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[ÉTHIOPIE] Le témoignage de Xavier : " Les Ethiopiens ont une capacité de résilience incroyable "

Xavier, ingénieur, 27 ans, est parti servir 6 semaines les Ethiopiens auprès de la Communauté des Frères de Saint Jean à Addis Abeba.


C’est après la saison des pluies que les travaux au prieuré ont commencé sous la supervision du frère Philippe-François. C’est donc avec plaisir que j’ai pu rejoindre Louis pour suivre ce dernier chantier qui consistait à faire les finitions dans l’enceinte du prieuré pour lui donner toute sa splendeur ! Il y avait donc plusieurs travaux à réaliser en même temps : dallages, création d’espaces verts, maison du gardien, douches et toilettes extérieures, cloison mitoyenne, gestion des eaux de pluies… Ma mission consistait à représenter les frères pendant les travaux et aussi à mettre la main à la pâte lorsque je m’en sentais capable (changer des tuyauteries, creuser pour les futurs plans de dallages et réseaux d’eaux, installer des caméras de sécurité, réorganiser le jardin, guider les camions et pelleteuses etc..).

Nous en avons aussi profité pour faire un état des lieux du réseau d’eau sur tout le site, de quoi raviver mes apprentissages pendant ma formation d’ingénieur… […]

Ma mission secondaire était d’accompagner 8 jeunes éthiopiens (4 filles, 4 garçons) pendant leur programme “Ecole de vie” qui a lieu tous les weekends au prieuré. Pendant 9 mois, les jeunes prennent le temps de faire évoluer leur discernement spirituel, tout en partageant des moments de vie en communauté. Les weekends sont rythmés par des enseignements, des temps de prières, des activités caritatives (notamment avec les enfants du quartier et des orphelins) ainsi que par des activités sportives ou de découverte !

 

Vivre dans un prieuré immergé dans la culture éthiopienne   

C’est dans une ambiance très animée que j’ai démarré mon aventure en Ethiopie. C’était le weekend de regroupement d’une vingtaine de jeunes venus de différents organismes qui passaient le week-end au prieuré pour mieux se connaître. J’ai tout de suite ressenti qu’il y avait une ambiance très chaleureuse et bienveillante. C’était comme si on se connaissait depuis toujours ! Fait marquant qui me suivra partout où je passerai en Ethiopie : Pour répondre à “Comment ça va ?”, la plupart des gens disent : “Bien, par la grâce du seigneur”, qui se traduit en amharique… : “Dena, Xabiere Imusken” ! Autant dire que personne ne voulait m’appeler Seigneur… Les premières rencontres ont parfois donné lieu à des situations parfois très amusantes !

Il a fallu s’adapter rapidement puisque les programmes sont denses et les frères comme les jeunes éthiopiens ne semblent jamais fatigués ! Tout s’enchaîne rapidement, je n’ai pas le temps de m’ennuyer, je suis toujours sollicité à droite ou à gauche. J’ai découvert des personnes fières de leur pays, Le berceau de l’humanité !  Le peuple de la reine de Saba !  La dynastie Salomonide qui aurait gouverné pendant 3000 ans ! […] On ressent derrière tout cela une force qui les emmène loin, profondément ancrée dans leurs valeurs. […]

Au prieuré, pendant la semaine, l’ambiance y est plus calme et détendue. C’est une chance de pouvoir vivre avec une communauté de frères. Pour ma part cela m’a permis de mieux comprendre le quotidien des religieux et religieuses dans son ensemble. J’ai pu développer et faire grandir mon côté spirituel, tout d’abord par l’observation, par le rythme des temps des recueillements et des prières, mais aussi en vivant avec les frères et en créant des liens d’amitié. Frère Moise-Etienne s’amuse à dire aux jeunes volontaires “ hé oui nous ne sommes que des êtres humains, les gens commencent seulement à s’en rendre compte”

Vivre et échanger au quotidien avec les 5 frères de la communauté m’a permis de briser la glace et de soulever beaucoup de mystères que je gardais depuis longtemps en tant que chrétien catholique.

Une des grandes questions que j’ai pu développer avec eux était : “Que peut-on attendre de la foi si la vie a toujours été facile et que la chance a toujours été de notre côté dès la naissance ? “ A méditer …

Le prieuré est baigné dans une ambiance religieuse puisque nous entendons quotidiennement les rituels des autres confessions juste à côté, principalement les orthodoxes, les protestants et les musulmans. Ces différentes croyances cohabitent d’ailleurs très bien à la capitale !

 

Une fin de mission mouvementée

 Peu après mon arrivée, il y a eu un état d’urgence proclamé dans le pays, dû au conflit armé dans la région du Tigré au Nord. […]

Parmi les communautés européennes (le prieuré, l’ambassade, les attachés militaires, les médias) l’ambiance était particulièrement pesante. Il y avait des rumeurs, des incertitudes, des témoignages réels et proches. […]

Dans ces moments-là, on s’aperçoit que les Ethiopiens ont une capacité de résilience incroyable. L’espoir des jeunes est ébranlé, les amis et les familles sont potentiellement en danger dans les jours qui suivent, mais rien n’y fait, ils continuent à vivre, ils gardent leur mal en silence et font de leur mieux au quotidien tout en gardant la joie et la foi !

Frère Paul-Clément, en stage depuis 1 an et demi au prieuré d’Addis-Abeba me disait, “Nous au Cameroun, on se considère comme des personnes résilientes, mais ici en Ethiopie c’est un autre niveau, je suis vraiment impressionné”.

Je remercie grandement l’Œuvre d’Orient de m’avoir permis de vivre une telle expérience, de m’avoir fait confiance et de m’avoir accompagné à tout moment 🙂 L’Ethiopie restera dans ma mémoire comme un coup de cœur ! J’y retournerai dès que j’en aurai l’occasion, c’est certain !