Sainte Marie Madeleine

Avec Jeanne, Suzanne et beaucoup d’autres, Marie de Magdala fait partie du groupe de femmes, sûrement de la haute société, qui servaient Jésus « en prenant sur leurs ressources (Luc 8, 3). Citée une douzaine de fois dans l’Évangile, Jésus la libère de ses sept démons (Luc 8, 2). Elle est assimilée à plusieurs figures féminines de l’Évangile, en premier lieu à la femme qui verse, tout en pleurs, un parfum d’un grand prix sur les pieds. Elle les essuie ensuite avec ses cheveux, dans un grand acte d’humilité et de repentance. Jésus lui pardonne ses péchés « puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. » (Luc 7, 47). Marie Madeleine suivra Jésus jusqu’au pied de la Croix, avec la Vierge Marie et Jean, quand les autres apôtres fuiront. Elle accompagne ensuite Joseph d’Arimathie pour emmener le corps de Jésus jusqu’au tombeau. Présente dans les moments les plus sombres de la vie du Christ, elle l’est aussi dans les plus lumineux : c’est à elle que Jésus décide de se révéler en premier en tant que Ressuscité.

Comme le racontent les évangiles, lorsque, devant le tombeau vide, il s’approche d’elle et l’appelle par son prénom, elle le reconnaît et croit en la Résurrection. Elle court ensuite raconter les événements aux disciples. Selon la tradition, Marie Madeleine serait ensuite partie en Gaule. Après avoir évangélisé la Provence, elle aurait fini sa vie à prier dans
une grotte de la Sainte-Baume, sanctuaire aujourd’hui visité par de nombreux pèlerins. Cette grande figure féminine a la particularité d’avoir eu un amour particulièrement
puissant pour le Christ et ce, dès sa première rencontre. Femme célibataire et indépendante, son coeur n’a été comblé que lorsqu’elle a rencontré celui du Christ.
Elle est célébrée le 22 juillet. En 2016, cette date est élevée au rang de
fête liturgique dans le calendrier.


Prière à sainte Marie Madeleine

Sainte Marie Madeleine,
Toi qui as été pardonnée par Jésus,
Toi qui as beaucoup aimé ;
Montre-nous le chemin de la conversion véritable
et de la pureté du coeur.
Par amour, tu as suivi Jésus pour le servir ;
apprends-nous à livrer gratuitement notre vie pour nos frères

Lecture d’été [4/12] « L’amitié » de Mgr Jean Paul Vesco

Introduction : 

Jésus a décompliqué les rapports de dépendance et de servitude, à la différence de l’Homme qui instruit, sépare, quantifie, véhicule des sentiments contraires. Jésus offre autre chose. Les Evangiles témoignent de cette valeur qu’Il place au-dessus de tout dans nos relations les plus concrètes et les plus immédiates.  L’évêque dominicain du diocèse d’Oran nous rappelle que cette valeur (d’autres l’appelleront « vertu ») se conjugue avec des sentiments de familiarité (être « famille » ou dans un rapport « familier » comme le proposait saint Philippe Neri), de confiance et de grande fraternité au sens fort et premier du terme. L’Autre est un « Frère » pour moi. Cette valeur est universelle et transversale. Elle est le « testament spirituel du Christ » dit-il.

L’amitié se sent. Elle se perçoit. Elle se devine. On sait que tel est ami de l’Autre par de nombreux petits détails au cœur de la vie de celui que je côtoie suffisamment au jour le jour pour en témoigner. Elle ne se dit pas. Elle se vit simplement, naturellement… « Deux amis se reconnaissent quelque chose en commun… Elle est question de reconnaissance car le regard de l’ami est le miroir où je peux me reconnaître tel que je suis, avec aussi mes manques, mes fragilités, mes petites et mes grandes lâchetés, parce que ce regard de l’ami m’emmène plus haut et plus loin que ma misère…  » (pp 24-25,27)

Au cœur de l’Eucharistie qu’il célèbre ordinairement, l’évêque d’Oran trouve ce repos dont Jésus parle dans l’Evangile : « Venez à moi. Je vous procurerai le repos ». Au cœur de l’Eucharistie, il n’y a plus de faux-fuyant, de fuite, des peurs d’être jugé ou évalué. Il est là l’ami qui attend, l’ami qui se donne. Le regard de l’ami se nourrit de cette bienveillance qu’il retrouve dans le geste du Christ et dans la messe quotidienne. Le regard que Jésus porte sur Zachée (pp 30-31) est un sentiment qui fait grandir, qui rend une dignité et qui permet de se voir tels que nous sommes en vérité, malgré nos failles et nos misères. « Moi je ne juge personne », dira le Christ. Mgr VESCO affirme que, selon lui, « on ne peut pas annoncer l’Evangile sans nouer un lien d’amitié ». (p 18) « Dans l’amitié, notamment avec Xavier, je trouvais le repos. Non pas un repos facile qui permet de s’endormir sur ces acquis ; toute relation humaine est infiniment fragile et notre amitié n’a pas exception. Mais un repos au sens où l’on peut se poser, se reposer, dans cette relation sans crainte d’être jugéPlus profondément, l’expérience ultime de l’eucharistie comme lieu de repos, je l’ai faite lorsque Xavier, celui par lequel l’amitié était rentrée dans ma vie, est mort subitement, au lendemain de son retour d’Algérie où il était venu me visiter ». (pp 14 et 16)

Résumé : 

La raison même du livre de Mgr Jean-Paul VESCO est d’affirmer que l’amitié « est une expérience essentielle et fondamentale. Elle est aussi une expérience de relation avec le Tout Autre ». Voici justement la seconde proposition de l’auteur : il ne présente pas seulement un nouveau Traité sur l’Amitié comme nous en connaissons de très fameux écrits au fil de l’Histoire, il ouvre aussi cette vertu à une dimension très concrète au cœur de son expérience d’homme, de prêtre et d’évêque. « L’amitié est contagieuse, (elle) se propage et se partage », elle se donne dans un sentiment entre personnes qui se choisissent et entre celles qui se sentent appelées à vivre cet élan unique et nécessaire.

La deuxième grande partie de ce livre est donc consacrée au dialogue interreligieux, à la vie entre personnes de religions différentes qui essayent de vivre au quotidien là où il vit aujourd’hui comme évêque d’Oran : l’Algérie. « La fine pointe, c’est cette connivence spirituelle avec certains et cette envie retrouvée, à l’âge de la maturité, de se donner les moyens de faire du bien ensemble et de changer le monde. Cette expérience de l’amitié en acte, sans pourquoi, est semence d’évangile ici et ailleurs ». (p 102) Cet amour de préférence va jusqu’au don de soi même comme il le notera chez le Bienheureux Charles de Foucauld, chez les moines martyrs de Tibhirine qui ont donné leurs vies (Jn 15, 12-14) et chez son Frère dominicain et prédécesseur sur le Siège d’Oran; Mgr Pierre Claverie, op. Etre simplement là « pour faire bouger les lignes » en lien avec le chrétien, le juif et le musulman. Etre simplement là où Dieu nous a plantés… Une amitié toujours à inventer, à reprendre… au gré des infractions et des accrocs que nous lui faisons. Belle postface qui demande pardon de la bouche de cet homme écrivant ici une des plus belles pages de cette année 2017 qui a été chargée de tant de violences. Il « nous appelle amis » (Jn 15) à l’exemple du Christ pour que nous soyons en capacité de rencontrer l’Autre, de devenir peut-être son ami afin que le monde change un peu…

 Mgr Jean-Paul VESCO, op. L’amitié. Ed. Bayard. Coll. « J’y crois ». Paris mai 2017. 14,90 €.

 

Patrice Sabater,

Découvrez l’icône du glorieux prophète Elie, conservée au monastère Saint-Sauveur à Sarba, Liban

Source : Narthex

Cette icône est conservée au monastère Saint-Sauveur à Sarba (Liban) et remonte au XVIIIe siècle. Elle mesure 39 cm de longueur et 20.5 cm de largeur et fait partie des icônes appartenant à l’école iconographique d’Alep.

Le prophète Elie est l’un des prophètes les plus vénérés par le christianisme. Son histoire est relatée dans les deux livres des Rois (1 R 17-22 – 2R 1-2). Sur cette icône, Elie paraît assis dans une attitude contemplative dans une caverne que l’on peut situer sur les bords du torrent de Kerrit, à l’est du Jourdain (1R 17, 3). Cette scène vient après qu’Elie alerte le roi impie Achab d’une période de sécheresse. Elie est habillée d’une tunique orange surmonté d’un manteau rouge avec une fourrure bleue. Il tient de sa main gauche une épée. Ce détail fait allusion au sacrifice du carmel lorsqu’Elie égorge les prêtres du Baal (1R 18, 20-40). Elie est nourri par un corbeau qui lui tend un morceau de pain. D’après le livres des Rois, des corbeaux lui apportèrent du pain le matin et de la viande le soir.

Le style melkite de cette icône se manifeste par la bordure assez large, composée de bandes rectangulaires aux extrémités trilobées et alternativement rouge et verte. D’autres icônes illustrent l’ascension du prophète dans un char de feu, la remise du manteau au prophète Elisée et le sacrifice du Carmel.

Dans la liturgie byzantine, le prophète Elie est commémoré le 20 juillet. A travers l’office byzantin de sa fête, Elie est perçu comme un prophète tout enflammé, plein de zèle pour son Dieu et menant une vie angélique. Il est l’intercesseur auprès du Christ et le précurseur de sa seconde venue.

Le culte de saint Elie est largement répandu au Proche-Orient. Nombreux sont les chrétiens orientaux qui se prénomment Elie ainsi que les églises qui ont ce prophète comme patron. Au Liban, les feux d’artifice illuminent le ciel pour faire allusion à sa montée sur un char de feu.

L’ange dans la chair, le glorieux Élie,
le socle des prophètes divins,
le second précurseur de la venue du Christ,
celui qui du ciel envoie la grâce sur Élisée,
chasse au loin les maladies
et purifie les lépreux ;
sur ceux qui le vénèrent il fait jaillir les guérisons.

– Tropaire du saint Elie, ton 4

 

Charbel Nassif

Martin, volontaire en Jordanie nous raconte sa mission

J’ai donc eu la chance d’être envoyé depuis septembre par l’Œuvre d’Orient en Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) à Caritas Jordan, en Jordanie. Après huit mois à Caritas, il est grand temps de présenter ce bilan !

Le contexte historique et géopolitique 

La Jordanie est souvent présentée comme le pays stable du Moyen-Orient malgré ses frontières avec l’Irak, la Syrie et la Cisjordanie. Le Royaume Hachémite, pays islamique où 94% de la population est musulmane, jouit en effet d’un climat social et politique stable et c’est donc logiquement que de nombreux syriens y ont trouvé refuge depuis 2011 et la guerre civile qui déchire leur pays. On compte aujourd’hui 2.1 millions de réfugiés en Jordanie dont 1,7 millions sont syriens. Les Irakiens sont également nombreux ainsi que les yéménites, somaliens et érythréens. Le camp de réfugiés de Zaatari est d’ailleurs le deuxième plus peuplé du monde avec quelques 80 000 habitants. De nombreux réfugiés palestiniens sont également présents depuis 1948 puis la guerre des 6 jours de 1967. Les réfugiés constituent donc environ 20% de la population totale de 10 millions d’habitants (sans compter les réfugiés palestiniens).

La « Crise des réfugiés » comme elle est communément appelée a provoqué un déséquilibre économique conséquent dans le pays : le chômage a augmenté, les frais d’habitation également à cause de la concurrence sur le marché immobilier et le coût de l’importation a presque triplé depuis la fermeture de la frontière syrienne, en effet beaucoup de produits alimentaires sont importés depuis la Turquie et les frets utilisent donc désormais la voie maritime par la Méditerranée plutôt que la voie terrestre, qui était beaucoup plus rapide et économique. C’est donc dans ce contexte que Caritas Jordan suit sa mission.

Caritas Jordan est une grosse ONG de 480 employés et les missions s’étendent sur de nombreux secteurs. Le premier est le support des communautés réfugiées avec des soutiens d’ordre financiers et médicaux ainsi qu’un grand nombre d’actions en faveur de l’éducation avec le financement d’écoles, la sensibilisation pour les jeunes ou futures mères et le financement de « double cursus » dans les écoles pour que les enfants syriens et irakiens aient également accès à l’enseignement. Caritas cherche aussi à soutenir les irakiens, population souvent oubliée par les ONG en Jordanie à cause de la proportion de syriens. De nombreux irakiens bénéficient avec Caritas d’une assistance C4W (Cash for Work assistance). Ils sont sous statut de volontaires pour confectionner des savons, des mosaïques, des meubles etc… Et bénéficient en échange d’un soutien financier. En effet, seuls les syriens peuvent obtenir un permis de travail, et encore, sous conditions. L’ONG soutient également les communautés jordaniennes vulnérables, notamment dans les zones rurales, souvent très pauvres.

Dans un pays très riche en patrimoine chrétien, avec le lieu du baptême du Christ sur le Jourdain, le Mont Nébo où est mort Moïse, ainsi que Madaba et ses mosaïques et Aqaba où l’on trouve la plus vieille église du Moyen-Orient ; Caritas joue un rôle moteur pour les communautés chrétiennes. En effet, l’ONG propose un large champ d’actions pastorales en finançant des rénovations d’églises, les études de séminaristes et en participant également au financement de nombreuses écoles chrétiennes. Les chrétiens en Jordanie sont très minoritaires, constituant environ 4 à 5% de la population dont la grande majorité est grecque-orthodoxe. Caritas, organisation catholique latine, vise à renforcer les liens entre les chrétiens de différents rites et participe activement à de nombreuses activités avec les églises ainsi qu’avec les scouts et des chorales par exemple. De plus, une majorité des employés de Caritas est chrétienne et on y observe nombre d’exemples encourageants de musulmans et de chrétiens travaillant ensemble dans le même objectif de venir en aide aux communautés vulnérables, quelles que soient leurs origines culturelles et religieuses.

 

 

Ma mission à Caritas 

Après cette brève présentation du contexte, je peux parler de ma mission au sein de Caritas et de mon expérience, encore courte mais riche dans ce pays que je ne connaissais pas avant d’y atterrir en septembre. Ma mission s’inscrit dans le service des projets de Caritas. Il s’agit du pôle dans lequel sont rédigés les projets et élaborés les budgets et c’est également ici que nous sollicitons les donateurs européens. Mon quotidien consiste donc surtout à récupérer les données les plus récentes et de mettre à jour des fiches de contexte dans chaque secteur (niveau de vie, éducation, santé etc…), je travaille également sur le descriptif des budgets, et je participe à la rédaction de la revue de presse interne de Caritas pour la presse anglaise. J’ai également l’occasion de travailler sur des projets de pastorale aux budgets moins conséquents, où je vais sur place pour rencontrer les bénéficiaires et rédige ensuite le budget et le projet en relation toujours, avec le bénéficiaire. Les projets sont ensuite proposés à un comité interne qui valide tout ou partie du financement.

J’ai eu la chance depuis mon arrivée d’être accueilli par la famille qui réside en bas de l’appartement des volontaires, dans lequel je loge et mon intégration dans la vie jordanienne fut très aisée. Les deux fils, Rami et Chadi sont devenus des amis très proches. Les jordaniens sont particulièrement accueillant et n’hésitent pas à donner un coup de main ou à offrir un café. La vie au bureau est assez différente de ce que j’ai pu connaître en France, on place l’aspect social au centre, la pause-café est importante et dans mon service, on se sent un peu en famille ! Je trouve les actions de Caritas remarquables car c’est une association catholique qui arrive à promouvoir et faciliter la vie des communautés chrétiennes en Jordanie tout en aidant des bénéficiaires à grande majorité musulmane. Dans des pays où les chrétiens constituent une minorité, il est nécessaire que leurs actions s’inscrivent dans la logique démographique sous peine de s’isoler complètement. Ces communautés s’inscrivent dans des pays où elles sont ultra minoritaires, mais constituent un rôle important notamment dans l’éducation. Les écoles chrétiennes en Jordanie forment souvent les meilleurs étudiants, dont la plupart sont musulmans. L’Œuvre d’Orient l’a très bien compris en finançant des projets au profit de communautés chrétiennes au Moyen-Orient.

En partant en Jordanie je pensais avoir davantage d’occasion de missions de terrain et de rencontrer des bénéficiaires. Cependant, je ne parlais pas du tout arabe en arrivant en septembre or l’immense majorité des bénéficiaires ne parle pas anglais et mon rôle sur le terrain se serait limité à de l’observation. J’ai cependant eu quelques occasions de rendre visite à des bénéficiaires par exemple à Ma’an en décembre. Ma’an est une petite ville très conservatrice au sud de la Jordanie et les habitants y vivent de manière très tribale, très communautaires, entre familles. Nous y étions allés pour une « winter distribution » nous donnions à une liste de bénéficiaires (des familles jordaniennes vulnérables) des couvertures, un petit chauffage électrique ainsi que du matériel scolaire pour les enfants. Ce fut une drôle d’expérience car dans un village comme Ma’an, je ne pouvais pas m’adresser aux femmes par exemple, et au sein même du village, les femmes et les hommes de familles différentes ne peuvent pas se parler. Nous avions dû prévoir deux files d’attentes, une pour les hommes, une pour les femmes. Nous avions même failli interrompre la distribution quand une rixe entre deux familles « ennemies » a éclatée.

J’ai suivi des cours d’arabe assidûment depuis octobre, et j’arrive désormais à peu près à comprendre et me faire comprendre. En mars lors de la fête des mères, nous sommes allés avec l’équipe des projets, rendre visite à quatre couples sans enfants, comme pour leur montrer que si les festivités du jour sont pour les mamans, nous pensions particulièrement à ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir des enfants.

Nous leur avons donc fait un petit cadeau très pratique : un étendoir pour le linge et un jeu de casseroles. Notre quatrième visite nous a amené à un appartement étriqué aux allures de cave où vivait une femme d’une quarantaine d’années avec son père de plus de 85 ans, qui était allongé dans le lit. Ce dernier avait une blessure au pied, ne pouvait pas se déplacer. Cette pauvre femme était irakienne et n’obtenait aucune aide de personne. Toute sa famille avait pu partir aux États-Unis car ils possédaient un visa américain, mais elle avait préféré rester auprès de son père qui, lui, n’avait pas de visa. La fille pleura en nous expliquant que son père n’avait pas pu être hospitalisé à Amman car les étrangers n’ont pas d’assurance et en tant qu’irakiens, aucune organisation sinon Caritas ne les soutenait financièrement. Comme je l’expliquais précédemment, les réfugiés irakiens bénéficient de très peu d’aides extérieures, et encore moins d’aide gouvernementale. Ils sont pourtant plus de 80 000 dont beaucoup de chrétiens de la plaine de Ninive. Nous avons bien sûr indiqué après à la visite au service humanitaire de Caritas les conditions de cette femme et son père.

J’ai appris beaucoup depuis mon arrivée, et j’ai découvert une nouvelle culture très forte. Les Jordaniens sont accueillants et généreux, ils sont aussi très fiers et un peu susceptibles un peu comme… nos ancêtres les Gaulois ! Parler l’arabe me permet de discuter facilement avec les locaux, notamment dans les taxis que j’utilise beaucoup (les transports en commun sont presque inexistants) avec les chauffeurs et de découvrir ainsi un peu mieux la manière dont les gens vivent. J’ai appris sur le plan professionnel, en travaillant sur les projets et les budgets ; sur le plan intellectuel, en mettant à jour toutes les données possibles et en suivant assidument la presse locale et du Moyen-Orient en général, mais j’ai surtout beaucoup appris sur le plan humain : en travaillant aux côtés de Jordaniens et de Jordaniennes qui mettent le cœur à l’ouvrage, dédiant leur vie aux plus démunis dans une ambiance de travail exceptionnelle. De plus, la Jordanie est un pays splendide que je vous invite à visiter, autant pour son patrimoine chrétien exceptionnel que j’ai déjà cité, que pour ses merveilles humaines ou naturelles : Pétra, Wadi Rum, la mer Morte, Jerash et bien d’autres splendeurs encore.

 

Pour conclure, je crois que le Jordanie constitue un exemple extraordinaire dans l’accueil de réfugiés, pour le Moyen-Orient mais aussi pour l’Europe. En Jordanie, la population entière s’est sacrifiée, surtout d’un point de vue économique, pour venir en aide à des millions de réfugiés.

J’espère que ce petit témoignage exposera un peu mieux la situation dans ce petit pays qu’est la Jordanie et pourquoi pas, qu’il donnera envie à d’autres jeunes de se lancer dans l’aventure… Elle vaut la peine d’être vécue !

Martin 

 

Irak – Les sœurs dominicaines de Qaraqosh organisent progressivement leur retour dans la plaine de Ninive

Les soeurs sont parties progressivement à Shaqlawa au Kurdistan irakien entre 2013 et 2014. Elles y ont fondé un nouveau jardin d’enfants et ont animé des activités avec les 18-35 : jeux, catéchisme, pique-nique, visite des familles. Aujourd’hui, leurs activités sont partagées entre le jardin d’enfants de Shaqlawa, l’animation d’activités avec des jeunes à Ankawa, banlieue chrétienne d’Erbil, et la préparation de leur retour à Karamless et à Bakofa. Elles y reconstruisent peu à peu deux de leurs maisons et les jardins d’enfants. Les soeurs s’occupent également cette année de la préparation des premières communions à Karamless. Enfin, à Al-Qosh, 2 soeurs ont réinvesti l’orphelinat où elles s’occupent aujourd’hui de 12 enfants.

La communauté des soeurs dominicaines gérait jusqu’à 8 établissements scolaires avant Daesh, jardins d’enfants et écoles primaires. Les 14 soeurs venues se réinstaller à Qaraqosh ont rouvert l’école Al- Tahera à la rentrée 2017. L’école a accueilli pour cette première année 430 élèves de 6 à 12 ans dans 14 classes. En parallèle, les soeurs vivant à Qaraqosh s’occupent d’un jardin d’enfants. La communauté prévoit de rouvrir une école primaire et un jardin d’enfants à Bartella pour la rentrée 2018, un jardin d’enfants à Bashiqa et peut-être un autre à Telleskof. Enfin 2 soeurs viennent enseigner régulièrement à l’université de Mossoul.

Lecture d’été [3/12] « De l’Orient à l’Occident, orthodoxie et catholicisme » du Père Placide Deseille, la recension du père Sabater

Introduction : 

Il est sans doute louable et remarquable de penser que notre temps vit une nouvelle Pentecôte, un don de l’Esprit Saint donné au monde et aux différentes Eglises. Une conjonction de faits et d’accession de nouvelles personnalités de premier plan marquent ces temps nouveaux et favorables pour jeter des ponts d’amitié, de rencontres et de réflexions entre les Eglises-Sœurs. Les nombreuses rencontres de ces dernières années entre les derniers Pontifes romains et les Patriarches des Eglises d’Orient marquent de toute évidence ce temps béni. Cependant, les conjonctions ne s’arrêtent pas là, il faudrait aussi ajouter toutes celles qui ont eu lieu entre les Patriarches et les évêques d’Orient en communion avec le Siège de Rome et les autres Patriarches et évêques des différentes Eglises Orthodoxes. En dehors des rencontres fraternelles et historiques du Pape François avec les Patriarches Bartholoméos 1er et Cyrille de Moscou, il conviendrait de pointer les Accords signés, l’ouverture d’un Séminaire russe dans la périphérie de Paris, les liens universitaires, et la recherche continue et fraternelle entre les divers Instituts et lieux qui ont fait avancer l’œcuménisme ces dernières années (Institut Saint Serge, Le Groupe des Dombes, Chevetogne, les monastères d’Aubazine et de Solan…).

Résumé : 

Le livre que nous proposent les Editions des Syrtes s’inscrit dans le même mouvement œcuménique. Il s’agit d’un livre du Père Placide DESEILLE, décédé en janvier 2018 à l’âge de 91 ans. Son parcours personnel est remarquable. Il devient moine de l’abbaye cistercienne de Bellefontaine en 1942, à l’âge de seize ans. Avec des moines, il fonde en 1966 un monastère de rite byzantin à Aubazine en Corrèze. En 1977, les moines décident de devenir orthodoxes. Ils sont reçus dans l’Église orthodoxe le 19 juin 1977 et, en février 1978, ils deviennent moines du monastère de Simonos Petra au Mont Athos. Ils sont, par la suite, envoyés en France par leur archimandrite. Le Père Placide sera avec ses condisciples les pierres angulaires du futur monastère de la Protection de la Mère de Dieu (actuellement monastère de Solan). Le Père DESEILLE enseigne également la Théologie patristique à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris. Voici donc un homme qui fut toute sa vie un homme de prière, mais aussi un enseignant et un père pour ceux qui sont venus vers lui. Il fut aussi un pont entre l’Orient et l’Occident. Bernard Le CARO affirme à son sujet que le Père Placide « porte en Occident, depuis plus de quarante ans, le témoignage de la Tradition de l’Eglise des dix premiers siècles… Sa démarche n’a pas été de se tourner vers « l’Orient » en tant que tel, mais de s’abreuver aux sources d’eau vive des saints Pères… ». C’est donc un vrai parcours de Théologie dogmatique et de Théologie spirituelle que le lecteur fera avec les Pères de l’Eglise indivise. Après avoir retracé son parcours spirituel, il nous fait partager son amour de l’Eglise, mais aussi ses questions, ses interrogation et ses joies; par exemple, au moment de l’ouverture du Deuxième concile œcuménique du Vatican.

Ce livre est une synthèse de théologie au fil d’une vie toute donnée et abandonnée aux motions de l’Esprit. Composé de divers articles, brochures et feuillets imprimés par son monastère, cet ouvrage consistant permet de comprendre, selon le Père Placide, comment et pourquoi les deux Eglises se sont séparées et ensuite, petit à petit, éloignées. C’est un va-et-vient entre deux mondes et deux conceptions spirituelles et théologiques, l’une jusqu’à très peu de temps rejetant le discrédit sur l’autre ainsi que de copieuses anathèmes. L’auteur nous engage à revisiter notre source commune depuis cet Orient qui a évangélisé les rives occidentales de la Méditerranée. Il décrit également comment le monachisme s’est nourri des Pères du Désert, et comment les moines occidentaux en ont été imprégnés. S’il y a certes un début et des points de jonction, il y a aussi des points de rupture manifestes d’avant le schisme avec, par exemple, la pensée de Saint Augustin et, bien sûr, tout le cheminement difficile depuis le 16ème siècle en passant par la Révolution française et, en fin de compte, avec les rapprochements avec les Eglises issues de la Réforme. Sur ce point, on ne boudera pas ses réflexions sur l’œcuménisme… Autre point de discorde et de frottements sensibles : la question de l’Uniatisme.

Si le livre du Père DESEILLE rassemble des points de convergences et de séparation, il ne se referme pas non plus sur lui-même. Les deux derniers moments de ce parcours sont consacrés à l’identité orthodoxe : qu’est-ce qu’être orthodoxe aujourd’hui ? Pour ne pas nous laisser orphelins, et seuls sur le chemin de la vie et des questions qui peuplent notre foi, l’archimandrite nous offre une petite réflexion en guise de conclusion que chaque lecteur d’Occident ou d’Orient pourra goûter à foison. Avec lui, redisons ensemble que « le Christ est l’unique Sauveur qui ait été donné aux hommes par Dieu ». Un livre à conseiller à tous ceux qui veulent être des ponts…, et des lieux de communion.

Père Placide DESEILLEDe l’Orient à l’Occident. Orthodoxie et catholicisme. Avant-propos de Bernard Le Caro, Éditions des Syrtes, Genève, 2017. 348 pages. 20 €

Patrice Sabater

En Irak, installation de panneaux solaires pour les écoles défavorisées

L’Œuvre d’Orient accompagne depuis plus de 160 ans des institutions œuvrant au plus près des Irakiens dans le domaine éducatif et social. Des liens de confiance forts se sont tissés sur l’ensemble du territoire qui offrent un maillage exceptionnel pour évaluer les besoins et mettre en oeuvre les solutions adaptées dans les meilleures conditions de fiabilité.

UNE PRÉSENCE DÉSORMAIS ÉTABLIE

Grâce à son représentant en Irak, l’Œuvre d’Orient peut depuis 2017 assurer le suivi des projets dans la plaine de Ninive et développer des relations avec tous les partenaires présents sur place – facteur essentiel pour la traçabilité des fonds et le respect du calendrier.

Au Kurdistan irakien une pénurie d’électricité

Depuis la libération des zones détruites par l’État islamique, le manque d’électricité s’ajoute au défi de la reconstruction.

2 à 4 heures d’électricité publique par jour dans les villages.

Les écoles s’alimentent sur des générateurs dont le coût de fonctionnement peut atteindre 1000 USD par mois en gasoil et entretien.
Les pannes, fréquentes, sont particulièrement redoutées lorsque les températures tombent en dessous de 5° en hiver ou montent au-dessus de 50° en été. Les familles, alors, n’envoient plus leurs enfants à l’école. Le bruit (90 DB) et les émanations de ces moteurs vétustes contribuent à dégrader les conditions de vie dans ces régions.

Une première installation de panneaux solaires en Irak

L’Œuvre d’Orient avec Électricité Sans Frontières a mis en place la première équipe de formation et d’installation de panneaux solaires en Irak, entièrement constituée de réfugiés.
Ces équipes œuvrent à Bartella (chrétiens divers/musulmans chiites), Qaraqoch (chrétiens syriaques, musulmans sunnites), Bashiqa (yézidis-chrétiens orthodoxes), Bassora (chrétiens chaldéens, musulmans chiites) et Maguara (chrétiens).

LE SOLAIRE, UNE SOLUTION ÉCOLOGIQUE PIONNIÈRE

L’Œuvre d’Orient a créé un centre de formation permettant :

  •  de former des électriciens locaux à l’installation et au raccordement des panneaux
  • aux futurs utilisateurs d’être autonomes pour les prochains projets
  • aux enseignants d’éduquer les jeunes générations à une utilisation raisonnée de l’énergie et à une sensibilisation environnementale.
UNE SOLUTION AUTONOME ET ÉCONOMIQUE

En fonction du type de toit, les panneaux sont liés à la terrasse à l’aide de colle de butyle ou posés sur des armatures métalliques.
Un onduleur centralise les branchements et permet une transition automatique entre les alimentations des panneaux, des batteries (2 heures d’autonomie après le coucher du soleil), et du gouvernement pendant les heures creuses.

L’Œuvre d’Orient fait entrer la lumière dans les écoles

Le projet permettra à 5 écoles de zones délaissées d’avoir une alimentation complète en électricité ce qui réduira de 90 % la facture annuelle de diesel et la pollution locale.
Les écoles ont été sélectionnées dans des zones défavorisées et mixtes, réparties sur l’ensemble du territoire irakien. L’alimentation régulière en électricité permettra de réconcilier les familles avec l’école, et à ces institutions de jouer leur rôle de fraternité et de partage entre les communautés.

« En Irak, l’État fournit peu d’électricité et les générateurs au diesel sont une véritable malédiction : ils polluent et coûtent cher. Nous remercions l’Œuvre de fournir à notre école des installations solaires et d’enseigner à nos électriciens » témoigne Abuna Youssef, ingénieur, père supérieur du Monastère de Mar Matti.

Équiper 5 écoles primaires de panneaux solaires

DÉTAIL DES COÛTS POUR 5 SITES
30 000 € par école, pour environ 10 années d’économies de générateur diesel par école (durée de vie estimée des batteries). Deux électriciens par site seront formés à raison de deux après-midi par semaine sur notre site de formation de Karamlès, puis sur la zone du projet. Environ 10 employés seront affectés par installation.

Un projet réalisable sur 6 mois

  • Septembre 2018 : versement des fonds, constitution des équipes locales, début des travaux à Bashiqa /Bartella
  • Octobre 2018 : fin des travaux à Bartella et Bashiqa
  • Novembre 2018 : début des travaux à Qaraqosh
  • Décembre 2018, fin des travaux à Bassorah, complétion du projet

16 juillet : fête de Notre Dame du Mont Carmel

Le Mont Carmel domine la ville actuelle d’Haïfa. Il serait le lieu où jadis le prophète Élie pria intensément, 800 ans avant JC pour ramener le peuple d’Israël à adorer le Dieu vivant.

 

 

Un peu d’histoire :

C’est au XIIème siècle que les premiers ermites venus de Terre Sainte choisirent de vivre dans les grottes du Mont Carmel. Ils y construisirent une chapelle en l’honneur de la sainte Vierge Marie, qu’ils prirent comme sainte patronne. En 1245 Saint Simon Stock, supérieur général des Carmes demande à Marie de mettre son ordre sous sa protection. Suite à ses nombreuses prières il eut une vision de Marie entourée d’anges, habillé avec les vêtements de l’Ordre et tenant dans sa main le scapulaire de l’Ordre.

Le nombre des religieux grandit tant et si bien que ce groupe  d’ermites demanda au Patriarche latin de Jérusalem une règle pour vivre ensemble et se constituèrent en Ordre voué à la vie contemplative sous le patronage de la sainte Mère de Dieu. Cette nouvelle règle, devint la règle des « Carmélitains ». Le lieu devint le but de nombreux pèlerinages à partir de 1245 et l’institution du scapulaire de Notre Dame du Carmel.

Saint Louis, au moment des croisades, s’arrêta dans ce point stratégique pour les pèlerins de Terre Sainte.

Le couvent fut détruit en 1291, et les frères durent fuir et revinrent dans leur pays d’origine. L’ordre du Carmel se répandit ainsi dans le monde mais les frères durent lutter pour faire reconnaître leur ordre. En 1562 il fut réformé par Sainte Thérèse d’Avila et Saint Jean de la Croix qui avaient un amour particulier pour la Vierge Marie, et pour saint Joseph.

 


Prière de Notre Dame du Mont Carmel

Vierge Immaculée, Marie,

Lumière et Gloire du Mont Carmel,

Jetez sur moi un regard de bonté,

Et gardez-moi sous Votre protection maternelle.

Fortifiez ma faiblesse par Votre puissance,

Et dissipez par Votre lumière

Les ténèbres de mon cœur.

Augmentez en moi la Foi,

L’Espérance et la Charité.

Ornez mon âme de toutes les vertus

Afin qu’elle devienne de plus en plus

Chère à Votre Divin Fils.

Assistez-moi pendant la vie,

Consolez-moi par Votre présence

A l’heure de la mort,

Et présentez-moi à la Sainte Trinité,

Comme Votre enfant,

Afin que je puisse Vous louer,

Et Vous glorifier éternellement

Dans le Ciel.

Ainsi soit-il!

Une lumière dans la souffrance syrienne

Bilan de ces 7 années de souffrance : maisons, écoles, hôpitaux, églises, couvents… ont subi des dommages considérables ; des millions de personnes, déplacées ou réfugiées ; des besoins humanitaires considérables ; une défiance entre les communautés. Par leur présence et leurs actions, les sœurs ont aidé la population à supporter l’insupportable. Elles ont été un signe d’espérance quand l’espoir se dissipait dans les cœurs. Elles ont ouvert leurs couvents à ceux qui ont tout perdu, sans considération religieuse ou politique. Au-delà du soutien matériel indispensable, elles offrent à chacun une écoute bienveillante et un accompagnement qui les aident à surmonter la réalité douloureuse et à poursuivre leur chemin de vie dans la foi et la confiance.

Leur présence constitue aussi un pont de réconciliation entre les diverses religions : en tant que femmes, elles peuvent entrer dans toutes les maisons, discuter avec les
mamans et les enfants qui ont ainsi l’opportunité de se confier et de parler des
problèmes qu’elles affrontent. La vie spirituelle n’a jamais cessé dans les couvents, les sœurs invitant chaque jour les gens accueillis à prier avec elles à l’intention de la paix. Les célébrations liturgiques, les festivités ont été maintenues, tout comme le catéchisme. Par des rencontres spirituelles régulières, elles confortent les jeunes et les familles dans
leurs valeurs spirituelles et évangéliques mises à mal par la guerre. Chaque Congrégation a une présence et une vocation liées à un domaine précis.
À Homs, par exemple, les Sœurs des Saints-Cœurs servent le foyer pour personnes
âgées ; grâce au courage des sœurs il n’a jamais fermé malgré sa situation dans une zone dangereuse. Avec les jésuites, elles assurent le travail social, éducatif et pastoral
au Couvent Saint Sauveur. Elles ont aussi ouvert, au milieu de la guerre, le centre Sénevé, pour enfants handicapés mentaux alors que toutes les structures d’accueil
avaient disparu. Les Soeurs du Bon Pasteur s’occupent des femmes victimes de violences
ou en prison et leur apportent aide et soutien psychologique. Les Soeurs
Ephrémites gèrent un centre de soins physiothérapeutiques pour enfants handicapés
physiques et mentaux.