Le pape François se rend à Chypre et en Grèce, du jeudi 2 au lundi 6 décembre. Il sera à Chypre jusqu’à samedi et en Grèce à partir de dimanche. Durant ce voyage, il aborde différents thèmes qui seront au centre de l’attention : migration, œcuménisme et géopolitique. Découvrez les différentes étapes du voyage ici sur notre programme.
Le message du Pape avant son voyage pour Chypre et la Grèce
« Je viens avec joie, sur les traces des premiers grands missionnaires ». Dans sa traditionnelle vidéo d’avant-voyage, le pape François évoque notamment sa venue en « pèlerin des sources de l’humanité » dans un camp de réfugiés.
L’analyse de Mgr Pascal Gollnisch :
« C’est pour lui un lieu exemplaire, symbolique d’un rapport Nord-Sud qui lui tient à cœur, lui qui vient d’un pays du Sud et perçoit le problème des migrations à travers la Méditerranée ».
Situation en méditerranée orientale :
» Il sera intéressant de voir comment le pape traite, ou non, de la question de l’occupation du nord de Chypre. Va-t-il l’ignorer ? Lancer un appel ? Tendre la main ? »
Louis-Omer, 25 ans, séminariste devait initialement servir les jeunes polyhandicapés au Centre St Vincent d’Ain Karem, en Terre Sainte. Il est parti servir ces mêmes jeunes àAnta Akhi, au Liban pour un an.
La vie au Liban
Voilà déjà trois semaines que je suis arrivé au Liban, et vient le moment de se poser pour évoquer mes premières impressions de ce pays et de la mission.
Le Liban, tout d’abord, est un pays étonnant, surprenant, parfois déroutant, un pays aux multiples facettes. Ce qui m’a frappé, en premier lieu, c’est l’atmosphère pesante parfois oppressante que l’on peut ressentir lorsqu’on arpente les rues libanaises. Outre la pollution de la capitale Beyrouth, l’impressionnante insalubrité des rues libanaises, le nombre élevé d’immeubles en construction qui n’ont pas été achevés ou de magasins à vendre, la dangerosité du trafic routier ou encore les récurrentes coupures d’électricité (« Ma fi kahraba ! [1]») témoignent de la terrible crise économique et politique que traverse le Liban. La livre libanaise ne cesse de se déprécier, certains libanais sont obligés d’avoir deux emplois pour survivre financièrement, d’autres ne vivent qu’avec 1 000 000 de livres libanaises par mois, soit moins de 50€. Beaucoup de libanais n’ont plus confiance dans leurs dirigeants politiques, certains attendent qu’un changement s’opère grâce à une aide extérieure, d’autres n’ont qu’une envie, celle de quitter le Liban au plus vite, les jeunes en premier.
Les récents affrontements armés à Beyrouth, le jeudi 14 octobre dernier ont ravivé chez nombre d’entre eux le spectre de la guerre civile, qui dura 15 ans de 1975 à 1990. Les réactions devant cette situation sont différentes selon les personnes, certains sont dans le déni, d’autres sont fatalistes, mais beaucoup gardent au cœur une vive espérance. Quoi qu’il en soit, j’ai rencontré très peu de libanais qui se plaignent. Bien au contraire, même s’ils sont conscients de la situation, les Libanais cherchent à montrer le vrai visage de leur pays. Ils sont d’une grande générosité et c’est la deuxième chose qui m’a le plus marqué. Toujours prêt à se plier en quatre pour que nous soyons dans les meilleures conditions, ils montrent un grand intérêt pour nous et nous reçoivent toujours avec un soin tout particulier. En témoigne le très bel accueil que quelques-uns d’entre nous avons reçu à l’évêché de Batroun, par l’évêque Mgr Mounir, lui-même. Après nous avoir rapidement raconté l’histoire de son diocèse, il nous a conduit à un rassemblement de 260 jeunes qui se retrouvaient pour une journée de jeu et une soirée d’adoration et de confession. Mgr Mounir et certains prêtres du diocèse nous ont montré la vitalité de la foi au Liban et l’espérance qu’elle porte pour le pays de Tyr et Sidon. C’est le troisième aspect que je retiens de ces premières semaines. Rares sont les voitures ou les magasins dans lesquels ne se trouvent pas un crucifix, ou un chapelet, ou encore une image de la Vierge Marie ou de Saint Charbel, le saint national dont les statues ornent les routes à la manière de nos calvaires en France. La religion est bien présente au Liban, sous différents aspects. Si les élites du pays tendent parfois à l’instrumentaliser pour leurs propres intérêts, ce sont bien les plus petits qui reflètent la beauté et la grandeur de la foi libanaise. C’est le cas à Anta Akhi.
Ma mission à Anta Akhi
Je n’ai pas mis beaucoup de temps à me rendre compte de ce que disait Charly, un des employés d’Anta Akhi, sur l’association : « Anta Akhi est un message de Dieu pour le Liban, dans la situation actuelle. » Pénétrer dans les locaux, c’est comme entrer dans une bulle de douceur et de paix, au milieu d’un monde agité. Ce qui me marque, c’est qu’à Anta Akhi il n’y pas de différence de valeur entre les « jeunes » (les personnes atteintes de handicap) et les accompagnateurs ou le reste du personnel. C’est une grande famille. Chacun porte une grande attention aux jeunes et les regarde comme son égal. Il n’est pas simplement question d’assistanat, mais il y a un vrai désir de respecter la dignité de la personne. Alors qu’il me montre comment accompagner Anthony aux toilettes, Eli, un accompagnateur, me le rappelle en reprenant la devise d’Anta Akhi : « Au service d’une vie de dignité de la personne atteinte de handicap ». Ici, il n’est vraiment pas difficile d’aimer les jeunes tant ils nous donnent de l’affection. Ce n’est pas pour rien que le bâtiment où se trouve l’association s’appelle le « Foyer de tendresse ».
À Anta Akhi, on a le grand désir de ne pas limiter un jeune à son handicap, mais à faire grandir chacun humainement et spirituellement. Ainsi, la messe est célébrée tous les mercredis et les dimanches, le chapelet est récité tous les jours et une formation spirituelle est proposée à chaque jeune et adaptée à son handicap. Si je souligne cet aspect c’est qu’il est primordial pour comprendre le regard que pose les jeunes sur leur vie, qui se caractérise par une impressionnante lucidité et qui m’a valu de belles claques (au figuré bien-sûr). Carole, par exemple, témoigne un jour devant un invité : « Ma vie a de la valeur car j’ai une mission, celle d’être heureuse et de rendre les gens heureux. ». Philippe prend le relais : « Il n’y a pas de vie sans difficulté. Je surmonte ces difficultés en étant heureux, mais tout seul je ne peux pas y arriver, j’ai besoin de l’aide de Dieu. ». Enfin, comme dernier exemple, comment ne pas être émerveillé quand un soir, en rentrant d’un cours d’arabe à Beyrouth, je trouve les « chouchous » (ceux qui sont les plus dépendants et dont le handicap mental est le plus lourd), en prière devant Jésus dans le Saint Sacrement ? Les voir en silence eux qui sont habituellement les plus bruyants est impressionnant. Que je regarde l’hostie dans l’ostensoir ou que je les regarde eux, j’ai l’impression de contempler dans les deux cas le visage du Christ. Quelle joie de me mettre à leur école et de me laisser enseigner par eux !
Trois semaines se sont écoulées et il me reste encore de nombreuses choses à découvrir. Pour cela, il me faudra essayer d’adopter la mentalité libanaise : spontanéité, abandon et un grain de folie !
L’Œuvre d’Orient est très fière d’annoncer qu’elle a obtenu pour la période 2021-2027 le Certificat de Partenariat Humanitaire de l’Union Européenne. Elle est donc partenaire de la DG ECHO pour la mise en œuvre, avec ses partenaires locaux, de l’aide humanitaire au plus près des populations vulnérables.
La DG ECHO, Direction générale de la Commission européenne chargée de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes a pour objectifs de protéger des vies, de prévenir et d’atténuer la souffrance humaine, ainsi que de préserver l’intégrité et la dignité des populations victimes de catastrophes naturelles et de crises d’origine humaine.
Salomé, 22 ans, en école de commerce, et Jeanne, 21 ans, infirmière ont décidé de consacrer trois mois à servir les personnes défavorisées à Qusseya en Haute-Egypte.
Nous avons vécu avec Salomé un temps particulièrement fort mardi après-midi et nous avions envie de vous le partager.
A l’occasion des grandes fêtes, les sœurs ont pris l’habitude de distribuer de la nourriture aux familles les plus pauvres d’El Quseya. Lundi, c’était la Saint Georges. Les Égyptiens portent une grande dévotion à ce saint, comme en témoignent les nombreuses églises à son nom. Pour l’occasion, les sœurs ont demandé à des amis de la communauté de prendre en charge la distribution de farine. Guerguis (Georges), Diana et Randa ont répondu à l’appel.
Nous chargeons la voiture de 30 sacs de farine, Guerguis démarre et nous voilà parti direction Zarabi (le quartier le plus pauvre d’El Quseyah).
Randa est la responsable logistique. Directrice du jardin d’enfant de « Zarabi », elle connait les familles qui ont les plus besoins d’aide. Elle a pu seconder sœur Camila pour établir la liste des personnes qui vont en bénéficier. Oreillette branchée à son téléphone, elle appelle tour à tour les familles auprès desquelles nous faisons des arrêts. Elle nous indique le nombre de sacs et nous les distribuons avec Diana.
Si nous avons particulièrement aimé ce moment ce n’est pas seulement parce que nous avons pu apporter un soutien alimentaire aux familles mais parce qu’en arpentant Zarabi, nous avons fait de très belles rencontres. A chaque arrêt, des enfants s’approchent, on se « check », quelques « fatdali » (=bienvenu) résonnent. Les Egyptiens ont un sens de l’accueil qui nous fascine et nous touche beaucoup. Nous échangeons avec les gens présents à l’aide des quelques mots d’arabe que nous avons appris mais surtout avec beaucoup de sourires et de gestes qui comblent nos trous de vocabulaire !
Dans beaucoup de familles nous reconnaissons des enfants de « Better life ». Il s’agit est un programme de soutien scolaire créé par les sœurs pour que les enfants issus des milieux les plus pauvres puissent faire des études supérieures, grâce à de bons résultats scolaires. Par de grands « fatdali » ils nous font entrer chez eux. Nous redécouvrons à chaque fois le paradoxe de la pauvreté et d’une générosité immense dans leur accueil. Nous prenons conscience des conditions de vie ces enfants que nous côtoyons lorsque nous servons leur repas durant le temps du soutien scolaire, chez les sœurs. Et encore un fois nous constatons combien il est différent de savoir qu’ils sont très pauvres et le constater de nos yeux.
Par ces rencontres et ces moments passés au cœur de leur quartier, nous apprenons à mieux les connaitre.
Le patriarche de Cilicie des Arméniens catholiques a choisi la France pour son premier déplacement à l’étranger. C’est une visite symbolique. L’Œuvre d’Orient est heureuse de l’accueillir dans ses locaux.
Témoignage de Yolande, 23 ans, ergothérapeute. Elle est partie servir les patients et résidents du Centre Hospitalier de Bhannes, pour un an.
Mon arrivée au Liban
Marhaba ! Voilà trois semaines que je suis arrivée dans le pays du cèdre !
J’ai atterri à Beyrouth un dimanche soir, j’ai passé la douane avec mes 4 valises dont 3 pleines de médicaments pour plusieurs communautés. Je suis accueillie par des volontaires et Gilbert : « ahla w sahla » = Bienvenue ! C’est chez Gilbert et sa famille que je passe ma première semaine au Liban. Nous sortons de l’aéroport, chaleur en pleine figure alors qu’en France on avait déjà allumé un feu de cheminée.
[…] Je me réveille le lendemain avec une vue imprenable sur le Mont-Liban, la chaîne de montagne qui domine la mer Méditerranée. Je prends mon premier petit déjeuner avec au menu : labné= fromage frais, Man’ouché au Za’atar = pain libanais au thym et autres spécialités. Un petit déjeuner salé comme je les aime.
Cette première semaine, je découvre le rythme d’une famille libanaise. […] La crise économique amène les Libanais à devoir s’adapter. L’électricité coupe plusieurs fois par jours faute de carburant alors, il faut anticiper les lessives, l’absence de wifi, l’ascenseur etc… Ils m’ont fait visiter leur superbe coin du Liban. Je ressors ravie de ma première semaine d’immersion dans cette famille qui m’a permis de faire une belle transition entre ma vie en France et le début de ma mission.
Le début de ma mission
Après cette semaine, je monte encore plus haut dans le Mont-Liban à Bhannes. C’est dans son centre hospitalier que ma mission se déroule. Quand j’ai réalisé que j’allais passer 12 mois dans ce petit village avec des sœurs je me suis vraiment demandé dans quoi je m’aventurais. Cela va me changer de ma vie Bruxelloise ça c’est certain, c’est parti ! Je fais la rencontre de mes nouvelles colocataires. J’ai toujours été une grande sœur et maintenant je deviens la petite sœur de 8 grandes sœurs « Les filles de la Charité ». […] Aujourd’hui, je commence à créer des liens avec chacune d’elles d’une manière ou d’une autre !
Une sœur me fait la visite du centre hospitalier et à chaque première rencontre on me souhaite la bienvenue avec : « Tu viens dans une période si compliquée », […] « C’est toi qui as choisie de venir au Liban ? », « Je veux aller en France et toi tu viens ici ! ». Comment réagir face à ces paroles de désespoirs ? Je me sens si privilégiée d’être française.
Le cadre du centre hospitalier est un lieu calme, apaisant, on peut se promener au milieu des pins et des cèdres et se poser en ayant une vue sur la mer et les montagnes. Je m’y sens merveilleusement bien.
L’équipe paramédicale et les patients avec qui je travaille le matin parlent libanais entre eux et lorsqu’ils veulent me parler la plupart parlent français et c’est bien pratique. Au début, c’était difficile de trouver ma place mais de jours en jours je prends mes marques et après ces 2 semaines de mission je commence à me sentir de plus en plus à l’aise. Mon métier s’apprend sur le terrain et il est très différent d’un centre à l’autre alors j’apprends chaque jour un peu plus avec mes collègues et les patients. Durant les séances que je propose, j’essaie de parler un maximum en libanais avec les mots que j’apprends grâce aux patients. D’ailleurs, ils rigolent bien en m’écoutant prononcer certains mots et cela crée des liens.
[…] Dans le service des soins palliatifs je passe un petit moment avec quelques patients. Avec certains je discute, j’écoute leurs histoires de vie, avec d’autres, je chante ou bien je danse (J’ai dansé la dabké = danse folklorique libanaise avec une patiente de 99 ans pendant 5 minutes) fous rires assurés ! Je me sens épanouie dans cette mission, il n’y a pas de pression, certains patients attendent que j’arrive alors c’est plutôt réjouissant.
Je passe aussi du temps avec le personnel. Je ressens en eux une grande inquiétude face à la situation du pays et en même temps, ils ont une capacité immense à vivre au jour le jour. Beaucoup habitent loin et le coût de l’essence et de la vie augmente encore et encore, ils payent pour venir travailler. La secrétaire exprime que « La livre libanaise c’est comme une feuille morte d’automne elle ne vaut plus rien ». Je me sens impuissante et je les écoute simplement.
Pour ce qui est de la religion au Liban, j’ai pu apercevoir la grande importance qu’elle occupe surtout parce qu’elle est très visible au quotidien. La religion fait partie de l’identité des Libanais. Ce qui m’a le plus marqué pour le moment c’est de voir de nombreux libanais se balader avec un chapelet en main. Chaque jour, je vais à la messe maronite en Arabe et le père reste déjeuner avec nous. Il nous parle de sa femme et de sa fille car ici, un homme marié peut devenir prêtre mais un prêtre ne peut pas se marier. J’ai hâte de découvrir les différents rites et religions au Liban.
Les week-ends, je parcours ce petit pays avec les autres volontaires et les amis que nous nous faisons au fur et à mesure. Les paysages sont si beaux et les rencontres avec les chrétiens d’Orient si belles. De temps à autres, je me rends à « Offre joie », […] qui vient en aide à la reconstruction des quartiers de l’explosion du port de Beyrouth. Au programme : Activités physiques au milieu de la poussière des chantiers, rencontres, rires, musique, bon repas …
« Faites que toute votre vie soit prière et service. Si vous priez sans service, vous réduisez la croix du Christ par votre vie à une pièce de bois. Si vous servez sans prier, vous vous servez vous-mêmes. (…) » Saint Charbel.
Merci de m’avoir lu, j’ai hâte de vous en dire plus dans ma prochaine lettre ! Je vous porte bien dans mes prières.
Le grand prix littéraire de L’Œuvre d’Orient 2021 est décerné à :
Khalil Karam et Charbel Matta, La Mission Jésuite de Ghazir 1843-1965, Le retour de la Compagnie de Jésus au Liban. Ed. Presses de l’Université Saint-Joseph.
Cet ouvrage qui retrace les 122 années des jésuites à Ghazir rend hommage à leur mission éducative.
Photos en noir et blanc, documents, témoignages, ce récit, minutieux travail de mémoire, offre une porte d’entrée originale pour comprendre la singularité du Liban et de son identité, tant sur le plan éducatif que des valeurs reçues de la francophonie.
Khalil Karam et Charbel Matta mettent en avant le rôle fondamental des jésuites au service des Eglises orientales.
« Célébration de la rencontre des chrétiens d’Occident et des chrétiens d’Orient. »
Madame Anne-Bénédicte Hoffner, membre du jury
« Un ouvrage très émouvant qui rassemble de très belles photos. »
Madame Hélène Carrère d’Encausse, présidente du jury
Une mention spéciale pour :
Manoël Pénicaud, Louis Massignon, Le « catholique musulman. » Ed. Bayard,
Le jury a salué le qualité de la biographie qu’a consacrée Manoël Pénicaud à cette figure majeure du dialogue islamo-chrétien de la première moitié du XX° siècle en lui attribuant la mention spéciale.
Manoël Pénicaud s’est appliqué à démonter les ressorts intimes qui ont conduit cette personnalité complexe et fragile à chercher dans un incessant aller-retour entre l’islam et le christianisme la mystique dont il se nourrissait .
Dans une époque séduite par la tentation d’un certain replis communautaire, la pensée de Louis Massignon sur l’altérité religieuse est à redécouvrir.
« Louis Massignon fait partie de mon identité de chrétien oriental et j’en suis fier. »
Monsieur Antoine Fleyfel, membre du jury
Le jury, spécialiste de la question des chrétiens d’Orient
Hélène CARRÈRE d’ENCAUSSE, secrétaire perpétuel de l’Académie française, présidente du jury.
Antoine ARJAKOVSKY, co-directeur du département de recherche Politique et Religions au Collège des Bernardins.
Christian CANNUYER, professeur à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lille. Directeur de Solidarité-Orient (Belgique).
Geneviève DELRUE, en charge de l’information sur les religions à RFI, productrice de l’émission « Religions du monde ».
Antoine FLEYFEL, directeur de l’Institut chrétiens d’Orient à Paris, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et membre de l’Œuvre d’Orient.
Anne Bénédicte HOFFNER, journaliste, Adjointe au chef du service Monde à La Croix.
Christian LOCHON, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer.
Marine de TILLY, critique littéraire au Point, grand reporter.
Thomas WALLUT, producteur, journaliste de l’émission « Chrétiens Orientaux, Foi, Espérance et Traditions » de France 2
Une voix pour les délégués de l’Œuvre d’Orient
Le prix sera remis par Mgr Michel Aupetit, Archevêque de Paris, lors de la messe annuelle de L’Œuvre d’Orient, toutes les informations à retrouver ici :
Antoine et Sibylle, jeunes mariés, sont volontaires au Liban depuis 4 mois. Ils ont mis leur travail de côté pour soutenir l’Association Message de Paix auprès des personnes âgées et des jeunes handicapés.
Avec Sibylle, nous nous sommes mariés en juin dernier et nous souhaitions après notre mariage, vivre tous les deux une expérience humanitaire forte, tournée vers les autres. C’est un souhait que nous avions formulé au moment de nos fiançailles et que nous avons pris le temps de murir pendant 1 an. Convaincus que cette expérience permettrait de renforcer notre couple, mais aussi qu’elle contribuerait à la mise en œuvre de notre promesse que nous nous sommes faite lors de notre cérémonie de mariage : essayer de toujours mettre au cœur de notre quotidien le service de notre prochain dans la joie et la simplicité, c’est avec enthousiasme, force, complicité et surtout mille idées en tête que nous avons atterri dans les montagnes de Bikfaya à une vingtaine de kilomètres de Beyrouth il y a maintenant un peu plus de deux mois !
L’association Message de Paix
L’association Message de Paix est une association qui vient en aide aux personnes atteintes d’un handicap physique et mental afin de leur apporter un accompagnement personnalisé selon les possibilités et compétences de chacun.
Pour répondre aux besoins de ces personnes atteintes d’un handicap, Message de Paix a créé 3 centres différents :
Le centre de Bikfaya : créé en 1997, ce centre permet aux jeunes qui en ont la possibilité de travailler avec un suivi personnalisé. Il existe 3 ateliers de travail : un qui consiste en la fabrication de bougies, l’autre en la décoration de ces bougies et enfin le dernier qui est un atelier de cuisine dans le restaurant du centre. Pour les jeunes ne pouvant pas travailler, des classes ont été mises en place afin de leur permettre d’apprendre à leur rythme : mathématiques, français, arabe littéraire, dessin, chants, jeux…
Le centre de Maad : ce centre à ouvert en août 2021. Il est destiné aux personnes handicapées n’ayant plus de famille à cause de leur âge avancé. Il s’agit en quelques sorte d’une maison de repos pour personnes handicapées. Diverses activités sont organisées dans ce centre tout en prenant en compte les capacités de chaque pensionnaire.
Le centre de Beyrouth : les activités de ce centre débuteront en novembre 2021. Il accueillera des personnes qui ont un handicap plus léger. Ces jeunes n’ont, pour la plupart, pas eu d’accompagnement ou d’aide depuis leur plus jeune âge. Une formation poussée et des accompagnements personnalisés auront pour but de leur donner, à eux aussi, l’opportunité de trouver un travail et de se débrouiller seuls.
Notre mission
De notre côté, nous sommes amenés à nous déplacer dans ces 3 centres. Notre point d’ancrage est le centre de Bikfaya et nous vivons d’ailleurs dans un appartement situé à quelques mètres de ce centre. Pendant les deux premiers mois de notre mission, nous avons eu des missions assez différentes.
Notre premier mois était dans le centre de Bikfaya. Il fut légèrement particulier car nous sommes arrivés à la fin de la période du Covid-19 (les activités du centre ont été totalement suspendues pendant 6 mois). Seuls quelques jeunes sont restés au centre pendant cette période. Nous avons vécu avec eux les deux dernières semaines de cette période covid. Les deux semaines suivantes, les jeunes étaient en vacances, nous avons donc participé aux différents ateliers de l’association et notamment à la fabrication des bougies. Cela nous a permis de nous familiariser avec l’ensemble des activités du centre et de rencontrer tous les membres de la grande famille de Message de Paix.
Après ce premier mois d’acclimatation, nous sommes partis pendant un mois au centre de Maad pour aider au lancement de ce nouveau centre. Le but de notre présence était d’assister dans l’organisation des activités, de chanter avec les jeunes, de rire, de communiquer par les gestes et de les aider dans les activités du quotidien : donner les douches, les aider à s’habiller, les aider à marcher…Durant ce mois nous avons aussi aidé à tisser des liens avec les habitants du village. Les personnes âgées du centre de Maad sont 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans le centre, elles sont donc très heureuses de pouvoir sortir, de prendre l’air et de rencontrer de nouvelles personnes. Nous avons de la chance, les français sont très appréciés au Liban, cela facilite donc grandement les rencontres ! Les habitants se sont montrés très accueillants et proposent maintenant régulièrement des visites et des activités pour les jeunes.
Cette expérience d’un mois entier au centre de Maad n’a pas été forcément facile tous les jours car nous étions avec des personnes âgée atteintes d’un handicap conséquent. Les journées sont parfois longues, et malgré notre tonne d’idées en tête, le rythme est lent et nous devons souvent renoncer aux activités à cause de la fatigue et du manque de volonté de certains. Maad est un centre isolé dans les montagnes du Liban et trouver une occupation en permanence n’est pas forcément chose facile. Avec Sibylle, nous avons compris petit à petit que notre fougue, notre dynamisme et notre entrain n’étaient pas forcément toujours une bonne arme dans toutes les situations et que nous devions aussi apprendre à lâcher prise, à s’abandonner à un sourire ou à un regard pendant une dizaine de minutes ou alors juste rire avec eux de moments incongrus que nous partageons !
Depuis mi-septembre, nous sommes revenus pour la rentrée à Bikfaya. Nous restons principalement dans ce centre, car c’est celui qui nécessite le plus de travail. Nous montons deux matinées au centre de Maad et nous descendrons une matinée au centre de Beyrouth à partir de fin octobre. Il est important que nous soyons présents dans les 3 centres pendant la semaine car nous avons maintenant tissé des liens avec les jeunes. Nous vivons avec eux du petit déjeuner au diner, nous apprenons à les connaître et nous développons des liens particuliers avec chacun d’eux. Nous faisons maintenant partie de leur quotidien. A titre d’exemple, nous ne sommes pas allés à Maad pendant un mois et quand nous sommes revenus, les jeunes nous ont accueillis à bras ouverts, avec des sourires jusqu’aux oreilles ! C’est à ce moment que l’on comprend réellement le sens de notre mission et la puissance d’être « présent » en toute simplicité. Nous comprenons maintenant que les jeunes ont une sensibilité particulièrement importante, qu’ils ressentent énormément de choses et qu’ils voient en quelques minutes si quelqu’un n’est pas heureux ou tourmenté par quelque chose. Nous avons compris que notre réelle utilité est d’être au quotidien avec eux, de rire, de chanter, de courir, d’écouter, de parler, et d’effectuer des gestes d’affection.
Notre rôle durant la journée, vous l’aurez compris, est d’être une présence, de participer à l’ensemble des activités avec les jeunes, de vivre avec eux au quotidien que ce soit dans les classes ou dans les ateliers de travail. Notre rôle est d’être partout dans le centre, d’être disponible à tout moment pour eux, d’être là pendant les pauses, d’être là pendant les repas, d’être là pendant les jeux, d’être là pendant les douches, d’être là au moment de les coucher ou de les lever, bref de leur montrer qu’on les aime et qu’on est avec eux dans leur joie et leur peine !
[…] une fois le choix fait de s’abandonner à son prochain et de lâcher prise, alors d’autres horizons apparaissent et c’est ça qui rend réellement heureux, ce sont des grands moments que l’on peut vivre dans des petites choses, c’est la joie d’un sourire, un trait plus prononcé sur le visage d’un jeune qui communique à sa manière car il a compris que 4+3=7.
La réalité du Liban
Nous sommes arrivés au Liban durant l’une des pires crises économiques, politiques et financières du pays. Plusieurs personnes que nous avons rencontrées nous ont dit qu’ils préféraient revenir en temps de guerre car durant ces terribles moments, ils avaient des médicaments, de l’eau, du pain, de l’électricité et du pétrole. Selon les dernières estimations, 80% des libanais vivraient en dessous du seuil de pauvreté. Nous vivons au quotidien les difficultés qu’ils rencontrent : augmentation des prix du jour au lendemain pour des denrées alimentaires primaires dans les supermarchés, augmentation du prix du pétrole, ruptures de médicaments, coupure d’électricité jusqu’à 20h par jour dans certaines régions. Quelques données chiffrées : le salaire moyen au Liban a été divisé par 20 et les prix ont augmenté entre 6 et 10 fois. De plus, l’ensemble des comptes bancaires à été en grande partie gelé. MAIS malgré l’ensemble des ces difficultés financières qui rendent le quotidien très difficile, nous sommes réellement impressionnés par la générosité de l’ensemble des libanais, par leur sens de l’accueil et de la fête, et par leur calme malgré l’ensemble des difficultés que leur pays rencontre. Nous avons rencontré des dizaines de libanais, nous avons été invités un nombre de fois incalculable que ce soit sur un trottoir pour un café ou chez un habitant rencontré par hasard. Le Liban c’est une succession de rencontres, de situations imprévisibles, de moments de convivialité et de partage.
L’histoire du Liban est riche, les habitants sont particulièrement croyants, profondément dévoués et humbles. La découverte du Liban en profondeur c’est aussi tout simplement une leçon d’humilité, de ténacité et d’amour. Vive le Liban !