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[ÉTHIOPIE] Témoignage de Jean-Désiré : "Je suis heureux d’avoir apporté mon aide à la construction de cette chapelle."

Fin d’aventure pour Jean-Désiré, 22 ans, ingénieur de formation, qui a passé 6 mois en  Éthiopie auprès des Frères de Saint-Jean pour superviser le chantier de la chapelle de la communauté dont l’inauguration aura lieux fin mars. 


Six mois se sont déjà écoulés depuis mon arrivée au Prieuré d’Addis-Abeba, et cela signifie pour moi la fin de ma mission en Éthiopie. Le dernier mois a été riche en découvertes culturelles et surtout en activités sur le chantier, puisqu’il ne reste plus qu’un peu plus qu’une quarantaine de jours avant l’inauguration.

Timkat

Le 19 janvier commence la fête la plus importante du calendrier liturgique éthiopien et donc la plus importante du pays : Timkat, le Baptême de Jésus-Christ. Cette fête est bien plus importante que Noël pour les Éthiopiens. Elle se déroule sur deux jours et est même suivie par la fête de Saint Michel pour un total de trois jours de célébrations. Des décorations pieuses aux couleurs du pays sont apparues partout en ville, sur les boulevards et les ronds-points. La plupart des graphismes sont de style européen, de l’Ouest (plutôt catholique) ou de l’Est (plutôt orthodoxe). L’Éthiopie possède un style d’art pictural sacré bien à elle, développé au cours de deux milles ans d’histoire chrétienne du pays, mais il est très peu représenté sur l’espace publique, au profit d’images d’origine étrangère.

Lors de la première journée, chaque paroisse de la capitale fait une procession de- puis son église jusqu’au champ de Jan Meda, situé au beau milieu de la ville, en accompagnant les tabots (répliques de l’Arche d’Alliance d’ordinaire cachées dans le sanctuaire accessible uniquement aux prêtres) enveloppées et portées par le prêtre. La  chorale de la paroisse anime la procession en chantant et dansant avec un dynamisme entraînant. Une fois arrivées, les paroisses défilent devant la tribune où se tiennent le Patriarche et les hauts responsables de l’Église éthiopienne.

Le deuxième jour a lieu la bénédiction de l’eau et l’aspersion de tous les fidèles en renouvellement symbolique de leur baptême. Les paroisses retournent ensuite chez elles, en chantant et dansant toujours, avec encore plus d’entrain que la veille.

 

Le chantier

Le sol a été recouvert de deux matériaux différents. Un dallage en céramique clair pour l’allée centrale et les allées longeant les murs et du terrazzo pour les deux espaces laissés entre les allées. Le terrazzo est un agglomérat de ciment et de pierre naturelle qui donne un rendu de mosaïque grise et blanche.

Le toit a été poursuivi avec la pose de la gouttière et du plafond extérieur.

Afin d’être sûr que le travail avance dans les temps, nous accueillons au prieuré le charpentier qui doit réaliser les portes principales. Il a donc apporté tout son matériel avec lui et travaille uniquement sur notre commande. Les encadrements de fenêtre en aluminium ont été livrés et posés. Des petits problèmes de management sont apparus lorsque ni l’encadreur ni le verrier, qui est chargé de réaliser les fenêtres, n’ont voulu prendre la responsabilité de mesurer les dimensions des ouvertures en demi-cercle (qui n’étaient évidemment pas des cercles parfaits). Il a fallu que le Frère en charge du chantier s’engage à être présent pendant la prise de mesures et se déclare responsable pour que les ouvriers du verrier acceptent de venir. Les verres étaient en cours de découpe lorsque je suis parti.

Enfin, les ouvriers ont commencé l’excavation derrière le bâtiment pour des marches qui donneront accès au sous-sol. Le sous-sol ne sera sûrement pas fini lors de l’inauguration, les efforts sont surtout concentrés sur l’étage de la chapelle, mais ces marches permettront au moins de faire facilement le tour du bâtiment, car le site sera encore en chantier.

L’aventure est à présent terminée pour moi. Ces six mois sur le chantier m’ont beaucoup appris sur le plan professionnel, bien plus que ce à quoi je m’attendais. Il fallait constamment anticiper les étapes suivantes, les difficultés potentielles et préparer les plans pour le chef de chantier. J’ai dû sortir bien souvent de ma zone de confort en allant auprès des ouvriers pour échanger sur leur travail qu’il fallait corriger. Ils n’ont pas du tout le même sens du détail ni du travail fini, ce qui m’a, à chaque fois, beaucoup étonné. Ils sont par contre d’une inventivité remarquable pour se débrouiller avec des moyens rudimentaires.

Les Éthiopiens n’ont pas du tout l’habitude de rencontrer des étrangers, encore moins des Blancs, même dans certains quartiers de la capitale. Ils montrent parfois une curiosité assez perturbante. Mais ils ont, pour la plupart, un grand souci de l’accueil envers les inconnus qui m’a touché à plusieurs reprises. Les Éthiopiens ont une foi très présente dans l’espace publique, avec des images pieuses absolument partout et des célébrations publiques qui réunissent des foules ferventes. Cela m’a bien changé de la France !

La relève est assurée puisque je suis remplacée par une nouvelle volontaire de l’Œuvre d’Orient qui est arrivée juste avant mon départ et qui finira le travail pour l’inauguration.

 

Je suis heureux d’avoir apporté mon aide à la construction de cette chapelle.