Catégorie : Actualités
Clémence nous raconte sa mission en Terre Sainte
« Le temps passe décidément trop vite. C’est déjà la fin du mois de mai et je ne vous ai rien envoyé depuis deux mois ! En me replongeant dans mes photos et mes souvenirs, je me rends compte qu’il me sera très difficile de tout dire, j’ai fait tellement de choses en deux mois !
Ma vie de volontaire en Terre Sainte suit son cours : je m’occupe des enfants, je visite le pays le dimanche, je vois des amis (également volontaires la plupart du temps), je dévore des livres, je cuisine quand je peux, je dors parfois et donne de mes nouvelles quand j’y pense ! Chaque semaine est bien chargée et passe à une allure monstre ! J’aimerais vous dire tout ce que j’apprends, tout ce qui me surprend ici mais ce serait bien trop long.
COMMENT SE PORTENT LA CRÈCHE ET LES ENFANTS ?
La vie à la crèche se passe paisiblement malgré le contexte politique, le départ et l’arrivée de nouveaux volontaires, les « adoptions », les maladies, les grosses chaleurs, etc. C’est un vrai havre de paix. Deux enfants sont partis, accueillis dans des familles, et deux autres sont arrivés ! Les enfants grandissent si vite à cet âge, certains savent désormais s’asseoir, voire même marcher pour notre plus grande fierté ! C’est fantastique de les voir s’épanouir, on a droit à leurs premiers sourires, rires, balbutiements mais aussi premières maladies, maladresses et caprices ! Mais ils restent adorables en toutes circonstances !
« TU PRÉFÈRES LE LIBAN OU ICI ? »
Souvent, on me demande de comparer mes deux lieux de mission. Ici, je ne suis plus seule, loin de là même. J’apprends beaucoup la vie en communauté, je suis entourée d’autres volontaires. De plus, paradoxalement, j’ai plus de libertés ici qu’au Liban.
Certes le Liban est un « pays libre », mais je ne pouvais pas m’y promener tout à fait à mon gré, dépendante des voitures des autres. Ici, le système de bus est plus pratique et je peux malgré tout me balader quasiment dans tout le pays. En outre, les paysages se ressemblent. Ce sont deux petits pays méditerranéens avec une richesse géographique et culturelle immense (côtes méditerranéennes, montagnes vertes, déserts, sites archéologiques fameux, villes modernes et villages ruraux authentiques, Bédouins, anciens mandats européens au XXème siècle, etc).

Impossible pour moi de choisir, je retournerai sûrement dans tous ces lieux plus tard !
MES PETITES GALÈRES …
Malgré mon enthousiasme inébranlable, la vie de volontaire n’est pas toujours rose ! Je ne serais pas tout à fait sincère si je vous disais que tout est facile en volontariat, alors parlons des choses qui fâchent.
Déjà, j’ai passé le rite initiatique de la « maladie du volontaire » qui se traduit, selon les pays, par une angine, une bonne gastro ou une indigestion en bonne et due forme ! Mon corps s’est adapté au pays et au volontariat après de longues heures de sommeil, une indigestion, plusieurs rhumes et une migraine ! Aujourd’hui, le soleil est de retour et j’espère bien ne plus tomber malade !
Ensuite, je dois admettre que le plus difficile pour moi est la vie entre volontaires. Finalement, ma solitude me plaisait bien. Imaginez-vous passer six mois, quasiment 24h/24 avec 2-3 personnes que vous n’avez pas choisies, avec leur caractère, leurs bons et mauvais côtés, vivant dans un microcosme général qui s’étend au maximum à une quarantaine de personnes. Ce n’est pas évident, croyez-moi ! Tout le monde est au courant de l’emploi du temps de l’autre, difficile d’avoir des moments pour soi. Partir à l’étranger pour retrouver des Français n’était pas vraiment au programme !
Enfin, la tension dans le pays est dissimulée mais surgit parfois comme une piqûre de rappel. C’est probablement une des choses les plus pénibles ici, le pire c’est qu’on s’y habitue. Jérusalem est à 10-20 km de Bethléem et pourtant, il faut parfois 1h30 pour y aller en bus. Cela est dû aux embouteillages mais aussi aux checkpoints.

ET MES JOIES QUOTIDIENNES
Mon quotidien est aussi embelli par pleins de choses. Premièrement, l’arabe. J’aime toujours apprendre cette belle langue. M’efforcer à l’écrire et à la parler est un défi quotidien stimulant ! Ce virus ne me quitte pas et je compte bien l’entretenir en France !
Deuxièmement, les sourires des enfants et les discussions. En cela, mon volontariat est facile. Je suis confrontée tous les jours à des petites bouilles qui sont toujours ravies de me voir ! Quelques rires et sourires, une bonne discussion (ou à dé faut), un bon bouquin, et la journée est agréable !
PÂQUES SUR LES PAS DU CHRIST…
Fêter Pâques en Terre Sainte est forcément un peu spécial. C’est revivre le cœur de la foi chrétienne mais c’est aussi vivre œcuménisme ! La semaine sainte est un marathon de cérémonies, forcément toutes les Eglises proposent des célébrations aussi belles les unes que les autres ; difficile de choisir ! J’ai fait la procession des Rameaux du Pater Noster à Ste Anne. Ici on ne fait pas les choses à moitié : foule immense, rameaux d’oliviers et palmes à foison, défilé et fanfare des scouts locaux, chants internationaux. On ne pouvait qu’être transporté par l’allégresse des chrétiens du monde entier. La Semaine Sainte ne fût pas moins sobre, j’ai assisté à des messes en rites maronites et latins principalement. Une fois, en pleine messe, on a même fait défiler une statue grandeur nature de Jésus sur son lit de mort. Bref, on a pleinement revécu la Passion du Christ et sa Résurrection !

AUTRES FÊTES RELIGIEUSES
Ici, les fêtes religieuses s’enchaînent à une vitesse folle. A peine a-t-on fêté Pâques que les Juifs puis les orthodoxes s’y mettent ! Puis il y a l’Annonciation, l’Ascension, la Pentecôte, Lag BaOmer, Shavouot, la Nuit du Pardon (ou Laila al-Bara’a), le Ramadan… Et chaque fête implique un changement de comportement de la part d’une communauté. Par exemple, depuis Ramadan, le service des bus finit beaucoup plus tôt et les magasins ouvrent plus tard. Lors d’une fête juive, c’est shabbat plus longtemps, ce qui signifie arrêt des transports en commun et fermeture de tous les magasins. Il faut connaître et anticiper si l’on veut sortir !
YALLAH EN JORDANIE !
Juste après Pâques, nous avons pris quelques vacances avec d’autres volontaires pour s’octroyer quelques jours en Jordanie. Ce petit séjour a été plus riche en péripéties qu’on ne pouvait l’imaginer et je ne vais pas tout raconter ici, sinon j’en ai pour des heures !
En quelques mots, nous avons parcouru le pays du Nord au Sud en commençant par la capitale. Nous avons visité Amman, le Mont Nébo, Madaba, Kerak (ou Crach des Croisés), Pétra et le Wadi Rum (le fameux désert de Lawrence d’Arabie). Ce pays est magnifique et je compte bien y retourner un jour plus longtemps !


Connaissez-vous la diversité qui se cache derrière le nom générique de juifs ?
Avant de venir, je n’y connaissais rien alors forcément je ne pouvais qu’être frappée par les multiples accoutrements des Juifs (surtout à Jérusalem qui concentre une grande population d’ultra-orthodoxes aux vêtements très spécifiques). Je ne vais pas me lancer dans un cours détaillé sur les différentes branches du judaïsme car j’en serais bien incapable mais voici quelques informations : 75% de la population israélienne est juive (plus de la moitié des Juifs dans le monde y habite).
Il y a différentes familles dans le judaïsme, souvent on oppose :
Les Ashkénazes : Juifs accueillis par les Empires d’Autriche-Hongrie et de Russie, ils représentent aujourd’hui environ les 3/4 des Juifs du monde entier (le yiddish, leur langue caractéristique, est encore parlée dans certaines communautés ultraorthodoxes, comme dans le quartier de Mea Shearim à Jérusalem)
Aux Séfarades : venant d’Espagne, ils sont désormais dans les pays qu’occupait l’Empire Ottoman et en Afrique du Nord (pendant longtemps, une majorité parlaient le ladino, le judéo-espagnol)
Les Mizrahim : les « Orientaux », descendants des communautés juives du Moyen-Orient (langue : hébreu mizarhi, en réalité c’est un terme générique regroupant de nombreux dialectes du Maghreb et d’Asie Centrale notamment)
Les Juifs éthiopiens : descendants de la reine de Saba et du roi Salomon ou de commerçants convertis pas les yéménites (cf. le film Va, vis et deviens)
Sans parler de toutes les branches plus ou moins orthodoxes issues de ces traditions !
LES SAMARITAINS
Personnellement, je connaissais les histoires du bon Samaritain et de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine au puit, mais je pensais qu’ils appartenaient à une tribu ou à un peuple disparu au même titre que les Cananéens ou les Romains. J’ai découvert leur existence contemporaine en me rendant à Naplouse. En effet, la colline qui surplombe la ville est le mont Garizim, la montagne plus sacrée que Jérusalem pour eux !
J’y suis allée et ai visité le musée qui leur est dédié et voilà en quelques mots ce que j’en ai retenu : Israélites, ils se sont séparés des Judéens (Juifs actuels) dont ils étaient les grands rivaux à l’époque romaine. S’ils ont les mêmes principes de base que les Juifs, leur Torah diffère en de nombreux points avec celle des Juifs, leurs rites sont différents, etc. Par chance, nous y étions le jour de leur plus grande fête, Pessah, jour où tous les Samaritains du pays se rassemblent pour sacrifier l’agneau sur le mont Garizim !
A la fois juifs et non juifs, ils ont accès à la nationalité israélienne mais sont considérés comme appartenant à une autre religion malgré tout. Aujourd’hui ils ne sont plus que 800, habitant soit à Kyriat Luza (mont Garizim), soit à Holon (Tel-Aviv). Les premiers sont palestiniens et les seconds ont la nationalité israélienne. Ils n’ont jamais quitté la Terre Sainte. C’est vraiment une communauté à part, qui prend peu partie au conflit régional. Certains, comme notre guide, parlent samaritains, arabe et hébreu, ont les deux nationalités et des amis des deux camps. Fascinant, non ?



Clémence
L’Œuvre d’Orient apprend avec tristesse le décès du Cardinal français Jean-Louis Tauran.
Après son service dans la diplomatie du Saint Siège, il a servi plusieurs papes, en exerçant la responsabilité du dialogue interreligieux dans lequel il était engagé avec détermination et lucidité.
Il avait compris que l’avenir des chrétiens d’Orient, passait par un dialogue constructif et exigeant avec des musulmans.
Souvigny (03) : Conférence « Les chrétiens du Moyen-Orient, quel espoir ?» le 18 août
La conférence et la messe ont lieu dans le cadre de l’exposition « La Grande aventure des chrétiens d’Orient » présentée du 28 juillet au 19 août à la Prieurale de Souvigny (ouverture tous les jours 7h30-19h30).
DATES : Samedi 18 juillet 2018 à 18h
LIEU : Maison Saint-Odilon, Souvigny, 4 rue Richevieille, 03210 Souvigny
CONTACT : L’Œuvre d’Orient — 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr
« À la rencontre des chrétiens d’Orient », l’exposition photo événement au Mont Saint Michel tout l’été !
Irak, Syrie, Inde, Liban… à travers leur actualité parfois douloureuse, vous irez à la rencontre de ces Églises parfois souffrantes mais toujours vivantes.
C’est en Orient que l’Église est née, et c’est depuis l’Orient qu’elle s’est étendue aux diverses populations de l’Empire romain : Syrie, Arabie, Asie Mineure, Grèce… Des persécutions s’en suivirent, et l’Église s’organisa en patriarcats qui ont façonné l’histoire de ces régions.
Siècle après siècle les chrétiens d’Orient se sont investis dans leurs sociétés, ont subi les tribulations de l’Histoire, et ont résisté sur leur terre. Ils nous offrent aujourd’hui un formidable témoignage de foi.
Les photographes sont des salariés et des bénévoles de l’Œuvre d’Orient
« Les catholiques ne sont pas seulement les latins. Ils sont aussi coptes, chaldéens, melkites, maronites, syriaques, arméniens, gréco-catholiques, malabars, malankars, éthiopiens… Tous, nous avons besoin les uns des autres pour faire l’Église catholique. Puisse cette exposition dans ce lieu emblématique de la foi chrétienne élargir notre intelligence, notre cœur et notre prière et nous aider à rejoindre les chrétiens d’Orient. »
Mgr Pascal Gollnisch, Directeur général
–> Vous pouvez retrouver l’exposition sur le parvis de la Croix de la Jérusalem en accès libre, en haut du Mont !
Exposition imprimée par l’Association Robert de Torigny
PHOTOS – Inauguration du nouveau centre culturel de Bartella (Irak)
Aujourd’hui il compte plusieurs salles où les habitants pourront se réunir pour des activités comme le théâtre ou la musique. Le centre possède également la seule salle de cinéma de la région, qui diffusera des films familiaux.
Dans cette ville où vivent ensemble des syriaques catholiques, syriaques orthodoxes et des shabaks (branche du chiisme irakien), ce centre est un lieu où tous pourront se retrouver.
Irak : reconstruire Qaraqosh
La renaissance de Qaraqosh après la guerre
La ville de Qaraqoch, plus grande ville chrétienne d’Irak et située à trente kilomètres de Mossoul, a été libérée de l’État islamique en octobre 2016. Bordée de fermes et de champs, la ville qui accueillait 55 000 habitants en 2014 est restée quasi-déserte jusqu’à la fin 2017.
Encouragés par le retour de l’évêque et des prêtres, près de 26 000 habitants y sont retournés depuis l’automne dernier et 25 % des logements de la ville ont pu être réparés. Il reste encore de nombreuses maisons brûlées ou partiellement détruites, dont les propriétaires ont pris le chemin de l’émigration ou demeurent dans des camps de réfugiés à Erbil.

La ville, animée le jour et la nuit, est un témoignage d’espérance dans la plaine de Ninive qui porte encore les stigmates de la guerre.
Des centaines de familles à soutenir
Comme Saad et Najla Babawy des centaines de famille aujourd’hui sont rentrées à Qaraqosh et travaillent à la reconstruction de leur foyer. Saad a commencé à réparer la maison l’été dernier, et la famille a fêté son retour le 6 août, dans une maison à moitié réhabilitée en attendant une aide du comité de reconstruction.Les bénéficiaires avancent souvent eux-mêmes les fonds et effectuent leurs travaux avec l’aide des uns et des autres, des paroissiens et des voisins. Un comité de reconstruction valide les « constats de fins de chantier » préalables au remboursement.
Objectif 2018 : 40 maisons à reconstruire

Réhabilitation de 40 maisons pour héberger des familles chrétiennes de Mossoul qui souhaitent rentrer chez elles : environ 140 000 €
Une connaissance approfondie du terrain
Créée par des professeurs à la Sorbonne, l’Œuvre d’Orient est une association française entièrement dédiée au soutien des chrétiens d’Orient.
Vous voulez nous aider ? Vous pouvez faire un don, merci de préciser le code 70501/Irak en commentaire pour que le don soit attribué au bon projet.
Un réseau unique d’amitiés
L’Œuvre d’Orient accompagne depuis plus de 160 ans des institutions œuvrant au plus près des irakiens dans le domaine éducatif et social. Des liens de confiance forts se sont tissés sur l’ensemble du territoire qui offrent un maillage exceptionnel pour évaluer les besoins et mettre en œuvre les solutions adaptées dans les meilleures conditions de fiabilité.
L’Œuvre d’Orient, reconnue d’intérêt général, est habilitée à émettre des reçus fiscaux permettant une réduction du revenu imposable à hauteur de 66% du don effectué.
Sauf avis contraire de votre part, un seul reçu fiscal annuel « papier » récapitulatif de vos dons 2018 sera envoyé par courrier la 2ème quinzaine de de janvier 2019. Cependant, si vous nous communiquez votre adresse email, vous recevrez un reçu fiscal par courriel après chaque versement. Chèques à l’ordre de « L’Œuvre d’Orient » code 70501/Irak à indiquer au dos du chèque. A retourner à : L’Œuvre d’Orient — 20 rue du Regard — 75006 Paris
Saint Thomas, apôtre missionnaire en Inde
Surnommé Didyme, Thomas l’apôtre, qui signifie jumeau en araméen (aussi en arabe et en hébreu) est incontournable pour comprendre la naissance de la chrétienté en Orient et en Inde. Dans un résumé de l’histoire de l’Église d’Orient, saint Thomas est qualifié d’« homme sensible et courageux, sceptique et incrédule, mais témoin passionné et convaincu de tout ce qu’il avait vu par ses yeux et touché de ses mains, qui fut le premier héros de la conquête de l’Orient ».
C’est une tradition constante, ancrée fortement dans les mémoires depuis les premiers siècles dans les Église orientales, aux Indes et chez les Tamouls, que l’apôtre Thomas a évangélisé la Syrie, la Mésopotamie et la Perse (la Parthie, la Médie). Il se serait rendu ensuite aux Indes, par la route de la mer, où il serait arrivé à Kodumgallur (Granganore), port du Kérala, en l’an 52, en passant par l’île de Socotra. Il poursuivit son apostolat, enseigna et baptisa en terre indienne. Il y aurait converti le prince Gundaphor.
En Inde, il aurait subi le martyre, tué à coups de lances, à Mylapore, au sud de Madras, en l’an 72. On lit ceci dans le Dictionnaire Robert à propos de Madras : « La ville, de fondation très ancienne, s’enorgueillit d’avoir accueilli l’apôtre saint Thomas : sa colonie chrétienne est une des plus anciennes de l’Inde ».
Toujours selon la tradition, ses reliques furent transportées à Edesse (Ourfa en Turquie), par un marchand au IIIè siècle. Cette translation est rendue célèbre par des hymnes (midrash) que Saint Ephrem (Un des Pères de l’Église et saint syrien majeur) lui consacra au IVè siècle. D’ailleurs, les livres religieux orientaux mentionnent à plusieurs reprises la mort de Thomas en Inde. Lors de l’office chaldéen pour la fête de saint Thomas, le 3 juillet, il est dit dans le bréviaire que le Saint Esprit envoya Thomas au pays des Indiens et qu’il est mort là-bas, percé par une lance. Un bréviaire syriaque orthodoxe d’Antioche fait chanter un midrash que Saint Ephrem lui aurait consacré.
Des livres apocryphes comme les Actes de Thomas et l’Évangile de Thomas lui ont été attribués.
En Inde, on continue à vénérer son tombeau présumé, vide, retrouvé par les Portugais en 1517. D’ailleurs, les chrétiens du sud de l’Inde (les Syro-Malabars et les Syro-Malankars) qui se donnent eux-mêmes le nom de « Chrétiens de saint-Thomas », perpétuent fidèlement cette tradition et l’affiliation à Thomas.
Plusieurs hommes politiques d’Inde ont évoqué la mémoire de saint Thomas et son périple indien. Le premier président de l’Inde, Dr. Rajendra Prasad (1952-1962) déclarait à ce propos en 1955 : « Souvenons-nous que saint Thomas est arrivé en Inde lorsque plusieurs pays d’Europe n’étaient pas encore chrétiens… et c’est une source de fierté pour nous que cela se fit ainsi. »
Le nom de Thomas, c’est-à-dire jumeau, porte en lui l’autre. C’est un symbole de la rencontre et de l’amitié entre les peuples et les religions.
Témoignage d’un évêque du Kerala, Mgr Youhanoon Mar Chrysostom, évêque de Pathanamthitta
« Grâce à vous, nous avons pu donner des cours intitulés « leadership spirituel pour les femmes du monde rural » à un groupe de paroissiennes qui, par la suite, sont allées transmettre leurs connaissances de la foi catholique et des valeurs chrétiennes dans les zones rurales de notre nouveau diocèse.
Pendant la formation, les discussions ont porté sur la foi, les enseignements de l’Église, l’importance des sacrements, l’eucharistie… puis ont été abordées les questions de santé et d’hygiène, d’éducation et de scolarité des enfants, sujets importants pour entrer en contact avec les femmes des villages et les aider à progresser. Ces femmes « leaders » ont petit à petit pris de l’assurance et sont d’une grande aide pour le diocèse. Toute notre gratitude pour les bienfaiteurs de l’Œuvre d’Orient dont le soutien est sans faille. »
Avignon : Exposition « La Grande aventure des chrétiens d’Orient » du 7 au 29 juillet
Du 07/07/2018 au 29/07/2019
L’exposition « La Grande aventure des chrétiens d’Orient » sera installée à la chapelle des Pénitents Gris d’Avignon du 7 au 29 juillet. Venez nombreux et parlez-en autour de vous !
DATE : Du 7 au 29 juillet 2018
Tous les jours 14h-18h
LIEU : Chapelle des Pénitents Gris, 8 rue des Teinturiers 84000 Avignon
CONTACT : L’Œuvre d’Orient – 01 45 48 95 00 — www.oeuvre-orient.fr
Compte rendu d’une volontaire à Zahlé, Liban
« Les semaines ont filé depuis Pâques. Ce quotidien pétrit toujours les mêmes matériaux : le joyeux chahut, les évaluations, les corrections, l’épreuve des nerfs, de longues siestes pour s’en remettre, les jeux et les passionnantes discussions avec Naya (parce que nous avons le même niveau en arabe). Il a aussi apporté des nouveautés : j’ai enfin obtenu des heures de soutien individuel avec quelques élèves dyslexiques, et surtout, l’école entière se dissipe doucement en une vive anarchie. La hiérarchie et l’ordre se relâchent, miséricordieux aussi à l’égard des professeurs dans leur juste essoufflement des derniers mètres. Pour aider encore, les jours fériés se multiplient, et nous avons passé quelques semaines à préparer en chantant les spectacles de fin d’année.
Les enfants sont admirablement créatifs, et quand les petites provocations des affreux ne troublent pas trop la classe, je glane avec gratitude les fruits insolites de cette belle année. La plupart sont fugaces, mais les copies sont aussi remplies de perles et de déclarations d’amour.
Certains d’entre eux ont une vraie affection pour le français : volubiles, ils collectionnent avec passion les mots compliqués et poétiques et dévorent les histoires du Petit Nicolas, de Tistou les pouces verts, de Zozo la Tornade et de Fifi Brindacier, qui exhumés de leur étagère de CDI, font le tour des maisons du quartier pour chanter la langue des oiseaux.
AVRIL
En avril, l’Œuvre d’Orient a d’ailleurs eu l’initiative d’un colloque sur la francophonie, rassemblant les acteurs gouvernementaux et les écoles chrétiennes du Moyen-Orient.

Ce sont essentiellement ces dernières qui ont hérité de la mission de faire vivre le français dans ces régions où il prend sens d’une langue de l’accueil, du partage et de la paix. Un français qu’on doit aussi renoncer à rendre lisse, puisqu’il se façonne dans des bouches et des esprits libanais, il se tisse de dialectes, il dit et pense l’histoire et les histoires du Moyen-Orient qui résonnent autrement, tintent d’un son nouveau, d’une nouvelle espérance. A l’arabe, qui dit l’inchallah, l’espoir en Dieu, le français répond comme langue de la liberté.
Ainsi témoigne Maha El Haidar, diplomate irakienne et professeur d’histoire à la Sorbonne : « En apprenant la langue des oiseaux, j’ai réalisé l’importance du français en Irak, et me suis trouvée imprégnée par une civilisation qui porte beaucoup pour toute l’humanité. »
Ce colloque qui a été pour les écoles et les congrégations l’occasion d’exprimer leurs défis et leurs besoins auprès des acteurs institutionnels, a aussi été, pour nous volontaires venus assister les organisateurs de l’Œuvre, l’opportunité d’une claire confirmation que cet ouvrage de la francophonie, auquel nous sommes directement mêlés, a un indubitable sens.

MAI
Mai s’est approché en faisant entendre déjà le tumulte des élections législatives, les premières depuis une dizaine d’année. Pour les libanais, il faut tenter de comprendre les complexités d’un nouveau système électoral calculant proportions politiques et religieuses. Pour les français, constater le chaos avec hébétude, esquiver les rixes dans les rues et prier pour que tout se passe bien pendant les quelques jours de scrutin et de dépouillement.
Les écoles ont fermé quatre jours, et bien qu’on m’ait conseillé de rester dans le calme du foyer, je suis descendue à Beyrouth dans une chaleur étouffante et moite, pour rejoindre Pauline à l’hôpital des filles de la Charité. La merveilleuse sœur Ann y chante du Gouzes aux offices, avec la délicatesse d’un français articulé avec application depuis la gouaille de son Amérique natale. Elle m’accueille désormais dès que je fais halte à Beyrouth, elle nous chérit et nous gâte, nous confie les soucis de l’hôpital, et nous fait grandir sous l’aile de sa fine intelligence, toujours guidée par une charité à la fois réaliste et sans mesure.
Dans la nuit, sur le toit de l’hôpital, l’orage éclate enfin en même temps que les feux d’artifice et les bulles de nos Beirut Beers.
Et le lendemain, mon amie Alix est arrivée de France pour quelques jours de nouvelles explorations, de baignades salées, poissons grillés, cueillettes de cerises, vêpres dans les ermitages, laudes et complies dans les ombres et les lumières des profondeurs de la Qadisha.
L’été s’annonce délicieux, chaque semaine met en fête un nouveau verger. Le bonheur de ne plus être cette année coupée de la vie de la nature par les remparts haussmanniens m’a d‘ailleurs peut-être momentanément rendue un peu monomaniaque.

Lors d’une promenade de mai dans la vallée de Tannourine, un peu plus au nord, nous avons déjeuné sur la terrasse d’une maisonnette surplombant des champs de fraises et de cerisiers, et d’aiguilles calcaires comme des lambeaux de dentelles entre les arbres. Un vieux couple nous a préparé les légumes et les fruits, le poulet, le fromage et la chèvre du jardin, pendant que nous reposions parmi les lavandes et les roses. Les cerises au soleil me faisaient de l’oeil en contrebas. Avec la bénédiction des propriétaires, j’ai donc dévalé le verger et escaladé les rochers acérés, et dominant la vallée immense et le faîte de l’arbre, j’ai attendu l’heure du repas en partageant ces cerises avec les oiseaux. Cette entreprise a bien amusé la cuisinière, qui m’a gratifiée de l’épithète « l benet el karaz » (la demoiselle aux cerises), d’une proposition d’embauche pour un prochain été, et de quelques kilos de fruits pour la route.
Nous continuons d’arpenter le pays du Nord au Sud, et même de revenir dans les endroits qui nous enchantent : les sous-bois du Chouf, les montagnes de la Qadisha, la sainte Qannoubine encore et encore, les villages de montagne sous les pins, les villages de bord de mer sous les palmiers, Anfeh la grecque, Batroun aux chapelles perchées au-dessus de la mer, aux voûtes basses et aux souks secrets de pierre blonde, les villages de la plaine sous les oliviers, les potiers de Rachaya, les poulaillers de Marjayoun. Pour mieux y revenir un jour, au moment imminent de rentrer vivre en France.

Les paysages changent toutefois avec les saisons, c’est-à-dire que c’est désormais la fin du printemps, mais c’est aussi, après Noël, Épiphanie, Saint-Valentin, Pâques, Ramadan, la saison du Mondial. Toutes les rues et tous les bords de route, toutes les terrasses et tous les poignets ont choisi leurs couleurs. Les Libanais soutiennent principalement l’Allemagne et le Brésil, puisque leur fine philosophie, c’est d’être avec ceux qui gagnent. Quant à ceux de mes élèves qui veulent entrer dans mes bonnes grâces avant les examens, ils se disent pour l’Allemagne ou le Brésil, ET la France demoiselle, akid !
Mai est aussi le mois de Marie. Une à une, les petites filles, les jeunes filles, les vieilles dames s’habillent d’une robe droite de coton bleu et se ceignent d’un ruban blanc, pour aller à l’école ou à l’église, et comme incarner Marie avec nous dans les rues de la ville. Et chaque matin avant de rentrer en classe, les enfants se rassemblent dans le couloir pour saluer la Vierge, et entonner à la suite de Fayrouz sur hauts parleurs un long chant litanique, « Ya Umm’Allah », « Ô mère de Dieu ».
Mai est le mois des mères, le mois de la passion maternelle des femmes du Moyen-Orient, sauvagement amoureuses de tous leurs enfants, des enfants de leur sein et de cet autre venu jouer sous leurs yeux, ou de cette jeune collègue qu’il faut nourrir puisque sa mère est trop loin.
Fusent les « ya 2borne ! » « Que je te mette au tombeau ! ». Sois donc à moi jusqu’à la fin des temps, toi que j’aime sans mesure, toi qui es si beau, esmas salib, au nom de la Croix, grâce à Dieu, et que pourtant je voudrais posséder comme si je t’avais fait.
Grâce vive et trop souvent transpercée des mères orientales, dont la tendresse se fait violence pour défendre comme pour aimer le petit, et la souffrance folle quand il disparaît.
J’ai trouvé la même tendresse d’adoption chez mes amies libanaises, les collègues Rima, Viviane, soeur Ann, soeur Alfred, soeur Nicole, ou les mères même de mes élèves. On n’est jamais tout à fait orphelin au Liban, et par conséquent, jamais affamé, dès lors que le langage de l’amour maternel est de poulet, samboussiks et manouchés.

JUIN
Après le mois de mai vient le mois du Sacré-Coeur, le mois des fêtes des Saints-cœurs, impliquant toujours plus de jours fériés pour la congrégation.
Déjà le 31 mai, Zahlé a pris un jour de congé pour une fête locale du Sacré-Cœur, célébrant chaque année que la ville ait été épargnée par la peste au XIXème siècle alors que la Bekaa entière était dévastée par l’épidémie. Le 31 mai d’il y a une centaine d’années, le Saint-Sacrement avait été porté dans chaque rue de la ville par les maronites, les grecs-catholiques et les grecs-orthodoxes ensembles, et chaque habitant béni par apposition de l’ostensoir. Depuis cette année, la ville ce jour-là se pare de guirlandes de papiers colorés, de bandes de papier blanc et de drapeaux du Vatican, et tous descendent depuis les petites rues sur le boulevard que la procession remonte en célébrant des messes, depuis quatre heure du matin jusqu’à midi. Le long de la procession, près des écoles et des églises, des petites filles dansent, des scouts défilent en musique, et de modestes délégations déposent des gerbes sur les autels dressés au bord des ruelles. Quand on repense à la fête des Rameaux et à son déploiement de fastes, on est touché par la ferveur simple et vraie des Zahliotes, comme s’ils reprenaient chaque année conscience qu’ils existent bel et bien aux yeux de Dieu. Ce jour-là, je ne me suis pas mêlée à la foule agitée, mais je suis montée sur la montagne parmi les chardons et les genêts, prier avec les échos de leurs chants (et, hum, cueillir des cerises).
En juin dans les églises, les draperies bleues de mai ont été remplacées par les draperies rouges du cœur de Jésus, et la prière du matin a changé de couplets. On croise même, mais plus rarement, des petits garçons en tunique beige. C’est qu’il ne faut oublier personne.
D’ailleurs, c’était aussi fête pour les musulmans, surtout ces quelques jours (fériés, on s’entend) de la mi-juin où ils fêtaient l’Aid el Fitr, la fin de Ramadan. Pendant qu’ils faisaient la grasse-matinée, qu’ils petit-déjeunaient sans fin et qu’ils faisaient griller le méchwé sur les places, j’ai rejoint une petite équipée de volontaires (Pauline, Alexandre, et deux nouveaux venus de l’oeuvre, Sabrina et Humbert, et encore trois amies de passage) qui souhaitaient voir la Qadisha.
On peut la connaître sans jamais pouvoir prévoir ce qui nous y attendra, ainsi je ne m’en lasse pas ; et nous n’avons pas été déçus. Les abricotiers chargés ont accompagné notre descente de Bcharré vers le monastère de Mar Elicha (Saint Elysée), dont c’était la fête cette semaine-là. Puis, alors que nous nous reposions dans l’ombre du rocher en discutant avec Yves, la petite Maribelle s’est approchée avec sa maman, suivie de loin par le reste de la famille. Au moment où je vous écris, Maribelle est opérée à coeur ouvert ; samedi, elle est donc venue se confier à saint-Elysée, et pour cela, elle a partagé avec nous le gâteau d’anniversaire du vieux prophète. Improbable moment autour de cette famille, que de souffler ensemble les bougies des 2975 ans d’Elysée, et de faire connaissance avec Jamil, Rebecca-Tia, Adèle, Maribelle et leurs parents dans une prière tacite.

Nous avons marché vers Qannoubine, ce monastère perdu où soeur Angèle nous a accueillis, encore une fois, avec la joie de revoir quelque visage connu parmi les nombreux visiteurs. Nous sommes restés jusqu’au dimanche midi au monastère, comme au soleil d’une maison de vacances, à lire, dessiner, flâner, promener et préparer ensemble de grands repas de famille.
En quittant la vallée dans l’autobus de Bcharré, je l’ai saluée comme tout ce que je vais laisser ici de cher dans quelques jours. Demain, de retour à l’école pour surveiller les examens, j’écrirai des mots doux dans les cahiers de mes élèves (en espérant qu’ils ne se souviendront pas seulement de mes cris furieux), et après quelques repas avec mes collègues, puis avec les soeurs, un dernier week-end à l’ombre des cèdres du Chouf avec les chers amis volontaires, et sans doute un dernier office avec soeur Ann et les filles de la Charité, je donnerai un dernier « baossi » à Naya et Selma et traverserai une dernière fois les montagnes vers l’aéroport.

Déjà je rends grâce pour cette année, pour ne pas laisser mon cœur s’attrister. Il est certain que je reviendrai dans tous ces lieux de paix, et auprès de toutes ces personnes auprès de qui j’ai bâti un morceau de mon foyer, et avec qui nous avons vécu, comme un miracle familier, la communauté des enfants de Dieu.
Dans la joie de vous retrouver bientôt,
Anne France



