis réellement attachée à une ou deux personnes âgées, ici ; mais je les aime toutes, malgré les certaines impatiences, certains cris. Elles me touchent toutes.

Je crois m’être doucement habituée au rite maronite. Les trois dernières semaines furent un peu difficiles : j’allais aux célébrations un peu à reculons. Aujourd’hui, lorsque je sens l’ennui me rattraper, je médite sur les psaumes, j’observe la prière des vieilles personnes. J’ai une grande soif de Dieu. Je le trouve en le lisant, mais aussi à travers le regard angoissé de certaines grands-mères. J’aime prendre leur visage dans mes mains ou coller mon front contre le leur. Curieusement, elles se laissent faire. Certaines me disent “encore” lorsque je me recule. Je mesure mon statut d’adulte à ce moment. Aussi, je vois que ma complicité et mes liens avec les Soeurs s’épaississent. Après un mois, j’ai remarqué leur douceur et leur attention dans la discrétion. Soeur Marie-Édouard remarque toujours lorsque je mange peu, bien que nous soyons une dizaine autour de la table. Hier soir par exemple, après le dîner, les Soeurs nous ont invité à une soirée film. Soeur Marie-Dominique échangeait toujours un regard en ma direction lorsqu’elle riait des scènes.

La communauté chrétienne libanaise compte une diaspora énorme. La moitié des familles des résidents vivent au Canada, en Australie, en France ou en Arabie Saoudite. Beaucoup de femmes, ici, ont voyagé partout dans le monde : elles sont nées en Irak, en Égypte, en Syrie. Cet éclatement géographique desserre chez moi des nœuds et des attachements. Je constate, en écoutant la diversité des parcours de vie, que je possède une liberté immense : (presque) rien ne me retient de voyager, de partir. Cette mission au Liban me donne un sentiment de liberté que j’ai peu ressenti jusqu’à présent. Je connais ma chance d’avoir rencontré des amis ici. Mon co-volontaire, Marcelino et moi (que vous connaissez à travers mes récits) partons parfois visiter le Liban. En rentrant, je regarde Beyrouth et ses lumières défiler sous mes yeux. Une musique arabe me berce toujours, et j’entends à nouveau les paroles de Claire : “Profite bien de ce dernier mois”.

Parfois, j’aimerais pouvoir arracher mon cœur et vous le donner pour que vous puissiez connaître cette sensation de paix, de calme, de liberté, de joie profonde. Elle vient systématiquement la nuit, devant ces paysages, après une journée de travail. Elle vient aussi quand je passe devant les chambres des résidents, après mon service, lorsque je vois leurs visages à travers le jour de la porte.

Avec ces amis, j’ai la chance de visiter beaucoup de lieux. Nous avons visité de nombreux monastères, Batroun, Byblos, Tripoli, Beyrouth. Mon endroit préféré fut l’église Sainte Marie de la Mer, à Batroun, en face du mur phénicien. Là, avec Claire, nous avions demandé notre chemin à une vieille dame assise sur un siège, dans la rue. Elle nous avait invité à prendre une citronnade. Nous avons accepté sans hésitation. Elle nous présenta son fils, Antoine, qui revenait de Paris pour les vacances. Il nous a fait visiter sa ville natale avec un accent français parfait. J’aime la simplicité du Liban. Elle transpire partout : dans le salut d’un étranger, dans l’invitation d’une nouvelle connaissance, dans la nonchalance des serveurs en restauration, qui ne sont grondés par personne s’ils prennent leur temps.

Les sentiments qui me traversent ces derniers jours sont ceux de la paix et du calme. J’espère que ceux qui remplissent vos journées s’en rapprochent.

Communiqué de presse : exactions graves au sud de la Syrie

L’Œuvre d’Orient est extrêmement inquiète du conflit qui touche actuellement le sud de la Syrie, qui a causé au moins 940 morts, dont 262 civils, et 80 000 déplacés. Les habitations de plusieurs villages mixtes entre chrétiens et druzes ont été pillées puis brûlées.
L’église melkite du village de Sara a été incendiée et plusieurs centaines de personnes ont actuellement trouvé refuge dans la paroisse melkite de Shorba, l’église des pères capuçins et l’archevêché grec-orthodoxe de Sweida sans eau, ni nourriture, ni électricité.

L’Œuvre d’Orient demande à ce que :
– toutes les parties prenantes respectent le cessez-le-feu.
– qu’une enquête indépendante soit menée sur les exécutions perpétrées à l’encontre des civils
– et que les auteurs du meurtre du pasteur Khaled Mazar, responsable de l’église évangélique du Bon Pasteur à Sweida, exécuté avec tous les membres de sa famille, soient jugés et punis.

Elle exhorte les autorités de Damas à permettre l’évacuation des civils, la mise en place d’un couloir humanitaire et à protéger la population.
Elle demande à ce que la communauté internationale puisse apporter une aide d’urgence aux habitants de la région de Sweida et que le soutien envers les nouvelles autorités de Damas soit conditionné au respect des droits et à la protection des populations civiles de Syrie, en particulier les membres des minorités druzes, alaouites et chrétiennes.

Communiqué de presse : Décès suite au bombardement de l’église de la Sainte-Famille à Gaza

Paris, le 17 juillet 2025

L’Œuvre d’Orient apprend avec une grande tristesse le décès de deux personnes suite à l’attaque de l’église catholique de la Sainte-Famille à Gaza. La paroisse, jusqu’à présent épargnée, a été la cible d’un bombardement de l’armée israélienne ce matin.
Il y a plusieurs autres personnes blessées, dont le curé, le père Gabriel Romanelli.

Cette frappe n’est justifiée par aucun objectif stratégique. La paroisse a un rôle pacificateur et est au service de l’ensemble de la population.
Cette action fait suite à l’attaque de Taybeh par des colons, sans intervention des forces de l’ordre israélien.

Nous condamnons très fortement ce bombardement. Nous demandons aux autorités françaises d’intervenir auprès de l’ambassade d’Israël à Paris.

Nous exigeons des autorités israéliennes qu’elles présentent des excuses et qu’elles assurent la sécurité des communautés chrétiennes.

Nous présentons nos condoléances à l’ensemble de la communauté chrétienne de Terre Sainte, en particulier au Cardinal Sa Béatitude Pierbattista Pizzaballa, Patriarche Latin de Jérusalem. Nous les assurons de notre prière, de tout notre soutien et de notre proximité spirituelle avec les chrétiens de Gaza.

Dans un contexte de bombardements intensifiés sur l’ensemble de la bande de Gaza, L’Œuvre d’Orient rappelle l’urgence d’un cessez-le-feu et d’un accès humanitaire pour protéger les populations les plus vulnérables.
Elle demande également sans délai la libération des otages israéliens.

 

Mgr Pascal Gollnisch, directeur de L’Œuvre d’Orient