L’exposition « Cités millénaires – Voyage virtuel de Palmyre à Mossoul » ouvre ses portes à l’Institut du Monde arabe

Aujourd’hui menacés, endommagés, pillés ou détruits, 4 sites majeurs dont certains classés au patrimoine mondial de l’UNESCO ; Palmyre et Alep (Syrie), Mossoul (Irak) et Leptis Magna (Libye) se dévoilent et renaissent dans une mise en scène immersive spectaculaire. Grâce aux technologies de numérisation les plus en pointe (projections géantes à 360°, expériences de réalité virtuelle) l’exposition offre aux visiteurs un voyage au cœur des richesses architecturales de ces sites pour les sensibiliser aux enjeux cruciaux de la préservation et de la réhabilitation du patrimoine.

 

Commissariat de l’exposition :

• Aurélie Clemente-Ruiz, commissaire générale, directrice des
expositions à l’IMA.
• Nala Aloudat, chargée d’exposition à l’IMA

Exposition organisée en collaboration avec Iconem, en partenariat avec l’UNESCO et Ubisoft, et avec le concours de l’Université de Lausanne et l’Œuvre d’Orient.


DATE : Du mercredi 10 octobre 2018 au dimanche 10 février 2019,

mardi, mercredi, jeudi, vendredi : 10h — 18h
samedi, dimanche, jours fériés : 10h — 19h

LIEU : IMA, 1, rue des Fossés Saint-Bernard, Place Mohammed V — 75005 Paris, métro Jussieu

Tarifs : 12€ (tarif plein), 10€ (réduit, PASS), Éducation, MDA/AIAA), 6€ (12/25 ans, demandeurs d’emplois / RSA)

 

Salles d’exposition ; niveau +1/+2 – M10

Billetterie : sur place ou sur www.imarabe.org

Contact : 01 40 51 38 38

Jerome Dartiguenave

Restez généreux : vos dons sont toujours déductibles de vos impôts !

 

ASSM : Quels sont les changements fiscaux en cours ?

JD : En 2019, les contribuables français passeront au prélèvement à la source, ce qui signifie que l’impôt est payé sur la base des revenus de l’année en cours et non sur ceux de l’année précédente.

En 2018, l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) a remplacé l’ISF (impôt sur la fortune).

L’incertitude concernant la fiscalité applicable au don a pu perturber les donateurs, mais l’impôt lui-même n’ayant pas augmenté – il a même diminué en ce qui concerne l’impôt sur le capital- nous espérons qu’ils maintiendront leur générosité et que ceux qui ont moins versé dans le cadre de la suppression de l’ISF reporteront et augmenteront leur générosité sur leur don déductible à l’IRPP d’ici la fin d’année 2018.

 

ASSM : Pour les donateurs, les dons seront-ils encore déductibles de leurs revenus ?

JD : Oui rien ne change, les dons restent déductibles des impôts, toujours à hauteur de 66%, dans la limite de 20% du revenu imposable.

 

ASSM : Si je fais un don en 2018, sera-t-il déductible de mon impôt ?

JD : Si vous n’aviez pas fait de don en 2017, vous déclarerez votre don 2018 avec vos revenus de 2018, comme actuellement, en mai 2019. Votre déduction fiscale sera remboursée à partir de juillet 2019.

Si vous aviez fait un don en 2017, un acompte de 60% de votre déduction fiscale vous sera remboursé, dès le 15 janvier 2019. Il est calculé d’après la déclaration de vos revenus faite en mai 2018. Le solde sera calculé après le traitement de la déclaration de vos revenus de 2018 (en mai 2019) et réajusté en juillet 2019.

 

ASSM : Pouvez-vous donner un exemple concret ?

Par exemple, si vous aviez donné 100 € en 2017 (soit une déduction fiscale de 66 €) et 150€ en 2018 (soit une déduction fiscale de 99 €), vous recevrez un acompte du fisc de 39.60 € (60 % de 66 €) dès le 15 janvier 2019. Le solde de 59,40 € vous sera versé à partir de juillet 2019.

Au total, vous bénéficierez donc toujours de votre déduction de 99 € et votre don ne vous reviendra qu’à 51 €.

 

ASSM : Et pour les dons IFI ?

JD : Pour les prochains dons IFI, ceux-ci seront déclarés en mai-juin 2019 et donneront droit à une réduction de 75% du montant des dons sur l’impôt qui sera payé en septembre 2019.

Plus que jamais les chrétiens d’Orient ont besoin de nous. C’est maintenant le temps de la reconstruction, nous comptons sur le soutien des donateurs pour permettre aux communautés très durement éprouvées d’envisager un avenir dans leur pays, et pour celles qui ont dû le quitter, de revenir.

 

Jérôme Dartiguenave notre directeur financier est à votre disposition pour toute question ; 01 45 48 49 22


Si 2017 a été une belle année, nous ne cachons pas notre inquiétude pour 2018 car les décisions fiscales ont déstabilisé beaucoup de donateurs. Or en Syrie et en Irak la reconstruction exige des fonds importants. C‘est maintenant la course de vitesse pour permettre à nos frères de rester chez eux.

Mgr Pascal Gollnisch

 

France 2, émission Chrétiens Orientaux « L’histoire des Arméniens de Roumanie » dimanche 7 octobre 2018

Arrivés, selon la tradition, après la chute de la ville arménienne d’Ani, ou selon les historiens, venant de Crimée. Ces premiers arméniens ont été rejoints au cours des siècles par d’autres arméniens, mais aussi par des rescapés du Génocide de 1915, ou plus récemment par des ressortissants de la République d’Arménie.

Ces roumains d’origine arménienne, habitants surtout dans les régions de Moldavie, Transylvanie et Bucarest, depuis près de sept siècles, ont gardé le sentiment d’être toujours des arméniens, même s’ils sont très bien intégrés dans la société.

Monastères, églises arméno/baroques, trésors humains et spirituels : ce documentaire présente la saga des arméniens de Roumanie, qu’ils soient Apostoliques ou Catholiques.

zamka sueavaAvec la participation de : Claude Mutafian, historien, auteur de « la saga des arméniens de l’Ararat aux Carpates », Ed les Belles Lettres – Père Torkom Mandalian (curé Arménien Apostolique de Suceava) – Egner Florin (Eglise Arménienne Apostolique de Botochani) – Joan Estegar (Eglise Arménienne Catholique de Gherla-Arménopolis) – Père Hunor Plebanos (Curé Arménien Catholique de Gheorgheni) – Madeleine Karacasian (Journaliste, écrivain).

 

Documentaire écrit par Thomas Wallut et Guillaume Juherian. Réalisation : Guillaume Juherian.

Marthe en mission d’été en Terre Sainte « une grande leçon d’humilité »

Je suis partie pendant un petit mois en Terre Sainte pour un volontariat avec les Sœurs des Filles de La Charité. La mission consistait à encadrer une colonie de vacances d’enfants orphelins ou abandonnés et recueillis dans la crèche de Bethléem …

Nous sommes d’abord allées sur le lieu de vie des enfants. Elle accueille une quarantaine d’enfants de 0 à 6 ans. Quand nous sommes arrivées l’année scolaire avait pris fin et la classe avait laissé la place à des jeux et des activités.

Nous avons donc emmené les plus grands (2-6 ans) à la colonie à Jérusalem Est (le mur séparant Israël et Palestine traverse le jardin des Sœurs). Nous étions 4 volontaires françaises, Sœur Silouane, Sœur Denise et 4 employées de la crèche. Notre rôle à nous, volontaires, était de donner le maximum d’amour et de joie à ces enfants qui n’ont ni parents ni de famille.

Nous étions avec les enfants tous les matins et animions des petits jeux adaptés à leurs âges : des chorégraphies et des bricolages avec pour thème les clowns !

Terre Sainte 1

Notre rôle était d’animer, tandis que les employées jouaient avec nous et surveillaient les enfants. La barrière de la langue était importante au début, mais nous sommes arrivées à la surmonter avec le temps et avons appris quelques mots d’arabe – de style enfantin.

Tous les après-midis, ils allaient à la piscine de la colonie. Ils apprenaient plus ou moins à nager, criaient partout, riaient, jouaient dans l’eau. Nous avons aussi été dans un parc aquatique près de Jéricho.

Ces enfants étaient très attachants : certains avaient des regards tristes, d’autres ne se rendaient probablement pas trop compte de leur situation, certains étaient là en fratrie, certains se souvenaient de leurs vies avec leurs parents avant l’abandon… on avait tout à leur donner !

Au début pourtant, nous ne nous sommes pas senties franchement utiles car les enfants connaissaient les employées avec qui ils vivaient depuis toujours, qui parlaient leur langue, qui connaissaient leurs habitudes… nous avions donc plus de mal à nous faire respecter, et comme ils savaient que nous ne comprenions pas leur langue, ils ne nous écoutaient pas du tout. Ça a été une grande leçon d’humilité, au départ difficile à vivre ; n’aurais-je pas été plus utile en France auprès de ceux qui ont besoin ?

Mais peu à peu, ils se sont attachés à nous et nous à eux. J’arrivais à voir que même mes gestes pouvaient leur apporter beaucoup plus que je ne le croyais au départ. Le soir, nous allions leur souhaiter bonne nuit individuellement et beaucoup d’entre eux voulaient nous embrasser en retour en disant « Ana, Ana, Bouzak !! ».

Cette mission a été dure, mais si c’était à refaire, ça serait plutôt deux fois qu’une ! J’y ai fait des rencontres formidables, avec les 3 autres volontaires, les religieuses et les employées. Les sourires des enfants sont gravés à jamais dans ma mémoire.

Rien que pour ça, je saute dans le prochain avion !

De plus, on a eu du temps pour visiter Bethléem et Jérusalem, ainsi que la mer Morte et le Jourdain : c’est un pays magnifique. Jérusalem est la ville la plus surprenante que je n’ai jamais visitée et très riche en histoire. On change totalement de culture en passant d’un quartier à l’autre !

Un autre moment fort dans Jérusalem : la finale de football. Nous avons dansé dans les rues de Jérusalem avec Sœur Silouane et les employées. C’était fou de voir la joie de ces filles qui viennent de Palestine, et qui sont enfermées dans leur pays. Elles arpentaient les rues avec nous en riant !

En quelques mots, ce volontariat n’était que du bonus, à tous niveaux et j’espère juste avoir donné mon maximum à ces enfants !

Déclaration du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux

Le monde entier a assisté, stupéfait, à ce qu’on appelle désormais « la restauration du califat » qui avait été aboli le 29 octobre 1923 par Kamal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne.

La contestation de cette « restauration » par la majorité des institutions religieuses et politiques musulmanes n’a pas empêché les jihadistes de l’« Etat Islamique » de commettre et de continuer à commettre des actions criminelles indicibles.

Ce Conseil pontifical, tous ceux qui sont engagés dans le dialogue interreligieux, les adeptes de toutes les religions ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté, ne peuvent que dénoncer et condamner sans ambiguïté ces pratiques indignes de l’homme:

-le massacre de personnes pour le seul motif de leur appartenance religieuse;

-la pratique exécrable de la décapitation, de la crucifixion et de la pendaison des cadavres dans les places publiques;

-le choix imposé aux chrétiens et aux yézidis entre la conversion à l’islam, le paiement d’un tribut (jizya) ou l’exode;

-l’expulsion forcée de dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles des enfants, des vieillards, des femmes enceintes et des malades;

-l’enlèvement de jeunes filles et de femmes appartenant aux communautés yézidie et chrétienne comme butin de guerre (sabaya);

-l’imposition de la pratique barbare de l’infibulation;

-la destruction des lieux de culte et des mausolées chrétiens et musulmans;

-l’occupation forcée ou la désacralisation d’églises et de monastères;

-la retrait des crucifix et d’autres symboles religieux chrétiens ainsi que ceux d’autres communautés religieuses;

-la destruction du patrimoine religieux-culturel chrétien d’une valeur inestimable ;

-la violence abjecte dans le but de terroriser les personnes pour les obliger à se rendre ou à fuir.

Aucune cause ne saurait justifier une telle barbarie et certainement pas une religion. Il s’agit d’une offense d’une extrême gravité envers l’humanité et envers Dieu qui en est le Créateur, comme l’a souvent rappelé le Pape François.

On ne peut oublier pourtant que chrétiens et musulmans ont pu vivre ensemble – il est vrai avec des hauts et des bas – au long des siècles, construisant une culture de la convivialité et une civilisation dont ils sont fiers. C’est d’ailleurs sur cette base que, ces dernières années, le dialogue entre chrétiens et musulmans a continué et s’est approfondi.

La situation dramatique des chrétiens, des yézidis et d’autres communautés religieuses et ethniques numériquement minoritaires en Irak exige une prise de position claire et courageuse de la part des responsables religieux, surtout musulmans, des personnes engagées dans le dialogue interreligieux et de toutes les personnes de bonne volonté. Tous doivent être unanimes dans la condamnation sans aucune ambiguïté de ces crimes et dénoncer l’invocation de la religion pour les justifier. Autrement quelle crédibilité auront les religions, leurs adeptes et leurs chefs ? Quelle crédibilité pourrait avoir encore le dialogue interreligieux patiemment poursuivi ces dernières années?

Les responsables religieux sont aussi appelés à exercer leur influence auprès des gouvernants pour la cessation de ces crimes, la punition de ceux qui les commettent et le rétablissement d’un état de droit sur tout le territoire, tout en assurant le retour des expulsés chez eux. En rappelant la nécessité d’une éthique dans la gestion des sociétés humaines, ces mêmes chefs religieux ne manqueront pas de souligner que le soutien, le financement et l’armement du terrorisme est moralement condamnable.

Ceci dit, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux est reconnaissant envers tous ceux et celles qui ont déjà élevé leurs voix pour dénoncer le terrorisme, surtout celui qui utilise la religion pour le justifier.

Unissons donc nos voix à celle du Pape François: « Que le Dieu de la paix suscite en tous un désir authentique de dialogue et de réconciliation. La violence ne se vainc pas par la violence. La violence se vainc par la paix!».

Chrétiens du Moyen-Orient : Quel avenir ?

 

 

 

Le sort des chrétiens du Moyen-Orient revient à la Une, notamment après l’échec du dit « Printemps arabe », l’apparition en force d’El Qaëda et de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie (Daesh) et la persécution des chrétiens d’Irak.

 

Les quelques titres parus ces deux derniers mois en disent long sur cette tragédie que connaissent de nouveau les chrétiens du Moyen-Orient :

 

  • « Les chrétiens d’Irak sont devant une crise d’existence » (2 juillet 2014).  
  • « L’épuration religieuse à laquelle se livre l’État Islamique » (23 juillet).
  • « Chrétiens d’Irak. Le monde s’en fout ! »
  • « Silence … On persécute ! ».
  • « Mossoul, une ville où la présence chrétienne, deux fois millénaire, subit une épuration ethnique. Le Liban sert encore une fois de terre d’accueil alors qu’il ploie déjà sous le poids de la présence des réfugiés syriens comptant 37 % de sa population ! » (1er août).
  • « L’EI s’empare de Qaraqosh, la plus grande métropole chrétienne d’Irak, comptant 50.000 habitants … Des dizaines de milliers de personnes fuient les Jihadistes » (8 août).
  • « Les frontières du Nouveau Moyen-Orient seront-elles tracées avec le sang des chrétiens ? C’est la question que tous les Libanais se posent, les yeux rivés sur la plaine de Ninive où cent mille chrétiens fuyaient hier, sous un soleil accablant, la progression des jihadistes et des ténèbres religieuses qui les accompagnent » (8 août).
  • « La visite des patriarches à Erbil leur a permis d’être témoins directs du déracinement d’un peuple » (20 août).
  • « La grande catastrophe qui s’est abattue aujourd’hui sur les chrétiens d’Irak, ceux de Mossoul et les 13 villages de la plaine de Ninive, ainsi que sur les yazidis et d’autres minorités » (27 août).

 

La situation au Moyen-Orient, en particulier après le déraillement du soi-disant printemps arabe, a pris un tournant très dangereux, marqué notamment par une forte montée de l’intégrisme musulman. Cette tendance a abouti à l’émergence d’organisations intégristes terroristes, tel que El Qaëda et ce qu’on appelle « Daesh » ou l’État islamique en Irak et en Syrie. Dans tout ce processus, les chrétiens se retrouvent à payer le prix le plus lourd de la lutte d’intérêts des Grandes Puissances internationales et régionales; et leur présence dans la région, datant de l’époque du Christ, est maintenant en réel danger.

 

Nous allons exposer, dans cet article non exhaustif, d’abord un aperçu historique de la présence des chrétiens au Moyen-Orient tributaire des guerres d’intérêts des Empires et Royautés, ensuite la situation actuelle des chrétiens du Moyen-Orient notamment ceux de l’Irak, et enfin l’avenir du rôle de ces chrétiens au Moyen-Orient et surtout au Liban.

 

1-Bref aperçu Historique

 

Nous, chrétiens du Moyen-Orient, sommes conscients des dangers que nous courons depuis que nous sommes dans cette partie du monde si tourmentée, mais aussi de la mission d’amour, de pardon et de paix que nous portons au nom de Notre Seigneur Jésus Christ. Nous sommes aussi conscients que nous payons le prix d’une politique erronée de l’Occident ou des chrétiens d’Occident vis-à-vis de leurs frères d’Orient, qu’ils présument protéger. Et cela depuis l’Empire byzantin, c’est-à-dire l’Empire romain en Orient, et l’arrivée de l’Islam au VII° siècle, qui s’est vengé contre les chrétiens autochtones en chassant les byzantins.

 

Les Croisades arrivées au XIº siècle pour « libérer la Terre Sainte » ont fait des ravages. Les Mamelouks, arrivés d’Égypte pour mettre fin aux « États latins d’Orient » et chasser les « Francs », se sont vengés contre les chrétiens autochtones qui ont de nouveau payé le prix. Je suis en train de relire en ce moment l’ouvrage d’Amin Maalouf « Les Croisades vues par les Arabes ». Je redécouvre une autre vision de l’histoire, nécessaire et complémentaire de celle que j’avais apprise à l’école « occidentale ».

 

Au XVIº siècle, François Ier, roi de France (1515-1547), se tourna, dans sa guerre contre Charles Quint, vers le Sultan Soliman II dit « le Magnifique » qui instaura l’Empire ottoman (1520-1566). Il lui demanda la faveur de protéger les chrétiens d’Orient, sujets de l’Empire. Le sultan consentit. Une fois François Ier parti, les chrétiens autochtones durent payer un prix et endurer une nouvelle fois les persécutions des Ottomans.

 

Mais l’idée de la protection des chrétiens d’Orient resta vive chez les Grandes Puissances Occidentales, beaucoup plus pour leurs intérêts que par amour pour ces chrétiens. Une fois l’Empire ottoman affaibli, et devenu « l’homme malade », à partir de la première moitié du XIXº siècle, les Puissances européennes revinrent à la charge et entrèrent au Moyen-Orient sous le prétexte de protéger leurs frères chrétiens d’Orient. Ils introduisirent bien sûr les bienfaits de la Renaissance faisant profiter les populations de la région des acquis culturels, mais aussi leurs conflits et leurs querelles politiques, notamment franco-anglaises. Et à l’occasion de ces conflits, on commença à parler en Occident de la « Question d’Orient », et chaque Puissance prit en protection une communauté. Et de nouveau les chrétiens eurent à en payer le prix et à souffrir de la vengeance ottomane, qui s’exprima par le massacre des chrétiens du Mont Liban et de Damas en 1860. Cette situation dura jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale et la chute de l’Empire ottoman (1918) qui avait dominé l’Orient, et même une partie de l’Europe orientale, durant 400 ans !

 

Nous affrontons aujourd’hui les mêmes problèmes et nous nous voyons confrontés, malgré nous, à l’Islam et aux musulmans, surtout après l’intervention militaire en Irak de l’Administration du président George Bush. Ce dernier employa, dans l’un de ses discours, le terme de « croisades ». Les réactions des fondamentalistes islamistes ne se firent pas attendre, les attentats se succédèrent et les réactions violentes aussi, jusqu’à la formation des organisations d’El Qaëda et de Daesh.

 

2-Situation actuelle

 

C’est le cri d’alarme lancé par Sa Béatitude le patriarche chaldéen Louis Sako qui a ouvert les yeux et secoué les consciences. Dans sa lettre adressée, le 5 août 2014, à Sa Sainteté le Pape François, aux Patriarches, Evêques et Présidents des Conférences épiscopales, il dit que les chrétiens d’Irak sont devant une « crise d’existence » :

 

« Les chrétiens affrontent une tragédie énorme. Les chrétiens de Mossoul horrifiés ont quitté la ville fuyant l’Etat Islamique (Daesh) avec seulement leurs habits sur eux. Leurs églises ont été profanées. Une migration en masse a eu lieu d’autres villages et villes de la plaine de Ninive… des personnes ont été massacrées…

 

L’Église, qui se trouve toute seule plus qu’en tout autre temps, exige que ses leaders réagissent avant qu’il ne se fait trop tard en exerçant la pression nécessaire sur la communauté internationale ainsi que sur ceux qui détiennent les décisions à prendre, en vue de solutions fondamentales à ces crimes scandaleux.

 

Il est à signaler que toutes ces tueries accusent comme motivation la convoitise envers ce qui est caché sous la terre comme pétrole, gaz… Qu’est-ce qui expliquerait donc cette guerre curieusement radicalisée selon un plan prémédité ne tenant compte le moins du monde des destinées des peuples ?

 

Nous sommes également aussi choqués qu’indignés par l’absence d’une prise de position vigoureuse des musulmans et de leurs leaders religieux, bien que ces factions représentent une menace pour les musulmans eux-mêmes…

 

Nous faisons appel à la communauté internationale, notamment les Grandes Puissances qui détiennent la solution. Nous nous adressons vivement à leurs consciences afin de réviser leurs dispositions et de réévaluer l’impact de la situation actuelle…

 

Nos chrétiens ont un besoin vital d’une aide humanitaire urgente, comme ils ont besoin d’une protection véridique efficace et de nature permanente sensée les rassurer pour qu’il n’y ait pas de terme à leur existence dont les origines sont profondément enracinées en Irak ».

 

Il avait déjà prévenu, le 2 juillet, que « Les troupes de l’EI règnent en maître à Mossoul et dans presque tout l’Ouest irakien. Les tambours de la guerre s’y annoncent fortement… Les réfugiés se comptent par millions… ».

 

 

 

Tout avait commencé, selon un témoin de Mossoul, le 9 juin. « L’Etat Islamique, aidé par le parti Baas débute son offensive contre la ville de Mossoul. Celle-ci se compose en majorité de sunnites, avec des minorités chiites et chrétiennes. La cité était pourtant gardée par des centaines de milliers de soldats du régime… Le 26 juin, les milices se sont dirigées vers Qaraqosh, une ville qui compte cinquante mille chrétiens. L’offensive qui dure dix jours, se termine par la défaite de l’EI suite à l’intervention de l’armée kurde (soutenue par l’aviation américaine). C’est cette défaite qui a engendré la haine envers les chrétiens… Le 15 juillet, nous avons fui. On ne nous a même pas laissé le temps de ranger nos affaires et de quitter la maison… Nous étions soumis à quatre choix : quitter la ville les mains vides, se convertir à l’islam, verser une amende, ou mourir ».

 

 

 

On ne peut qu’être troublé par le fait que les Etats-Unis n’ont finalement fait usage de leur puissance de feu et de leurs drones qu’une fois les fanatiques de l’Etat Islamique Daesh parvenus aux frontières du Kurdistan. Une semaine plus tôt Qaraqosh aurait pu être sauvée avec ses 50.000 chrétiens jetés sur les routes par un retrait-surprise, en pleine nuit, des peshmergas qui en assuraient la sécurité !

 

Le 20 août 2014, Une délégation de patriarches orientaux catholiques et orthodoxes, présidée par notre Patriarche Cardinal Béchara Raï, arrive à Erbil pour une visite de solidarité avec les chrétiens « expulsés de leurs maisons et spoliés de leurs biens ». Cette visite a permis aux patriarches d’être témoins directs du « déracinement d’un peuple ».

 

Le 27 août, les Patriarches se sont retrouvés à Bkerké autour de notre Patriarche Cardinal Raï, pour discuter de la situation des chrétiens dans la région et appeler les leaders de la communauté internationale à assumer leur responsabilité dans l’éradication des mouvements terroristes et stigmatiser les « crimes contre l’humanité » commis par Daesh. Ils ont été rejoints par le Nonce apostolique au Liban et les ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies ainsi que le représentant personnel du Secrétaire général des Nations Unies.

 

Dans le communiqué qu’ils font publier, les patriarches précisent que « l’agression contre les chrétiens dans notre monde aujourd’hui prend une tournure grave qui menace la présence chrétienne dans plusieurs pays, notamment dans le monde arabe, et plus particulièrement l’Égypte, la Syrie et l’Irak. Les chrétiens de ces pays sont victimes d’agressions et de crimes odieux qui les poussent à émigrer arbitrairement de leurs pays, dont ils sont des citoyens de souche depuis deux mille ans. Les sociétés islamiques et arabes sont ainsi privées d’une richesse humaine, culturelle, scientifique, économique et nationale importante. Cela est fort douloureux, mais ce qui l’est encore plus c’est le silence des instances régionales face à ce qui se produit et la position internationale tiède.

 

La grande catastrophe qui s’est abattue aujourd’hui sur les chrétiens d’Irak, ceux de Mossoul et les 13 villages de la plaine de Ninive… Leur nombre avant l’exode était de 120 000 ; 60 000 d’entre eux sont aujourd’hui déplacés dans le mohafazat d’Erbil et 50 000 dans le mohafazat de Dohouk. Nous appelons avec insistance la communauté internationale à déployer ses efforts pour qu’ils puissent y retourner en toute dignité, et protéger leurs droits et leur sécurité de citoyens.

 

Les États, surtout arabes et islamiques, ne peuvent pas rester silencieux et sans bouger face à « l’État islamique -Daesh » et aux organisations terroristes et takfiristes similaires qui portent une atteinte considérable à l’image de l’islam dans le monde. Ils sont appelés à pousser la communauté internationale à éradiquer ces mouvements terroristes par tous les moyens autorisés par le droit international.

 

La communauté internationale est elle aussi responsable du développement de l’État islamique (Daesh) et autres mouvements takfiristes terroristes. À ces deux devoirs s’ajoute la nécessité de faire pression par la force, de la part de la communauté arabe et internationale, sur les bailleurs de fonds de ces groupes, les trafiquants d’armes et ceux qui les entraînent, États et groupes, pour couper les sources de la violence terroriste takfiriste ».

 

 

 

Deux jours après, le Patriarche Raï était à Rome pour parler au nom des Patriarches d’Orient et exposer, au congrès annuel du « Réseau International Catholique de Législateurs » présidé par le Cardinal Christoph Schönborn archevêque de Vienne (Autriche), la situation critique des chrétiens du Moyen-Orient et les dangers qui les guettent et qui constituent « une menace pour la présence chrétienne dans de nombreux pays et en particulier dans la région arabe, à savoir l’Egypte, la Syrie et l’Irak ».

 

« Sous l’égide du dit printemps arabe, dit-il, les chrétiens sont attaqués et contraints de quitter leur pays, où ils ont vécu, en tant que citoyens d’origine et authentiques pour 2.000 ans. Cet exode prive la région d’une grande richesse humaine, culturelle, scientifique, économique et nationale, et offre en même temps une image déformée de l’islam en le présentant au monde comme une religion qui rejette la diversité et persécute ceux qui sont différents ».

 

« Nous considérons, poursuit-il, que la communauté internationale porte une certaine responsabilité dans la croissance des organisations terroristes et dans la situation dramatique que connaissent les pays du Moyen-Orient. Tout le monde sait que ces pays sont victimes de la lutte internationalemotivéepar des intérêts politiques, économiques et stratégiques, liésau gazetaupétroledans ces pays ».

 

Et il est aujourd’hui, le 11 septembre, date symbolique et fatidique pour les Américains, à Washington, au Sommet de la Défense des chrétiens d’Orient : « In Defense of Christians », pour exposer, au nom de ses confrères les Patriarches d’Orient qui l’accompagnent, les mêmes griefs et proposer les mêmes solutions :

 

1 –«  Mettre un terme aux organisations terroristes. Les Etats Islamiques ne peuvent pas rester observateurs silencieux, regardant simplement l’EI (Daesh) et toutes les organisations terroristes qui sont en train de causer beaucoup de tort à l’Islam lui-même. Les chefs religieux sunnites et chiites doivent émettre des fatwas qui condamnent les attaques contre les chrétiens et interdisent la violation de leurs églises, leurs maisons et leurs biens.

 

2 – Créer une force militaire sous les hospices de l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de sécurité pour mettre un terme à l’invasion des organisations terroristes. C’est ce qui a été décidé, hier le 10 septembre, par le Président américain Obama qui a dévoilé sa stratégie pour « lutter contre l’Etat Islamique et le détruire ».

 

3 – Au-delà des deux obligations mentionnées, la pression doit être exercée par les communautés arabes et internationales sur ceux qui financent ces organisations ou qui les aident par les armes ou la formation, afin de couper les sources de violence et de terrorisme. C’est ce qui a été fait enfin par la Ligue arabe qui a décidé, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères tenue au Caire le 7 septembre, de « prendre les mesures nécessaires pour affronter militairement et politiquement les groupes terroristes, y compris l’EI.

 

4 -Soutenir la présence chrétienne dans le but de protéger le dialogue interreligieux ainsi que la coexistence pacifique entre les cultures et les civilisations », dont le Liban représente l’exemple et le modèle.

 

 

 

3- L’Avenir des chrétiens du Moyen-Orient dépendra de celui des chrétiens du Liban

 

Au-delà de ces situations critiques, les chrétiens d’Orient gardent les yeux tournés vers le Liban qui reste pour eux la « Qebla » (direction de la Mecque vers laquelle se tournent les yeux de tous les musulmans), le point de mire et le symbole d’une présence chrétienne active et effective. Les chrétiens du Liban ont en effet réussi, malgré toutes les difficultés, à relever un grand pari, c’est-à-dire fonder avec leurs concitoyens musulmans et juifs, au début du XXº siècle, un Etat démocratique, multiconfessionnel et pluraliste où chacune des dix-huit communautés (douze chrétiennes, cinq musulmanes et une juive) garde sa spécificité et sa diversité religieuse et culturelle dans l’unité nationale. C’est l’idée du « Pays-Message » – message de convivialité, de liberté, de dialogue, d’ouverture et de respect des diversités -, telle que formulée par le Pape Jean-Paul II, qui avait saisi l’importance capitale de l’expérience pionnière des chrétiens du Liban. Dans son Exhortation apostolique « Une espérance nouvelle pour le Liban »(1997), il avait invité les «Libanais, chrétiens et musulmans, à intensifier le dialogue et la collaboration entre eux, et avec les musulmans des autres pays arabes, dont le Liban est partie intégrante. C’est en effet un même destin qui lie les chrétiens et les musulmans au Liban et dans les autres pays de la région… Le dialogue et la collaboration entre chrétiens et musulmans au Liban peut aider à ce que, dans d’autres pays, se réalise la même démarche » (nº 92, 93).

 

Le Pape Benoît XVI, en visite au Liban le 14 septembre 2012 pour signer l’Exhortation apostolique ‘L’Eglise au Moyen-Orient’, a reconfirmé ce rôle du Liban en soulignant que « l’heureuse convivialité toute libanaise doit démontrer à l’ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu’à l’intérieur d’une nation peuvent exister la collaboration entre les différentes Eglises, et dans le même temps la convivialité et le dialogue respectueux entre les chrétiens et leurs frères d’autres religions ».

 

Les Patriarches d’Orient dans leur communiqué du 27 août 2014 réaffirment que : « Chrétiens et musulmans ont vécu ensemble durant 1.400 ans. Les chrétiens ont toujours été, dans leurs pays, les vecteurs de la renaissance culturelle, sociale, économique et nationale, et ont diffusé une culture de la diversité, de l’ouverture et du respect de l’autre, de la coopération avec lui, ainsi que les valeurs de la citoyenneté, et ont consolidé les libertés publiques et les droits de l’homme ».

 

Le 6 septembre, à l’initiative de M. Mouhammad Sammak, Coprésident du Comité national libanais pour le dialogue islamo-chrétien, conseiller politique et religieux du Mufti de la République, invité spécial du Synode des Evêques pour le Moyen-Orient, une centaine de personnalités musulmanes libanaises signent un appel dans lequel elles condamnent « les crimes contre l’humanité commis par Daesh » qualifié de « la pire des atteintes adressées à l’Islam même » et du « pire danger auquel il est confronté depuis le début du XXI° siècle ». « Les chrétiens sont victimes, dans certains pays arabes, notamment en Syrie et en Irak, d’une campagne de persécution sans précédent dans l’histoire des sociétés arabes. Le déracinement des chrétiens de leurs villes et villages, fruit de cette répression, ainsi que la confiscation de leurs maisons et de leurs biens et la violation des sanctuaires de leurs églises et de leurs monastères constituent des crimes contre l’humanité, contre la religion et contre la nation ».

 

Le même M. Sammak avait écrit le 5 janvier 2011 :

 

« C’est un devoir civique des musulmans que d’aider à ce que la présence chrétienne retrouve sa crédibilité et son rôle, et à ce qu’elle ne reste pas une simple présence en soi, afin que le Moyen-Orient redevienne ce qu’il a été au cours des siècles : un berceau de la religion, de la culture et de la civilisation… Une grande partie de la souffrance chrétienne au Moyen-Orient est due à la diminution du rôle chrétien au Liban, qui se répercute négativement sur les chrétiens dans le reste de la région. Favoriser la présence chrétienne au Moyen-Orient doit nécessairement partir du Liban qui est la nation message de la convivialité civile entre musulmans et chrétiens. Dans les limites de nos possibilités, nous essayons de sensibiliser les musulmans à la grave perte que la fuite et l’émigration des chrétiens impliqueraient pour le Moyen-Orient. A cause de cet exode, l’Orient est en train de perdre son identité, sa pluralité, l’esprit de tolérance et de respect réciproque ».

 

 

Conclusion

 

 

 

Les chrétiens du Liban – comme leurs frères des autres pays du Moyen-Orient – ont payé très cher le prix de cette qualité de présence, au cours des siècles, ils ne veulent en aucun cas et pour quelque raison que ce soit, en perdre les bienfaits aujourd’hui.

 

C’est notre conviction profonde. C’est notre mission. Comme nous avons été dans notre Moyen-Orient, aux XVIIIº, XIXº et XXº siècles, les champions de la Renaissance – religieuse, culturelle, politique et économique – nous voulons être, au XXIº siècle, les champions des droits de l’homme, les référents de la convivialité dans la liberté et le respect des diversités, et les promoteurs de la culture du dialogue, du pardon et de la paix.

 

Ce n’est pas notre démographie qui comptera, ni notre puissance militaire, mais plutôt notre qualité de présence au service de nos frères et notre capacité de les aimer. Nous avons donc à changer de stratégie, c’est à dire dépasser la psychose de la peur et sortir de toute position défensive pour témoigner de Jésus Christ, Dieu fait homme par amour pour des hommes, crucifié et mort pour sauver tous les hommes.

 

Nous sommes là et nous y resterons attachés à notre mission, levain dans la pâte de ce Moyen-Orient en recherche permanente de paix juste et durable.

 

C’est là notre avenir !

 

 

 

Batroun, le 11 septembre 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Inde : Chrétiens et musulmans unissent leur voix pour demander au gouvernement une « politique de tolérance zéro » en matière de tensions intercommunautaires

Source MEP

« Nous espérions que la rhétorique venimeuse en usage lors de la campagne électorale prendrait fin avec la déclaration des résultats [électoraux], et la formation d’un nouveau gouvernement à New Delhi. Mais les cent premiers jours du nouveau régime ont vu une hausse allant crescendo des discours de haine dirigés contre les musulmans et les chrétiens. Leur identité est moquée, leur patriotisme mis en doute, leur citoyenneté questionnée, leurs croyances tournées en dérision », peut-on lire dans le communiqué publié par la trentaine d’instances chrétiennes et musulmanes organisatrices de la manifestation.

Un rapport de 92 pages a été rendu public à cette occasion. Intitulé Report on Attacks on Minorities, compilé par le catholique John Dayal, secrétaire général du Conseil chrétien pan indien, ce texte recense plus de 600 incidents qui se sont produits dans toute l’Union indienne entre le 16 mai 2014, date de la victoire historique des nationalistes hindous lors des dernières élections législatives, et septembre 2014 (1). Il identifie en particulier le fait que les actions violentes menées à l’encontre des minorités religieuses connaissent un pic dans les territoires où une élection locale ou partielle doit avoir lieu. Il précise également que ces violences touchent désormais des régions rurales où, jusqu’ici, chrétiens, musulmans et hindous vivaient en bonne intelligence. Il analyse enfin que les violences, les discours de haine et les menaces ne visent plus seulement les membres des minorités religieuses mais prennent aussi pour cible les acteurs de la société civile, les universitaires et les membres des professions juridiques dans le but de faire pression sur eux et de les réduire au silence.

Le rapport met ainsi en évidence des violences répétées contre les musulmans et leurs lieux de culte en Uttar Pradesh et au Maharashtra, contre les chrétiens en Uttar Pradesh à nouveau, ainsi qu’au Madhya Pradesh et au Chhattisgarh. Il signale que les milieux hindouistes font circuler des appels à « nettoyer » telle ou telle région des chrétiens qui y habitent à l’occasion de dates-clefs, tel le jour de Noël. Il dénonce le fait que l’appareil étatique, la police en particulier, ne fait pas son travail et en vient à arrêter les victimes des attaques à caractère religieux plutôt que de pourchasser les agresseurs.

Pour les responsables chrétiens et musulmans réunis ce samedi à New Delhi, l’appel lancé le 15 août dernier, à l’occasion d’Independence Day, la fête nationale, par le Premier ministre ne suffit pas. Ce jour-là, Narendra Modi a désigné le communautarisme et l’esprit de caste comme autant d’obstacles au progrès en Inde, et a appelé à « un moratoire de dix ans » pour que l’Inde se débarrasse des violences commises au nom du communautarisme et de l’esprit de caste. Les responsables chrétiens et musulmans répondent en disant qu’un moratoire de dix ans « ne suffit pas ». Ce qu’il faut, ont-ils déclaré, c’est « la fin » des violences ciblant les minorités religieuses, et ils appellent pour cela le Premier ministre à se dissocier des organisations qui incarnent l’extrémisme hindou, telle le Sangh Parivar (2).

A la veille de son déplacement aux États-Unis, Narendra Modi, qui avait été interdit de visa par le gouvernement américain en 2002 pour son rôle supposé dans les pogroms antimusulmans qui avaient eu lieu cette année-là au Gujarat, n’a pas échappé à une question sur ces sujets. Reprenant le récent appel d’Al-Qaida aux musulmans du sous-continent indien de lancer le djihad en Asie du Sud, un journaliste de CNN l’a interrogé sur la probabilité de voir les musulmans indiens répondre à cet appel. Le Premier ministre a répondu que personne ne devait se tromper quant à la loyauté des musulmans indiens envers leur pays. « Les musulmans indiens donneraient leur vie pour l’Inde. Ils mourraient pour l’Inde. Ils ne désirent rien de mauvais pour l’Inde », a affirmé Narendra Modi.

En Inde, Indresh Kumar, l’un des responsables du RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), a vu dans les propos du Premier ministre « un défi » lancé aux musulmans indiens. Pour ce responsable d’une des organisations centrales de l’idéologie de l’hindutva, « les musulmans doivent accepter ce défi (contenu dans les propos du Premier ministre). Ils doivent le prouver… Contrairement à ce que M. Modi a fait, le [Parti du] Congrès n’a jamais offert aux musulmans une telle opportunité ».

(eda/ra)


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Notes

(1) Sur les 1,2 milliard d’habitants que compte l’Union indienne, les hindous représentent environ 80 % de la population, les musulmans 13,4 % et les chrétiens 2,3 %.
(2) Le Sangh Parivar regroupe, sous l’idéologie nationaliste de l’
hindutva, différents partis, groupes et organisations comme le BJP, le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), le Shiv Sena, le VHP ou le Bajrang Dal.

Nice : colloque sur les chrétiens d’Orient

Présenté par Guillaume Zeller, rédacteur en chef de directmatin.fr

Avec la participation de Monseigneur Pascal Gollnisch, Antoine Sfeir, Professeur Joseph Yacoub, et Jean-François Colosimo

Voir tout le programme ici


 

Ouverture du colloque le lundi 3 novembre à 14h

au Centre Universitaire Méditerranéen – 65, Promenade des Anglais à Nice

Réponse à protocole@ville-nice.fr