Concours d’écriture : chrétiens d’Orient, mille et une histoires

Faire découvrir aux élèves l’histoire et l’actualité des chrétiens orientaux à travers la production par les élèves d’un texte

À l’instar du prix littéraire de l’Œuvre d’Orient –institué en 2012– qui est remis chaque année à des auteurs évoquant avec espérance la question des chrétiens d’Orient au travers de leurs écrits, tant universitaires qu’artistique, le concours d’écriture Chrétiens d’Orient, mille et une histoires propose aux jeunes des établissements de l’Enseignement catholique du CM1 à la terminale, de mettre leur talent d’écrivain au service des chrétiens d’Orient.

Contenu

Afin d’ancrer et d’unifier les réalisations des participants celles-ci doivent répondre à certaines caractéristiques. Les protagonistes ou le contexte spatio-temporel devront nécessairement être liés aux chrétiens orientaux. De même la création devra s’inscrire, en fonction du niveau des participants, dans un des 4 thèmes proposés plus bas.

Contexte

Les chrétiens d’Orient sont les premiers chrétiens. Les premières communautés sont nées en Orient et y vivent depuis près de 2000 ans. Aujourd’hui ils sont devenus minoritaires dans la plupart de ces pays. Depuis des siècles, ils cohabitent avec les autres religions, yazédis, juifs, hindous, musulmans… Cependant, il est arrivé et il arrive que les chrétiens, comme d’autres minorités, soient victimes de discriminations, de persécutions, voire de génocide.

Depuis plus de 160 ans, l’Œuvre d’Orient accompagne toutes les communautés catholiques de ces pays et soutient leurs actions dans les domaines de l’éducation, la santé, la pastorale, la culture et le patrimoine, au service de tous.

Depuis 2014, l’Enseignement Catholique soutient les écoles en Irak, grâce à la Campagne Espoir Irak : pour en savoir plus http://espoir-irak.enseignement-catholique.fr/

I. ENSEMBLE ET DIFFÉRENTS

Cycle 3, 4, lycée

Pistes de réflexion :

Comment vivre ensemble avec nos différences ?

La communauté, union ou repli sur soi ?

La découverte de l’autre dans une société multiculturelle ?

Comment vivre malgré les discriminations et les persécutions ?

Mots-clefs : solidarité, fraternité, dialogue, découverte, rencontre, racisme, intolérance, discrimination, persécution, communautarisme

II. PARDON ET RÉCONCILIATION

Cycle 3, 4, lycée

Pistes de réflexion :

Peut-on tout pardonner ?

Peut-on faire confiance après avoir été trahis ?

Se réconcilier pour reconstruire

Être en paix avec le passé, un combat au présent ?

Mots-clefs : résilience, écoute, empathie, droits, justice, vengeance, cohabitation

III.  MINORITÉ / MINORITAIRES

Cycle 4, lycée

Pistes de réflexion :

Comment conserver son identité en étant minoritaire ?

Face aux difficultés, rester ou partir ?

Comment vivre dans son pays sans être un citoyen à part entière ?

Comment être fier de sa communauté tout en restant ouvert aux autres ?

Mots-clefs : frein, moteur, identités, partir, rester, discrimination,
identitaires, exclusion, marginalisation, citoyenneté, statut

IV. LIBERTÉ DE CULTE ET DE CONSCIENCE

Cycle 4, lycée

Pistes de réflexion :

Vivre sa foi en cachette

Se convertir : un choix personnel

Peut-on mourir pour sa foi ?

La laïcité : accueillir les différentes croyances ou bien les renier ?

Mots-clefs : foi, pratiques, rites, sphère privée / sphère publique, laïcité,
théocratie, conversion, prosélytisme

 

Une fois le thème défini, l’élève / le groupe d’élèves choisi également le cadre du récit en s’appuyant sur la carte des pays où sont présents les chrétiens orientaux. Les participants peuvent choisir un ou plusieurs pays, une ou plusieurs régions.

Objectifs pédagogiques

Ce concours pourra faire l’objet d’un travail interdisciplinaire : français, histoire, géographie, histoire des arts, langues, arts plastiques, éducation musicale, éducation religieuse. Dans le cadre du concours, tous les domaines peuvent être mobilisés :

  • en permettant aux élèves d’exprimer leurs idées en langue française et de façon artistique ;
  • en leur donnant la possibilité de construire un projet impliquant des recherches personnelles et/ou une coopération entre eux ;
  • en les conduisant à mobiliser leurs connaissances et à renforcer leur culture permettant la compréhension de l’évolution du monde contemporain ;
  • en les amenant à une ouverture sur l’autre et sur la diversité du monde.

Modalités de participation

Le concours est ouvert aux élèves de cycle 3 (CM1, CM2, 6e), cycle 4 (5e, 4e, 3e) et lycée de l’Enseignement catholique. Les élèves s’engagent dans ce concours de façon individuelle ou collective.

Le rendu est une création s’inspirant de faits réels ou fictionnels, le participant à la liberté de choisir la nature du texte qu’il souhaite (article, théâtre, essai, poème, récit, nouvelle, bande dessinée…). Les textes sont rendus tapés et en format PDF ; possibilité de scanner les productions écrites manuscrites notamment pour les primaires, les bandes dessinées, et les récits agrémentés de dessins, dans la mesure où la lisibilité sera conservée. Le nombre de signes du texte n’est pas limité.

Le chef d’établissement, ou toute autre personne responsable du concours dans un établissement donné, détermine l’organisation qu’il juge être la plus efficace pour son bon déroulement.

Ressources

La page officielle du concours, réalisée et administrée par l’Œuvre d’Orient, met à la disposition de la communauté éducative les différents éléments relatifs au concours :

  • Présentation du concours d’écriture et les modalités de participation
  • Affiche
  • Carte des pays et régions concernés
  • Fiches par pays

Calendrier

  • 17 janvier 2020 : fin des inscriptions en ligne sur ce lien
  • 3 avril 2020 : restitution des productions par chaque établissement, par mail à concourschretiensdorient@gmail.com
  • 5 mai 2020 : publication des résultats sur oeuvre-orient.fr
  • 7 juin 2020 : proclamation des résultats à la mairie du VIe arrondissement de Paris.

Prix

  • 1er prix, par cycle : participation à un plateau télé ou à l’enregistrement d’une émission radio
  • 2e prix, par cycle : bons d’achat chez La Procure
  • 3e prix, par cycle : places de cinéma
  • Par établissement participant : le livre Chrétiens d’Orient, périple au cœur d’un monde menacé, de Vincent GELOT (Albin Michel)
  • Publication des productions des lauréats sur le site internet de l’Œuvre d’Orient

Contact :  concourschretiensdorient@gmail.com

 

En partenariat avec :

 

         

Mgr Pascal Gollnisch TS

Mgr Gollnisch : « Horreur » et « colère » après l’assassinat d’un prêtre en Syrie [Source : Famille chrétienne]

« Le père Jospeh Hanna Ibrahim, prêtre de la communauté arménienne catholique du nord-est de la Syrie, a été assassiné le 11 novembre, ainsi que son père, alors qu’ils se rendaient en voiture sur un chantier de reconstruction soutenu par l’Œuvre d’Orient. L’organisation Etat islamique a revendiqué l’attentat. Le même jour, trois explosions ont eu lieu à proximité des églises de Qamishli, près de la frontière avec la Turquie. Mgr Pascal Gollnisch, le directeur de l’Œuvre d’Orient, nous dit son effroi et sa colère. Il invite tous les chrétiens français qui le peuvent à se rendre à la messe célébrée à la cathédrale catholique arménienne de Paris, vendredi prochain à 11 heures ».

Comment réagissez-vous à cette terrible nouvelle ?

J’éprouve un sentiment d’horreur. Voir un attentat de ce type perpétré contre un prêtre est une chose horrifiante. Ces assassinats me mettent en colère pour deux raisons. La première est que personne ne parle jamais des communautés chrétiennes de cette région – qui ne devrait pas s’appeler « Kurdistan » mais « Mésopotamie syrienne ». Ces communautés existent. Il s’agit de catholiques et d’orthodoxes syriaques, arméniens, chaldéens ou assyriens. Ils sont présents ici depuis très longtemps. Mais en réalité, personne n’évoque les différentes minorités non-kurdes alors même que les Kurdes n’ont jamais représenté plus de la moitié de la population. Je regrette de ne pas voir la communauté internationale se soucier de ces minorités.

La deuxième raison de ma colère vient du fait que Daech a revendiqué l’attentat. Nous savions que l’organisation avait encore un pouvoir de nuisances. L’intrusion récente de l’armée turque et le départ prématuré des forces spéciales américaines ont déstabilisé la région et permis de renforcer Daech. Cela entraine un chaos dont, une fois de plus, les chrétiens sont victimes.

Cette attaque se situe sur une terre qui avait accueilli les chrétiens pendant le génocide arménien…

En effet, beaucoup ont trouvé refuge en Syrie à partir de 1915. Un siècle plus tard, les chrétiens ont le sentiment que les choses se reproduisent. Je ne comprends pas pourquoi la communauté internationale n’a pas pris tous les moyens pour anéantir Daech. Pourquoi la Cour pénale internationale ne juge-t-elle pas les personnes qui sont parties rejoindre l’organisation terroriste ? Nous savons qu’il y a plus de quarante nationalités qui ont combattu avec Daech, parmi eux nous trouvons des Français, des Anglais, des Allemands…

Dans cette région, les forces kurdes protègent-elles correctement les communautés chrétiennes ?

Nous reconnaissons le combat qu’elles ont mené contre Daech mais les Kurdes doivent aussi respecter et protéger les autres populations de la région. Parmi les Kurdes, il y en a certains qui ont voulu inquiéter les non-Kurdes pour essayer de transformer la Mésopotamie syrienne en Kurdistan. Il y a des écoles catholiques qui ont été saccagées, un évêché syriaque sur lequel on a tiré. Il s’agit d’actes inacceptables qui avaient pour objectif d’angoisser les chrétiens. Il faut reconnaitre – que cela fasse plaisir ou non – qu’il n’y a que les autorités syriennes de Damas qui ont un réel souci de la sécurité des communautés chrétiennes. C’est un fait.

Cet attentat peut-il décider les chrétiens à quitter la Syrie ?

Je le crains. Si un prêtre est tué, l’ensemble des fidèles se sent fragilisé.

 

Retrouvez l’article en intégralité ICI

Source : Famille Chrétienne

[SYRIE] Le Père Joseph Hanna Ibrahim assassiné

L’Œuvre d’Orient apprend avec horreur l’attentat terroriste perpétué contre le Père Joseph Hanna Ibrahim et son père en Mésopotamie syrienne (Djezireh).

Ce prêtre arménien catholique était particulièrement actif sur les projets de reconstruction et d’accueil des populations réfugiées dans l’est de la Syrie et se rendait sur un chantier de l’Œuvre d’Orient.

L’Œuvre d’Orient condamne également les trois explosions qui ont eu lieu aujourd’hui à proximité des églises à Qamishli.

L’Œuvre d’Orient s’indigne que la question des chrétiens en Mésopotamie syrienne soit systématiquement oubliée et escamotée.

De nombreuses communautés chrétiennes vivent dans cette région et souhaitent y demeurer.

Les kurdes ont combattu le DAECH et subissent l’agression inacceptable de l’armée turque et pour cela méritent notre considération.

Cependant ils doivent respecter et prendre en compte cette présence ancienne de communautés chrétiennes de diverses confessions (catholiques, orthodoxes, …)

Ces chrétiens ont pour la plupart fui le génocide, perpétré par l’Empire Ottoman avec le soutien d’une partie de la population kurde en 1915.

La communauté internationale a l’obligation morale d’assurer la sécurité de ces communautés chrétiennes et leur maintien dans leurs terres ancestrales.

Les autorités kurdes et les autorités syriennes doivent également assurer la sécurité des communautés chrétiennes ainsi que les possibilités de retour des personnes qui en ont été chassées.

L’Œuvre d’Orient rappelle que l’action des terroristes en Syrie, comme en Irak, a été une action génocidaire au sens du code pénal français (article 211-1).

Les victimes ne sont pas les personnes qui ont rejoint le DAECH en toute connaissance de cause, mais les personnes torturées, chassées, ou tuées par les groupes les plus violents.

Ce terrorisme est certes le fait du DAECH mais il y a beaucoup d’autres groupes qui se livrent à ces actes de violence. Il convient de clarifier les relations que certains Etats entretiennent avec ces groupes.

Il est urgent de mettre en place une justice internationale qui juge les criminels comme cela a été fait dans d’autres situations (Afrique, Cambodge, Balkans…).

Syrie-Pascal-Gollnisch

[PROCHE-ORIENT] Mgr Gollnisch : « Aujourd’hui devant les tumultes que traversent le Proche Orient […] il faut se mettre à l’écoute des populations. »

A l’occasion de la commémoration de l’Armistice, Mgr Pascal Gollnisch nous parle des conséquences de cette dernière sur le Proche Orient, après effondrement de l’Empire Ottoman.

« Quand une paix est quasiment décidée par des puissances étrangères […] sans l’écoute réelle de ce qui se vit sur le terrain, tôt ou tard cela revient d’une manière explosive. Aujourd’hui devant les tumultes que traversent le Proche-Orient […] il faut se mettre à l’écoute des populations. »

[TERRE SAINTE] Geoffroy en mission : « Jérusalem est fascinante, la vieille ville en particulier »

« Geoffroy, 32 ans après des études d’art puis de relations internationales et divers emplois au Canada, a commencé une belle mission comme journaliste auprès du Patriarche Latin de Jérusalem qu’il accompagne dans ses différents déplacements dans son diocèse qui couvre Israël, la Palestine, la Jordanie et Chypre ».


EN MISSION AU PATRIARCAT LATIN DE JERUSALEM

Voilà deux semaines maintenant que j’ai atterri en Terre Sainte, où j’ai été envoyé pour servir comme journaliste au Patriarcat latin de Jérusalem.

Mon arrivée

Ma première impression a été l’accueil extrêmement chaleureux qui m’a été accordé, tant au travail qu’au sein de la communauté d’accueil. A mon arrivée à l’aéroport, une voiture du Patriarcat Latin est venue me chercher et m’a déposé juste en face de mon logement. J’ai pu échanger quelques mots d’arabe avec le chauffeur, agréablement surpris de constater que j’apprenais sa langue avec autant de plaisir. Je suis logé chez les Frère Augustins de l’Assomption, congrégation francophone.

La communauté

Les Frères Assomptionnistes sont installés sur le magnifique site de Saint Pierre-en-Gallicante, situé sur les hauteurs du Mont Sion. Ils accueillent des pèlerins toute l’année, et il y en a beaucoup ! Je dispose d’une chambre individuelle, voisine de celle d’un autre volontaire français qui travaille sur le site et s’occupe d’accueillir des pèlerins, et je bénéficie d’une vue imprenable sur Gethsémani et le Mont des Oliviers. La Communauté compte quatre frères, ainsi que trois sœurs oblates de l’Assomption, originaires d’Afrique. Une dizaine d’employés palestiniens travaillent également sur le site. Les frères sont d’une gentillesse à tous égards. Ils sont toujours disponibles, intéressés par mon travail, et l’une des toutes premières questions que m’a posées le responsable de la communauté a été de connaitre le jour de mon anniversaire L’ambiance est très détendue, conviviale et la vie communautaire n’ai pas du tout pesante, même pour quelqu’un de très indépendant comme moi. Je remercie le Seigneur de m’avoir placé dans de si bonnes mains.

 

La mission au Patriarcat

Ma mission est passionnante et ce que je fais depuis un mois correspond en tout point à ce qui avait été prévu. Au sein du pôle média du Patriarcat latin, je suis couvre des évènements ecclésiaux et je rédige des articles en vue de faire connaitre l’actualité du Diocèse de Jérusalem – qui s’étend sur toute la Terre Sainte, la Jordanie et Chypre. Aussi ma mission me donne l’occasion de me déplacer énormément, en Israël comme en Palestine. Dès mon premier jour de travail, je suis parti à Beit Jala, petite ville de Cisjordanie, afin de couvrir une ordination mineure qui se tenait au séminaire du Patriarcat latin. J’ai pu y rencontrer des jeunes séminaristes palestiniens venant de toute la Terre Sainte, de Saint Jean D’Acre à Bethléem, en passant par Haïfa et Jérusalem. Un autre exemple de l’hospitalité palestinienne : A la fin de l’évènement, j’ai été invité à partager leur repas, puis, le dessert touchant à sa fin, une petite main est venue se poser sur mon épaule ; je me suis retourné et j’ai entendu : « Geoffroy, on te ramène en voiture ! ». Ce sens de l’hospitalité et du partage me surprend de jour en jour, tant le contraste avec l’individualisme de nos sociétés occidentales est saisissant.
Depuis j’ai eu la chance de couvrir plusieurs autres évènements à l’extérieur de Jérusalem, à Deir Rafat notamment, pour la traditionnelle fête de Notre-Dame de Palestine, Patronne principale du Diocèse. A chaque fois, je suis chargé de prendre des photos, puis d’écrire mon article en rentrant. Celui-ci est ensuite posté sur le site internet du Patriarcat et sur les réseaux sociaux. Je suis entouré d’une équipe très sympathique, composée d’un Palestinien, Saher, d’une Palestinienne, Rula, qui est enceinte et nous quittera bientôt pour quelques mois, et d’un Italien, Filippo (une perle !). Saher s’occupe du site en anglais, Rula est rédactrice arabophone et Filippo gère bien évidemment la page en italien. L’ambiance est bonne, nous échangeons essentiellement en anglais, Saher et moi en français, et je tente comme je peux d’interagir en arabe.

Jérusalem

Jérusalem est fascinante, la vieille ville en particulier. Des nombreuses congrégations religieuses du monde entier y sont installées, ce qui lui donne un caractère très cosmopolite. Je découvre que les Latins forment un milieu assez petit et il n’est pas rare de croiser les mêmes personnes à plusieurs évènements, notamment mes confrères du Christian media Center, pôle média de la Custodie de Terre sainte. J’apprécie particulièrement de me balader dans la vieille ville à la rencontre des commerçants, toujours surpris de voir que j’arrive à converser un peu en arabe, ce qui est assez rare chez les étrangers, y compris ceux qui sont installés à Jérusalem-Est. Le Patriarcat est d’ailleurs situé dans le quartier chrétien de la vieille ville, et j’ai la chance d’aller au bureau à pied tous les matins en passant par le quartier arménien… que du bonheur !

Affaire à suivre … 🙂

Liban : Vers une société civile

Le Liban est un État à part. Dix-neuf communautés reconnues par les institutions politiques- aucune n’est majoritaire- se partagent le pouvoir tout en restant gestionnaires de leur statut personnel.

Une société d’abord confessionnelle

En 2017, le Liban comptait près de 66% de musulmans – chiites (31%), sunnites (29%), druzes (5,5%) et alaouites (0,5%) – dont la moitié sunnite détient la primature et l’autre moitié chiite la présidence du Parlement. Le troisième tiers (34,5 %) formé de chrétiens se voit réserver la présidence de la République à un maronite depuis 1943. Sous les Ottomans, le Mont-Liban était dirigé par druzes et maronites, puis sous le Mandat et jusqu’en 1982, par sunnites et maronites. La guerre civile porta un grand coup à cette coexistence.

À partir de 1920, les chrétiens se déploient dans la Bekaa et au sud du Liban. En 1994, 200000 étrangers sont naturalisés, surtout syriens, et musulmans à 92%, compromettant l’équilibre national. Les chrétiens conservent cependant une présence efficace dans les secteurs bancaire, industriel, touristique, éducatif, hospitalier. Ils disposent d’un enseignement scolaire et universitaire confessionnel d’excellence. Les Maronites (20% de la population), majoritaires parmi les chrétiens, outre la présidence de la République, conservent certains premiers postes dans l’armée, la haute administration et la presse. Les Grecs-orthodoxes (9,5%) ont gardé trois fonctions importantes: les vice-présidences du Conseil des Ministres et du Parlement et la préfecture de Beyrouth. Cette
communauté dispose d’une Université à Balamand et une autre à Beyrouth. Les Arméniens (3,5%) devenus catholiques, au Liban depuis le XVIIIe siècle disposent de 6 députés (dont un catholique). Les Syriaques, venus surtout de Syrie depuis le XVIIIe siècle, sont 50000. Les Chaldéens sont venus récemment
d’Irak des régions occupées par Daech. Les Latins, arabophones, sont quelques centaines, mais le Liban accueille de nombreuses congrégations latines internationales masculines et féminines.

La société civile
La classe moyenne est importante au Liban grâce à la scolarisation des garçons initiée dès 1735 et des filles à la fin du XIXe siècle. Cette population a mis en
place au XXe siècle la promotion d’une culture citoyenne. Aux dernières élections parlementaires (2018), une seule députée vient de la société civile, Paula Yacoubian; tous les autres appartiennent à des listes partisanes dirigées par des familles de notables traditionnelles, musulmanes ou chrétiennes ou par des oligarques issus de la guerre civile. Les citoyens attendent un gouvernement fort qui lancerait la réforme administrative et assurerait la sécurité et la stabilité politique. L’article 9 de la Constitution proclame dans sa version internationale française que «la liberté de conscience est absolue», mais dans sa version arabe officielle «la liberté de croyance (al I’tiqâd) est absolue». Donc, l’athéisme n’est pas admis.

Les cadres islamiques ont maintenu un code familial et pénal appelé «statut personnel», élaboré au IXe siècle. Il maintient les minoritaires dans un état de souscitoyens. Les intégristes musulmans réprouvent l’introduction de la femme dans le monde du travail, la politique, ou même l’exégèse coranique. Un musulman peut épouser une non-musulmane, mais l’inverse est impossible. Pour échapper aux lois communautaires du mariage religieux, de jeunes couples
se rendent à Chypre pour contracter un mariage civil, qu’ils déclareront à l’État civil à leur retour. Un courant féministe émerge. Les femmes réclament une égalité totale des droits en matière d’héritage, de transmission de la nationalité, de droit de garde des enfants. Mais le mariage des mineures, pratique entretenant l’analphabétisme féminin, reste en vigueur chez les musulmans. Cependant la communauté sunnite a modifié ses lois en 2012, accordant aux mères divorcées le droit de garde des enfants jusqu’à l’âge de 12 ans et parfois au-delà, au nom de l’intérêt des enfants. Le personnel de maison (300 000 personnes) est constitué d’Africaines, surtout Éthiopiennes, et d’Asiatiques, Bangladeshies, Sri-Lankaises et Philippines souvent maltraitées. Caritas Liban leur a ouvert à Beyrouth un refuge où elles sont logées et disposent d’un avocat pour les défendre avant leur rapatriement. Le Liban, dont la société civile est de plus en plus active et reconnue, montre comment la sécularisation peut être mise en place dans un contexte confessionnel.

Christian Lochon
Directeur honoraire des études au CHEAM


ENTRETIEN :

Comment évoluer dans une société clanique ?

Les Libanais sont dans la rue. Que se passe-t-il ? Qu’ils soient chrétiens ou musulmans, les Libanais de toutes confessions n’ont plus envie d’être dirigés par des chefs de clans, qui font passer leurs propres intérêts avant ceux du pays… Les manifestations monstres qui ont éclaté le 17 octobre dernier à Beyrouth, s’étendant spontanément du nord au sud, avec des villes noires de monde et des foules envahissant les rues, l’ont démontré. Aujourd’hui, les Libanais veulent
vivre dans un État de droit, au sein d’une société civile authentique qui leur assure des services publics convenables, or c’est loin d’être le cas. Vingt-neuf ans après la fin de la guerre civile, pour pallier les manques d’eau et les coupures d’électricité, les familles sont obligées d’avoir recours à des entreprises privées (achat d’eau et location de générateurs), payant chaque mois une double facture, une à l’État, une au privé. Dans le secteur éducatif, les établissements d’État, que nous appelons ici les écoles officielles, souffrent cruellement d’absences de moyens. Ils sont totalement dépassés par les établissements privés où les élèves reçoivent une éducation d’excellence, mais aux coûts souvent exorbitants. Pour l’université, les parents s’endettent ou revendent des biens. Nos routes sont en
mauvais état, et nous n’avons pas de transports en commun. Ni train, ni ligne de bus régulière, ce qui oblige les gens à se déplacer avec leur véhicule
personnel, occasionnant des embouteillages monstres et un environnement pollué…

D’où provient cette situation catastrophique ?

En 1943, à la fondation du Liban, nous avons pris modèle sur le système français. Si notre Constitution de 1926 convenait à un pays européen comme la France, la majorité des Libanais n’étaient pas préparés à vivre dans un régime démocratique. Nos mentalités étaient encore archaïques, et nos modes de vie communautaires. Le pacte de 1943, fondé sur une répartition confessionnelle des pouvoirs – président chrétien, premier ministre sunnite et président de l’Assemblée chiite – a contribué à nous enfermer dans ce communautarisme. Il a fait émerger des petits «seigneurs» qui règnent en maître sur leurs régions.
Des corrompus bien souvent que l’on retrouve au gouvernement ou au parlement. Beaucoup d’entre eux siègent également dans les conseils d’administration des principales sociétés privées. Ces manipulateurs entretiennent une clientèle de partisans, en leur accordant des passe-droits et des avantages. Découragés, beaucoup d’enfants de mes paroissiens émigrent à l’étranger. Comment construire alors une société civile avec un système clanique? D’autant que les fonctions
politiques ici se transmettent de père en fils. C’est là toute la difficulté de notre pays…

[IRAK] Le cardinal Louis Raphaël Sako : « J’espère que le gouvernement écoutera le cri de ces gens souffrants »

Le cardinal Louis Raphaël Sako, Patriarche de Babylone des chaldéens, revient sur les manifestations qui secouent son pays, l’Irak, ainsi que le Liban depuis plusieurs semaines. Compréhensif envers les deux peuples, le prélat espère que leurs revendications seront écoutées par les dirigeants, dont il déplore l’enlisement dans la corruption.

« En Irak, d’après un bilan officiel, 257 personnes ont perdu la vie depuis le début de la contestation, le 1er octobre dernier. Le président Barham Saleh a promis jeudi dernier des élections anticipées et une nouvelle loi électorale. Mais les manifestants continuent de réclamer la chute du régime, notamment au sud du pays et dans la capitale. À Bagdad, ils sont toujours plus nombreux à se rassembler place Tahrir, épicentre des rassemblements.
Samedi, le cardinal Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des chaldéens, s’est rendu sur les lieux avec une délégation. Des centaines de milliers d’Irakiens occupaient la place. Le prélat a ainsi pu se mettre à l’écoute d’un peuple qui a soif de justice. Au lendemain de cette visite, il nous dépeint la situation actuelle. »

 

Retrouvez l’intégralité de l’interview ICI 

Source : Vatican News