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"Certains diraient que le plus simple est de ne rien dire. Sauf que ..." - Mgr Pascal Gollnisch

La France aime se présenter comme la patrie des Droits de l’homme et il ne lui déplait pas de penser pouvoir donner des leçons au monde entier. La plupart des Français est d’ailleurs attachée à un régime de liberté auquel aspirent de nombreux peuples, en particulier au Moyen-Orient.

Je suis cependant agacé par un certain étouffement de la liberté de débattre, et je ne suis pas prêt à accepter des empêchements insidieux à la liberté d’exprimer des points de vue. Les difficultés ne viennent pas de blocages institutionnels mais de pressions culturelles ou médiatiques, en particulier dans les réseaux sociaux. La méthode est toujours la même : on n’écoute pas ce qui est dit, mais on soupçonne l’interlocuteur d’arrière-pensées qu’il n’exprime pas mais pour lesquelles on lui fait un procès d’intentions, ce qui permet de ne pas lui répondre sur le fond de ce qui est exprimé. Sans omettre les dénigrements, les insultes, voire les menaces qui profitent de l’anonymat des réseaux sociaux.

Je réclame le droit de condamner l’attaque terroriste du 7 octobre sans être accusé d’être hostile au monde arabe, et celui de condamner les brutalités israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie sans être accusé d’être antisémite. Le droit de souhaiter un État palestinien sans être accusé de vouloir la disparition de l’État d’Israël. Je peux condamner le fait que les Arméniens chrétiens du Haut-Karabagh aient été chassés de leur terre et que les frontières de la République d’Arménie soient menacées sans être en guerre avec le peuple de l’Azerbaïdjan, et critiquer le culte musulman à Sainte Sophie sans être l’ennemi du peuple turc. Je peux condamner les violences des djihadistes musulmans, ou évoquer les discriminations dont peuvent souffrir les chrétiens sans être islamophobe, et affirmer que beaucoup de musulmans veulent le maintien en Orient des chrétiens sans être accusé de trahir les chrétiens. Je peux considérer comme important le dialogue islamo-chrétien sans être accusé de ne rien connaître à l’Islam. Je peux regretter que les églises ne soient pas, en Ukraine et en Roumanie, restituées aux gréco-catholiques sans être accusé de manquer d’esprit œcuménique. Je peux aussi regretter certains silences sur les Arméniens sans être accusé de manquer à la communion hiérarchique avec Rome.

La liste pourrait être longue. Certains diraient que le plus simple est de ne rien dire. Sauf que la défense des chrétiens d’Orient exige de nous une parole. Il ne s’agit pas pour moi de prendre une position politique, ou diplomatique. Et pas plus d’ajouter une analyse géopolitique à celles très nombreuses qui ne manquent pas. Il s’agit d’évoquer le sort des chrétiens d’Orient au Proche Orient comme en Europe de l’Est. Le silence, à dire vrai plus confortable et moins périlleux, risque de faire basculer des peuples dans l’oubli, prélude à l’extinction. Je l’ai déjà souligné, l’oubli est une violence, les communautés oubliées n’ont à terme plus d’existence.

« La vérité vous rendra libre » (Jean, 8, 32). Le Christ n’a pas dit : la liberté vous rendra vrai, comme si la liberté devait être sans limite et s’ériger en critère de vérité. De l’Ukraine à l’Éthiopie, de l’Égypte à l’Inde, les peuples veulent la liberté de débattre et le rôle des chrétiens pour cela est important.

Mgr Pascal Gollnisch – Directeur Général

À retrouver dans le bulletin numéro 815 de L’Œuvre d’Orient